Contexte de la bataille de Marathon Athènes est sous la tyrannie de Pisistrate et de ses deux fils, pisistratides, au VI ème siècle, beaucoup de cités grecques sont sujettes à des tyrannies. Les riches propriétaires avaient accaparé les terres donc les petits paysans ont été ruinés n’ayant pas assez de terres. Une opposition se crée contre les riches propriétaires et les abus des tyrans. En 514, un pisistratide est assassiné et le second doit s’enfuir chez les perses, chez le Grand Roi. Quand il revient à Marathon, il croit retrouver le pouvoir. L’empire Perse est immense, de l’Egypte à l’Inde, son développement se fait surtout au VI ème siècle. Les perses envahissent l’Asie Mineure où en 546, toute l’Asie Mineure est conquise alors que les cités grecques prospéraient depuis 1100. L’empire Perse est lâche donc les grecques se révoltent avec en-tête les cités ioniennes en 499. Les ioniens vont demander de l’aide aux grecs du continent, seules Athènes et Erétrie envoient des soldats pour les épauler. Sarde, capitale d’une satrapie, va être incendiée par les troupes grecques. En 494, la révolte est finie et est durement réprimée, Milet est prise et saccagée, femmes et enfants en esclavage. A Athènes, Anaximène, auteur tragique, représente la prise de Milet de 493 où un grand émoi se crée dans le public. Le parti des conservateurs est composée d’aristocrates qui veulent défendre leurs privilèges et vont s’appuyer sur les classes rurales hoplitiques. Au VIIème siècle, le combat militaire change de technique avec l’apparition de l’hoplite, cet armement est facile à s’offrir sauf pour les plus pauvres. Les bataillons d’hoplites assurent la sécurité de la cité, le poids politique des hoplites est important, c’est la classe moyenne de l’époque. Chigi est un vase corinthien de la fin du VIIème siècle qui représente l’avancée des bataillons d’hoplites en rang serré, la cohésion est totale où les boucliers des hoplites se protègent les uns contre les autres. Le parti populaire se constitue après Salamine, en 480, et prend une importance considérable car il repousse les perses lors de la deuxième guerre médique. Athènes découvre en 480 les mines de Laurion. Les citoyens dont Thémistocle convainquent ses pairs à construire une flotte de guerre avec l’argent de la mine. La flotte athénienne va constituer sa force et est la première flotte du monde grec constituée de trières. Les rameurs sont des citoyens pauvres, la dernière classe censitaire, appelée thètes, son pouvoir va s’accroître car les rameurs sont la puissance navale d’Athènes. Relevé du vocabulaire Miltiade Son père est assassiné par les pisistratides en 490. Il soutient les ioniens contre les perses et a failli être écharpé par le peuple perse, Miltiade est soutenu par les conservateurs. Polémarque C’est un archonte qui, à l’origine, dirige la guerre, en 501-500, on ajoute au dispositif clisthénien les stratèges. Ce collège de 10 membres, un par tribu, veut avoir le pouvoir, dirige la politique extérieur de la cité. Au V ème siècle, les stratèges dirigent toute la politique de la cité (Périclès était stratège). Les stratèges sont des magistrats choisis parmi les plus riches, l’archonte polémarque va prendre conscience de leurs pouvoirs, à partir de 480, il sera tiré au sort et aura une fonction honorifique. Sacrifice – protection divine La religion est omniprésente dans la vie de l’homme grec. Les dieux soutiennent Athènes, quelques années plus tard de la bataille de Marathon, les athéniens font peindre cet événement sur l’agora où à côté des hoplites, on voit Athéna, Thésée (roi d’Athènes), Héraclès. Mèdes – Perses – Saces Les grecs vont à l’encontre des perses soumettant les mèdes et les saces. Le Grand Roi alimente l’armée du roi perse, l’armée est constituée de contingents soldats, mosaïque de peuples, de langues. Commentaire Notre document est un passage des histoires d’Hérodote relatant la célèbre bataille de Marathon qui opposa les athéniens et ses alliés aux platéens en 490. Hérodote semble avoir écrit son ouvrage vers 450, au moment où Athènes détenait un véritable empire et où son régime démocratique était nettement renforcé. Il est très difficile pour les historiens modernes de retracer précisément le cours réel de cette bataille. Nous ne disposons que des sources grecques et parmi ces sources, le texte d’Hérodote est le principal témoignage, source d’information. Néanmoins, il est flagrant que ce texte est entaché d’exagération voire de déformation, c’est un grec qui écrit sa ligne et cela au moment où la démocratie athénienne s’est considérablement renforcée et où Athènes domine un vaste ensemble de cités. Ainsi, le texte d’Hérodote se perçoit avant tout comme un des éléments du travail de mémoire par lequel chaque citoyen athénien participe à une identité collective magnifiée, auréolée de la double victoire contre les barbares et la tyrannie. Description d’une bataille Importance de la religion, dans la vie grecque et au combat, on retrouve des sacrifices favorables et la protection d’Athéna, les grecs sont convaincus que Thésée, Athéna et Héraclès ont combattu avec eux. Hérodote nomme les magistrats responsables de la guerre, soit les dix stratèges et l’archonte polémarque, ils sont tous là ce qui donne la mesure du danger encouru. Le collège de stratèges est une nouvelle magistrature ayant les pleins pouvoirs au détriment de l’archonte. Les stratèges sont élus et se recrutent parmi les plus riches. Bataille d’hoplite face à des barbares, les hoplites sont suffisamment aisés pour acheter leurs armes, sont rangées en boucliers serrés les uns contre les autres pour une solidarité totale. A Marathon, ils chargent en courant (d’où le concours sportif de la course en arme). De l’autre côté, les perses ont une armée hétéroclite où les mèdes, les saces obéissent aux perses au service du Grand Roi. Dangers encourus par Athènes Une armée perse débarque au bord de l’Attique, à Marathon, 40km d’Athènes. Or, les perses viennent de prendre Erétrie, au Moyen-Orient et ont pillé les villes, brûlé les temples, réduit la population en esclavage. Les perses veulent tirer vengeance de l’incendie de leur temple à Sarde par les érétriens et les athéniens. Les grecs du continent européen avaient, en effet, soutenu la révolte des ioniens contre les perses, cette révolte fut durement réprimée. Dès lors, les athéniens à Marathon pense de bon droit subir le même sort que les gens d’Erétrie. Présence d’Hippias chez les perses, fils du tyran Pisistrate, a vu son frère assassiné par les démocrates en 514 et a fuit en 510. Athènes, en 507, avait jeté les bases de la démocratie. Or, Hippias s’était installé à côté du roi des perses, il espère reprendre le pouvoir par une victoire des perses contre les athéniens. En effet, les perses ont pour habitude de mettre à la tête des cités conquises, des citoyens ressortissants de la cité à leur solde. Les athéniens ont raison de craindre le retour de la tyrannie avec pour conséquence les exils des démocrates, la confiscation des biens. Le père de Miltiade avait été assassiné par un pisistratide au temps de la tyrannie, il sait quoi s’en tenir avec Hippias. Célébration d’une victoire glorifiée Hérodote a écrit ses histoires en neuf livres (9 muses) probablement dans les années 450, une trentaine d’années après Marathon, au moment où la démocratie rayonne. Or, notre texte mentionne le rôle des stratèges où la stratégie est une institution démocratique ajoutée en 501 au dispositif clisthénien de 507 et que, concrètement, la stratégie est la magistrature suprême de la cité. Hérodote cite aussi Miltiade qui est présenté comme un adversaire des tyrans. Bref, la victoire de Marathon est présentée comme une victoire de la démocratie athénienne, toute puissante quand Hérodote écrit. Hérodote montre cette victoire quasi-miraculeuse avec deux armées différentes, un surnombre invraisemblable. On est plus dans un texte historique mais dans une épopée, le choix du polémarque ressemble au choix d’Achille. On nous donne la liste des morts assimilés aux héros d’Homère où les mots qualifiant les athéniens sont bravoure, illustre et vaillant. Hérodote nous livre un témoignage complètement partial. Le problème est qu’il n’a pas de documents perses pour savoir comment, eux, auraient pu raconter la victoire médique. Un grec, pendant l’époque impériale, Dion Chrysostome, raconte que Marathon est un engagement minime et accidentel, le Grand Roi aurait penser que le châtiment infligé à Erétrie et l’imposition d’un tribut sur les grecs donnaient un signe évident de sa victoire, ce qui correspondrait assez bien à la réaction des perses et du Grand Roi. Probablement chargé des dépouilles arrachées aux temples grecs, Darius a pu se montrer en triomphateur dans son empire. D’ailleurs, d’une façon générale, Hérodote présente tous les événements antérieurs à 480 comme expliquant l’origine des guerres médiques, décrivant le roi perse désabusé, obsédé par le problème grec. En fait, il n’est même pas sûr que le roi perse ait voulu envahir la Grèce à la première guerre médique ou a-t-il voulu se venger de l’incendie de ses temples et assurer sa domination en Egée. De ce point de vu, la première guerre médique est un succès. Il faut se méfier du texte d’Hérodote qui, à la façon de la peinture sur l’agora, glorifie le régime, célèbre d’une manière hippique la démocratie où le pouvoir est accru pour les hoplites. Par la suite, Athènes repousse la flotte perse à Salamine où le pouvoir s’accroît pour les pauvres, les thètes étant la main d’œuvre des trières athéniennes. L’agogé spartiate Le texte est un extrait de la Constitution des Lacédémoniens écrite par Xénophon. Xénophon est un aristocrate athénien d’origine et a dû fuir la cité étant compromis dans le régime des Trente, il s’est installé après de maintes tribulations dans une grande propriété en Elide, dans le Péloponnèse, donnée par le roi spartiate, Agésilas. C’est donc un adversaire de la démocratie et un administrateur ami des spartiates qui écrit dans les années où le prestige de Sparte est au sommet. Les deux sources principales sur l’agogé spartiate sont la Constitution des Lacédémoniens de Xénophon et la Vie de Lycurgue de Plutarque. Le problème est que les anciens, quand ils parlent de Sparte, sont toujours de parti pris, en les idéalisant ou les rejetant. Les témoignages devront être examiné des deux points de vu, celui des spartiates et celui de l’auteur qui pour admirer Sparte n’en est pas moins athénien au départ. Peut être plus encore qu’un témoignage sur la pédagogie en vigueur à Sparte, ce texte doit être lu comme une dénonciation vigoureuse de l’éducation dans l’Athènes démocratique. I] La signification de l’agogé à Sparte 1) L’agogé qui concerne-t-elle L’agogé est la première période, dès 8 ans, de la païdeia soit l’éducation spartiate qui dure toute la vie. L’agogé est une éducation collective et obligatoire qui concerne presque exclusivement les futurs citoyens, les homoloï. La fonction éducative est principalement basée sur la guerre à travers les hoplites qui sont appelés égaux, une minorité de la population totale, soit 10%. L’agogé est une des trois conditions indispensables pour faire partie des égaux, avec la filiation paternelle et le versement d’une quote-part pour la syssitia (repas en commun). Ceux qui n’acceptaient pas cette éducation devenaient inférieurs, mais de l’autre côté, certains enfants inférieurs pouvaient participer à l’agogé et éventuellement être parmi les égaux. L’épreuve finale est de vivre caché pendant un an mais autorisation de sortir la nuit et de massacrer les hilotes rencontrés. 2) L’origine de l’agogé Notre texte dit que l’agogé est constituée par Lycurgue, c’est à lui que les anciens attribuaient les élaborations de toutes les institutions spartiates, personnage semi légendaire qui aurait vécu à l’époque archaïque. Depuis la fin du XIXème siècle, les études d’ethnologie comparative ont permis d’établir des similitudes précises entre l’agogé spartiate et les rites d’intégration des jeunes dans la société dite primitive. Dans notre texte, il est question de marcher pieds nus, privation de nourriture, de devoir voler, toutes ces pratiques ont des rôles précis dans les sociétés dites primitives. Dans la deuxième moitié du VIIème siècle, les spartiates ont envahit la Messénie où la population est asservie, les vaincus sont les hilotes et s’ajoutent aux hilotes laconiens. Le résultat est que les hilotes sont très nombreux, ils sont maltraités, sujets à la terreur. D’où le fait que les égaux soient perpétuellement sur le pied de guerre, ils sont menacés à l’intérieure même de leur frontière. Précisément, on constate qu’après la conquête de la Messénie, l’Etat spartiate se replis sur lui-même, accentue son autorité, exclut les étrangers. La politique de Sparte au VI ème siècle est simple, le danger est déjà à l’intérieur alors il ne faut pas en avoir à l’extérieur. L’agogé est une préparation militaire de la minorité des égaux qui sont sans cesse sur le pied de guerre face aux hilotes. 3) L’objectif de l’agogé Son objectif est de former à la discipline de la vie collective et de distinguer les meilleurs devenant des hoplites. Les hoplites spartiates sont les seuls hoplites professionnels dans le monde grec. L’agogé est une véritable éducation et préparation militaire dès 8 ans, crée une solidarité et assure l’obéissance et l’endurance. Ses valeurs sont décisives car dans le bataillon d’hoplite, chaque bouclier protège à moitié celui qui le porte et à moitié le voisin. Les mères disent à leurs fils « Etan ê epi tan », avec le bouclier ou sur le bouclier. Les hoplites sont surveillés par un magistrat spécial accompagné de scribes et de fouets. Il y a différentes funérailles pour un guerrier, dans une fosse s’il est blessé dans le dos, dans un cimetière, s’il est blessé, dans l’excellence guerrière et les honneurs. Agogé signifie aussi pousser, diriger le bétail. Cette éducation développe l’endurance, le soldat en campagne doit supporter la faim, le froid car le ravitaillement y est difficile. Les soldats doivent ruser, encouragent leurs enfants à ruser davantage notamment pour le vol. II] Texte sur l’éducation spartiate révélant la crise morale et politique du Vème siècle 1) Xénophon, un auteur partial : un aristocrate athénien opposé à la démocratie Certains aristocrates se sont opposés à la démocratie et ont souhaité un régime oligarchique à Athènes, donc au Vème siècle, il y avait une mouvance pro oligarchique, modèle de Sparte. Platon écrit la République selon Socrate en 380, Xénophon entoure Socrate et s’interroge sur un bon régime politique. Entre cette jeunesse dorée, les fils d’aristocrates entourant Socrate souhaitent un système oligarchique dont Platon et Xénophon ventant tous deux de Socrate. Xénophnon prône une oligarchie et écrit sur Sparte, « La Constitution Lacédémonienne », éloge sur Sparte en critique sur la démocratie athénienne du début du IVème siècle. En 404, les spartiates triomphent des athéniens qui capitulent, rendent leur flotte, où son rempart est détruit. A partir de 404, Sparte a une période d’hégémonie d’où on prestige dans le monde grec. Mais en 371, les spartiates sont écrasés par les thébains à la bataille de Leuctres, c’est la fin définitive de la puissance de Sparte. En 404, à Athènes, les spartiates imposent l’oligarchie des Trente qui massacre 10% des citoyens. Les cavaliers, 2ème classe censitaire car les cavaliers peuvent acheter leur monture et l’entretenir, exécutent les opposants au régime. Parmi les jeunes cavaliers, on y retrouve le jeune Xénophon. Le régime des Trente dure qu’un an, la démocratie est rétablie donc Xénophon s’enfuit. Xénophon fait la connaissance du roi spartiate, Agésilas, et devient son ami. Xénophon combat au côté des spartiates contre les athéniens, il obtient un domaine dans le Péloponnèse, près de la Laconie. Les deux fils de Xénophon participent à l’agogé spartiate. 2) La constitution lacédémonienne attaque les partisans de la démocratie athénienne Xénophon prend le contre-pied d’un discours célèbre, l’oraison funèbre prononcée par Périclès pour la fin de la guerre du Péloponnèse. Périclès vante le mode de vie athénien, la liberté des individus et sa variété, en 431, « c’est en nous laissant libre, plus qu’on nous entraîne aux épreuves que nous combattons face à nos adversaires ». Eloge à l’opposé des valeurs péricléennes qui sont obéissance, privation et allure, « nous cultivons le beau dans la simplicité et les choses de l’esprit sans manqué de fermeté ». 3) La critique de l’éducation athénienne, en particulier, la nouvelle éducation Qu’importe la forme de l’éducation, les riches payent l’éducation à leurs enfants. Le régime démocratique athénienne n’a pas remis en cause la prédominance des grandes familles et n’a pas fait naître une éducation démocratique moderne. Les enfants instruits sont les enfants des 2 ème et 1ère classes censitaires, certains sont de la 3ème classe. A Athènes, les maîtres sont rémunérés par les parents, la condition de salarié les dévalorise car le pédagogue est souvent un esclave. Ce sont les citoyens eux-mêmes qui ont le droit d’éduquer n’importe quel enfant. Le but de l’ancienne éducation était d’apprendre le sport, lire, écrire, faire comme les Muses (chant et musique). L’idéal athénien est d’être « kalos kai agathos » soit « beau et brave », qui est très loin du but spartiate c’est-à-dire l’obéissance, la ruse, l’endurance. En 450, on ajoute un niveau d’étude qui est la rhétorique, suite au bouleversement des mentalités. Le sophiste est la figure intellectuelle d’Athènes qui change les idées reçues, ébranle les cadres moraux. Les sophistes proposent un remaniement du langage et des idées pour faire triompher les ambitions personnelles. En particulier, beaucoup d’entre eux mettent en avant la relativité des choses, « l’homme est la mesure de toutes choses ». Les dialogues socratiques critiquent les sophistes et rétablissent le monde des idées entre juste et bien qui transcende la relativité des sophistes. Il y a une véritable crise à Athènes où celui qui a le pouvoir, c’est celui qui sait orienter la foule. Les aristocrates payent ces sophistes. Notre texte vante l’endurance et la ruse militaire, est à comprendre comme une critique implicite mais virulente contre la sophistique ou la nouvelle éducation qui s’est développée à Athènes à la deuxième moitié du Vème siècle. Xénophon condamne ses sophistes qui monnayant argent, propose d’apprendre le maniement du langage pour satisfaire une ambition personnelle. Texte d’Aristote Aristote vit au IVème siècle, période marquée par des troubles et guerres civiles. Au IV ème siècle, plusieurs auteurs proposent de définir un bon régime politique comme Platon dans la République ou Xénophon dans la Constitution des Lacédémoniens. Aristote est l’élève de Platon et s’inspire de la même logique, il décrit un modèle théorique issu d’une réalité protéiforme, c’est un modèle qui participe dans la réalité contemporaine d’Aristote mais qui est difficilement applicable tel quel est dans la réalité. Il existe tout un éventail de régime politique, de la démocratie extrême à l’oligarchie étroite La démocratie apparaît en 507 à Athènes, elle se consolide par la suite et d’autres cités vont adopter le régime démocratique. A côté de la démocratie, il existe une oligarchie étroite ou extrême. Au sein des cités, on a un parti démocratique et un parti oligarchique avec souvent une alternance de l’un et de l’autre. Certaines cités passent d’une alliance à une autre, si la cité est avec Athènes alors elle est démocratique, si la cité est avec Sparte alors elle est oligarchique. A Athènes, Sparte impose l’oligarchie des Trente. On a dénombré plus d’une centaine de guerres civiles au Vème siècle et une quarantaine au IVème siècle. D’autant qu’au IVème siècle, le problème de la crise agraire resurgit, à savoir que les terres sont accaparées aux riches. Etre citoyen n’a pas le même sens dans un régime ou dans un autre Dans une oligarchie, l’Assemblée ne réunit pas tous les citoyens à part tous les riches sinon il n’y a plus de pouvoir. Les magistratures sont réservées à des classes particulières, de même, les fonctions de juges. A l’inverse, dans une démocratie extrême, tous les citoyens forment l’Assemblée et votent sur toutes les lois et tous les décrets et la politique étrangère. L’Assemblée se constitue comme tribunal en cas de crimes graves, le tribunal est alors composé de citoyens tirés au sort. Dans une démocratie extrême, les magistrats tirés au sort deviennent de simples exécutants car l’Assemblée décide de tout. Dans la plupart des cités, le régime est mixte, par exemple, pour la justice, certains tribunaux sont composés de citoyens tirés au sort et d’autres sont composés de juges appartenant à une minorité, une classe censitaire élevée. Certains magistrats sont tirés au sort anonymement et d’autres sont élus parmi une classe censitaire déterminée. L’Assemblée a des pouvoirs limités, une partie de ces attributions étant confiée à des magistrats particuliers. Les critères qui définissent le citoyen sont très variables d’une cité à l’autre Dans certaines cités, les commerçants et les artisans n’avaient pas le droit d’être citoyen, dans d’autres, il fallait avoir une fortune, un cens, dans d’autres, accomplir des rites dont l’agogé pour Sparte. Il existait de nombreuses possibilités de dégradations, dans notre texte, il est question de l’atimie (privation partielle ou totale) et d’exils conduisant à des guerres civiles. Enfin, il existait dans les cités comme Athènes une séparation nette entre citoyens et non citoyens, ailleurs, des citoyens de droits pleins et de droits restreints. Ce que présuppose le modèle d’Aristote Dans notre texte, Aristote dit que tous les citoyens doivent participer au pouvoir délibératif et judiciaire, et tous peuvent être magistrats, pour cela, il faut un groupe limité vivant dans un espace restreint. Si l’Assemblé rassemble tous les citoyens, il faut un nombre restreint pour se réunir et habitant près de l’agglomération pour se rendre aux assemblées. Pentakontaétie Le livre I de Thucydide explique que l’origine du conflit avec Sparte réside d’une hégémonie athénienne. Thucydide nous donne un point de vu tendancieux, les alliés avec leur facilité successive n’auraient eu ce qu’ils ont mérité puisqu’ils ont refusé de se préparer militairement. En fait, les choses sont certainement plus compliquées, l’ensemble des événements fait penser à un engrenage puissant laissant une marge de manœuvre aux alliés. L’origine de la puissance athénienne Victoire à la bataille de Marathon, grand prestige athénien Entre les deux guerres médiques, on trouve un nouveau filon dans la mine argentifère de Laurion. Les citoyens veulent se la partager mais Thémistocle fait voter la construction de 200 trières, d’où la victoire de Salamine en 480. Athènes acquiert avant les autres, un savoir-faire, la flotte athénienne va contrôler la mer Egée pendant deux siècles. Après Platée, la politique intérieure et extérieure d’Athènes est maladroite mais les cités restent à ses côtés alors qu’elles auraient pu s’allier à Sparte. A Athènes, il y a deux hommes politiques de génie dont Thémistocle et le charismatique Aristide qui fonde la Ligue de Délos. Thucydide explique le tribut comme une paresse des alliés ne voulant pas quitter leur cité, ce qui est partisan du malheur d’Athènes. L’auteur critique le peuple athénien et lui attribut un désir d’exploiter, d’asservir les cités considérées comme parasites. Athènes a des difficultés à bâtir une flotte à cause du matériel, de l’argent et de l’entretien. Les cités étant petites, Athènes, la plus peuplée, est peut-être la seule de mener à bien la création d’une flotte de guerre. En 478, la peur du retour des perses est réelle, les cités grecques d’Asie Mineure sont soumises aux perses. Il est dangereux de se soumettre à Athènes car être libre pour les grecs est de na pas subir le joug d’une autre cité et aussi pouvoir asservir d’autres cités. Les étapes du passage de l’hégémonie à l’empire Avec le temps, les victoires sur perses font disparaître la Ligue de Délos qui n’a plus raison d’être. La campagne de Cimon (477-461) voit une grande victoire à Eurymédon en 466 près de Chypre, ensuite la paix de Callias est conclue où les navires perses sont interdits en mer Egée, et les perses doivent démilitariser les côtes de l’Asie Mineure sur 90km. Thucydide synthétise que la peur des perses disparaît avec la révolte des alliés, révolte de Naxos en 469 puis Thassos en 464 malgré des répressions dures. Le poids de la domination athénienne 454 : les athéniens transfèrent le trésor de Délos sur l’Acropole. 445 : c’est la paix de Trente ans, ce traité reconnaît le choix des cités d’adhérer à une alliance, Sparte reconnaît un véritable espace athénien. Athènes est le commandant de la Ligue, le peuple athénien fixe le montant et la répartition du tribut par décret et tous les 4 ans. Tous les alliés sont tributaires sauf trois, Athènes contrôle via les archontes ou des magistrats la politique des cités, et met en place une surveillance militaire, les clérouquies. Vers 437, Athènes impose aux alliés le même système de poids, de mesure et de monnaie. Athènes et la mer, du début Vème siècle à 431 avant notre ère Athènes, cité dont le territoire est un promontoire qui s’avance dans la mer Egée, et dont le centre urbain est proche de la côte et de la bonne rade de Phalère, peut sembler prédestinée à entretenir des liens privilégiés avec la mer. Néanmoins, au début du Vème siècle, elle semble très peu tourné vers celle-ci, n’étant pas capable d’envoyer que vingt navires au secours des cités d’Ionie en révolte contre l’empire perse. Cependant, au cours du siècle, on voit de plus en plus souvent Athènes intervenir sur mer, dans la deuxième Guerre Médique avec les batailles de Salamine et du cap Mycale (480-479), puis tout au long de l’histoire de la ligue de Délos qu’elle a fondée avec les autres cités ioniennes du pourtour égéen, jusqu’à chasser les perses de mer Egée en 449. Cet activisme sur mer ne cesse ensuite de croître jusqu’au début de la Guerre du Péloponnèse qui débute en 431 et oppose la ligue maritime formée par Athènes et ses alliés à la ligue terrestre de Sparte et des siens. Dans le même temps, la ville s’est transformée économiquement, socialement et politiquement. On peut se demander quel rôle la mer et la politique maritime ont joué pour Athènes du début du Vème siècle à 431, comment Athènes, cité modeste, est-elle devenue la principale puissance maritime du monde grec, et quelles conséquences cela a-t-il eu sur le fonctionnement interne de la cité ? Pour répondre à cette question, nous verrons tout d’abord comment Athènes a progressivement développé sa puissance militaire et son emprise sur la mer, au point de transformer l’Egée en empire athénien, avant d’étudier en quoi la mer est devenue cruciale pour la prospérité de la cité, et enfin comment la politique maritime a contribué à transformer la société athénienne et à accélérer la mise en place de la démocratie. I] 499-449, Athènes libératrice de la mer Egée 1) Au début du Vème siècle, Athènes est peu tournée vers la mer N’a pas réellement de port : seulement la rade de Phalère où l’on tire les bateaux à sec. En 493, Thémitocle, archonte, entreprend la construction du port du Pirée, mais cela reste modeste. Athènes est surtout préoccupée par des conflits locaux, en particulier avec ses voisines Mégare et Corinthe. Même si, lors de révolte ionienne, Athènes étant avec Erétrie une des deux seules cités à envoyer des renforts aux ioniens d’Asie Mineure, montre qu’elle s’intéresse au sort de ses « cousins » de l’autre côté de l’Egée et qu’elle est prête à mener des actions sur mer pour les défendre, cela ne semble pas avoir de suite. Intérêt d’Athènes pour la mer encore faible. 2) La deuxième Guerre Médique change les choses En 483, Thémistocle convainc la cité d’utiliser l’argent découvert dans les mines du Laurion pour construire une flotte de guerre importante avec 200 trières en 481, Athènes a la flotte la plus puissante de Grèce. Pendant la deuxième Guerre Médique, Athènes s’allie avec la ligue du Péloponnèse menée par Sparte et avec d’autres cités pour repousser l’attaque perse en 481. La guerre semble devoir rester essentiellement terrestre. Deux lignes de défenses sont prévues par les grecs, aux Thermopyles et à l’Isthme de Corinthe, mais quand le premier verrou a sauté, Athènes dont le territoire est directement menacé décide de se défendre sur mer, provoque et remporte brillamment la victoire de Salamine en 480. Athènes devient renommée pour sa puissance maritime. Ensuite, alors que les spartiates inquiets de la situation interne de Lacédémone (crainte d’une révolte d’hilotes) et peu enclins aux expéditions lointaines (puissance centrée sur le Péloponnèse et armée hoplitique remarquable) veulent se contenter d’avoir défendu la Grèce propre. Athènes entraîne la flotte de la ligue à la poursuite des perses à travers la mer Egée d’où la libération progressive des îles. La victoire du cap Mycale en 479 met un terme à la puissance maritime des perses. Enfin, alors que la flotte de la ligue se disperse, les athéniens seuls cette fois vont attaquer et prendre Sestos sur les détroits. Athènes a acquis prestige et puissance militaires sur mer et semble décidée à agir, même seule ou avec les seuls ioniens, dans l’ensemble du bassin égéen. 3) Création et organisation de la ligue de Délos Les cités d’Ionie libérées veulent alors qu’Athènes prenne la tête de la ligue hellénique mais pour ne pas froisser Sparte, Athènes refuse et préfère créer une nouvelle ligue, un congrès réuni à Délos, centre des Cyclades et de la mer Egée, en 478-477. Cette ligue est une ligue maritime dont le but est de combattre les perses pour libérer les cités grecques qui font partie de leur empire et les empêcher de revenir attaquer la Grèce. Pour cela, la flotte est l’arme principale, Athènes est naturellement le chef (hégémôn) de la ligue, d’ailleurs désignée sous le titre « Athènes et ses alliés ». Chaque cité doit soit fournir une flotte, mais très peu en sont capables, seulement les grandes îles Samos, Chios, Thasos, Lesbos, les autres payent un tribut, le phoros, permettant à Athènes de construire, d’équiper, d’entretenir et d’armer à leur place les navires. La puissance maritime de la ligue est aux mains d’Athènes. 4) La flotte de la ligue de Délos chasse les perses d’Egée La flotte de la ligue de Délos, dirigée par des stratèges athéniens et dont les actions sont dictées par l’ekklésia d’Athènes, remporte de nombreuses victoires contre les perses, en particulier celle de l’Eurymédon en 466, qui aboutissent à un contrôle grec sur la mer Egée. En 449, la paix entre la ligue de Délos et les perses est négociée par l’athénien Callias à l’initiative de Périclès. Il signe avec les perses une paix qui stipule que les perses ne pourront pas avoir de flotte militaire en Egée, ni s’approcher à moins de trois jours de marche de la côte occidentale de l’Asie Mineure, ils sont chassés définitivement de la mer Egée. En 449, Athènes est la plus grande puissance maritime en mer Egée, même l’empire perse ne peut plus lui faire concurrence. La mer Egée est devenue un « lac athénien ». La mer est le lieu où Athènes exprime sa puissance et le moyen par lequel elle est passée de cité « moyenne » à la toute-puissance. II] 462-431 : des ambitions navales excessives 1) La démesure géographique : l’expédition d’Egypte Avant même d’avoir chassé formellement les perses d’Egée, Athènes se croit assez forte dans les années 450 pour aller les combattre ailleurs, toujours par mer. La puissance navale lui est « montée à la tête », l’expérience en Egypte (459454) se soldent par un désastre avec au moins 90 trières soit 180 000 hommes). Athènes ne sortira plus de l’Egée avant longtemps, jusqu’à l’expédition de Sicile en 415-413 avec encore plus de lourdes conséquences pour le destin de la cité. 2) Après la paix de Callias : la transformation de l’hégémonie en empire En 449, avec la paix de Callias, la ligue n’a plus raison d’être mais Athènes la maintient, souvent contre le désir de ses alliés, ceux-ci deviennent en fait les sujets d’une tyrannie. Déjà, plusieurs révoltes surgissent en 468-466 à Naxos et en 465-463 à Thassos, mais c’était surtout pour des raisons d’indépendance économique. Les deux révoltes principales ont lieu après la paix de Callias, celle de l’Eubée et Mégare en 447-446 et Samos en 440. Dans tous les cas, la répression est sévère, la plus typique est celle faite à Samos. La cité doit abattre ses remparts, livrer sa flotte, des otages, une amende, « accueillir » des clérouques (soldats athéniens installés sur des terres confisquées dans le but de surveiller la cité), certains soldats et chefs samiens sont torturés. Parfois, Athènes impose le régime politique interne des cités de l’alliance comme en Erythrées en 450 et Milet peu après. Ces répressions montrent que la maîtrise de la mer est devenue pour Athènes un but personnel et n’est plus motivée par les nécessités d’une lutte panhellénique contre les perses, la violence qu’elle emploie montre le caractère vital qu’elle y attache. 3) Les prémisses de la Guerre du Péloponnèse Selon l’analyse de Thucydide, la toute-puissance d’Athènes est tyrannique envers ses propres alliés, et soupçonnée par Sparte de vouloir étendre sa domination à toute la Grèce et en particulier à la ligue du Péloponnèse. Athènes effraie Sparte qui se sent menacée et va chercher l’affrontement en espérant combattre Athènes avant d’être sûre de se faire écraser par elle. En 433-431, trois incidents directement liés à la manière dont Athènes gère son empire en oppressant les alliés, opposent de plus en plus directement les deux systèmes d’alliance : Athènes interdit l’accès des ports et des marchés de l’Attique à sa voisine Mégare, membre de la ligue du Péloponnèse, ce qui provoque l’asphyxie de la cité. C’est vu par la ligue du Péloponnèse comme un indice de la manière dont Athènes entend user de son contrôle de la mer pour usurper à son profit l’économie de toutes les régions grecques. Dans une affaire confuse opposant Corcyre à sa métropole Corinthe, membre de la Ligue du Péloponnèse. Athènes vient militairement au secours des corcyréens, c’est ressenti comme une preuve qu’elle veut étendre son influence au-delà de la mer Egée et qu’elle n’hésite pas à s’introduire dans les affaires presque « internes » des membres de l’alliance spartiate. Potidée, en Chalcidique de Thrace, membre de la ligue de Délos, est une ancienne colonie de Corinthe et en reçoit des magistrats. Potidée menace de faire défection, Athènes la menace de destruction, un nouvel affrontement armé, direct entre Athènes et Corinthe. La guerre est en fait déjà ouverte entre Athènes et un membre de la ligue du Péloponnèse, l’embrasera général ne tardera pas. La Guerre du Péloponnèse a pour cause profonde la toute-puissance maritime d’Athènes et pour causes directes trois affaires montrant le caractère insatiable de la cité dans ce domaine. De 499 à 431, Athènes, qui au début n’était guère tournée vers la mer, en a fait l’instrument d’une puissance comme le monde grec n’en avait jamais connu. Les conséquences économiques, sociales et politiques de cette maîtrise de la mer sont très grandes pour la cité. III] La mer au centre de la prospérité d’Athènes La mer a été pour Athènes, du début du Vème siècle à 431, un outil essentiel de la prospérité de la cité, et cela est directement lié aux progrès de sa puissance navale. 1) Besoin de ravitaillement après la 2ème guerre médique, début du commerce maritime athénien En 480-179, les perses ont ravagé deux fois l’Attique abandonnée par ses habitants, la ville est détruite et incendiée, partiellement à reconstruire. De cette attaque subsiste des problèmes agricoles dont deux récoltes de céréales brûlées d’où une crise alimentaire à court terme, des vignes et des oliviers brûlés mettant des années à redevenir productifs d’où un besoin de tisser des réseaux commerciaux à long terme, et dont un besoin important de bois pour maintenir une flotte puissante. Or, le commerce terrestre devient beaucoup plus compliqué en Grèce antique car les moyens de transports sont peu performants et le contexte géographique est difficile avec des montagnes entre l’Attique et la Béotie, et une seule vraie bonne route partant vers l’ouest et Corinthe qui passe par Eleusis. Athènes est traditionnellement une rivale de Corinthe donc elle commerce peu avec. Après la 2 ème guerre médique, Athènes forme un système d’alliance avec ses cousins ioniens d’outre-mer et sa flotte de guerre est capable de protéger ses routes maritimes. Athènes se tourne rapidement vers le commerce maritime. 2) Pour les besoins de la guerre et du commerce : la construction du Pirée Au lendemain de la 2ème guerre médique, Athènes est maîtresse d’une flotte importante et veut développer ses liens commerciaux avec le reste du monde égéen d’où la construction d’un ensemble portuaire solide et directement relié à la ville, outil de la puissance maritime : A l’ouest de Phalère, le promontoire de l’Aktè a trois petites baies où Kantharos, au nord-ouest, sera le port de commerce avec de belles installations d’entrepôts. Chacune des trois baies (Zéa, Kantharos et Mounichie) servira à abriter des navires de guerre avec une capacité de 400 trières. L’ensemble est fortifié et surtout relié à la ville par les « longs murs », deux murs puis trois qui rendent le lien entre la ville et son port à l’épreuve de toutes les attaques. Ce long processus, de 477 à 457, rend palpable le lien physique essentiel entre Athènes et la mer, et va permettre le développement à grande échelle du commerce maritime. 3) Le commerce maritime athénien Athènes importe essentiellement des produits agricoles et des matières premières, et exporte surtout des produits finis, ce non seulement dans le bassin égéen mais même au-delà : Du blé de Sicile, de la mer Noire, d’Egypte grâce au comptoir grec de Naucratis ; Des métaux de Thrace (Pérée thasienne), de Chypre (bronze) ; Des poissons séchés et autres produits alimentaires de la mer Noire ; Du bois du nord de l’Egée, nécessaire à la flotte ; Ivoires, pierres précieuses et produits de luxe de Chypre et d’Asie Mineure. Au lendemain de la 2ème guerre médique, grâce aux nouveaux filons du Laurion, Athènes peut se payer ses produits en argent, elle les échange aussi contre : De l’huile d’olive et du vin, ses productions agricoles traditionnelles principales ; Des céramiques décorées, dans tout le bassin méditerranéen particulièrement en Italie ; D’autres objets artisanaux produits dans les ateliers du Pirée et de la ville d’Athènes. Ce commerce contribue à la prospérité de la ville directement et aussi en raison des taxes prélevées sur chaque transaction commerciale par des magistrats spéciaux. Athènes devient la première cité commerçante grecque par le volume et la valeur des produits échangés, elle est le véritable centre par lequel transitent les marchandises qui traversent la Méditerranée orientale grâce à sa position géographique. Le commerce maritime athénien est tellement important qu’elle peut en dépendre entièrement et se passer des productions de l’Attique. Au début de la Guerre du Péloponnèse, c’est la stratégie que choisira Périclès, laisser les péloponnésiens envahir et ravager l’Attique et faire survivre l’Attique uniquement par le « cordon ombilical » qui la relie au Pirée et à l’empire. Athènes, selon Thucydide, est devenue « une île ». 4) Les liens entre puissance navale et puissance commerciale On retrouve une correspondance frappante entre régions d’origine des produits importés par Athènes et régions dans lesquelles elles lancent des expéditions dans la première moitié du V ème siècle. Il suffit de mettre en relation les batailles et les expéditions avec la liste des produits importés, et la forte participation athénienne à la fondation de la colonie – comptoir panhellénique de Thourioi en Italie du Sud en 446 et l’expédition péricléenne à Sinope pour s’assurer l’accès au Pont-Euxin. Sans aller jusqu’à dire qu’Athènes a une véritable politique économique et commerciale car l’idée que les cités peuvent avoir de vraies politiques économiques reste un débat entre historiens de l’Antiquité, on note que la maîtrise militaire de la mer n’est pas pour elle une façon de s’assurer la puissance pour la puissance, la maîtrise de la mer permet le commerce et la prospérité de la cité. 5) Le phoros et son usage De plus, la ligue de Délos sert la prospérité de la cité, non seulement parce que sa flotte assure la sécurité des routes de commerce et parce que les cités qui la composent fournissent des produits à Athènes, mais aussi directement, en tant que ligue, grâce au phoros. Car le phoros, normalement fixé par des assemblées plénières de la ligue, est en fait administré par dix héllénotames athéniens et fixé par la Boulé d’Athènes. En 454, Athènes déplace le trésor de la ligue de Délos à l’Acropole d’Athènes, Athènes utilise le phoros comme elle l’entend et ne le réserve pas à son usage normal comme la construction et l’entretien de la flotte de la ligue. Un soixantième du phoros est réservé au trésor d’Athéna, Périclès utilise cela et aussi, plus grave, une bonne partie des réserves du phoros pour : Réaliser de grands travaux d’embellissement de la cité à partir de 450 dont la reconstruction de l’Acropole, réalisation d’un troisième Long Mur reliant la ville au Pirée (446-443), construction de bâtiments publics,… Salarier les activités civiques, misthos d’abord pour la participation au tribunal (misthos heliastikos) puis pour les membres de la Boulé (misthos bouleutikos) et nombre de magistrats, seulement au IV ème siècle, pour la participation à l’assemblée (misthos ekklesiastikos). Le contrôle de la ligue de Délos est directement lié à l’enrichissement d’Athènes et de ses citoyens et à son embellissement urbain. IV] Les liens entre l’empire maritime et la démocratie 1) La population et les activités d’Athènes se modifient Athènes acquiert une place centrale dans les routes maritimes du commerce et une attitude ouverte vis-à-vis des étrangers avec en particulier l’existence du statut original du métèque. Le métèque est un étranger domicilié, rattaché à un dème, ayant un protecteur parmi les citoyens athéniens, bénéficiant de garanties judicaires avantageuses, en échange du paiement d’un impôt, le métoikion, et d’une éventuelle participation à la défense de la cité qui l’accueille. Ce statut voit à Athènes un afflux d’étrangers, surtout des grecs, des ioniens en particulier, qui sont aussi nombreux qu’esclaves d’une part et que citoyens d’autre part, 120 000 dans chaque groupe en comptant femmes et enfants en 431 : Importante transformation démographique. Augmentation de l’activité artisanale et commerciale, effet « boule de neige », car n’ayant pas le droit de posséder de la terre en Attique (prérogative du citoyen), les métèques sont commerçants et artisans. Participent directement à la prospérité de la cité par le versement du metoikion, et indirectement par les taxes que génèrent leurs activités. Renouvellement de la vie culturelle, en particulier nombre d’historiens, poètes, philosophes les plus célèbres d’Athènes à l’époque classique, souvent regroupés autour de Périclès et de sa concubine milésienne Aspasie, sont d’origine étrangère comme Hérodote d’Halicarnasse, Protagoras d’Abdère, Gorgias de Léontinoi,… 2) Les plus pauvres voient leurs conditions de vie s’améliorer L’augmentation de l’activité commerciale et artisanale donne du travail au démos urbain. En 481, la flotte militaire est à son maximum, or chaque trière a besoin de 100 rameurs, ce besoin de main d’œuvre donne un emploi tout trouvé pour le petit peuple urbain qui n’a pas de terre à cultiver, ni d’activité stable. La puissance d’Athènes est fondée sur la mer et permet de trouver un emploi comme rameur payé grâce à cette puissance elle-même par le phoros. Les autre utilisations du phoros bénéficient aussi aux plus pauvres, qui rien qu’en participant au tribunal peuvent, sinon gagner leur vie, du moins survivre. Les comédies d’Aristophane décrivent, cependant, la situation pendant la Guerre du Péloponnèse soit un peu après notre période où de nombreux vieillards sans le sou tirent leur subsistance d’une assistance assidue aux séances de l’Héliée. Athènes envoie dans les cités révoltées des clérouquies en Chersonèse de Thrace, à Skyros, Naxos, Andros,… Athènes permet aux clérouques de trouver des moyens de subsistance en cultivant les terres confisquées, ce phénomène est comparable pour les colons de Thourioi. Directement ou indirectement, la survie des classes pauvres c’est-à-dire les thètes, la dernière classe censitaire, repose sur les liens qu’entretient Athènes avec la mer. 3) La démocratie devient plus radicale Ces transformations sociales sont liées à une évolution du régime athénien, avec l’isonomie mise en place par Clisthène en 507, vers une démocratie au sens propre du terme où le peuple entier et non seulement les propriétaires terriens a le pouvoir et participe aux décisions politiques. La flotte est l’instrument essentiel de la puissance d’Athènes, or elle est manœuvrée par des rameurs issus des parties les plus pauvres de la population. Changement radical par rapport à la situation avant la 2 ème guerre médique où, pour défendre la cité, il fallait pouvoir se payer un équipement d’hoplite. Les thètes voient leur poids politiques augmenter en remplissant désormais l’obligation essentielle du citoyen grec qui est d’être un soldat pour la cité. Les réformes progressives amènent le peuple à participer plus à la vie politique. Dès 487, les archontes (magistrats principaux d’Athènes à la fin du VIème siècle, issus des grandes familles) n’étaient plus élus mais tirés au sort d’où une diminution de leur prestige. En 457, leur charge devient accessible aux zeugites (troisième classe censitaire, les petits propriétaires terriens), et surtout en 462, les pouvoirs de l’Aréopage, le tribunal forée par des anciens archontes sortis de charge, sont transférés par Ephialte à l’Assemblée du peuple et à la Boulé d’un part pour les procès concernant le respect des lois et de la constitution, et à des tribunaux populaires pour la justice criminelle et civile. L’Assemblée est composée de droit de tout citoyen, la Boulé de 500 membres non renouvelables est ouverte normalement au moins zeugites mais on sait qu’au moins à partir de la Guerre du Péloponnèse, des thètes en ont été membres, et à laquelle on estime qu’un athénien sur trois pouvait accéder dans sa vie, et l’Héliée de 6 000 membres. Ces institutions démocratiques permettent une participation maximale de tous les citoyens étant les réels dépositaires du pouvoir. L’instauration des misthoi permet aux pauvres, particulièrement au démos urbain de la ville et du Pirée, de participer à la vie politique sans perdre une journée de travail. Les magistratures se multiplient via l’envoi des magistrats pour contrôler les cités alliées et le versement du tribut, la création de magistratures spécialisées pour les marchés du Pirée et de la vile dont agoranomes, sytophylaques, metronomes, à tout niveau, chacun a plus de chances pour participer à la vie politique. La puissance d’Athènes repose désormais entièrement sur sa flotte et des revenus qu’elle tire de cette puissance, qui sont la cause directe des modifications profondes que connaît la société athénienne et en particulier de son évolution démocratique. La démocratie et l’empire maritime apparaissent comme inséparables car le démos urbain, conscient des avantages que l’empire présente pour lui, et désormais capable de peser sur les décisions politiques, pèse sans cesse sur le renforcement de la présence et du contrôle d’Athènes sur la mer. De la révolte d’Ionie au début de la Guerre du Péloponnèse, Athènes est progressivement devenue la cité la plus puissante de Grèce, grâce au développement d’une flotte de guerre puissante qui lui a permis de maîtriser la mer au point de se former un véritable empire maritime. Dans le même temps, sa société se voyait profondément transformée grâce au commerce florissant que la cité a organisé avec toute la Méditerranée oriental, et grâce à son ouverture aux étrangers. Cela entraîna le paradoxe apparent d’une démocratie qui devenait plus radicale au fur et à muse que l’empire devenait plus tyrannique, l’un et l’autre se renforçant mutuellement. Pourtant, la mer ne fut pas seulement un atout précieux pour Athènes, la puissance maritime excessive de la cité indisposait les alliés et effrayait Sparte, et fut ainsi la cause directe de la Guerre du Péloponnèse. Athènes, qui devait à la mer sa puissance et sa gloire, périt alors par excès de confiance envers cette dernière, quand Sparte eut à son tour acquis une flotte puissante grâce à l’aide des perses, elle vainquit sans difficulté sa rivale.