SYNTAXE MEDIEVALE DU PARTICIPE PASSE
Le participe passé est un mode nominal (comme le sont le participe présent et l’infinitif). Il peut
donc être employé comme forme verbale ou comme forme nominale.
En tant que forme verbale il peut être construit avec le verbe « estre » (il se trouve alors en
rapport direct avec le sujet et il est au CS) soit avec le verbe « avoir » (il est alors en rapport direct
avec le régime du verbe et il est au CR).
En tant que forme nominale, il prend souvent la valeur d’un adjectif et au maximum du processus
de substantivation, le participe passé est un substantif à part entière (admettant déterminants et
caractérisants et se déclinant).
En outre, le participe passé ne marque pas toujours le passé et n’appartient pas toujours à la voix
passive. En emploi verbal, construit avec « avoir », le participe passé a toujours une valeur active. Il
en va de même pour les participes passés des verbes pronominaux intransitifs construits avec
« estre ». En emploi substantivé, le participe passé a parfois la valeur d’un adjectif de sens actif.
I. Le participe passé en emploi substantivé
En AF comme en FM, le participe passé peut être employé comme adjectif qualificatif
Il est mout sages et celez = il est très avisé et très discret
En tant que substantif, il peut reprendre anaphoriquement un procès sous sa forme accomplie,
résultative :
L’emperere fut viel, si pensa, et après son pensé leur respondi = l’empereur était vieux, il réfléchit,
et à l’issue de ses réflexions, il leur répondit.
Et au maximum de sa substantivation, il est un nom à part entière : acroupie (= génuflexion),
fervestu (= homme armé).
II. Le participe passé en emploi verbal
A/ Le participe passé construit avec l’auxiliaire « estre »
En AF, le participe passé construit avec l’auxiliaire « estre » s’accorde toujours avec le sujet. Tous
les verbes pronominaux suivent cette règle, quelque soit leur sens.
Grans caus se sunt donné (CSp) = ils se sont donné de grands coups
Je fui si sorprise que je ne m’en sui garde prise = j’ai été si surprise que je n’ai pas pris garde à
cela.
Tresperciez s’est par mi le cors (CSs) = il s’est transpercé le corps en plein milieu
Le participe passé d’un verbe impersonnel reste habituellement au neutre, que le pronom neutre il
soit ou non exprimé. Mais pour des raisons métriques le participe peut être accordé avec le substantif
qui suit.
L’antéposition du participe passé est due généralement à des raisons métriques ou expressives.
Dans ce cas, le participe peut parfois rester invariable, le sujet n’étant pas encore présent à l’esprit au
moment où le participe est énoncé.
Après des verbes comme soi sentir, soi tenir a le participe passé ou l’adjectif attribut peut
s’accorder soit avec le sujet soit avec le complément.
B/ Le participe passé construit avec l’auxiliaire « avoir »
Les règles de l’accord du participe ne sont pas aussi clairement définies que dans le cas précédent.
Il existe en AF plusieurs séquences permettant d’analyser l’accord ou le non-accord du participe
passé.
1) séquences exclusivement poétiques
a) la séquence PARTICIPE + VERBE AVOIR + REGIME