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LES ASHRAMS EN INDE: CATHOLICISME OU NOUVEL AGE
Par Michael Prabhu
Michael Prabhu est un expert catholique en Nouvel Age, habitant à Chennai en Inde. Il est un
des pionniers du Renouveau Charismatique Indien et passe tout son temps à étudier et à
démontrer les idées, les techniques et les théories du Nouvel Age qui bien souvent s’infiltrent
dans les paroisses et les institutions catholiques. Son travail a été reconnu par des lettres
émanant d’Evêques, de Cardinaux ainsi que de la Conférence Episcopale de l’Inde et du Nonce
Apostolique. Dans son pays il a grandement contribué a une meilleurs compréhension du
document « Jésus Christ , Celui qui nous porte l’Eau de la Vie – Une réflexion chrétienne sur le
Nouvel Age » publié en 2003 par le Conseil Pontifical pour la Culture et le Conseil Pontifical
pour le dialogue Interreligieux. (1)
INDEX
1. Introduction
2. Ashram Saccidananda, plus connu sous le nom de Shantivanum
a. Le Fondation
b. La vie quotidienne dans l’Ashram
c. L’idéologie et les enseignements de l’Ashram
d. La Sainte Messe dans l’Ashram
e. La Conclusion
3. Des hérésies et de sérieuses erreurs doctrinales promues par l’Ashram
a. L’Eucharistie :pas encore le moyen ultime de l’expérience de Dieu
b. Le refus du péché : « Il n’y a pas de bien ni de mal absolu en ce monde »
c. La déification de l’ego ; « Nous sommes des dieux »
4. Les promoteurs du mouvement de l’Ashram : de l’Hindouisme au Nouvel Age
5. Les Ashrams Catholiques ; source de controverse pour les Hindous et les Catholiques
6. Conclusion
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INTRODUCTION
Aujourd’hui, dans l’Eglise catholique en Inde, il y a plusieurs institutions, variant entre 50 et
80 en nombre, qui se font appeler « Ashrams » mouvement qui commença sous forme de projet
dans les années 50. Le mot « Ashram » dans l’Hindouisme, désigne un lieu de méditation, de
recherche spirituelle et d’enseignement , non seulement religieux mais aussi culturel, où les
étudiants et les professeurs vivent ensemble. Ils sont aussi des centres où habitent les
sannyasis, des Hindous qui ont décidé de se retirer de la vie mondaine. Les Ashrams servent
simultanément de lieu de retraite, hôtel, de centre communautaire, d’école et de dispensaire
public .D’un certain point de vue ils s’assimilent aux Monastères Européens du Moyen Age.
La fondation d’Ashrams Catholiques par l’Eglise Catholique de l’Inde était, a l’origine, un projet
d’inculturation du mode de vie et de louange Indo-chrétiens qui ferait appel a la masse et
enlèverait l’impression créée que le Christianisme est une religion étrangère, dans un pays où
seulement 2% de la population a accepté Jésus-Christ comme Seigneur. La direction du
Séminaire de l’Inde sur l’Eglise en Inde exprimait la nécessité « d’établir des modes de vies
monastiques authentiques conformes aux meilleurs traditions de l’Eglise et de la santé
spirituelle de l’Inde ». La déclaration finale du Séminaire contenait une proposition « un
encouragement à créer des Ashrams aussi bien dans les régions rurales qu’urbaines ..afin de
projeter un vraie image de l’Eglise.
Mais la vraie histoire du Mouvement Catholique d’Ashram est, c’est triste à dire, différente,
comme on peut facilement le constater a travers les écrits de nombreux prêtres et religieuses
impliqués dans ce mouvement. . Il est impossible de trouver l’unique dualisme monothéiste de
la Bible dans les différents reflets du monisme qui émanent de leurs écrits. De là, pour
plusieurs d’entre eux, il n’y a qu’un petit pas à faire pour se retrouver dans le Nouvel Age.
Un des pionniers de ce mouvement, le feu Bénédictin, Fr Bede Griffiths OSB, ouvrit son
Ashram aux adeptes du Nouvel Age venant de l’Occident. Ses enseignements influencèrent
des centaines de personnes qui détiennent aujourd’hui des positions d’influence dans les
congrégations et la hiérarchie de l’Eglise et qui continuent de promouvoir les théologies du
Nouvel Age et l’Hindouisation de l’Eglise Catholique en Inde.
Ces Ashrams n’ont amené personne a avoir une connaissance durable de Jésus-Christ comme la
Bible Le fait connaître. Au contraire, l’usage d’une iconologie grossière , d’un mélange de
symboles religieux, la pratique d’exercices de yoga et de la psalmodie du OM , les danses du
temple et des rites et des liturgies douteux, continuent a être une des raisons majeures qui
font les Catholiques s’éloigner de l’Eglise.
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Le mouvement Ashram n’est rien d’autre que du syncrétisme religieux ou un mode de vie
Hindou légèrement déguisé en Christianisme. Il a ouvert la porte a une multitude de maux
comme décrits dans le document détaillé de l’auteur sur ce sujet et qui est le résultat d’une
étude de la littérature de ce mouvement et de ses visites personnelles a trois ashrams. Nous
présentons ci-dessous, un court aperçu de la visite de l’auteur à un des ashrams Catholiques les
plus renommés de l’Inde qui sera suivi de quelques réflexions sur les enseignements dans les
ashrams et de leurs conséquences sur l’Eglise de l’Inde. Le rapport complet de l’auteur peut
être consulté sur son site pour de plus amples informations.
2. . ASHRAM SACCIDANANDA, plus connu comme SHANTIVANAM
SACCIDANANDA ( MOT Sanskrit pour « Trinité Sainte ») populairement connu comme
Shantivanam est situé près de Trichy. Le mot « Saccidananda » ou SAT CIT ANANDA, a
été mal interprété comme équivalent de la connaissance chrétienne des Trois Personnes de la
Sainte Trinité, soit SAT le Père, ANANDA, l’Esprit Saint et CIT le Logos* éternel sui procède
des deux( !)
Shantivanam fut fondé en 1950 par deux prêtres français, le père Jules Monchanin qui prit le
nom de Swami Parama Arubi Anandam et le Frère Henri Le Saux, O.S.B., un Bénédictin qui
devint le Swami Abhishiktananda. Plusieurs années plus tard, le contrôle du Shantivanam fut
pris par le Frère Francis Mathieu, un moins Cistercien Trappiste, qui prit aussi un nom Hindou :
Swami Dayananda. En 1958, le Frère Mathieu avait déjà fondé, avec le Père Bède Griffiths,
l’Ashram Kurisumala au Kerala.
Shantivanam fut inauguré avec de bons motifs le 21 Mars 1950, la fête de St Benoît « avec la
Bénédiction et l’approbation « de l’évêque Mendonca de Trichy qui dit que c’était « le
commencement d’une ère nouvelle dans l’histoire religieuse de l’Inde « La brochure de
l’Ashram disait que « l’ashram est une communauté de chercheurs spirituels et que c’est une
communauté monastique qui est en charge de l’ashram. Il est dédié à la vie contemplative
selon la tradition Bénédictine »
La brochure dit de plus que « Le Second Concile du Vatican, dans sa déclaration sur les
religions non chrétiennes (Nostra Aetate) déclare que ‘l’Eglise ne rejette rien de ce qui est
vrai et saint dans ces religions et encouragea les Catholiques de ‘reconnaître, de préserver et
de promouvoir les valeurs spirituelles et morales ainsi que les valeurs sociales et culturelles
qu’on pouvait y trouver. Après quoi la
direction du Séminaire « ALL-India » sur l’Eglise en Inde aujourd’hui, auquel participaient
toute la hiérarchie et les représentants de toute l’Eglise catholique en Inde …souligna le besoin
d’avoir une liturgie rapprochée de la tradition culturelle indienne et une théologie vécue et
réfléchie selon le contexte de la tradition
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* Logos, dans ce cas se réfère, pour un chrétien, la deuxième Personne de la Sainte Trinité, Christ le Verbe de Dieu fait chair. Ce concept est
complètement étranger à l’Hindouisme.
spirituelle indienne » En particulier le besoin fut exprimé ‘d’établir des formes authentiques
de vie monastique selon les meilleures traditions de l’Eglise et de la santé spirituelle de
l’Inde’ »
La visite de l’auteur à Shantivanam fit ressortir que cet Ashram avait failli au mandat qui lui
fut confié par ‘Eglise Catholique de l’Inde et la même chose peut se dire de tout le
« mouvement ashram ». Nous décrivons ci-dessous la vie dans l’ashram ainsi que les
enseignements qui y sont donnés.
b) La vie quotidienne dans l’Ashram
Les membres permanents de l’Ashram suivent les coutumes d’un ashram hindou s’habillant d’un
kavi (tunique couleur safran d’un sannyasi*) et vivent quelquefois dans de petites huttes de
paille. Il y a des périodes de travail en communauté. En toute occasion on s’asseoit par terre.
La nourriture est végétarienne. Le benedicite avant les repas est un chant tiré en longueur du
OM mantra. Pendant tout le service de la nourriture , tous répètent les mots Om Shakti Om(3
fois), Pitur Ahakti, Putra Shakti , Para Shakti Om. ** Il est expliqué que chanter ces mantras
OM SHAKTI c’est rendre grâces à l’énergie dans notre nourriture , à l’énergie du Père, du Fils
et de « La Grande Force Féminine ». Le remerciement après le repas est un autre mantra tiré
du Bhagwad Gita***
La communauté se rencontre pour la prière commune trois fois par jour. Le livret dit que cela
correspond aux offices monastique de Laudes, Sextes et Vêpres. « Ainsi ils sont centrés d’abord
sur les chants et des lectures de la Bible selon les traditions Chrétiennes Syriennes et Bénédictines Latines.
Mais la prière chrétienne est toujours précédée de chants en Sanskrit et de lectures des Ecrits de
l’Hindouisme…Parmi les dons faits par Dieu à l’Inde, le plus grand est celui de l’intériorité, la conscience
de la présence de Dieu demeurant dans le coeur de chaque personne humaine et de chaque créature, ce qui
est encouragé par la priere et la méditation, par la contemplation silencieuse et la pratique du yoga et du
* Sannyasi : moine qui a renoncé à tout.
** dans l’Hindouisme, les mantras sont des sons (souvent des mots ou des phrases) qui sont utilisés comme moyen de
méditation. Il est dit qu’ils représentent des forces divines ou cosmiques, par exemple ceux des dieux Vishnu et shiva ou
‘esprit universel Brahmane. Les Hindous pensent qu’à travers la répétition continuelle de mantras ils peuvent ils peuvent
s’identifier aux forces que ces sons représentent.
* ** Le Bagwad Gita , « Chant du Seigneur » est incorporé dans la 6e section du Mahabharata ( le plus vieux et le plus
important élément de l’épique religieuse de l’Inde). C’est la révélation spirituelle d’un enseignement secret donné par
Krishna. Ce poème, de même que le Shrimad Bhagavatam sont les piliers de toutes les religions hindoues et des sectes
religieuses de tendances (dévotionnelles) Bhakti qui sont centrés sur l’adoration de la divine personnalité de
Krishna, accepté comme Maître Parfait, une incarnation sur terre de la Puissance omnipotente, omniprésente et
omnisciente
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sannyasa*. Ces valeurs appartiennent au Christ et sont une aide positive à la vie chrétienne….Notre
vie est basée sur la règle de ST Benoît, le patriarche de la vie monastique de l’Ouest… mais nous étudions
aussi la doctrine Hindoue (Vedanta) et faisons usage de méthodes hindoues de prières et de méditations
(Yoga). De cette façon nous espérons aider a la rencontre de ces deux grandes traditions de vie
spirituelle… Pendant notre prière nous avons des lectures tirées des Vedas, des Upanishads et du
Bhagwad-Gita ainsi que les classiques tamouls et d’autres Ecrits accompagnés de psaumes et de lectures
de la Bible, et nous utilisons des chants Sanskrit et tamouls (bhajans) accompagnés par des tambours et
des cymbales. Nous utilisons aussi les « arati » offrandes de lumières. Le rituel consiste a boire de l’eau
à petites gorgées, et a répéter des invocations et des mantras, surtout le Gayatri Mantra »
L’église est construite dans le style de temple indien du Sud (Shaivite) avec un « gopuram »
ou portique sur lequel se trouve un image de la Sainte trinité sous la forme d’un « trimurti »
un visage à trois têtes, qui. Selon la tradition Hindoue représente Brahma, Vishnu et Shiva,
les trois aspects de Dieu (tête) comme Créateur, Destructeur et Protecteur.
Une salle circulaire en chaume, soutenue par des piliers, ouverte tout autour, sert de centre
de yoga et de méditation avec un Hirst noir assis en posture padmasna (accroupi ?) sur un lotus
au centre, faisant face à quatre directions. Les occidentaux portent des T-shirts et des
châles décorés de OM et des boucles d’oreilles et des pendentifs OM. Certains portent leur
natte de yoga avec eux partout.
c) L’idéologie et les enseignements de l’ashram
Shantivanam se décrit lui-même non comme un ashram Catholique mais un ashram Chrétien.
Toutefois, si ce n’était la célébration de la Messe, le visiteur trouverait difficile de le
distinguer même comme chrétien, sans parler d’institution catholique. Le pot-pourri spirituel
servi ferait se demander si l’on est dans un centre d’expérimentation religieuse, mis a part le
fait qu’aucun ashram Hindou ou autre institution oserait offrir un tel régime.
Ce que l’on obtient c’est du syncrétisme, beaucoup d’Advaita ** agrémenté d’idéologies du
Nouvel Age, des invectives contre toute forme de dogmatisme ou de religion organisée (lisez
« Eglise Catholique ») et un rejet de tout enseignement accepté sur révélation Biblique qui est
elle-même habilement re-interprétée et présentée comme « Une Nouvelle Vision du
Christianisme pour le troisième Millénaire »
*Sannyasa : renoncement au monde et aux affaires matérielles pour suivre la voie de la connaissance mystique.
** Advaita : Mot indien signifiant « pas de dualité ». Les écoles philosophiques advaitiques affirmen que la réalité est seulement Une en
dépit de la diversité. En Occident, les principes de la philosophie advaitque sont fondés sur le Monisme qui est opposé au dualisme
chrétien.
du Nouvel Age.
Cette chrétienté n’a simplement aucune ressemblance avec la Chrétienté des Apôtres ou toute
autre tradition. La liberté de faire une expérience « en accord avec les meilleures traditions
de l’Eglise et la santé spirituelle de l’Inde » et les interprétations personnelles de ce qu’ils
appellent « l’esprit de l’Eglise aujourd’hui » a conduit a de multiples aberrations.
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