1
Les pôles de compétitivité
A l'image de certains pays européens comme l'Italie avec les districts industriels, l'Allemagne avec les Kompetenznetze
ou les pays scandinaves (Danemark et Suède) qui ont développé une stratégie de réseau (les « clusters »), la France a
lancé en septembre 2004, par le biais d'un Comité interministériel à l'aménagement et au développement du territoire
(CIADT), les pôles de compétitivité. Ceux-ci ont pour objectif de « renforcer les spécialisations de l'industrie française,
créer les conditions favorables à l'émergence de nouvelles activités à forte visibilité internationale et par améliorer
l'attractivité des territoires et lutter contre les délocalisations ».
Qu'est-ce qu'un pôle de compétitivité ?
Le label pôle de compétitivité est attribué par décision du CIADT (secrétariat DATAR) ; les CIADT de 2005, 2006, 2007 ont
labellisé 71 pôles, complétés en 2010 par une nouvelle vague de labellisations de 6 pôles écotechnologies et de
délabellisations de 6 pôles. Les pôles sont classés en 3 catégories : mondiale (7 pôles), à vocation mondiale (11),
nationale. Les 71 pôles de compétitivité rassemblent sur un territoire donné des entreprises, des laboratoires de
recherche et des établissements de formation pour développer des synergies et des coopérations. D’autres partenaires
dont les pouvoirs publics, nationaux et locaux, ainsi que des services aux membres du pôle sont associés.
L’enjeu est de s’appuyer sur les synergies et des projets collaboratifs et innovants pour permettre aux entreprises
impliquées de prendre une position de premier plan dans leurs domaines en France et à l’international.
Quels objectifs pour les pôles ?
Il s'agit de renforcer la compétitivité de l'économie française et de développer la croissance et l'emploi sur des marchés
porteurs :
en accroissant l'innovation ;
en confortant des activités, essentiellement industrielles, à fort contenu technologique ou de création sur des
territoires ;
en améliorant l'attractivité de la France, grâce à une visibilité internationale renforcée.
Quelle stratégie pour les pôles ?
À partir d’une vision partagée par les différents acteurs, chaque pôle de compétitivité élabore sa propre stratégie à cinq
ans, ce qui lui permet de :
concrétiser des partenariats entre les différents acteurs ayant des compétences reconnues et
complémentaires ;
bâtir des projets collaboratifs stratégiques de R&D qui peuvent bénéficier d’aides publiques, notamment auprès
du fonds unique interministériel (FUI). Le FUI finance des projets de recherche appliquée portant sur le
développement de produits ou services susceptibles d’être mis sur le marché à court ou moyen terme. Le fonds
a été doté de 600 M€ sur la période 2009-2012.
promouvoir un environnement global favorable à l’innovation et aux acteurs du pôle en conduisant des actions
d’animation, de mutualisation ou d’accompagnement des membres du pôle sur des thématiques telles que la
formation et les ressources humaines, la propriété industrielle, le financement privé, le développement à
l’international, etc.
Certains investissements d’avenir ont été calibrés pour les pôles de compétitivi
Deux mesures du programme d’investissements d’avenir sont spécifiquement dédiées aux pôles : le développement de
projets de R&D structurants (300 M€) et des plates-formes mutualisées d’innovation (200 M€). D’autres mesures
impliquent aussi les pôles : les instituts de recherche technologique (IRT) et les instituts d’excellence en matière
d’énergies décarbonées (IEED) qui visent à « renforcer les écosystèmes constitués par les pôles de compétitivité ».
2
L’État accompagne le développement des pôles
en octroyant, via les appels à projets du FUI et du programme d’investissements d’avenir, des aides financières
aux meilleurs projets de R&D et de plates- formes d’innovation ;
en finançant partiellement les structures de gouvernance des pôles, aux côtés des collectivités territoriales et
des entreprises ;
en aidant financièrement, par l’intermédiaire des services déconcentrés de l’État, tels que les SGAR ou les
directions régionales des entreprises, de la concurrence et de la consommation, du travail et de l’emploi
(DIRECCTE), des actions collectives thématiques initiées par les pôles dans des domaines très divers et
impliquant des entreprises du pôle, notamment les petites et moyennes entreprises (PME), afin de favoriser
l’innovation et d’améliorer leur compétitivité ;
en impliquant divers partenaires : l’Agence nationale de la recherche (ANR) et OSEO financent des projets de
R&D menés par des acteurs des pôles de compétitivité ; la Caisse des dépôtset consignations (CDC) soutient
financièrement des projets de plates-formes d’innovation ;
en s’appuyant sur les collectivités territoriales qui peuvent aussi soutenir financièrement les projets (R&D,
plates-formes d’innovation) des pôles ;
en aidant les pôles et leurs entreprises à identifier les meilleurs partenaires internationaux et à nouer avec eux
des partenariats technologiques centrés sur la création de valeur ;
enfin, en y focalisant les moyens nouveaux du programme des investissements d’avenir dédiés aux pôles de
compétitivité.
Les 71 pôles de compétitivité français étaient réunis le 26 janvier 2012 à Bercy. Le ministre chargé de l’Industrie, de
l’Énergie et de l’Économie numérique, Eric Besson, y a annoncé le lancement de la deuxième évaluation des pôles de
compétitivité, à l’issue de laquelle le Gouvernement envisagera des délabellisations et élaborera les contours d’une
future phase 3.
Les enjeux pour les grandes villes
Dans tous les pôles, les collectivités territoriales ont été l’une des forces d’impulsion de la création des pôles, en
apportant 20% de ce qu’a apporté l’Etat. Elles ont joué un rôle important dans le financement de l’animation des les
(l’équipe de permanents des les). Les régions et collectivités territoriales confondues financent en effet près de 40%
des structures d’animation des pôles, sous des formes diverses : contributions financières, contributions en nature (mise
à disposition de personnes, prestation d’études, hébergement des structures des pôles, etc.). L’Etat assure moins de
30% de ce financement et les entreprises 20%. Les villes ont apporté une assistance au pilotage, ainsi qu’un soutien à
l’ingénierie de développement (animation, projets de R&D, projets transversaux, grands projets), mobiliser des PME-
PMI, mettre en place des dispositifs d’auto-évaluation, établir les relations avec les universités, prospecter et
communiquer, contribuer au financement des pôles.
Le lien entre les pôles de compétitivité et les collectivités se fait principalement par les agences de développement
économique des Conseils généraux ou les Agences régionales d’innovation, ce qui laisse les grandes villes hors du débat
décisionnel. De même, la question se pose de la cohérence des pôles avec les PRES (Pôles de recherche et
d’enseignement supérieur), les RTRA (Réseaux thématiques de recherche avancée) et les instituts Carnot, avec lesquels
les grandes villes inventent actuellement leur relation.
Si les régions sont sans doute la maille la plus pertinente pour favoriser le développement économique et l’innovation,
la contribution des autres collectivités fait jeu à part égale avec les régions en matière de financement, et la place des
métropoles doit donc être redéfinie : les agglomérations, les communautés urbaines, ont joué souvent un rôle
significatif dans l’accompagnement des pôles à différents titres (financement, prestation d’études, de conseils). La
constitution de métropoles depuis la réforme territoriale de 2010 donne en outre un poids significatif à ces acteurs qui
rassemblent des forces de recherche privée importantes et des établissements d’enseignement supérieur et de
recherche. Cette dynamique peut toutefois induire un couple région-métropole fort et provoquer l’affaiblissement du
département alors même qu’il a été très engagé dans le développement des pôles.
Comment, dès lors, renforcer la présence des grandes villes dans la gouvernance des pôles de compétitivité ?
1 / 2 100%
La catégorie de ce document est-elle correcte?
Merci pour votre participation!

Faire une suggestion

Avez-vous trouvé des erreurs dans linterface ou les textes ? Ou savez-vous comment améliorer linterface utilisateur de StudyLib ? Nhésitez pas à envoyer vos suggestions. Cest très important pour nous !