Quelle importance dans le devenir déviant ou délinquant de la période de la grossesse et de l’accouchement ? Jusqu’à une période récente, la pré natalité était entourée de mystère et son importance se limitait à celle d’une période de croissance physique. On ignorait tout du développement et des capacités cérébrales du fœtus. Le fœtus apparaissait comme un être passif, dénué de toute capacité de perception et d’apprentissage. Longtemps, on s’est imaginé que le fœtus, à l’abri dans le ventre maternel, ne percevait rien et n’éprouvait rien jusqu'à la naissance. Les recherches récentes montrent que non seulement le fœtus perçoit de nombreuses sensations mais que celles-ci sont indispensables à sa croissance et contribuent à son développement harmonieux. On sait désormais grâce aux progrès de la science que le fœtus est un être humain actif et réceptif, doté de multiples compétences sensorielles et d’une capacité de mémoriser certains événements de la vie intrautérine sous la forme d’ « empreintes affectives » qui forgeront sa personnalité. Concernant le développement sensoriel du fœtus, les organes des sens et les centres cérébraux correspondant sont en place dès la fin de la période embryonnaire, vers trois mois de vie intra-utérine. Pendant les six mois de la période de la vie fœtale, ils se développent et affinent leur spécialisation, avec des modalités différentes selon la qualité et l’intensité des stimulations reçues. -Ainsi, la vue s'exerce peu dans la nuit utérine. -L'odorat se développe, conjointement avec le goût, grâce à un organe olfactif spécifique de la gestation et adapté à la détection de molécules odorantes en milieu aqueux. -Le goût entre en jeu quotidiennement et manifeste ses préférences. Le fœtus absorbe chaque jour une certaine quantité de liquide amniotique. Si l'on injecte dans ce liquide une substance sucrée, il en avale double ration. Mais si l'on ajoute une substance amère, il n'en prend que très peu. -Le toucher concerne l'ensemble de la peau. -Pour ce qui est de l’ouïe, l'enfant perçoit les sons bien avant que l'oreille ne fonctionne. Dès la période embryonnaire, il reçoit les vibrations sonores par des cellules réceptrices de sa peau, de ses muscles et de ses articulations. Le fœtus humain est par conséquent doté d’un système sensoriel très compétent lui permettant d’interagir avec son environnement, notamment maternel. Il imprime également dans sa mémoire cellulaire des empreintes affectives qu’il reçoit de sa mère, de son père, voire de leur entourage. Ces événements se gravent définitivement dans le système nerveux et vont entraîner toutes formes de réaction dans l’ensemble du corps : viscérale, musculaire, vasculaire. Le fœtus est donc capable d’emmagasiner des souvenirs avant sa naissance et de les conserver au-delà de sa vie intra-utérine. 1 Ce constat selon lequel le fœtus garde en mémoire un certain nombre d’événements de sa vie intra-utérine invite à s’intéresser à la période primale et à s’interroger sur l’importance qu’elle peut revêtir dans la vie d’une personne. Cette découverte a été le point de départ de nombreuses études concernant la santé primale. Selon Michel ODENT qui est le pionnier de la santé primale, obstétricien français dirigeant le centre de recherche en santé primale basé à Londres, la santé primale constitue une période cruciale de l’enfantement. Se pose alors la question de la définition de cette notion de « santé primale ». Il la définit comme les niveaux d’équilibre atteints par le système d’adaptation primale à la fin de la prime enfance (c’està-dire environs un an après la naissance) ; période à laquelle ce système a atteint sa maturité. Qu’est-ce que le système d’adaptation primale ? Ce système est un tout. Il renvoie à trois dimensions. Prenons un exemple. Imaginons l’annonce d’une bonne nouvelle ou la vue d’une arme menaçante. En fait, qu’il s’agisse de joie ou de peur, dès qu’il y a émotion il y a toujours une réponse de l’ensemble du système d’adaptation primale c’est-à-dire une réponse à la fois au niveau du cerveau, au niveau du système hormonal et au niveau du système immunitaire. Ce rapport tridimensionnel constitue le système d’adaptation primale ; système qui à la fin de la prime enfance renvoie à la « santé primale ». La santé primale se construit donc pendant toute la période d’étroite dépendance à la mère, d’abord dans l’utérus (ce qui renvoie à la phase de la grossesse), puis pendant le processus de l’accouchement et ensuite pendant la période de la prime enfance. Pour M. ODENT les étapes, entre autres, de la grossesse et de l’accouchement sont donc primordiales dans le devenir de l’individu. La santé ultérieure de l’individu est liée à son vécu durant la période primale. Or, selon l’Organisation Mondiale de la Santé (O.M.S.) la santé se définit comme « l’état de bien-être complet sur le plan physique, mental et social. » Pour l’O.M.S., la santé ne se limite pas à l’absence de maladie, d’infirmité. Par conséquent, en partant de cette définition de la santé, on peut dire que M. ODENT considère qu’il existe un lien entre le vécu pendant la période primale et le bien-être physique, mental et social ultérieur de l’individu. Comme nous l’avons dit précédemment, la grossesse et l’accouchement font partie de cette période primale. Ces deux périodes pourraient donc avoir un impact sur le bien-être physique, mental et social ultérieur d’une personne. Faut-il en déduire que la grossesse et l’accouchement peuvent avoir un impact dans le devenir déviant ou délinquant d’un individu ? Pour tenter de répondre à cette question, il apparaît tout d’abord nécessaire de définir les termes de « déviance » et de « délinquance ». 2 Selon le dictionnaire Le Petit Robert, le terme « déviance » est un mot d’usage récent (les années 1960) qui, dans son sens psychologique signifie un « comportement qui échappe aux règles admises par la société ». Plus précisément, l’adjectif « déviant » permet de désigner la « personne dont le comportement s’écarte de la norme sociale admise ». Pour qu’une situation de déviance existe il faut que trois éléments soient réunis : - existence d’une norme - comportement de transgression de cette norme - stigmatisation de cette transgression Concernant l’existence d’une norme, on peut dire que pratiquement toute notre vie sociale est organisée par des normes. Tous les normes qui peuvent exister ne sont pas obligatoirement juridiques. Il existe en effet de nombreuses normes sociales, non moins impératives, quoique non juridiques (normes familiales, normes professionnelles…). La notion de déviance s’étend donc audelà du strict domaine juridique. On peut donc dire que, si les concepts de déviance et de délinquance présentent d’importantes similitudes, il n’existe pas de parfaite corrélation. En effet, alors que la notion de délinquance réduit la norme à son acceptation juridique (renvoie aux infractions que les lois punissent d’une peine), le concept de déviance considère la norme dans une acceptation sociologique, plus globale. Cette norme doit ensuite être transgressée et la transgression doit être stigmatisée. Cette stigmatisation peut se faire de manière formelle ou informelle. Par exemple, le simple détournement du regard ou du corps constitue une stigmatisation ? Par conséquent, au vue de la définition du concept de déviance on peut dire que c’est une notion extrêmement large qui englobe aussi bien les comportements « criminels » (c’est-à-dire la délinquance), que les différentes formes de troubles mentaux (ex : autisme), ainsi que les comportements autodestructeurs tels que le suicide, les troubles alimentaires, la toxicomanie… On peut donc dire que les notions de « déviance » et de « délinquance » renvoient au bienêtre mental et social. Elle rentre donc dans la définition de la santé qui est donnée par l’O.M.S.. On peut donc en déduire, au vue des développements précédents, que la grossesse et l’accouchement pourraient avoir un impact sur le devenir déviant ou délinquant d’un individu. En effet, nous verrons dans une première partie que durant la période périnatale des facteurs de risques de déviances ou de délinquances peuvent apparaître, ce qui implique une certaine importance de la période de la grossesse et de l’accouchement dans le devenir déviant ou délinquant. Puis, nous verrons dans une seconde partie que ces facteurs de risques sont « combattues », par le biais de la prévention mais également par la relativisation de leur importance dans le devenir déviant ou délinquant d’un individu. 3 I. L’apparition de facteurs de risques de déviance ou de délinquance pendant la période périnatale L’enfant peut en effet développer des risques importants de déviance et de délinquance à la fois pendant la grossesse (A) et pendant la naissance (B). A. Des facteurs de risques liés au comportement de la femme durant la grossesse Les incidences sont nombreuses, durant la grossesse, de l’état de la femme, qu’il soit physique ou mental, sur le développement du fœtus et du futur adulte qu’il deviendra. 1. Des facteurs extrinsèques : la prise de stupéfiants La grossesse chez une mère toxicomane est considérée comme une grossesse à risques. D’un point de vue pharmacologique, il est clairement établi que les différents toxiques inhalés, ingérés ou encore injectés dans le corps d’une femme enceinte sont susceptibles de traverser le placenta. Ainsi, ces substances vénéneuses sont assimilées par le fœtus avec un certain nombre de conséquences néfastes potentielles, qui varient selon le type de produit utilisé, des quantités ingérées, de sa qualité ou de la fréquence de consommation. Conséquence de la consommation de médicaments pendant la grossesse : Des recherches menées1 montrent que tout médicament donné à la mère modifie les systèmes de neurotransmission du fœtus, en particulier au cours de la période critique de leur formation, provoquant des changements à long terme dans le comportement de l’enfant. Une autre recherche2 a montré que les femmes ayant été anesthésiées au cours de leur grossesse mettaient au monde des bébés moins gros. Leur faible poids de naissance peut résulter de modifications physiologiques qui pourront affecter leur comportement par la suite. Ces nouveaux-nés seront ensuite plus lents et plus apathiques que les autres. Des auteurs danois ont établi un lien entre une exposition prénatale aux analgésiques et le risque de schizophrénie. Un risque plus important de devenir toxicomane n’est pas en outre à négliger. Conséquence de la consommation de tabac pendant la grossesse : Aujourd’hui, 25% des femmes, très dépendantes, continuent à fumer pendant leur grossesse. D’un point de vue chimique, la nicotine augmente la fréquence cardiaque du fœtus, ainsi que sa tension artérielle. L’oxyde de carbone contenu dans la fumée va se fixer sur l’hémoglobine du fœtus qui sera en 1 2 HOLLENBECK (1985) HOLLENBECK 4 conséquence moins oxygéné. On parle d’hypoxie fœtale, ce qui va nuire à la croissance intra-utérine du fœtus. Le tabac a des conséquences graves sur le développement de l'enfant parce qu'il s'attaque au système nerveux central. « On a découvert de fortes associations entre la consommation de tabac pendant la grossesse et les problèmes de comportement chez l'enfant. On observe notamment des problèmes d'hyperactivité et de délinquance juvénile»3. Les enfants exposés à la fumée du tabac in utero sont plus agressifs, plus impulsifs, plus hyperactifs, plus inattentifs, et plus oppositionnels que les autres. Les autres problèmes reliés à la consommation de tabac pendant la grossesse sont les risques plus élevés de fausses couches, un petit poids à la naissance, et des taux plus élevés du syndrome de la mort subite du nourrisson. Conséquence de la consommation d’alcool pendant la grossesse : S’il n’existe pas de correspondance mathématique entre le degré d’alcoolisme de la mère et les risques pour l’enfant, on sait qu’une consommation élevée entraîne des complications fréquentes et graves. Des consommations modérées sont loin d’être anodines, tout particulièrement au cours des trois premiers mois de grossesse. Près de deux femmes enceintes sur dix consomment de l'alcool pendant la grossesse. Environ une femme enceinte sur 100 consomme de l'alcool au moins une fois par semaine. « On estime qu'un enfant sur 1000 souffre du syndrome d'alcoolisme fœtal (SAF) »4. Le SAF est la première cause connue de déficience intellectuelle dans le monde occidental. Les conséquences sont dramatiques pour ces enfants qui présentent de graves déficits sociaux et cognitifs permanents. A la naissance, les enfants atteints de SAF peuvent accuser des retards de croissance, présenter des malformations faciales, des déficiences intellectuelles (le QI moyen est de 80), ainsi que des problèmes sociaux et de comportement. À l'extrême, l'enfant naît en état de manque à l'alcool, avec un tremblement d'alcoolo-dépendant. Adolescents et adultes, les troubles du comportement sont très fréquents avec un risque élevé de développement d’une délinquance plus ou moins aggravée par l’environnement. L'instabilité prédomine. Elle entrave l’intégration sociale. Le risque de devenir dépendant de l’alcool et des drogues est accru. L’enfant, alcoolique à la naissance, risque fortement de retomber dans l’alcool s’il est amené, une fois devenu adulte, à recroiser le chemin de l’alcool. Conséquence de la consommation d’héroïne pendant la grossesse : En France, au moins un cinquième des toxicomanes sont parents5. Si la naissance d’un enfant apparaît statistiquement corrélée à l’évolution favorable du ou de la toxicomane6, on sait peu de choses sur le devenir de ces enfants. 3 David FERGUSSON, de l'Université Christchurch en Nouvelle-Zélande Claire COLES, du Marcus Institute à Atlanta 5 FACY et LAURENT, 1992 6 CURTET et DAVIDSON, 1987 4 5 La consommation d’héroïne est associée à un taux élevé d’accouchements prématurés 20 à 56%) car le manque favorise les contractions utérines. Le retard de croissance intra-utérin touche 30% des nouveauxnés. Le liquide amniotique est fréquemment teinté, ce qui témoigne d’une souffrance fœtale due à l’alternance overdoses/manques chez le fœtus. Le plus grave danger qui pèse sur l'enfant à la naissance est le syndrome de manque. Pendant la grossesse, l'héroïne passe directement au foetus à travers le placenta. Les opiacés sont ensuite stockés principalement dans le cerveau, les poumons, le foie et la rate du foetus. L'enfant développe donc dans le ventre de sa mère une dépendance à l'héroïne et naît en manque. Les signes principaux de ce manque, qui se manifestent dans les trois jours après la naissance, sont les suivants : des tremblements, une hyperthermie, une transpiration, une irritabilité, des cris stridents, de l'agitation, des éternuements, une difficulté à coordonner la succion et la déglutition, des diarrhées et vomissements et parfois des convulsions.. Si l'enfant n'est pas pris immédiatement en charge, il risque de mourir prématurément. Une fois désintoxiqué, l’enfant sera cependant toujours susceptible de devenir toxicomane, ayant développé durant sa grossesse une dépendance aux stupéfiants. Si l’état physique de la mère aura des conséquences importantes sur le fœtus, son état émotionnel n’est pas privé d’effets. 2. Des facteurs intrinsèques : le vécu émotionnel de la mère Le stress, de même que le non désir d’enfant, risquent d’avoir des conséquences néfastes sur le développement de l’enfant. Les états de stress, en accroissant la production neurohormonale de la mère, augmentent la vulnérabilité biologique de l’enfant à la détresse émotionnelle. L’anxiété de la mère durant la grossesse permet ainsi d’étudier la façon dont les processus physiologiques fondamentaux affectent la structure de la personnalité, la perception et le fonctionnement d’un individu. Toutes ces sensations associées à des états tels que l’anxiété, la dépression ou encore l’excitation partent d’une structure cérébrale commune : l’hypothalamus. Chez une femme enceinte qui éprouve une peur soudaine, l’hypothalamus commande au système nerveux autonome d’accélérer le rythme cardiaque, de dilater les pupilles ou encore d’augmenter la tension. En même temps, le système endocrinien reçoit des signes qui déclencheront une augmentation de production de neurohormones qui, se répandant dans le sang, modifieront les échanges chimiques corporels de la femme et également de son enfant. Ces variations hormonales pourront à leur tour influer sur la personnalité et les comportements de ce dernier. Selon deux scientifiques finlandais7, ces changements hormonaux chez la mère affectent le développement des neurotransmetteurs du fœtus et déterminent l’organisation des circuits cérébraux. 7 HUTTUNEN et NIKANEN 6 Par ailleurs, des travaux8 ont révélé qu’une sécrétion prolongée d’hormones de stress chez la mère constitue l’une des causes majeures de malformation cérébrale du fœtus et peut gravement perturber la sécrétion ultérieure d’hormones chez le bébé. A l’heure actuelle, nombre de naissances sont considérées comme accidentelles ou inopportunes, et beaucoup de parents ne sont pas heureux d’attendre un enfant. L’absence de désir d’enfant se traduira le plus souvent chez la mère par un phénomène de rejet qui affectera le fœtus, puisque les pensées et sentiments nourris par la mère durant sa grossesse constituent le matériau à partir duquel se forme la personnalité du fœtus. Aussi, ce sentiment de rejet, doublé par un manque, voire une absence d’amour, entraînera-t-il des perturbations sur le plan physiologique et par là même des répercutions sur les traits de personnalité de l’individu devenu adulte. A ces facteurs de risque survenant pendant la grossesse viennent s’en ajouter d’autres qui prennent leur origine dans les conditions de la naissance. B. Une pratique de l’accouchement contribuant à créer des facteurs de risques : La naissance, moment si bref de notre vie, constitue-t-elle une étape plus importante que nous pourrions à priori le croire ? Peut-elle avoir un impact, des répercussions importantes sur le devenir d’un individu ? Selon Mme C. MARIE (psychologue clinicienne) « le temps de notre mise au monde n’est pas un instant qui se passe et dont on ne parle plus. Il tombe dans les « oubliettes de notre inconscient », mais il demeure présent et nous façonne peut-être plus que nous aimerions le croire. » Cette phrase traduit l’idée que la naissance est une étape primordiale dans la vie d’un individu ; étape qui peut avoir de profondes répercussions sur le reste de sa vie. Cette phrase ne constitue pas une simple affirmation sans fondement. En effet, des chercheurs ont analysé l’impact que pouvaient avoir les conditions de la naissance dans la vie future d’une personne. Plusieurs d’entre eux ont notamment cherché à vérifier s’il pouvait exister une corrélation entre le déroulement de l’accouchement et le devenir déviant ou délinquant d’un individu. Nous allons voir qu’ils arrivent à un résultat positif. En effet, l’accouchement est une étape durant laquelle on peut voir émerger des facteurs de risques de déviance et de délinquance, que ce soit de manière directe ou indirecte (par une certaine atteinte portée à la relation mère-enfant). 8 BARBAZANGES et al. 1996 7 1- Emergence directe de facteurs de risque de déviance ou de délinquance au cours de l’accouchement Différents travaux scientifiques montrent que l’accouchement peut créer, de manière directe, des facteurs de risques. 1-Toxicomanie Mr JACOBSON a réalisé une étude sur 200 toxicomanes (consommateurs d’amphétamines) nés entre 1945 et 1956 à Stockholm ; étude publiée en 1988. Il a établi l’existence d’une corrélation entre l’addiction aux amphétamines et l’administration à leur mère de protoxyde d’azote pendant l’accouchement. Ces conclusions sont confirmées par une étude réalisée par Mr. NYBERG ; étude portant sur un groupe de 69 toxicomanes et un groupe de contrôle comprenant 33 de leurs frères et sœurs non toxicomanes (afin d’éliminer des données issues du milieu socioculturel, éducatif…). Il ressort de cette étude que trois doses ou plus de barbituriques administrées à la mère lors de l’accouchement multiplie par 4,7 le risque que l’enfant se tourne vers la drogue. Ces études démontrent donc que l’utilisation durant l’accouchement de certains médicaments représentent des facteurs de risque pour le devenir toxicomane de l’enfant. Si une femme, quand elle a accouché, s’est vu administrer certains médicaments (notamment des opiacés tel que par exemple de la morphine ou des barbituriques), son enfant a beaucoup plus de risques qu’un autre d’être toxicomane plus tard. Il ne faut pas en déduire que tous les enfants dont la mère a utilisé des médicaments durant l’accouchement deviendront toxicomanes. Cependant, sur un plan purement statistique, il apparaît que cela constitue un facteur de risques assez important. 2-Le suicide Mr. SALK a, en 1985, effectué une étude portant sur 52 adolescents décédés d’un suicide avant l’âge de vingt ans. Il a comparé leur passé avec celui d’un groupe test composé de 104 personnes. Il a constaté que la réanimation à la naissance et la souffrance respiratoire durant plus d’une heure constituait l’un des traumatismes majeurs susceptibles d’influer sur une tentative de suicide ultérieure. Une autre étude réalisée par Mr. JACOBSON en 1987 a montré l’existence d’un lien entre un état d’asphyxie à la naissance et le fait de se suicider par une méthode induisant un état d’asphyxie (comme par exemple la pendaison) ; les suicides par des moyens mécaniques violents étant associés à des difficultés mécaniques lors de la naissance ( notamment utilisation de forceps).Ces deux études montrent bien l’existence d’une corrélation entre les conditions difficiles de l’accouchement et le suicide (comportement pouvant être qualifié de déviant). Selon Mr. JANOV, les difficultés de la naissance se gravent profondément dans le système nerveux et le tronc cérébral de certaines personnes, et continuent à influer sur leur comportement jusqu’à les pousser au 8 suicide, des années plus tard ; « telle est la force de l’empreinte qui peut aller jusqu’à menacer notre vie. » 3-Troubles mentaux (autisme) Mme HATTORI (1991), psychiatre japonais, a mené une étude dans laquelle elle a constaté que les enfants nés dans un certain établissement hospitalier japonais avaient plus de risques de devenir autiste. Elle constata que, dans cet hôpital l’accouchement était caractérisé par une combinaison de sédatifs, d’anesthésiants et d’analgésiques combinés avec un accouchement planifié et provoqué par injection d’ocytocine et de prostaglandine une semaine avant le terme. 4-La délinquance juvénile Mr. RAINE (1994) a mené une étude portant sur plus de 4000 garçons nés dans le même hôpital de Copenhague. Il les a suivi jusqu’à l’âge de 18 ans. Il a pu déceler l’existence d’une corrélation entre des complications à la naissance associées à un rejet maternel précoce et la commission d’actes criminels des enfants à l’âge de 18 ans. Les complications à la naissance pourraient donc constituer un facteur de risques de comportements criminels. L’accouchement influerait donc sur le devenir délinquant des individus. Au vue de ces différentes études, on peut donc dire que l’accouchement joue un certain rôle dans le devenir déviant ou délinquant d’un individu. De plus, l’accouchement peut avoir des répercussions néfastes sur la relation mèreenfant ;relation pourtant essentielle dans la prévention des comportements déviants ou délinquants. 2- Une relation mère-enfant pouvant être menacée par l’accouchement La relation mère-enfant apparaît primordiale dans le développement psychoaffectif de l’enfant. En effet, selon BOWLBY, qui a montré à partir de la fin des années 950 l’importance des premiers instants de la vie (théorie de l’attachement), le nouveau-né, qui est doté de compétences sensorielles multiples, est capable de rentrer en interaction avec son environnement, son entourage. Par conséquent, dès la naissance se tisse le premier attachement qui va lier l’enfant à sa mère et qui participe au développement psychoaffectif de l’enfant dont dépendront les capacités d’apprentissage, de communication, de socialisation. De plus, selon JANOV, c’est dans les instants suivant la naissance que les événements « s’engramment » définitivement dans le système nerveux et participent de manière effective au développement neurologique de l’enfant. En effet, le cerveau en construction se nourrit des informations qui lui parviennent (messages d’amour ou de souffrance) ce qui influera sur la personnalité de l’individu. 9 Les premiers instants suivant la naissance apparaissent donc essentiels dans la construction d’une personnalité équilibrée. Remettre en cause la relation mère-enfant durant ces premiers instants peut donc être préjudiciable et avoir un impact sur le devenir déviant ou délinquant d’un individu. Or, certaines interventions médicales réalisées au cours de l’accouchement peuvent nuire à l’établissement de liens affectifs entre la mères et son enfant. En effet, une étude menée par THALASSINOS en 1993 a constaté une plus grande proportion de troubles anxieux et de « baby-blues » chez les femmes ayant accouché par césarienne. Or, ces troubles sont susceptibles d’entacher la relation mère-enfant et donc de compromettre le développement psychoaffectif de l’enfant . De plus, quand la césarienne est faite sous anesthésie générale, cela entraîne une impossibilité pour la mère d’assister à la naissance de son enfant dans l’intégralité de son déroulement. Cette perte de conscience est souvent ressentie par la mère comme une frustration qui renforce le sentiment d’échec. La conséquence pouvant être des troubles dépressifs, d’où des conséquences sur les relations que la mère va entretenir, dans les premiers instants, avec son enfant. On peut donc dire que la période de la grossesse et de l’accouchement contribue à créer des facteur de risques de déviance ou de délinquance. Elles ont donc une certaine importance dans le devenir déviant ou délinquant d’un individu. Nous allons voir maintenant que ces facteurs de risques sont combattues. II. Des facteurs de risques de déviance ou de délinquance combattus L’inexorabilité du devenir déviant ou délinquant du fœtus doit être combattue. Il existe en effet des moyens de prévenir de tels risques pendant la périnatalité (A) et ensuite d’en corriger les effets pendant la prime enfance (B). A. La prévention durant la période périnatale Le problème se pose en termes différents s’agissant de la grossesse ou de l’accouchement : en effet, si durant la grossesse la responsabilité appartient à la mère, la situation au cours de l’accouchement s’inverse, puisque c’est le corps médical qui exerce l’ensemble des prérogatives. La question de la prévention des risques de déviance et de délinquance suppose une nécessaire ingérence dans les comportements parental et médical. 10 1. Une difficile prévention de la déviance et de la délinquance pendant la grossesse Pendant la grossesse, la mère enceinte est responsable de ses actes. Elle a le droit de disposer de son corps comme elle l’entend. Il existe cependant dans certaines hypothèses une réelle dichotomie entre la mère et l’enfant qu’elle porte. Leurs intérêts respectifs ne vont pas forcément dans le même sens. Dans cette mesure, accorder des droits au fœtus reviendrait à restreindre les droits des femmes, relativement à leur prérogative de choisir leur mode de vie, même si cela se fait au détriment de l’enfant. Selon la législation française actuelle, l’embryon et le fœtus ne sont pas des personnes juridiques. Ce n’est qu’à la naissance, et à condition de naître vivant et viable, que la personne acquiert un état civil. Concéder des droits à cet enfant en devenir pose le problème des devoirs et de la responsabilité parentale. Ainsi, une mère biologique, qui a choisi de mener son fœtus à terme, a-t-elle un devoir de diligence envers ce fœtus ? Et dans quelles mesures le tribunal peut-il intervenir pour faire observer ce devoir ? En juin 2001, la Cour de cassation a refusé d’incriminer d’homicide involontaire un conducteur ivre qui avait provoqué un accident à la suite duquel une femme enceinte de six mois avait perdu son bébé. Mais la Cour régionale des pensions, dans un jugement du 22 novembre 2001, a condamné l’Etat français à verser une pension d’invalidité à une personne qui est née du viol collectif de sa mère par des soldats opérant en Algérie. Selon le professeur Louis CROCQ, psychiatre des armées et consultant à l’hôpital NECKER, Mohamed GARNE est atteint de diverses infirmités, essentiellement psychiques, provenant de la rencontre de trois causes dont l’une est « une souffrance fœtale […] éprouvée du fait des mauvais traitements et tentatives d’avortement » infligés par sa mère. Aux Etats-Unis, la législation autorise le signalement obligatoire des risques d’exposition du fœtus à des pratiques néfastes, et les tribunaux ont autorisé des interventions médicales et des détentions à l’hôpital contre la volonté des femmes, mais dans l’intérêt du fœtus. Ce n’est pas encore le cas en France, où l’on note cependant des efforts importants d’information des femmes enceintes (en particulier des jeunes femmes) sur les risques qu’elles font encourir à leur enfant par leur comportement irresponsable. Si pendant la grossesse il semble difficile de s’immiscer dans le libre-arbitre de la femme enceinte, l’accouchement est au contraire placé sous la responsabilité du corps médical. 2. Une évolution vers une approche plus humaine de la naissance Pendant l’accouchement, les médecins sont responsables de la façon dont l’accouchement va se dérouler. Ils décident ou non de prescrire des traitements, et la mère vit le plus souvent son accouchement de manière passive. La tentation existe en effet de traiter tous les accouchements systématiquement avec le même niveau élevé d’intervention requis par ceux qui se révèlent compliqués. Pour contrecarrer ce problème, l’OMS a 11 émis en 1997 une classification des seules pratiques qui devaient être réalisées durant un accouchement normal, sans critères de complications. Depuis quelques années, le point de vue de la médicalisation croissante de la naissance, liée à une vision centrée sur la pathologie, perd de sa vigueur dans notre pays, où les femmes sont de plus en plus nombreuses à revendiquer une approche plus humaine de la naissance, soutenues par les sages-femmes et quelques obstétriciens tels que Michel ODENT, pour lesquels la grossesse et l’accouchement demeurent avant tout des phénomènes physiologiques. C’est dans cet esprit que Bernard KOUCHNER, alors Secrétaire d’Etat à la Santé, a annoncé en 1998 la constitution d’un groupe de travail sur les maisons de la naissance, qui « seraient des établissements totalement gérés par des sages-femmes situés dans la proximité immédiate d’une maternité classique et où des femmes volontaires, après évaluation de leur risque, accoucheraient sans aucune technicité autre que celle des sages-femmes ». Elles sont réservées aux futures mères qui ne présentent pas de risques particuliers, dont la grossesse se déroule normalement et pour laquelle on ne prévoit pas d’interventions médicales durant l’accouchement. Le concept de maison de la naissance apparaît comme un compromis intéressant entre le désir d’humanité et le besoin de sécurité, en ce qu’il permet une prise en charge humaine et personnalisée dans un environnement technique et sécurisé. Son implantation en France pose cependant quelques difficultés. Il faut également noter l’existence de « pactes de naissance » ou « projets d’accouchement », dans lesquels les parents pourront exprimer leurs souhaits quant aux modalités de surveillance de l’accouchement. Même s’il est positif de voir les parents prendre part ainsi à l’accouchement, le corps médical ne doit cependant pas s’exonérer d’un devoir d’information : la restauration de l’autonomie parentale ne doit en effet se faire que dans le cadre d’une information éclairée. Elle en constitue un préalable indispensable. La prévention durant la période périnatale constitue un moyen efficace de combattre l’inexorabilité du développement de certains facteurs de risque de déviance et de délinquance. Mais cette idée d’une prédisposition au risque peut également être combattue par des théories faisant intervenir les événements de la prime enfance. B. Une nécessaire relativisation par le vécu de la personne : L’écrivain américain Saul BELLOW ( Prix de Nobel de Littérature en 1976) a déclaré : « n’oubliez pas que si vous n’avez pas pris le bon train, vous ne voyagerez pas dans la bonne direction. Ce train part au tout début de notre existence, dès notre vie intra-utérine. Il démarre dans le ventre maternel et, une fois que nous sommes lancés sur des rails, nous les suivons inexorablement jusqu’à la fin de notre vie. » 12 Cette citation évoque d’une part l’importance de la période périnatale (grossesse et accouchement) dans la détermination des comportements humains. Or, il est vrai, comme nous l’avons vu précédemment, que la grossesse et l’accouchement sont deux périodes qui ne sont pas à négliger dans le devenir déviant ou délinquant d’un individu dans la mesure où elles contribuent à créer des facteurs de risques. Mais, d’autre part, cette phrase évoque le caractère fataliste des choix ou des événements précoces. Elle laisse sous entendre qu’il y aurait un certain lien de causalité inexorable entre l’apparition de facteurs de risques et le devenir déviant ou délinquant d’un individu. Or, au contraire, il apparaît que les différents facteurs de risques de déviance ou de délinquance (dus à la grossesse et aux conditions de l’accouchement) doivent être relativisés par le vécu de la personne, que ce soit au cours de ses premières années ou plus tard. 1- Importance de la relation mère-enfant durant les premières années de la vie Comme nous l’avons dit précédemment, la relation mère-enfant est primordiale pour le développement psychoaffectif de l’enfant ; développement duquel dépendront notamment les capacités d’apprentissage, de communication, de socialisation. Cette relation entre la mère et son enfant joue donc également un rôle considérable sur le devenir déviant ou délinquant d’un individu. Selon le Dr. VERNY, « l’amour qu’une mère porte à son enfant, les idées qu‘elle cultive à son sujet, la richesse de communication qu’elle entretient avec lui ont une influence déterminante sur son développement physiques, les lignes de force de sa personnalité, ses prédispositions de caractère. » Les contacts physiques (entre la mère et son enfant), ainsi que l’allaitement vont jouer un rôle important dans la manifestation de cet amour. - Concernant le contact :En effet, de nombreuses expériences démontrent que le contact physique provoque chez le nouveau-né des changements physiologiques et comportementaux qui persistent à l’âge adulte. Mr SMYTH a mené une étude par rapport aux rats. Il a constaté que les rats qui avaient été caressés résistaient mieux par la suite au stress que ceux qui ne l’avaient pas été. Selon JANOV, le plaisir du contact persistera chez l’enfant sous forme « d’empreintes positives » et favorisera la construction d’une personnalité saine et harmonieuse. Pour lui, « sans amour ni stimulation, on ne peut avoir un cerveau bien constitué ni vivre une existence normale. » On peut donc dire que le contact physique est primordial pour la prévention des comportements déviants ou délinquants. - Bienfaits de l’allaitement : L’allaitement présente des avantages au niveau nutritionnel mais il a également pour conséquence de favoriser l’attachement entre la mère et son enfant grâce aux hormones libérées au cours de l’allaitement. En effet, par le biais notamment de l’ocytocine 13 (qualifié d’hormone d’amour par Newton en 1992), l’allaitement favorise la création d’un lien d’amour dont l’enfant gardera le modèle toute sa vie. Il participe à la prévention de certaines maladies mentales susceptibles d’affecter plus tard l’enfant. On peut donc dire que, même si la grossesse et l’accouchement peuvent créer des facteurs de risques de déviance ou de délinquance, les premières années de la vie vont avoir un impact considérable sur l'enfant. Une relation d’affection, d’amour entre la mère et l’enfant a un rôle essentiel sur le développement psychoaffectif de celui-ci, sur la construction d’une personnalité équilibrée ce qui constitue un moyen de prévention de comportements déviants et délinquants. La théorie de la résilience ( qui prend également en compte d’une certaine manière la relation mère-enfant) permet également de relativiser l’importance de la grossesse et de l’accouchement dans le devenir déviant ou délinquant d’un individu. 2- La théorie de la résilience Cette notion de résilience a son origine première dans le domaine de la physique et désigne, en mécanique, le degré de résistance d’un matériau soumis à un impact. Si on applique cette notion aux individus, on peut dire qu’elle désigne le degré de résistance d’un individu soumis à différents traumatismes (dus par exemple à la grossesse ou à l’accouchement). Selon Mr. M. RUTTER (professeur de psychiatrie de l’enfance à Londres), qui est à l’origine de ce principe, on peut définir la résilience comme « la capacité de bien fonctionner malgré le stress, l’adversité, les situations défavorables. » Il ajoute que la résilience ne réside pas seulement dans l’individu mais également dans son interaction avec l’environnement ; elle implique ce qui s’est passé avant, pendant et après le stress. Puis, en 1995, les professeurs MANCIAUX et KREISLER ont introduit ce concept de la résilience dans le domaine de la pédiatrie sociale. Ils ont réalisé une étude sur une cinquantaine d’enfants hospitalisés après leur naissance dans un service de réanimation. Ils constatèrent, cinq à sept ans plus tard, que la plupart d’entre eux avait pu sortir indemnes d’états néonataux à haut risque. Ils en sont arrivés à la conclusion que des conditions familiales et sociales favorables permettent à l’enfant de surmonter des traumatismes importants. Cette étude nous amène donc à nous interroger sur le véritable impact de la grossesse et de l’accouchement dans le devenir déviant ou délinquant d’une personne. Aujourd’hui, la théorie de la résilience connaît un certain essor grâce à Mr. Boris CYRULNIK. Dans son livre « Un merveilleux malheur » (1999) il déclare « on s’est toujours émerveillé devant ces enfants qui ont su triompher d’épreuves immenses et se faire une vie d’homme malgré tout. Le malheur n’est jamais pur, pas plus que le bonheur. Un mot permet 14 d’organiser notre manière de comprendre le mystère de ceux qui s’en sont sortis. C’est celui de la résilience, qui désigne la capacité de réussir à vivre, à se développer en dépit de l’adversité. En comprenant cela, nous changerons notre regard sur le malheur et, malgré la souffrance nous chercherons la merveille». Pour lui, résilier c’est rebondir, aller de l’avant après un traumatisme, un stress. Cette possibilité de rebondir va dépendre d’une part des premières années de la vie (notamment de la première), ce qui renvoie à l’importance de la relation mère-enfant même si cela ne se cantonne pas à cette unique relation, mais également de tout le vécu de la personne. - concernant les premières années : pour le Pr. KREISLER, un enfant ayant la chance d’appartenir à un milieu familial susceptible de lui procurer une constitution psychoaffective élaborée, équilibrée, mais aussi stable, sera à même de faire face à n’importe quel trouble psychosomatique. En fait, c’e au sein de la famille que l’enfant subit son premier façonnement et c’est accompagné de ce petit capital psychologique qu’il affrontera les premières difficultés de la vie. - concernant le vécu tout entier de la personne : un facteur important de résilience (donc dans la capacité de rebondir et donc d’éviter les comportements déviants et délinquants) réside dans le soutien social dont une personne bénéficie. COHEN et WILLS (1985) ont mis en évidence que , chez les adultes qui vivent des événements traumatisants, le risque de dépression diminue de façon significative s’ils ont quelqu'un dans leur vie à qui ils peuvent se confier. En fait, cette théorie de la résilience rejette l’idée selon laquelle une cause provoque un effet pendant toute la vie. Cela implique donc qu’il n’y a pas de lien de causalité direct entre l’émergence de facteurs de risques de déviance ou de délinquance durant la grossesse et l’accouchement et le devenir déviant ou délinquant d’un individu. Cela ne signifie pas que ces deux périodes n’ont aucune importance dans le devenir déviant ou délinquant. Mais, les premières années de la vie, ainsi que l’existence toute entière de l’individu, jouent également un rôle important dans l’apparition ou non de comportements déviants ou délinquants. 15