Un projet de loi permettrait la collecte d'ADN sur toutes les personnes arrêtées Jonathan Krim/Washington Post Le 24 septembre 2005 Les suspects arrêtés ou détenus par des autorités fédérales pourraient être forcés de fournir des échantillons de leur ADN qui seraient enregistrés dans une base de données centrale selon une clause d'une proposition de loi du sénat visant à augmenter la collecte de données personnelles du gouvernement. La mesure controversée a été approuvée par le Comité judiciaire du sénat la semaine dernière et est soutenue par la Maison Blanche, mais n'est pas allée jusqu'à l'étape du vote. Elle va au-delà de la loi actuelle, qui permet aux autorités fédérales de rassembler et enregistrer des échantillons d'ADN, mais seulement de ceux qui ont été condamnés pour crimes. Les données sont stockées dans un registre national entretenu par le FBI et que les responsables de l'application de la loi emploient pour faciliter les enquêtes, en comparant l'ADN des criminels avec de preuves trouvées sur la scène du crime. Les sponsors insistent sur le fait qu'ajouter l'ADN des personnes arrêtées ou détenues mènerait à la prévention de certains crimes, et aideraient à en résoudre d'autres plus rapidement. "Quand la police retrace l'histoire d'un prédateur récidiviste après qu'il ait finalement été attrapé, ils constatent souvent qu'il n'a jamais eu de conviction criminelle antérieure, mais qu'il avait eu une arrestation antérieure," a dit lors d'une déclaration le Sénateur Jon Kyl (RépublicainArizona). "Cela signifie que la seule manière dont ils sont susceptibles d'attraper un tel criminel après son premier crime -- plutôt que son 10ème - c'est si les autorités peuvent maintenir une base de données exhaustive de tout ceux qui sont arrêtés, juste comme nous le faisons avec les empreintes digitales." Les défenseurs de la vie privée à travers le spectre politique disent que la proposition est une autre étape visant à augmenter l'intrusion de gouvernement. "L'ADN, ce n'est pas comme l'empreinte digitale," a dit Jesselyn McCurdy, un avocat-conseil législatif pour l'American Civil Liberties Union (union américaine des libertés civiles). "Il contient des informations génétiques et de l'information sur les maladies." Elle a ajouté que l'ACLU doute qu'il soit constitutionnel d'insérer les données de ceux qui n'ont pas été condamnés dans une base de données de criminels condamnés. La disposition, co-sponsorisée par Kyl et le Sénateur John Cornyn (Républicain-Texas), n'exige pas que le gouvernement enlève automatiquement les données d'ADN des personnes qui n'ont jamais été condamnées. Au lieu de cela, ceux qui ont été arrêtés ou détenus devraient pétitionner pour que leur information soit enlevée de la base de données après que leurs cas aient été résolus. Des défenseurs de la vie privée sont particulièrement préoccupés par les possibles abus tels que le profilage basé sur des caractéristiques génétiques. "Ceci ouvre clairement la porte à toutes sortes d'arrêts basés sur la race ou l'ethnie" par la police, a dit Jim Dempsey, directeur exécutif du Center for Democracy and Technology (centre pour la démocratie et la technologie), un think tank politique numérique. À l'origine, la base de données fédérale d'ADN a été limitée aux gens condamnés pour agression sexuelle, qui répètent souvent leurs crimes. Ensuite, elle a été étendue pour inclure les criminels violents. Plusieurs états, y compris la Virginie, rassemblent également l'ADN de ceux qui ont été arrêtés pour des crimes violents. "C'est une situation classique de mission-fluage," a dit Jim Harper, un spécialiste de la vie privée de l'institut Cato, un think tank libertaire. "Ces types jouent à un grand jeu de loi et d'ordre... et créent dans ce processus une base de données qui pourrait être convertie en quelque chose d'assez dangereux." Typiquement, l'ADN est pris sur les suspects par l'intermédiaire d'une tige destinée à récupérer la salive. Une "profil" ADN -- ou signature numérique unique -- est produit, qui peut être stocké sans inclure l'information génétique privée. Mais les défenseurs de la vie privée disent que la façon dont les échantillons fédéraux sont manipulés, enregistrés et sécurisés reste peu claire pour eux. La mesure de Kyl fut ajoutée à un projet de loi afin de renforcer les pénalités pour des actes violents commis contre des femmes et fut approuvée sans vote. McCurdy a dit qu'elle espère que des négociations parmi les membres du Comité judiciaire auront pour conséquence des changements avant que la législation soit votée par le sénat.