DOSSIER
A propos de la recherche sur les cellules souches
Objectif : nous reprenons, dans ce dossier sur la recherche sur les cellules souches
des points de vue politiques et différentes prises de position de l’Eglise. Pour la plupart, les textes sont
tirés des agences de presses catholiques CathoBel et Zenit.org.
12 juin 2006
COMMUNIQUE DES EVEQUES DE BELGIQUE : DIGNITE DE L'ENFANT ET TECHNIQUE
MEDICALE
DIGNITE DE L’ENFANT ET TECHNIQUE MEDICALE
DECLARATION DES EVEQUES DE BELGIQUE
C’est sans grands débats de société que s’apprête à être votée au Sénat une proposition de loi
sur la procréation médicalement assistée. Il s’agit – selon ses promoteurs de baliser «une
évolution scientifique fascinante et inéluctable».
La proposition de loi en question se centre sur le désir de progéniture de ceux qui sont appelés les «
auteurs d’un projet parental». Cette notion vise tous les couples, mariés ou non, hétérosexuels ou
lesbiens, ainsi que les femmes seules.
Pour répondre au projet parental de ces personnes, le législateur propose d’autoriser le don anonyme
d’embryons et de gamètes afin d’encourager les donneurs potentiels. Les embryons seront réimplantés
chez la mère porteuse en tenant compte de divers critères d’appariement. En outre, la proposition de
loi rend possible l’insémination d’une femme avec le sperme d’un homme défunt. Elle autorise
également le diagnostic pré-implantatoire, afin de sélectionner les embryons «sains» avant de les
réimplanter. Enfin, elle ouvre la porte à ce qu’on appelle le «bé-médicament», soit un enfant issu
d’un embryon sélectionné de manière telle que les cellules de son cordon ombilical soient susceptibles
de soigner un frère ou une sœur.
Beaucoup soutiennent cette proposition de loi: «La technique médicale le permet et cela peut aider des
gens, alors pourquoi hésiter?» Nous répondons que tout ce qui est techniquement possible et qui
constitue un progrès médical, n’en devient pas pour autant moralement souhaitable. La science déplace
chaque jour les limites de la médecine. Il faut s’en réjouir, car cela offre de nouvelles possibilités
thérapeutiques qui évitent aux hommes des souffrances ou offrent un confort de vie. Mais une
frontière morale invisible existe devant laquelle le progrès technologique doit s’incliner: la dignité de
l’homme. A chaque fois que le statut inaliénable de l’humain est en jeu, tout savoir-faire doit
reconnaître son maître. Sans quoi, l’homme devient vite – et sans trop s’en rendre compte –
instrumentalisé par le fruit de son génie.
Le souhait d’avoir un enfant est beau et légitime. Cependant, pareil désir doit céder le pas devant un
impératif plus grand encore: la dignité de la personne à naître. Dans cette proposition de loi, l’embryon
n’est pas considéré comme une fin en soi. Il est traité comme un moyen destiné à combler le désir
d’enfant. Qu’importe que cet enfant «fabriqué» par la science soit un orphelin biologique? Il s’agit
avant tout qu’il corresponde au mieux au projet parental à géométrie variable de son ou ses parents
légaux.
Quitte à ramer une fois de plus à contre-courant des évolutions sociales, nous n’adhérons pas à pareille
logique. Selon nous, c’est la dignité de l’enfant à naître qui doit primer. Le droit de l’enfant est
infiniment supérieur même avant sa naissance au droit à l’enfant.
Les Evêques de Belgique
Bruxelles SIPI, lundi 12 juin 2006 Sur catho.be
Le 15 juin 2006
« Oui » du Parlement européen à la destruction d’embryons, les évêques « consternés »
Décision contraire à une politique de recherche efficace
ROME, Jeudi 15 juin 2006 (ZENIT.org) La COMECE est « consternée » que le Parlement
Européen encourage l’instrumentalisation et la destruction d’embryons humains.
Le 15 juin 2006, le Parlement Européen a en effet voté en première lecture la proposition relative au
7e Programme-cadre de Recherche et a demandé le financement communautaire de la recherche sur
des embryons humains et des cellules souches embryonnaires humaines. Mgr Noël Treanor, Secrétaire
Général de la Commission des Épiscopats de la Communauté Européenne (COMECE), a déclaré à cet
égard :
La COMECE soutient une politique européenne de la recherche efficace et au service du bien commun
et s’oppose à la proposition du Parlement Européen et de la Commission Européenne d’accorder un
financement de l’UE aux activités de recherche employant des embryons humains et des cellules
souches embryonnaires humaines.
Comme l’a déclaré précédemment la COMECE, ce type de recherche soulève des problèmes éthiques
et anthropologiques fondamentaux. Nombreux sont ceux qui sont opposés à l’instrumentalisation de la
vie humaine et de son utilisation comme matière première. Il ne s’agit pas uniquement d’une position
catholique. Scientifiquement, il n’existe aucune raison morale pour distinguer un embryon aux
prémices de sa vie et un embryon après son implantation dans l’utérus ou après 14 jours. La dignité
humaine ne dépend pas et ne doit pas être rendue dépendante des décisions d’autres personnes.
Toute vie humaine commence à sa conception et nécessite une protection particulière quand elle est
créée en dehors du corps de la femme. La vie humaine ne doit jamais être instrumentalisée. Nous
rappelons dès lors notre opposition de principe à la destruction de tout embryon humain et à
l’utilisation des cellules souches embryonnaires humaines.
Le Parlement Européen s’est exprimé à une courte majorité en faveur du financement communautaire
de la recherche sur les embryons humains et les cellules souches (adultes). Les embryons dits
surnuméraires n’étant pas mentionnés, la recherche impliquant leur destruction pourrait être financée
sous le 7ième Programme-cadre de recherche. La production d’embryons humains à des seules fins de
recherche ne peut prétendre à un financement par l’UE, conformément à la Convention sur les Droits
de l’Homme et la Biomédecine d’Oviedo.
La proposition de la commission de l’Industrie, la Recherche et l’Energie (ITRE) a été adoptée à 284
voix contre 249 et 32 abstentions. Le Parlement Européen lui-même était divisé sur cette question, et
un nombre important d’eurodéputés ont voté, soit pour exclure le financement de toute recherche sur
les embryons humains et les cellules souches embryonnaires humaines, soit pour au moins renforcer
les recommandations éthiques afin d’empêcher de nouvelles destructions d’embryons humains. Nous
prenons également note du fait que l’amendement adopté par la commission des Affaires Juridiques
qui, selon les règles de procédure du Parlement Européen, est responsable pour les questions éthiques
en matière de nouvelles technologies n’a pas été respecté par la commission ITRE du Parlement
européen.
C’est un fait qu’il existe des avis divergents sur le statut anthropologique de l’embryon et sur les
implications éthiques de l’expérimentation sur les embryons humains. Tant que l’utilisation et la
destruction des embryons humains est un sujet qui touche à l’inviolabilité de la vie et de la dignité
humaines et concerne les convictions les plus profondes de nombreux citoyens de l’UE, l’UE a le
devoir moral de s’abstenir de promouvoir par le biais d’un financement communautaire ce type de
recherche, interdit dans certains États membres. En prenant cette décision, l’UE interférerait avec les
décisions nationales sensibles prises à cet égard et violerait le principe de subsidiarité.
En outre, compte tenu des ressources limitées allouées par l’UE à la recherche et du nombre de projets
de qualité qui ne peuvent être financés par manque d’argent, il est d’autant plus incompréhensible que
la recherche sur les embryons humains soit encouragée par un financement communautaire. Si cette
décision était confirmée, cela renforcerait la méfiance envers l’UE et son processus décisionnel.
Nous demandons par conséquent au Parlement Européen, au Conseil des Ministres ainsi qu’à la
Commission Européenne de reconsidérer leur attitude à l’égard de cette question et de réserver les
efforts communs de l’UE en matière de recherche à des priorités véritablement communes et moins
controversées. Nous saisissons cette occasion pour réaffirmer notre soutien envers le financement
communautaire de la recherche sur les cellules souches adultes.
ZF06061509
Le 26 juillet 2006
Un revers pour la protection des embryons : L’Union européenne face à un défi bioéthique
majeur
Communiqué des évêques d’Europe
ROME, Mercredi 26 juillet 2006 (ZENIT.org) « Le Secrétariat de la COMECE a suivi avec grande
attention l’élaboration du 7ème Programme cadre de recherche de l’Union européenne pour la période
2007-2013 et exprime sa profonde déception concernant la décision du Conseil des Ministres
européens du 24 juillet 2006 », annonce un communiqué de la Commission des Episcopats de la
Communauté Européenne publié ce mercredi.
L’Eglise catholique a conscience de l’importance de promouvoir au sein de l’Union européenne, une
économie basée sur la connaissance, la recherche et l’innovation. En ce sens, le 7e Programme cadre
de recherche est un instrument essentiel pour soutenir la recherche et l’innovation à l’échelle de
l’Union européenne. Comme l’ont indiqué les évêques de la COMECE lors de la réunion plénière de
novembre 2005, « la science et la recherche contribuent de façon significative à la qualité de vie, en
particulier dans le domaine de la santé où de nouveaux choix thérapeutiques sont disponibles. Elles
sont aussi un facteur important pour le développement économique. »
Dans sa version actuelle, le 7e PCR continue, comme le programme précédant, à promouvoir la
recherche sur les cellules souches d’embryons humains, avec le soutien du Parlement européen et en
dépit de l’opposition de certains Etats membres, qui ne sont cependant pas parvenus à obtenir des
garanties plus respectueuses de la dignité humaine, à l’occasion du Conseil des Ministres européens ce
lundi 24 juillet. En complément de l’accord obtenu en Conseil des Ministres, la Commission
européenne a ajouté une déclaration en 12 points qui prévoit notamment que le 7e PCR ne pourra
certes pas financer la destruction d’embryons humains, mais uniquement les étapes ultérieures de
recherche sur des cellules souches embryonnaires.
Cette déclaration est un leurre puisque le financement européen de la recherche sur les cellules
souches embryonnaires risque justement de susciter, au niveau des Etats, l’étape préalable de
destruction des embryons humains. C’est pour cette raison que le Secrétariat de la COMECE réitère
son objection au financement par l’UE de la recherche impliquant, directement ou indirectement, la
destruction d’embryons humains. Comme l’a indiqué le Comité exécutif de la COMECE le 31 mai
2006, « Traiter un embryon humain comme un sujet de recherche n’est pas compatible avec le respect
de la dignité humaine ». Il est par ailleurs regrettable, vu les paramètres du débat au Conseil, que les
Ministres européens ne soient même pas parvenus à s’accorder sur des garanties plus restrictives
concernant l’utilisation des embryons humains.
L’instrumentalisation des embryons humains à des fins de recherche, c'est-à-dire leur destruction ou la
recherche sur les cellules souches dérivées de ces embryons, n’est pas acceptable. Cette recherche
n’est par ailleurs pas réellement fondée sur une nécessité scientifique puisque les cellules souches
adultes et ombilicales présentent, selon les experts, une voie alternative avec des perspectives
thérapeutiques intéressantes et réalistes.
Le Secrétariat de la COMECE constate avec perplexité la contradiction entre cette décision, qui
implique une atteinte à la dignité de l’homme au début de son existence, et les objectifs de l’Union
européenne de promouvoir des solutions thérapeutiques visant à sauver des vies humaines. Cette
décision est également en contradiction avec la Charte des Droits fondamentaux qui stipule dans son
article 1 que « la dignité humaine est inviolable. Elle doit être respectée et protégée ».
Ainsi, nous alertons l’opinion publique sur la gravité de cette décision et nous soulignons de nouveau
l’importance fondamentale des enjeux socio-éthiques et bioéthiques de ce débat pour l’Europe de
demain. Nous invitons nos concitoyens européens, et spécialement les catholiques, à prendre
conscience de l’enjeu anthropologique de ce débat sur la dignité humaine. Nous les appelons à
s’engager pour que s’ouvre un tel débat au niveau des institutions européennes, au sein des Etats
membres et dans la société civile, dans les tous prochains mois et en prévision de la seconde lecture au
Parlement européen à l’automne.
S.E Mgr Adrianus VAN LUYN, évêque de Rotterdam, Président
Mgr Noel TREANOR, Secrétaire général ZF06072604
Le 19 janvier 2007
Des cellules souches dans le liquide amniotique
Une « découverte encourageante et sûre », déclare un néonatologiste italien
ROME, Vendredi 19 janvier 2007 (ZENIT.org) La découverte rendue publique le 7 janvier dernier
selon laquelle il serait possible d’identifier dans le liquide amniotique des cellules disposant d’une
capacité considérable à se renouveler et dont les caractéristiques sont propres à la fois aux cellules
souches d’embryons et de personnes adultes, suscite un vaste débat.
Cette découverte revient à des chercheurs de l’Université de Harvard en collaboration avec des
chercheurs de Padoue et de l’Institut de Médecine de l’Université de Wake Forest, en Caroline du
nord.
Pour le néonatologiste, Carlo Valerio Bellieni, du Département de Thérapie intensive néonatale de la
Polyclinique universitaire « Le Scotte » de Sienne : « Cette découverte de cellules souches dans le
liquide amniotique est une découverte encourageante ».
« Une nouvelle source pleine de promesses et moins sensible au plan éthique : leur identification est
assez simple et leur quantité paraît assez élevée », a déclaré Carlo Valerio Bellieni, également membre
de l’Académie pontificale pour la Vie, à Zenit.
« Cette découverte est certainement un message fort à ceux qui gèrent la recherche dans ce domaine :
les recherches sur ces cellules ont besoin de fonds, tout comme les ‘banques’ chargées de la
conservation du précieux liquide », a-t-il ajouté.
Carlo Valerio Bellieni relève que, « dès le début, le liquide amniotique, de même que le sang du
cordon, dispose d’une grande quantité de cellules souches ». Et il souligne à ce propos la nécessité de
créer « un réseau de collecte et de conservation bien structuré ».
« On en vient donc naturellement à se demander s’il est raisonnable, à ce point, de destiner tant de
fonds à la destruction d’embryons afin de produire des cellules souches, entraînant ainsi la mort de ces
embryons, sans qu’il y ait eu de résultats cliniques », a-t-il affirmé.
« Ces fonds pourraient, bien sûr, être utilisés pour la collecte des cellules souches de personnes
adultes, efficaces et utiles », a-t-il affirmé.
A la question si cette découverte comporte quelque risque au plan éthique, le néonatologiste de Sienne
répond en faisant deux considérations : « La première, c’est que le liquide amniotique ne peut être
utilisé à titre privé. De même que pour le don de sang, il est opportun que celui qui en fait don le fasse
librement et sans imposer de restrictions à celui qui le reçoit ».
« Et cela, malheureusement, parce que nous constatons une certaine tendance à vouloir privatiser un
matériel biologique qui devrait pourtant être d’utilité commune. Cela arrive dans certains pays avec le
sang produit par le cordon ombilical que l’on peut conserver pour un usage personnel au lieu de le
mettre au service d’une banque publique : un grand nombre de sociétés scientifiques internationales se
sont élevées contre ce gaspillage et cette attitude discriminante pour ceux qui ne peuvent conserver les
cellules souches pour des raisons économiques », a-t-il expliqué.
« Ma seconde considération a poursuivi Carlo Valerio Bellieni consiste à faire remarquer que le
nouveau-né ne devrait courir aucun danger si le prélèvement du liquide amniotique s’effectue au
moment de l’accouchement, au moment de ‘la perte des eaux’, comme on le dit familièrement ».
En effet, « pour en obtenir une quantité, par ailleurs dérisoire, l’amniocentèse (qui consiste à prélever
du liquide amniotique à l’aide d’une seringue à travers la paroi abdominale de la mère) n’est
absolument pas nécessaire », a -t-il précisé par la suite.
L’expert en néonatologie a conclu en affirmant qu’« encore une fois, les faits parlent d’eux-mêmes : la
recherche scientifique est une chose sérieuse. Vouloir faire pression pour des raisons idéologiques,
comme cela peut être le cas lorsqu’on s’obstine à vouloir utiliser les embryons humains comme la
seule et unique voie possible, ne conduit qu’à un gaspillage d’argent et à une perte de temps précieux
».
« Encore une fois nous voyons que le respect de la vie humaine, quand il est lié à la capacité de
recherche, porte les soins et la santé dans leur juste direction », a-t-il conclu.
ZF07011907
Le 19 janvier 2007
Le Congrès américain approuve la recherche sur les cellules souches embryonnaires
L’Eglise catholique déplore cette décision et s’en remet au veto présidentiel
ROME, Vendredi 19 janvier 2007 (ZENIT.org) Le Congrès américain a approuvé jeudi 11 janvier,
une loi autorisant l’utilisation de cellules souches prélevées sur des embryons et par conséquent, la
destruction d’embryons humains, en dépit des nouvelles alternatives éthiques, comme la possibilité
d’obtenir les cellules souches en les prélevant du cordon ombilical ou du liquide amniotique.
Le texte a été adopté par 253 voix contre 174, une majorité inférieure aux deux tiers nécessaires pour
passer outre le veto présidentiel, dont Georges Bush a déjà fait usage l’année dernière pour une loi
identique.
Des sources de la Maison Blanche ont indiqué que cette loi, placée en troisième position dans l’agenda
démocrate des 100 premières heures du Congrès, « utiliserait l’argent des contribuables pour soutenir
et encourager la destruction de vies humaines à des fins de recherches ».
Richard Doerflinger, sous-directeur du Secrétariat pour les activités Pro Vita de la Conférence
épiscopale des Etats-Unis, a publié le 11 janvier, une déclaration en réponse à cette décision.
« Aujourd’hui – a déclaré Richard Doerflinger la Chambre des Représentants a voté pour obliger les
contribuables à financer la recherche sur les cellules souches et, par conséquent, la destruction
d’embryons humains. Comme par le passé, le président Bush a promis de faire usage de son droit de
veto pour bloquer la procédure d'adoption de cette loi, considérée comme une ‘erreur’ et contraire à
l’éthique. Et il n’y aura jamais de votes suffisants pour annuler ce veto ».
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