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Classes adjectivales et verbales comportant un complément en e en coréen
Résumé
Ce travail a pour objectif de montrer les principes méthodologiques et les problèmes
rencontrés au cours d’une classification des constructions adjectivales et verbales à
complément essentiel introduit par la postposition -e en coréen. Dans ce travail, nous avons
examiné environ 2600 adjectifs et 1100 verbes intransitifs qui demandent ce complément et
nous les avons répartis en 7 classes syntaxiques. Lobservation des construcions verbales et
adjectivales à complément en -e nous amène à confirmer que les natures et les types de ce
complément pour ces deux types d’éléments prédicatifs ne sont pas très différents les uns des
autres. Cependant, les compléments en e dans les constructions adjectivales sont de nature
de 4 types nommés datif-vecteur, scénique-génitif, psycho-évaluatif et repère, alors que ceux
dans les constructions verbales sont datif-vecteur, locatif, de cause-évaluatif et repère, qui
sont légèrement différents des précédents.
Mots-clés : complément en e, construction adjectivale, construction verbale,
classification syntaxique, complément essentiel
1. Introduction
Ce travail a pour objectif de montrer les principes méthodologiques et les problèmes
rencontrés au cours d’une classification des constructions adjectivales et verbales à
complément essentiel introduit par la postposition -e en coréen. Dans ce travail, nous avons
examiné environ 2600 adjectifs et 1100 verbes intransitifs qui demandent ce complément et
nous les avons répartis en 7 classes syntaxiques. Comme l’adjectif en coréen, étant un
élément prédicatif qui prend des suffixes de conjugaison comme le verbe, ne demande jamais
un complément d’objet direct (Nam 1994), il existe une forte ressemblance entre les
consturctions à verbe intransitif et celles à adjectif en coréen.
Les compléments en -e jouent un rôle crucial dans la classification des constructions
adjectivales et verbales en coréen. Ils sont de nature diverse puisque la postposition -e a des
emplois variés équivalents à à, pour, en, de, par, contre en français. Quant aux constructions
verbales, certaines études ont été menées sur quelques classes de constructions verbales. Par
contre, on voit que les constructions adjectivales à complément en e ont été traitées de façon
complète dans (Nam 1992, 1994). Nous voulons donc introduire brièvement lorganisation
des constructions adjectivales à complément en e telle quelle est étudiée dans (Nam 1994)
dans Section 2 et plutôt concentrer aux constructions verbales dans Section 3. Dans Section 4,
on va discuter sur des problèmes à traiter dans les études ultérieures.
2. Organsation des classes des constructions adjectivales à complément en -e
Dans (Nam 1994), les adjectifs à complément en -e sont divisés en 7 classes en fonction des
caractéristiques syntaxiques du complément et la distribution des substantifs comme suit :
Table 1. Orgnisation des classes des adjectifs à complément en -e
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Code
Appellation
Exemple
Effectif
AED
Adjectifs à complément datif
naengjeonghada (=être sévère)
908
AEV
Adjectifs à complément vecteur
mianhada (=être désolé)
210
AES
Adjectifs scèniques
gadeughada (=être plein)
150
AEG
Adjectifs scènique-génitifs
ulchanghada (=être touffu)
492
AEP
Adjectifs psychologiques
manjogseuleobda (=être satisfaisant)
271
AEE
Adjectifs évaluatifs
jungyohada (=être important)
238
AER
Adjectifs à complément repère
almajda (=être adapté)
345
TOTAL
2614
Table 2. 7 classes des adjectifs à complément en -e
Les compléments en -e dans les constuctions adjectivales sont de nature diverse : il existe un
datif-vecteur, un scénique-génitif, un psycho-évaluatif et un repère. Ces compléments sont
rigoureusement définis par les critères syntaxiques et ils permettent de répartir les adjectifs en
7 classes présentées dans <Table 2> (Nam 1994 : 196-245).
3. Classification des constructions verbales à complément en -e
3.1. Compléments en e datif et vecteur
La construction de base pour les verbes caractérisés par le complémente en -e datif (classe
VED) est :
(i) N0 N1-e W V (N0 V W à N1)
Le sujet y est un substantif humain pur. Le complément en -e peut être un substantif humain,
mais un substantif non-humain et une complétive ne sont pas exclus. Soit :
(ii) Minu neun nmtf seonsaengnim professeur ege Postp.e kkabu lancer des
plaisanteries- nda St
(Minu lancer des plaisanteries à son professeur)
Certains verbes de VED permettent de substituer ce complément en e par un objet direct (N-
leul : Acc) comme :
(iiia) Minu neun nmtf Ina ege Postp.e igi gagner- ess-da St
(Minu a gagné contre Ina)
(iiib)= Minu neun nmtf Ina leul Acc igi gagner- ess-da St
(Minu a gagné Ina)
Alors que ceux comme le verbe seunglihada (=remporter une victoire), sémantiquement
proche du verbe de (iii), ne permettent pas la substitution du N1-leul au N1e :
(iva) Minu neun nmtf Ina ege Postp.e seungliha rempoter une victoire-ess-da St
(Minu a remporté une victoire contre Ina)
(ivb) *Minu neun nmtf Ina leul Acc seungliha rempoter la victoire-ess-da St
(*Minu la remportée une victoire)
Cependant, les verbes comme celui de (iiia) et celui de (iva) sont tous classés dans VED, car
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la construction à complément en e est considérée comme la structure de base. Les
différences syntaxiques entre (ivb) et (ivb) seront indiquées dans la table VED.
Le complément en e dans (iia) ne peut pas être remplacé par celui en edaehae(=envers),
ce qui est acceptable pour une autre construction verbale, sémantiquement aussi voisine à
(ii) : il sagit des constructions à verbe comme banhanghada(=s’opposer). On observe donc :
(va) Minu-neun nmtf seonsaengnim professeur-ege Postp.e banhangha s’opposer-nda St
(Minu s’oppose à son professeur)
(vb)= Minu-neunnmtf seonsaengnim professeur-edaehaePostp.edaehae banhangha
s’opposer-nda St
(Minu s’oppose envers(=à) son professeur)
La relation (via)-(vib)
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permet de définir la classe VEV (complément en e vecteur) comme :
(vi) N0 N1-e W V
= N0 N1-edaehae W V
Le sujet y est un substantif humain pur et le complément en -e peut être une complétive.
3.2. Complément en e repère
Comparons maintenant les compléments précédents avec celui dans:
(viia) Minu-neun nmtf geu ce gyuchig règlement-e Postp.e jeochogdoe contrevenir
-nda St
(Minu contrevient à ce règlement)
Le verbe dans (viia), intuitivement différent de celui dans (ii) ou (v), satisfait aussi la relation
décrite dans (vi) :
(viib)= Minu-neun nmtf geu ce gyuchig règlement-edaehae Postp.edaehae jeochogdoe
contrevenir-nda St
(Minu contrevient envers[à] ce règlement)
Cependant, il ne s’agit pas de complément en -e vecteur, car il accepte un sujet non-restreint,
differemment des verbes de VEV qui exigent un sujet humain pur. On observe ainsi:
(viii) i Cet sageon évenement- eun nmtf geu ce gyuchig reglement-(e+edaehae)
Postp.e+ Postp.edaehae jeochogdoe contrevenir-nda St
(Cet évenement contrevient à ce règlement)
(xi) Minu-ga nmtf geuleohge dans cette manière haengdongha se comporter-n Sd
geos Ncomp - i nmtf geu ce gyuchig reglement-(e+edaehae) Postp.e+
Postp.edaehae jeochogdoe contrevenir-nda St
(Que Minu se comporte de cette manière contrevient à ce règlement)
Nous avons observé une centaine de verbes qui se comportent comme celui dans (vii) -(ix) :
le complément en -e se caractérise sémantiquement comme une repère pour une action. Ces
verbes sont nommés VER, parallèlement à la classe des adjectifs nommés AER.
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Les adjectifs qui exigent les compléments en -e datif-vecteur sont divisés en 2 classes, AED et AEV, par le
critère de la présence du complément en -edaehaeso (Nam 1994 : 196-200).
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3.3. Complément en e locatif
Les verbes qui demandent un complément en e locatif comprennent des verbes dits de
mouvement. Certaines études ont été effectuées sur ces verbes. En français, ils sont regroupés
dans la Table 2 dans (Gross 1975 : 165-172). Pour le coréen, (Hong, 1982) a défini la classe
des verbes de mouvement qui peuvent prendre un complément phrastique de type ‘Ω V0 leo,
par exemple :
(x) Minu-neun nmtf janggab gants - eul Acc sa acheter - leo Svc sangjeom
magasin-e Postp.e deulle passer-oss Mpas-da St.
(Minu est passé au magasin pour acheter les gants.)
Il a traité, principalement, les verbes de mouvement proprement coréens comme celui dans
(x). Notre travail peut être complémentaire à cet ouvrage, étant donné que nous avons
également examiné les verbes à nom prédicatif sino-coréen.
Or, il existe environs 80 verbes qui exigent un sujet humain et un complément en -e locatif,
mais qui nappartiennent pas aux verbes de mouvement comme :
(xi) Minu-neun nmtf billa villa-e Postp.e sa habiter-nda St.
(Minu habite dans une villa.)
Le complément dans (xi), sémantiquement, nindique pas un déplacement du sujet,
contrairement de celui dans la construction des verbes de mouvement : effectivement il ne
prend pas de complément phrastique ‘Ω V0-leo. En français, ce type de verbes est distingué
des verbes de mouvement dans (Boons et al. 1976 : 235).
Nous observons également environ 200 verbes qui se caractérisent par la relation de
croisement des actants comme suit :
(xii) N0 N1-e V
= N1 N0-lo V
Prenons un exemple :
(xiiia) Sijang marché - e Postp.e salamdeul gens - i nmtf ugeulgeoli grouiller- nda St
(Les gens grouillent au marché)
(xiiib)= Sijang marché - i nmtf salamdeul gens - lo Postp.lo ugeulgeoli grouiller- nda St
(Le marché grouille de gens)
La majorité des verbes définis par la relation (xii) est dérivée des onomatopées. On observe la
relation (xii) dans les constructions adjectivales nommées AEG et AES dans (Nam 1994). Les
phénomènes analogues aux cas coréens ont été étudiés dans (Boons et al. 1976) pour les
verbes français et dans (Salkoff 1983) pour les verbes anglais.
3.4. Complément en e de cause et évaluatif
Le complément en -e dans (xiv) est à distinguer de celui dit datif-vecteur. Soit :
(xiv) Minu-neun nmtf Ina-ui n mal parole-e Postp.e sidalli souffrir-ess Mpas-da St.
(Minu a souffert à cause des paroles dIna)
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Celui dans (xiv) permet la permutation du complément en e par celui en lo qui marque une
cause sémantiquement. Ainsi, la relation suivante définit la classe VEC (classe à complément
en e de cause) :
(xv) N0 N1-e V
= N0 N1-lo V
Le sujet y est un substantif humain pur. Le complément en -e peut être un complément
phrastique causatif. La relation (xv) nous a permis de recenser environs 100 verbes très
homogènes qui expriment certains sentiments.
Maintenant, examinons :
(xvi) Minu-ege-neun Postp.e Ina-ui Gén haengdong comportement- i nmtf geoseulli
déplaire-ess Mpas - daSt.
(Le comportement d’Ina a déplu à Minu)
Le verbe de (xvi) exprime également un certain sentiment comme celui de (xiv), mais leurs
propriétés distributionnelles sont bien différentes de celles des verbes de VEC comme :
(xvii) [classe VEC] Nhum Qu P-(e+lo) V
(xviii) [classe VEE] Qu P Nhum-e V
Le complément en -e de (xviii) nest pas une cause pour le verbe, contrairement à celui de
(xvii), mais une siège de jugement sur certains évènements exprimés par la complétive. Cest
pourquoi ce complément peut être substitué par un complément circonstanciel en loseo qui
exprime sémantiquement un sujet de lexpérience dun sentiment :
(xix)= Minu-loseo-neun Postp.loseo Ina-ui Gén haengdong comportement - i nmtf
geoseulli déplaire- ess Mpas- da St.
(Quant à Minu, le comportement d’Ina lui a déplu)
Notons que les classes des adjectifs nommées AEP et AEE partagent des propriétés
sémantico-syntaxiques avec les classes des verbes VEC et VEE respectivement.
4. Conclusion
Dans cette étude, nous avons présenté les classes des constructions adjectivales et verbales à
complément en -e et décrit brièvement les critères définitionnels et leurs propriétés
syntaxiques. Les tables suivantes montrent lorganisation des classes des constructions
verbales à complément en -e :
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