Sociologie Générale

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Sociologie Générale
Discipline : matière réglementée et enseignée.
Domaine : approche, spécialités de la discipline (ex : sociologie de la famille)
Paradigme : modèle de déclinaison et de conjugaison susceptible de rendre compte de tout
une série de phénomènes, c’est une conception théorique dominante ayant cours à une
certaine époque dans une communauté scientifique donnée, qui fondent les types
d’explications envisageables et les types de fait à découvrir dans une science donnée.
La théorie : modèle d’explication
Méthode : deux sens à ce terme, le 1er, la méthode est la démarche générale de la pensée dans
le domaine scientifique et le 2ème, la méthode est la technique d’investigation propre à la
recherche. Avec ce 2ème sens : questionnaire, entretiens, etc.
Bibliographie : Le dictionnaire de sociologie sous la direction d’André Akoun et Pierre
Ansart, le Seuil, 1999.
Les sociologies contemporaines de Pierre Ansart, Seuil, 1990.
Les nouvelles sociologies : construction de la réalité sociale, Corcuff
PLAN DU COURS
Introduction : Le projet sociologique. La naissance et la construction de la Sociologie.
1. La Sociologie est la fille de la modernité.
2. Expliquer et/ou comprendre : la querelle des méthodes.
Première partie : Le holisme méthodologique : comment expliquer l’action sociale par les
causes
Deuxième partie : L’individualisme méthodologique : comment comprendre l’action sociale
par les raisons
Troisième partie : L’interactionnisme : comment décrire l’action sociale en terme de
processus
Quatrième partie : Quelques nouvelles sociologies
Introduction
1°) le projet sociologique
Comment définir la sociologie comme discipline universitaire ? Comment la sociologie est
née au 19ème siècle ? C’est en France que la sociologie a pris naissance. La sociologie en
France au 19ème siècle de Durkheim : il retrace l’avènement de la sociologie mais selon
sociologues, on va avoir une histoire différente. Le mot sociologie a été crée par Comte pour
désigner la science des sociétés (1839), on peut penser que s’il a penser un nouveau terme
c’est parce qu’il y avait un manque. Important de retracer histoire de la sociologie car
courants, théories dépendent des conditions sociales, politiques, historiques.
Le plus souvent on dit que la sociologie est l’héritière des traditions philosophiques anciennes.
La naissance de la discipline est a mettre dans le contexte historique et social de l’époque :
pères fondateurs : Durkheim, Simmel, et Weber. Cependant, la naissance et la construction de
la sociologie sont liés qu’on connu les pays européens à partir du 18ème siècle.
En quoi sociologie est la fille de la modernité ?
Quand on dit modernité, on désigne à la fois une période de l’histoire humaine et l’ensemble
des phénomènes qui la caractérisent donc c’est une forme de civilisations qui regroupent des
modes de vies, d’organisations sociales qui ont été organisés en Europe. Certains disent que
les débuts de la modernité sont au 14ème sicèle, d’autres 16ème siècle, d’autres au 17ème siècle..
la modernité se définit d’abord par ce avec quoi elle fait rupture, dans ce monde de pensée,
l’homme plus soumis à une certaine , l’homme se désigne comme source unique du sens et
comme fondement des pouvoirs (déf ansart et akoun)
Modernité, c’est l’affirmation de l’égalité, les inégalités sont perçues comme des injustices.
Pendant ces derniers siècles : gros changements dans nos sociétés.
Le 18ème et 19ème siècle ; trois changements radicaux et leurs conséquences sont mêlées. La
révolution française qui a eu pour conséquences de rompre ces ordres traditionnels et une
légitimité venue du sacré. Au 18ème siècle, sorte d’éveil de la réflexion qui ne se serait pas
produit si pas rupture avec la tradition. 2ème rupture : avènement de la démocratie.
3ème rupture : l’industrie capitaliste qui provoqué changements dans divisions du travail,
révolution industrielle, naissance d’une certaine nostalgie pour l’ordre traditionnel. Vers fin
19ème siècle, trouver remèdes pour guérir les maux dont souffrait la société. Certains disent
que la sociologie feraient partie de ce courant qui réagit contre excès de l’industrialisme.
Montrer en quoi la sociologie est née de ce contexte de changements énormes produits au
18ème et 19ème siècle. France est celui où la vieille organisation sociale a été le plus déracinée.
Donc il fallait repenser un ordre nouveau du fait de ces bouleversements, et donc l’idée de
société même correspond à cette volonté de recréer un édifice. Naissance de sociologie
correspond à la volonté de répondre à une ? qui parait alors fondamental : comment malgré
toutes ces ruptures avec elle, on aurait un ordre social stable ? Donc, selon Durkheim le but
est de fonder une science qui pourrait aider à construire un nouvel ordre social, arrive Saint
Simon qui appelle la science des sociétés, la physiologie sociale. Parti de l’idée qu’il fallait un
système intellectuel nouveau et pour lui, les sciences étaient la source de toutes vérités. Il
invente cette physiologie sociale et avait pour objet les organismes sociaux, pour lui société
est un organisme composé d’organes qui remplit des fonctions. Grand projet : découvrir loi du
progrès et comment elle se manifeste. Méthode des sciences naturelles, fait appel aussi à
l’histoire. Comte a mis à exécution de le programme de Saint Simon, Comte a aussi dit ce que
pourrait être cette science. Pour Durkheim, Comte est le 1er a avoir fait une effort suivi et
méthodique, avec lui naissance de la sociologie a déjà fait un pas. A sa mort, préoccupations
scientifiques propres à la sociologie ont cessé. Durkheim dit que le ralentissement de l’activité
est lié à une baisse de l’enthousiasme rationaliste (volonté de trouver une sorte de sens à la
science). Cet enthousiasme pour la science est revenu car problèmes vers 1870. Donc,
comment trouver un nouvel ordre ? Durkheim est considéré comme le 1er sociologue car c’est
lui qui a élaboré une réflexion de façon méthodique, une méthode scientifique qui s’applique
aux phénomènes de la vie sociale. Qui est Durkheim ? Epinal en 1858, préparé l’école
normale. Les Règles..1ère fois que l’on trouve une réflexion organisée, systématisé sur ce
qu’est la sociologie. 4 questions dans un de ces articles : Peut-il exister une science appelée
sociologie comme il existe une science physique ? A quelles conditions elle peut être une
science ? Y’a-t-il une domaine, un objet, des faits sociaux spécifiques ? Y’a-t-il une méthode
scientifique applicable à cet objet ?
Avant d’écrire les règles de la méthode, il avait déjà fait des études. Quand règles de la
méthode sortie en 1895, pas très bien accueilli ; d’un coté scientifiques contents car démonté
la mécanique sociale. « La 1ère règle et la plus fondamentale est de considérer les faits
sociaux comme des choses. » « Écarter les prénotions », « expliquer le social par le social »
Ecarter les prénotions : expliquer pourquoi nous avons prénotions sur faits sociaux ? Et
pourquoi les écarter avant d’observer les faits sociaux ? Le but est de faire des découvertes
donc de voir ce qui déconcerte les opinions reçues, le savant doit s’écarter du sens commun.
Durkheim met en garde le lecteur, il doit se mettre en garde contre ses premières impressions.
Durkheim dit une autre règle : « que le sociologue se mette dans l’état d’esprit où sont quand
ils s’engagent dans une région encore inexploré de leurs domaines scientifiques. ». La base de
la méthode de Durkheim : « les faits sociaux doivent être traité comme des choses », faits
sociaux sont des choses au même titre que chose matérielle.
La mentalité des groupes n’est pas la mentalité des individus particuliers.
Rappel du cours précédents : Deux penseurs considérés comme précurseurs de la sociologie :
Comte et Saint Simon, car ils ont voulu échafauder une science de la société avec des
méthodes spécifiques. Fondateur sociologie : Durkheim car théories et méthodes proprement
sociologiques.
Durkheim premier à lier théories sociologiques et recherches empiriques. Il a énoncé des
règles pour énoncer une recherche sociologique. Il utilise la méthode comparative en faisant
appel à l’histoire et la statistique.
Autre élément important dans la naissance de la sociologie : la querelle des méthodes
Soit on cherche à expliquer les faits sociaux soit on cherche à les comprendre. Cette querelle
oppose les sociologues qui pensent que but de la sociologie est d’expliquer les faits sociaux
alors que pour d’autres, c’est comprendre. Pour Durkheim : expliquer les faits sociaux.
Quand on dit comprendre c’est que le but de la sociologie est d’identifier la signification
particulière que donne les individus des actes qu’ils font c'est-à-dire, qu’on va chercher
quelles sont leurs motivations, leurs raisons, leurs intérêts. Epistémologie : étude critique des
sciences, de la formation et des conditions de la connaissance scientifique. Il faut savoir que
comprendre et expliquer sont d’un point de vue épistémologique, complètement différents.
Comment est née cette querelle ? Elle existe depuis milieu du 19ème siècle, surtout en
Allemagne. A cette époque, tension entre ceux qui faisaient des sciences humaines et qui
voulaient les rattacher aux sciences de la nature et, ceux qui ne voulaient pas mélanger les
deux. Durkheim s’inscrit aussi dans ce débat car pour lui sociologie dans la voie de
l’explication, importer méthodes science de la nature.
Pour certains phénomènes sociaux peuvent pas être étudier comme phénomènes naturelles car
à la base, ce ne sont pas des phénomènes naturelles. Le sociologue ne peut pas étudier les faits
comme un scientifique car il est à la fois objet et sujet. Ils disent que sociologie peut être une
science mais pas comme les sciences de la nature.
Ce débat a structuré la sociologie comme discipline, il soulève des questions importantes de
tous les points de vue (du point de vue de la méthode par exemple) et, même ceux qui veulent
dépasser ce dualisme sont obligés d’expliquer cette volonté de la dépasser, on crée de
nouvelles théories du social.
Tableau : Explication et compréhension : une controverse centrale et constitutive de la
Sociologie.
Sociologie contemporaine sous la direction de J-P Durand et R.Weil, 1997, bigot.
L’explication est associée à la méthode employée en mathématique et en physique, à l’opposé,
les défenseurs de la compréhension voulaient détacher la sociologie et les sciences sociales
des sciences exactes. Dilthey Wilheim est présenté comme celui qui a clarifié la distinction
entre sciences de la nature et sciences humaines. Ce débat est encore d’actualité mais pas
aussi prégnant qu’à l’époque.
Controverse qui concerne toutes les sciences humaines et sociales, Dilthey = défenseur de la
compréhension : « nous expliquons mais nous comprenons par la coopération dans
l’appréhension de toutes les forces de l’âme, par une immersion de ces forces dans l’objet. »
Max Weber : incarnation d’une autre façon de la sociologie. Il est considéré comme le
fondateur de la compréhension sociologique. Il avait sa propre démarche sociologique mais va
vraiment être théorisé de manière posthume dans Economie et Société. Son but est
d’introduire la méthode compréhensive en sociologie et rechercher le sens des cations des
individus par empathie : Il faut se représenter le sens d’une action sociale même si cette
méthode ne suppose pas nécessairement de partager le motif, le contexte ou l’histoire des
sujets. Weber à écrit « nul besoin d’être césar pour comprendre césar ». Pour lui pas
d’équivalence entre sciences de l’esprit et sciences de la nature. Analyse qualitative visant le
comment du déroulement et les transformations du phénomène plutôt que leurs explications,
l’approche compréhensive essaye d’identifier la signification particulière des actes humains
pour les individus eux-mêmes. Le sociologue cherche quelle est la signification, le sens des
pratiques et des comportements des individus ; la démarche compréhensive s’appuie sur la
conviction que les hommes ne sont pas de simples agents porteurs de structures mais, des
producteurs actifs du social, donc des dépositaires d’un savoir important qu’il s’agit de saisir
de l’intérieur par le biais du système de valeurs des individus.
Première partie : le holisme méthodologique, comment expliquer l’action sociale par les
causes ?
Durkheim permet le plus de comprendre ce courant. On va étudier la logique entre méthodes,
techniques d’investigations qu’il utilise et sa théorie du social. Pour lui, le sociologue doit
mettre au jour des lois : « tout autre est le but du sociologue qui étudie les sociétés
simplement pour les connaître (…), comme le physicien, le chimiste, le biologiste font pour les
phénomènes physiques, chimiques et biologiques. Sa tâche est uniquement de bien déterminer
les faits dont il entreprend l’étude, de découvrir des lois selon lesquels ils se produisent, en
laissant à d’autres le soin de trouver, s’il y a lieu, les applications possibles des propositions
qu’il établit. » Durkheim nous dit aussi que le but est « étudier les faits uniquement en vue de
savoir ce qu’ils sont. »
Pour lui, étudier les faits de cette manière, ça passe obligatoirement par le sentiment qu’il
existe des lois, sentiment qu’il y ait des lois qui soient le facteur déterminant de la pensée
scientifique. La notion de lois signifie que les faits ont une manière d’être constante, une
nature d’où dérive des rapports nécessaires, qu’il existe un certain ordre. Durkheim nous dit
que notion de lois a été introduite tardivement dans les sciences naturelles et qu’elle a encore
plus de mal à rentrer dans sciences humaines et sociales et c’est pour ça, que la sociologie est
né en dernier. Comme Durkheim veut mettre en lumières des lois, il utilise la méthode
comparative en utilisant les statistiques. Statisticiens voulaient combattre les prénotions à
l’époque. Sa conception de la société : les faits sociaux sont : « des manières de faire ou de
penser, reconnaissable à cette particularité qu’elles sont susceptibles d’exercer sur les
consciences particulières une influence coercitive ». Durkheim voulait expliquer les
phénomènes sociaux par la contrainte. « Les manières collectives d’agir, de penser, ont une
réalité en dehors des individus. » Pour Durkheim, individus ne créent pas la société, quand
l’individu naît dans une société, il y a des faits sociaux qui étaient là avant lui. Pour Durkheim,
naissance d’un fait social quand individus réunis collectivement et cette combinaison donne
un produit nouveau. Pour Durkheim, faits sociaux = contraintes c’est à dire qu’il existe des
forces extérieurs aux individus qui nous déterminent à notre insu, elles sont antérieures à
chacun de nous et s’imposent à tous. C’est dans la nature de la société elle-même qu’il faut
aller chercher l’explication de la vie sociale : il faut expliquer le social par le social. Durkheim
écarte toutes les explications proposées par la philosophie et l’histoire, et repousse encore plus
l’explication psychologique. Les comportements des individus ne s’expliquent pas par des
déterminants psychologiques. Pour lui, phénomènes collectifs ne peuvent être expliqués par
les seules volontés individuelles : « la cause déterminante d’un fait social doit être chercher
parmi les faits sociaux antécédents, et non parmi les états de la conscience individuelle. »
Cours du 6mars 08
Etude de 3choses : dichotomie entre méthode explicative et méthode compréhensive.
2ème partie
L’individualisme méthodologique ou comment comprendre l’action sociale par les raisons ?
Raymond BOUDON ; Max WEBER ; Alexis de TOCQUEVILLE
On dit souvent qu’elle est née avec Weber. Boudon représente le plus ce courant.
1°)L’individualisme méthodologique chez Boudon
L’individualisme méthodo est un paradigme qui conteste de large pants de la sociologie tel
qu’elle avait été constitué et institué depuis la fin du 19ème siècle. Il rejette l’explication des
conduites individuelles par les structures sociales, il rejette en particulier le holisme
méthodologique. L’individualisme méthodologique désigne les méthodes qui analyse les
phénomènes sociaux comme le produit d’actions individuelles agrégées. Avec
l’individualisme méthodo, c’est l’individu qui est mis au centre de l’analyse.
Boudon : né en 1934, normal supérieur, travaux basé sur la méthode quantitative. Si
commence à travailler avec ce paradigme c’est parce qu’il a pris conscience de l’importance
de ce courant de pensée en faisant des travaux. A partir 60’s, se rend compte qu’il y avait des
formes de sociologie qui niaient l’importance de l’individu. L’acteur social est traité par le
sociologue comme un être passif, agit par les structures sociales (=agent). Boudon parle
d’acteurs. Holisme : structures sont 1ères par rapport aux individus ; sociologie déterministe
car comportements résultent d’éléments antérieurs aux comportements en questions. Boudon
récuse ces formes de sociologie. Sa vision est de dire que l’individu est un être qui a des
capacités réflexives, et ces capacités permettent à l’individu de résoudre les problèmes qui se
dposent à lui ; il le résout de manière rationnelle.
Historique de l’individualisme méthodologique : paradigme qui existait bien avant Boudon,
né autour de 1870. Weber témoin et fondateur de l’individualisme méthodologique selon
Boudon. Avec Weber, les Sciences de la culture sont scientifiques dans le sens où on peut les
étudier rigoureusement avec des spécificités propres qui impliquent des démarches différentes
des sciences de la nature. Weber dit en 1920 : « si je suis devenu sociologue c’est
essentiellement pour mettre fin à cette industrie à base de concepts collectifs dont le spectre
rôde toujours parmi nous. En d’autres termes, la sociologie ne peut, elle aussi, que partir de
l’action de l’individu, qu’il soit isolé, en groupe ou en masse ; bref : elle doit être conduite
selon une méthode strictement individualiste. » Citation reprise par Boudon assez
régulièrement pour faire asseoir sa méthode en sciences sociales. Selon Boudon, Weber
affirmerait dans cette citation que pour construire cette démarche sociologie, il faut partir des
individus et non de la totalité sociale. Pour Weber, on ne peut négliger l’évidence selon
laquelle les causes réelles des phénomènes sociaux ont pour origine les acteurs individuels,
leurs actions, leurs choix, leurs décisions, leurs motivations, leurs attitudes et leurs croyances.
La bonne explication d’un phénomène social est donc celle qui le ramène à ces causes
individuelles. Ces causes individuelles doivent être établies par des procédures scientifiques
dûment contrôlées.
Bien entendu, les acteurs individuels sont socialement situés.
Les 3postulats de l’individualisme méthodologique de Boudon : l’individualisme méthodo
désigne un paradigme
Le postulat de l’individualisme ; le postulat de la compréhension et le postulat de la rationalité.
 L’individualisme : ce postulat pose que tous phénomènes sociales résultent de la
combinaison d’actions, de croyances ou d’attitudes individuelles. Pour le sociologue,
le point de départ de la recherche est le comportement des individus, leurs choix et
leurs motivations face aux contraintes de la situation dans laquelle ils sont situés.
 La compréhension : selon ce postulat, un moment essentiel de toutes analyses
sociologiques consiste à comprendre le pourquoi des actions, des croyances ou des
attitudes individuelles responsables du phénomènes qu’on cherche à étudier.
Comprendre les actions, croyances et attitudes de l’acteur individuel c’est en
reconstruire le sens qu’elles ont pour lui ; ce qui en principe est toujours possible. Le
chercheur qui veut rendre compte d’un phénomène doit retrouver le sens des
comportements individuels qui en est la source. Il s’agit de retrouver les raisons qui
ont motivé les actions des individus, en considérant ces actions dans leurs contextes
cognitifs et culturels. Ici sont rejeter les tentatives qui visent à interpréter les
phénomènes sociaux en des termes d’entité collectives. Avec la méthode
compréhensive, on essaye d’atteindre la compréhension des comportements des
individus c'est-à-dire interpréter le sens qu’il donne à leurs actions.
 La rationalité : ce postulat pose que l’acteur social adhère à une croyance, ou
entreprend une action parce qu’elle a du sens pour lui. Boudon reprend ici la
conception webérienne de l’acteur social qui implique le postulat de la rationalité de
l’acteur social. Les acteurs font ce qu’ils font ou croient ce qu’ils croient parce qu’ils
ont des raisons de faire ce qu’ils font ou de croire ce qu’ils croient. Pour le chercheur
qui adopte cette conception, il s’agit de dire que la cause principale des actions
résident dans le sens qu’il leurs donnent et plus précisément, dans les raisons qu’il a de
les adopter. Ce postulat exclut par exemple qu’on explique les croyances magiques par
la « mentalité primitive », « la pensée sauvage ». En effet, ces notions font appel à des
mécanismes qui opèrent à l’insu de l’individu. Cependant, ce postulat n’implique pas
que l’individu soit clairement conscient du sens de ces actions et de ces croyances. Il
n’implique pas non plus que les raisons des acteurs ne dépendent pas de causes ;
Boudon admet qu’il y a des causes qui font que les individus agissent comme ils le
font telles que les variables caractéristiques de sa situation au sens large du terme et du
contexte dans lequel il se trouve. Mais au lieu d’admettre les structures comme les
données, le sociologue doit s’interroger sur les individus et leurs comportements sans
présupposer leurs déterminations.
Tocqueville a fait une étude sur les raisons qui ont fait que commerce et agriculture s’est plus
développé au 18ème siècle en Angleterre qu’en France. En France, stagnation de l’agriculture
alors qu’en Angleterre modernisation. Explique cela par l’absence de propriétaires terriens en
France car à l’époque centralisation du pouvoir administratif et les charges royales étaient
distribués à ceux proches des grandes villes. Ce qui fait que propriétaires terriens devaient se
rapprocher le plus près de Paris. En Angleterre, les propriétaires terriens étaient obligés de
faire beaucoup d’actions localement. A propos de cet étude, Boudon disait : « la combinaison
de ces choix individuels produit ainsi un effet macrosociologique émergent, à savoir le sous
développement du commerce et de l’agriculture (..) dans tous les cas, on relève la présence
implicite du postulat de l’individualisme méthodologique. L’analyste suppose que les acteurs
cherchent à optimiser leurs décisions eu égard aux contraintes définies par le système. »
Individus insérés dans un contexte de traditions mais sociologue part du principe que les
individus ont des ressources, des intérêts à faire ce qu’ils font. Selon Boudon, ces contraintes
peuvent relevés d’un contexte social important et sociologue doit s’intéresser aux capacités
cognitives et rationnelles de l’individu. L’individu a des choix certes déterminés par contexte
social mais en aucun cas il s’agit de considérés individus déterminés par les contraintes et les
normes.
Comment Boudon s’y prend pour comprendre ce comportement rationnel ? Boudon a mis au
point une théorie : la théorie des bonnes raisons.
La théorie des « bonnes raisons » : avec Boudon, comprendre les comportements rationnels
d’un individu c’est « mettre en évidence les bonnes raisons qui vont pousser à adopter ce
comportement tout en reconnaissant que ces raisons peuvent, selon les cas, être de type
utilitaire ou téléologique mais aussi bien appartenir à d’autres types » (l’idéologie ou l’origine
des idées reçues) utilitaire au sens où l’individu va faire tel ou tel action en fonction des coûts
et bénéfices ; téléologique c'est-à-dire orienté vers l’objectif. L’individu a des raisons pour
agir mais ça ne veut pas dire que ces raisons sont systématiquement bonnes, justes parmi la
morale. Expression « bonnes raisons » veut dire que l’individu a des raisons logiques de son
point de vue ; si on demande à l’individu le pourquoi de son action, celui-ci est capable de
donner des raisons, capable de justifier son acte. Il perçoit ses raisons comme étant solides,
logiques ; pour le chercher cela revient à fournir une explication « le fait que l’acteur X se soit
comporté de la manière Y est compréhensible. » ; en effet dans la situation qui était la sienne,
il avait des bonnes raisons de faire Y. Quand on comprend ses raisons, on ne les justifie pas,
on ne juge pas.
Quelles sont les raisons qui poussent les acteurs à agir ? Boudon utilisait les théories
utilitaristes jusque dans 80’s, l’individu recherche son propre intérêt. Les actions individuelles
obéissent à des motivations utilitaristes c'est-à-dire que l’individu agit selon un calcul
coût/avantage ou coût/bénéfice ; si on adopte une théorie utilitariste, on considère que
l’individu se décide toujours par rapport à la différence qu’il voit entre coût et avantage.
Aujourd’hui, on appelle plus cela la théorie du choix rationnel. Le problème avec cette théorie
c’est qu’on ne peut pas tout expliquer, il a donner beaucoup d’exemples qui ne peuvent pas
s’appliquer à cette théorie : ce sont des paradoxes et l’un deux, c’est le paradoxe du vote. Si
on reste dans théorie utilitariste, c’est difficile de savoir pourquoi les individus votent ; le vote
serait comme une assurance. Donc, la théorie utilitariste n’a pas une portée générale, il va
donc falloir faire appel à d’autres théories. Pour expliquer un phénomène, Boudon nous dit
que pas obliger de recourir à la théorie du choix rationnel.
A partir de 80’s et dans l’idéologie ou l’origine des idées reçues, il fait désormais références à
des théories qui étudie des théories cognitives : le modèle cognitiviste. Les activités
cognitives sont des activités mentales de perceptions, de mémoires, de représentations par
l’intermédiaire desquels les acteurs sociaux enregistrent, élaborent, transforment, utilisent,
réactualisent les stimuli présents dans le contexte. On considère d’un individu qui a un
comportement le fait en toute bonne foi, pas de comportements irrationnels. L’individu a des
raisons de croire que tels comportement est juste.
Herbeth SIMON : « le concept de rationalité limité » c'est-à-dire qu’il y a des limites à la
rationalité. Quand on agit, on n’a pas toutes les infos qui nous permettent d’agir par rapport à
la théorie coût/avantage.
L’agrégation des comportements individuels : avec l’individualisme méthodologique, les
phénomènes macrosociologiques résultent de l’agrégation des comportements individuels,
cette conséquence est appelé effet d’agrégation ou effet émergent : « un effet d’agrégation ou
effet émergent est un effet qui n’est pas explicitement recherché par les agents d’un système
et qui résultent de leurs situations d’interdépendance. » (La logique du social, 1979).
Un effet pervers est un effet émergent résultant de l’agrégation d’actes intentionnels qui a des
effets non désirés ; ces effets ont une valeur collectivement, individuellement négatives.
Grâce à cette notion, on peut comprendre le changement social.
Des modèles plutôt que des lois : Boudon a vraiment développé l’individualisme
méthodologique car pas questions de rechercher des lois du social car, on considère que les
lois n’ont qu’une validité locale et les frontières de ces lois sont floues et incertaines. Il faut
créer des modèles qui se rapprochent de la réalité de façon générale.
Conclusion : l’individualisme méthodologique est un paradigme selon lequel expliquer un
phénomène social quelconque c’est en faire la résultante d’un ensemble de comportements
individuels qu’il convient de comprendre. « Un moment essentiel de la recherche
sociologique consiste à comprendre le pourquoi des actions, croyances et attitudes
individuelles ; l’acteur adhère à une croyance ou entreprend une action car elle fait sens pour
lui ». Pratiquer une sociologie en comporte 4éléments principaux : des acteurs qu’ils soient
individus ou groupes, ils sont engagés dans une situation dont les caractéristiques sont plus ou
moins contraignantes, ils poursuivent des buts, et pour se faire, ils manipulent des ressources
qui se traduisent en des comportements significatifs.
1) des acteurs 3) poursuivent
2) engagés
4) manipulent
Avec l’individualisme méthodologique, on peut mieux comprendre les conflits sociaux et les
formes de déviance car on part de la motivation des acteurs et non des déterminismes sociaux.
2°) Les croyances collectives
Croyances ne sont pas réservés qu’aux peuples. Boudon s’intéresse à la logique de ces fausses
croyances, comment individu peuvent arriver à croire des choses fausses ? Boudon rejette
toutes les théories qui sont basées sur l’irrationalité des croyances.
3°) Les limites de l’individualisme méthodologique
Certains sociologues ne pensent pas de cette manière, comme Boudon. 5 grandes critiques.
 Boudon fait une relecture individualiste des auteurs classiques (Durkheim,..) et donc
on a l’impression que tous les classiques pratiquaient l’individualisme sans en donner
le nom mais, en réalité non.
 Finalement, on peut constater une contradiction logique dans cette méthode puisque
Boudon affirme constamment que l’acteur est libre, autonome mais quand on
décortique ces exemples, on se rend compte, qu’il donne une place aux déterminismes
sociaux et, on pourrait en faire une autre lecture.
 Reproché à Boudon de faire apparaître les individus comme étant interchangeables,
neutres, sans âmes = paradoxe.
 Il va utiliser l’utilitarisme dans ces 1ers ouvrages mais elle n’explique pas tout.
 Ceux qui pratiquent ce type de sociologie seraient proches de la théorie libérale.
4°) Retour sur la compréhension : la méthode compréhensive
Par opposition à la méthode explicative. C’est la méthode dominante pour faire de la
sociologie aujourd’hui.
Introduction, quelques notions de vocabulaire :
Quand on veut étudier le phénomène du vote, soit on fait avec méthode explicative et on va
essayer de voir les facteurs déterminants du vote : on va analyser des variables, les mettre en
relation et voir les facteurs extérieurs qui déterminent le vote (milieu social, âge,
homme/femme) ; ou avec la méthode compréhensive où on essaye de reconstruire les motifs
de celui qui vote : on va aller interroger les personnes pour savoir le sens de leur vote.
Le terme compréhension veut dire « prendre avec soi » ; opération mentale que fait le
sociologue ; il va essayer de reconstruire le sens que les individus donnent à leurs actes mais
aussi à leurs comportements, à leurs conduites, à leurs sentiments, à leurs croyances. On peut
comprendre un comportement, une attitude, une perception. Le point de départ de l’analyse
c’est le sens que les individus donnent à leurs actions.
Les enjeux du choix de la méthode compréhensive :
Le choix d’une méthode s’inscrit dans une réflexion qui touche 3types d’enjeux : ontologique,
épistémologique et méthodologique.
L’enjeu ontologique : on va s’intéresser sur deux questions fondamentales qui sont : quel est
pour moi l’origine de l’action individuelle et quel est ma vision du social ? Si je décide de
pratiquer une sociologie explicative, la société est une réalité objective et on va considérer que
les actes de individus sont déterminés par la société. Si je pratique une sociologie
compréhensive, je vois la société comme étant construite par les individus, les acteurs qui la
constituent. Par exemple, on va dire que la société est le produit des actions individuelles.
L’enjeu épistémologique : on va se poser deux questions : comment saisir le phénomène
social et quelles sont les conditions de la connaissance scientifique ? Si je décide de pratiquer
une méthode explicative, je vais chercher l’impact des structures sociales sur la vie des
individus ; je vais aller recueillir des données empiriques qui prouvent la régularité des idées.
(cf. tableau polycopié)
L’enjeu méthodologique : quelles techniques utiliser pour mener une recherche ? Outils qu’on
va utiliser pour mener l’enquête : méthodes quantitatives et qualitatives.
3 techniques principales : l’observation, l’entretien et le questionnaire ; traditionnellement on
distingue méthode qualitative et quantitative. Méthode quantitative : méthode des
questionnaires et statistiques. Méthode qualitative : entretiens, observations. Lien fort entre
les deux puisque quand on pratique méthode compréhensive on va utiliser méthode qualitative.
Il faut satisfaire 3conditions pour que analyse soit pertinente : il faut décrire minutieusement
le contexte ou même l’étude et bien définir la situation des acteurs ; il faut garder une certaine
distance avec l’objet étudier ; on essayer de comparer les données collectées à d’autres
données. Quand on fait observation, il faut se questionner. La posture du chercheur quand on
choit telle ou telle méthode : si on suit une méthode explicative, le chercheur considère que
les phénomènes sociaux s’expliquent par des causes profondes qui échappent à la conscience
des individus et, on va essayer de dévoiler causalité sociale par des corrélations statistiques.
Pour parvenir à l’objectivation scientifique, chercheur doit faire rupture entre le savoir des
individus qu’il étudie et son propre savoir : la rupture épistémologique. Avec la méthode
compréhensive, la posture du chercheur est complètement différente. Avec la compréhension,
on va essayer d’identifier la signification que les acteurs donnent à leurs actions ; on se base
sur ce que les personnes disent du monde où elles vivent, on va considérer qu’elles n’ont pas
de préjugés. De plus, on ne pense pas que les individus sont déterminés par les structures
sociales ; on va considérer qu’individus ne sont pas de simples porteurs de structures, on va
les considérer comme actifs et acteurs du social. Le chercheur va se servir du fait qu’il est luimême un acteur du social, il en fait partie donc à même de le comprendre.
Les origines de la méthode compréhensive et de son succès en sociologie :
Pourquoi est-ce qu’aujourd’hui la plupart des sociologues pratiquent cette méthode ? Méthode
explicative dominante jusque 80’s. début 80’s, revirement de situations du à notamment à la
rencontre entre les ethnologues et les sociologues car ethnologues revenus de leurs terrains
exotiques et on fait de l’ethnologie en France ; quand sociologues ont entendu méthode de
faire des ethnologues, on intérêt. On s’est dit aussi que ces deux disciplines n’étaient pas si
opposées que ça. La deuxième cause est la redécouverte de la phénoménologie et de la
herméneutique ; la phénoménologie est un des courants les plus important du 20ème siècle :
A.schütz est la père fondateur de ce courant de pensée, il s’est inspiré de la sociologie de
Weber dans 30’s ; pour lui ce qui était important pour la sociologie s’était de s’intéresser à la
signification de la vie quotidienne des individus et au monde vécu par les individus. Pour lui,
le sociologue, son rôle est de décrire et d’expliquer les expériences que vivent les individus ;
sociologue doit poser un certaine nombre de questions : que signifie le monde social pour
l’individu ? Qu’est-ce que celui-ci a voulu signifier par ces actions et quel est le sens de ces
actions ? L’herméneutique c’est la recherche du sens des actes&co.
Les différentes manières de pratiquer une sociologie compréhensive :
On peut pratiquer une sociologie compréhensive sans suivre individualisme méthodologique
de Boudon. 3 grandes manières de pratiquer une méthode compréhensive : l’études raisons et
des motifs des individus ; l’étude des croyances et l’étude des visions du monde.
L’étude des raisons et des motifs : Pour Boudon, le but est d’aller chercher les bonnes raisons
que les acteurs se donnent quand ils agissent, on va faire appel aux méthodes qualitatives
étude mené par Boudon en 70’s concernant l’inégalité des chances dans l’enseignement : à la
même époque Bourdieu faisait la même enquête en suivant la méthode explicative ; Boudon
va essayer de comprendre pourquoi il y avait cette inégalité en parant des individus euxmêmes ; cette inégalité provient d’une succession de choix que faisait les individus par
rapport à l’enseignement ; Boudon a créer un modèle pour rendre compte de ces choix et
motifs individuels. Boudon a écrit toutes choses égales par ailleurs un individu de classe
inférieure : « accordera en moyenne une valeur plus faible à l’enseignement comme moyen de
réussite », « aura en moyenne un certain handicap cognitif par rapport aux autres classes »,
« tend en moyenne à sous estimer les avantages futurs d’un investissement scolaire », « tend à
surestimer les désavantages présents d’un investissement scolaire » et « tend à surestimer les
risques d’un investissement scolaire ».
L’étude des croyances : Bronner, sa question était : comment étudier les croyances
sociologiquement ? Dans une de ces enquêtes, il s’est demandé comment naissait une
croyance, il a mis un protocole particulier en place en posant une énigme à des personnes en
entretiens : « il y a des pares brises brisés dans la ville de Seattle, comment l’expliquer ? »,
personnes ont donné un certain nombre de solutions et rôle du sociologue était de faire une
typologie des grandes solutions données par les personnes.
L’étude des visions du monde : conception que se font les membres d’un groupe d’euxmêmes, du milieu environnant, de l’univers, de leurs relations avec ce milieu. Une vision du
monde constitue un agencement de schèmes qui permet à l’acteur d’interpréter et d’évaluer le
monde social qui l’entoure. (Schème=principe général d’organisation, ce qui, dans une action,
est transposable dans les mêmes situations ou généralisables en des situations analogues). Le
chercheur va interroger les personnes en entretiens pour essayer de comprendre les
explications qu’elles donnent du monde social, leurs perceptions et, on va essayer de voir
quelles sont les catégories de perceptions que la personne donne elle-même.
Comment travaille le chercheur ?
Une fois que le chercheur a recueilli ses matériaux, il va faire une typologie, une classification.
On va organiser les éléments selon ce qu’on veut trouver, ce qui nous semble le plus adéquat,
c’est une construction en fonction des traits caractéristiques qu’on a repéré dans la situation,
trouver le plus pertinent en tant que chercheur. Quand on parle typologie, on pense à Weber
(cf Weber avec Idéal Type), on dit qu’il est le père fondateur de la méthode compréhensive.
On va sélectionner certains traits caractéristiques pour rendre compte d’un phénomène,
ensuite on fait une sorte de tableau homogène de ces caractéristiques.
Les limites de la méthode compréhensive :
Problème de subjectivité car un autre chercheur aurait pu avoir uen vision différente. Quand
on crée une typologie, on enferme l’analyse car c’est le chercheur qui choisit les critères qui
lui semble essentiels, il va surestimer certains éléments et en sous-estimer d’autres. Quand on
crée une typologie, on oublie un peu les situations intermédiaires. Quand on suit cette
méthode, on créer des types et on finit par croire que ces types sont la réalité ; on crée des
types qui ont des effets sur la réalité.
3ème partie : l’interactionnisme : comment décrire l’action sociale en terme de processus
5 sous parties :
Introduction : l’étude des relations sociales avec le concept d’interaction
Les origines d’un nouveau paradigme sociologique
Quelques éléments sur l’interactionnisme
Erwing GOFFMAN et l’étude des relations en face à face
Quelques autres courants sociologiques dans la perspective interactionniste
Introduction : l’étude des relations sociales avec le concept d’interaction :
Interactionnisme étudie les relations entre les individus ; concept spécialement crée en SH et
développé dans la sociologie de Simmel.
Interaction : action mutuelle réciproque, volontaire ou involontaire de divers acteurs engagés
dans une même situation entraînant la transformation de cette situation. Ici, situation fait
référence aux relations concrètes entre les individus dans un temps et un espace donné.
Simmel a écrit : « il y a société au sens large des mots partout où il y a actions réciproques des
individus. » Simmel à une définition interactionniste de la société. Selon Simmel, ces
interactions se nouent dans des cadres formels qu’il appelle des formes. Pour lui, l’étude des
formes constitue l’objet de la sociologie et les formes sont les contenants des interactions
concrètes.
La sociologie de Simmel est basée sur la saisie du collectif uniquement dans l’action
réciproque entre les individus.
Terme interaction repris par sociologues aux USA, naissance donc d’un courant :
l’interactionnisme, ce n’est pas une théorie mais un ensemble d’approche où les interactions
entre les acteurs sont l’élément explicatif fondamental des formes et structures concrètes de
situations.
Courant né dans 50’s : Université de Chicago.
Les origines d’un nouveau paradigme sociologique :
Le paradigme interactionniste est né dans un contexte particulier, 3origines : la mise en place
d’une tendance appelé l’école de Chicago (20’s) ; les idées de George Herbert MEAD ;
l’influence des travaux de Simmel. Simmel disait : « la société dans son sens large existe
quand plusieurs individus entre en interactions. » ; Simmel prend en compte d’étudier le
social en centrant l’analyse sur les relations sociales, les interactions : pour lui les actions
réciproques des individus constitue la sociologie.
Influence de Mead : interactionnistes des 50’s font tous référence à Mead et notamment à
l’esprit de soi et la société, Mead disait que le société n’était pas une donnée objective (à
l’inverse de Durkheim), elle est sans cesse construite à travers les échanges, les relations
sociales. Mead s’est intéressé à la dynamique des échanges et à la dynamique des relations
sociales.
Il a vraiment développé la notion de rôle social et aussi, il a repris l’idée du soi comme issu
des interactions. Selon Mead, l’individu développe son identité en adoptant le point de vue
des autres lors des interactions qu’il a avec eux ; l’enfant apprend lorsqu’il joue à adopter
différents rôles et, il comprend progressivement qu’il doit respecter les règles du jeu, adopter
certains règles et normes pour être accepter en tant que joueur. Les individus ajustent leurs
comportements à ces normes et construisent leurs identités par leurs intermédiaires ; on peut
dire que la pensée de Mead est en toile de fond des travaux des interactionnistes et constituent
un guide pour les interactionnistes.
L’école de Chicago : tradition née dans 20’s à l’université de Chicago ; manière de faire qui
se caractérise par des moyens particuliers mis en œuvre pour mener des recherches
sociologiques. Ils faisaient des monographies, souvent question de départ dans cette école
était celle de l’intégration. Becker, Strauss, Garfinkel ont tous eu des cours à l’université de
Chicago et tous pour faire leurs recherches ont fait des observations in situ. (Méthode
compréhensive)
Herbeth BLUMER : professeur à Chicago ; tous les interactionnistes le cite. Il est souvent
présenté comme le 1er sociologue à avoir parfois de l’interactionnisme symbolique en tant que
point de vue et en tant que théorie : il faut entendre symbolique au sens large ; c’est un
processus qui un échange de significations. L’interactionnisme symbolique est une
perspective de recherche qui part du principe que l’action sur les choses dépend du sens que
ces choses ont pour l’individu, et que ce sens est construit ou modifié au sein d’interactions
avec autrui. Aucune situation ne peut se déduire mécaniquement d’une structure mais, résulte
de la construction de sens que font les acteurs au travers de leurs interactions.
L’interactionnisme symbolique privilégie les significations spontanément élaborées par les
acteurs au cours des interactions. Blumer s’opposait à 3types d’approches dans l’étude du
comportements des hommes : la théorie des instincts ; la théorie stimulus réponse ; la théorie
de la culture. Avec ces 3 théories, quand on suit ces approches, on considère que la société est
une sorte de donnée et que le comportement humain est une réponse automatique à quelque
chose qui provient de l’extérieur.
Quelques éléments sur l’interactionnisme :
Pour les interactionnistes, la société n’est pas un système cohérent, totalisant et organisée
d’emblée ; pour eux, il n’existe pas de classes qui soit suffisamment dominantes pour que la
société soit entièrement contrôlée par elles. Pour eux, la société se compose de mondes
sociaux, de segments, de multiples territoires qui ont leurs propres logiques. Ceci revient à
dire que la société n’est pas un tout.
Observation in situ : ce qui compte pour les interactionnistes, c’est d’abord et surtout de
connaître la réalité sociale telle qu’elle est et, d’être capable ensuite de rendre compte des
processus en train de se faire. Le jeu social n’est une donnée mais un processus que le
chercheur doit décortiquer par l’observation in situ. Le prima est accordé aux acteurs euxmêmes sur ce qu’ils font ; l’attention est portée sur ce que produisent les interactions qui ont
lieu. Le sociologue voit que les acteurs ajustent toujours leurs comportements à la situation
changeante dans laquelle il se trouve ; il doit décrire et rendre compte de ces changements ; il
doit observer attentivement les processus sociaux qui ont cours au moment où ils ont lieu ;
quand ils observent les relations sociales, ils le font sans avoir une théorie dans la tête, le
concept et la théorie viennent après. Leur but n’est pas de prouver la validité d’une théorie.
Les propriétés sociales les plus générales n’existent que dans la mesure où elles sont
construites et reconstruites. Le but des interactionnistes n’est donc pas de rechercher derrière
les phénomènes les structures sociales qui sont censées fonder ce phénomène. Ces propriétés
sociales sont observables dans la succession des interactions au cours desquelles des rôles
successifs peuvent être endossés et des appareillages symboliques utilisés.
L’interaction est l’unité minimale des échanges sociaux et la situation sociale où chacun agit
et se comporte en fonction de l’autre. Analysé une interaction revient à analyser les conditions
particulières dans lesquelles s’effectue l’interaction en train de se dérouler.
Becker ; 4 étapes :
-le passage à l’acte avec la 1ère cigarette
-la désignation publique
-l’apprentissage sociale
-l’adhésion à un groupe déviant
En résumé, un individu se sent libre de fumer de la marijuana dans la mesure où il parvient à
se convaincre que les conceptions conventionnelles de cet usage ne sont que des idées de
personnes étrangères ou ignorantes et/ou il leur substitue le point de vue de l’intérieur à qui
par l’expérience de la drogue en compagnie d’autres fumeurs.
(Interaction symbolique : processus d’interaction est un échange de significations entre les
acteurs qui rentre en interactions.)
Erwing GOFFMAN et l’étude des relations en face à face : Sociologue des interactions
mais pas interaction symbolique. La sociologie de Goffman est entièrement consacrée à
l’étude des interactions ; son travail était de travailler sur les formes d’interactions et sur les
règles qui régissent ces interactions. (1922-1982 canadien ; en 1944 il commence étude de
sociologie, ensuite rentre à l’université de Chicago ; il a fait une recherche sur les épouses de
cadres ; à partir de décembre 1949 jusqu’en 1951, il a résidé à Shetland (écosse), il a fait
observation participante, il a participé à toutes les activités de l’île ; avec tout ça, il a finit par
soutenir sa thèse en 1953 à Chicago ; ensuite trouvé un autre terrain d’enquête, intégré
l‘équipe d’un hôpital psychiatrique : stigmates, les usages sociaux des handicaps. Il a montré
que l’hôpital psychiatrique détruit l’identité sociale de l’individu ; il a montré que même un
malade mental développe des stratégies pour garder son identité personnelle malgré ses
stigmates. Il n’analyse pas la personne mentalement « dérangé », ce qu’il a analysé c’est les
rapports entre le personnel de l’hôpital et les malades mentaux.
Définition interaction pour Goffman : « par interaction (c'est-à-dire l’interaction face à face),
on entend à peu près l’influence réciproque que les partenaires exercent sur leurs actions
respectives lorsqu’ils sont en présence physique immédiate les uns des autres. » (La mise en
scène de la vie quotidienne). Au-delà de ces rencontres au quotidien, il y avait une sorte
d’ordre social ; son but était de découvrir la trame de l’ordre social qui sous tend ces
interactions. Un individu placé dans une situation sociale quelconque, même la plus banale,
adopte un comportement déterminé par des règles et des normes. C'est-à-dire qu’en étudiant
les relations sociales, Goffman cherche à mettre en valeur ces règles et ces normes.
Dans sa soutenance de thèse, son intention était d’analyser « l’interaction sociale dans notre
société » ; « isoler et fixer les pratiques régulières de ce qu’on appelle l’interaction face à
face ». dans un de ces dicours (président de l’a ) : « promouvoir l’acceptation de ce domaine
du face à face comme domaine analytiquement viable ; un domaine qui pourrait être
dénommé, à défaut d’un monde plus heureux l’ordre de l’interaction ». Pour étudier les
interactions, il a développé plusieurs métaphores notamment la métaphore du théâtre, du jeu,
du rituel et la métaphore du cinéma. Les individus sont des stratèges, ils font des calculs pour
accomplir leurs buts.
La métaphore du théâtre : pour lui, la vie sociale est une sorte de théâtre où les individus sont
des acteurs quo jouent des rôles. On va aussi attendre des personnes avec qui l’on est, qu’ils
jouet des rôles ; l’important pour les individus c’est de ne pas perdre la face. Ce jeu
d’interactions entre les personnes est comme une pièce de théâtre où chacun joue son rôle ; la
vie sociale est une scène. Il a développe cette métaphore avec l’ouvrage mise en scène de la
vie quotidienne ; il développe un champ d’activité particulier (circulation piéton ;
comportements dans les ascenseurs, se tenir la main dans la rue) ; ce qui l’intéresse c’est
d’étudier un champ d’activité où il y a des interactions en face à face.
Il analyse « les aspects des relations sociales qui apparaissent quand les personnes en relation
sont immédiatement en présence les unes aux autres ». Il dit également « les interactions en
face à face engendrent des indices naturels facile à mesurer et à dénombrer ». Pour lui, étudier
ses interactions en face à face va lui permettre de développer une analyse de l’ordre social.
« quand des personnes s’engagent dans des rapports mutuels réguliers, elles se mettent à
employer des pratiques sociales courantes, autrement dit des modèles d’adaptations aux règles,
qui incluent la conformité, l’esquive, les déviations secrètes, les infractions excusables, les
violations flagrantes,etc. Ces modèles aux motivations diverses et aux fonctionnements variés
du comportement réel, ces routines associées aux règles fondamentales, tout cela constitue ce
qu’on pourrait appeler un ordre social ».
Goffman a été redécouvert depuis une vingtaine d’année ; c’est Pierre Bourdieu qui a fait
traduire ses œuvres.
Limites : l’interactionnisme ne permet pas de mettre en évidence l’organisation ou la structure
que présente les phénomènes sociaux.
Reproches Goffman : Il a intégré des apports intellectuels variés sans véritablement expliquer
leurs importances respectives. Il affirme beaucoup de choses sans preuve quantitatives
solides ; les marqueurs de fréquence sont peu précis, ce qui réduit la portée de la vérité
éventuelle de ces affirmations.
Il ne cherche pas à vérifier les hypothèses et à illustrer les concepts. Il fait appel à divers types
de matériaux sans expliciter celui auquel il se réfère.
Quelques autres courants sociologiques dans la perspective interactionniste :
L’interactionnisme est un cadre d’analyse qui regroupe plusieurs tendances.
L’ethnométhodologie et la sociologie du quotidien.
 L’ethnométhodologie : courant qui est né dans 60’s, elle s’inscrit dans le courant
interactionniste tout en se nourrissant de la phénoménologie et de l’analyse des
conversations. Son but est de saisir l’analyse des significations que les acteurs euxmêmes mettent en œuvre. L’objet de l’ethnométhodologie est la subjectivité des
acteurs. L’ouvrage fondateur de ce courant est un livre écrit par Garfinkel : recherches
en ethnométhodologie, 2007. Il a commencé à travaillé dans 50’s et c’est lui qui aurait
inventé le terme ethnométhodologie.
Ce terme signifie pour lui faire référence aux savoirs quotidiens des individus, c’est
aussi faire référence à la connaissance qui est à la disposition de tout à chacun. Le but
est d’aller voir du dedans et, aussi utiliser le savoir véhiculer par les acteurs euxmêmes.
 La sociologie du quotidien : J-C Kaufmann. Il a étudié les choses de la vie quotidienne,
par exemple l’étude du couple par son linge.
4ème partie : les nouvelles sociologies
Des sociologues ont voulu dépasser la querelle des méthodes en conciliant les deux (mélange
des deux méthodes).
Introduction :
Particulièrement en France, il y a en sociologie un centrage perpétuel entre Hommes et
Société : l’individu est-il passif ? L’individu est-il soumis à la société ? L’individu crée-t-il la
société ? Qui de la société ou de l’homme est-il primordial ? Dans quelles mesures les
individus sont-ils conditionnés par la société ? Jusqu’à qu’elle point l’individu est-il
conditionné par la société ?
C’est une manière d’opposer l’individu et la société. Corcuff montre que ces nouvelles
sociologies essayent de sortir du débat individu/société. Ce qui est sur, c’est que dans tradition
sociologique française, sociologue quand il veut faire une recherche, il est face à deux
options : l’objectivisme et le subjectivisme. Adopter l’objectivisme signifie qu’une chercheur
pense que les pensées et les actions des humains sont déterminés par un certain nombre de
conditions dites objectives (conditions matérielles d’existence) ; quand on est objectiviste, ces
conditions sont antérieurs aux individus, elles préexistent à la naissance des individus ; ces
conditions influent sur leurs vies et tout ce qui sera ultérieurs à la vie. Avec le subjectivisme,
le sociologue considère que les pensées et les actions des individus sont le point de départ
pour expliquer les institutions et les évolutions des conditions d’existence.
Corcuff dit : « les nouvelles sociologies tendent à appréhender des individus pluriels produits
et producteurs de rapports sociaux variés. »
La dynamique de l’habitus chez Bourdieu :
Bourdieu est présenté comme un déterministe. Individus conditionnés par les structures. Son
concept d’habitus a pour but de contourner le subjectivisme/objectivisme. Bourdieu propose
un mode de pensée sociologique qui permet de réunir et de dépasser le holisme et
l’individualisme. Il s’oppose à cette alternative en disant que c’est un « vieux débat sur les
déterminismes sociaux et la liberté humaine ». Bourdieu a introduit ce concept d’habitus dans
ces recherches pour articuler les éléments qui renvoient à la subjectivité des individus et les
éléments qui renvoient aux structures sociales externes. La notion d’habitus n’est pas une
invention de Bourdieu (terme qui existe depuis l’antiquité) ; ce terme désignait les
dispositions acquises à la fois par le corps et par l’âme. Ce concept a commencé à être à la
mode en 60’s grâce à Bourdieu et son équipe.
Biographie de Bourdieu : 1930-2002 ; va étudier à Paris, il a vécu un profond décalage entre
grande bourgeoisie parisienne et ses origines. En 1955, agrégation de sociologie. Ses premiers
travaux de recherches portent sur les transformations des sociétés rurales en Algérie. Quand il
est revenu en France, il a donné des cours sur les pratiques culturelles, sur l’école sous la
direction de Aron. En 1968, il veut fonder sa propre école de sociologie et lance sa propre
revue : actes de la recherche en sciences sociales ; en 19825, professeur au collège de France
et occupe la chair de sociologie = consécration ! !!!
Il voulait dénoncer les injustices et les processus de domination.
L’habitus est une tentative pour répondre à ce paradoxe : objectivisme/subjectivisme.
Bourdieu rejette l’objectivisme parce qu’il se borne à établir des relations régulières grâce à la
statistique alors que la signification des pratiques n’est pas déchiffrée. Il rejette aussi le
subjectivisme parce que chercher le sens dans l’immédiateté du vécu ne suffit pas pour
expliquer les phénomènes. Pour lui, grâce à l’habitus, il a pu articuler les structures internes
de la subjectivité et les structures sociales externes. De plus, le concept d’habitus permet de
voir que les structures internes de la subjectivité et les structures sociales externes sont deux
états d’une même réalité. C’est un mode d’approche qui peut être utilisé si on refuse de penser
que les individus ne font qu’incarner les structures sociales préétablies et si on refuse aussi de
penser que les individus agissent selon des stratégies et des calculs conscients. L’habitus se
manisfeste par le sens pratique c'est-à-dire l’aptitude à se mouvoir, à agir et à s’orienter selon
la position occupée dans l’espace social, selon la situation dans laquelle les individus sont
impliqués.
Définition de l’habitus : issu du sens pratique (p88/89). L’habitus selon Bourdieu est une
orchestration sans chef d’orchestre ; ça fait référence à la capacité des individus de générer
des pratiques et des discours. L’habitus est le produit de conditionnement qui tend à
reproduire les conditions sociales mais, les conditions sociales sont reproduites d’une manière
relativement imprévisible. Pinson et Pinson Charlot : couple de sociologue qui applique socio
de Bourdieu à la haute bourgeoisie : phénomènes de transmission de cette classe sociale.
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