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PROJET D’ORIENTATION
(Version préliminaire pour discussion à l’AG du 31/03/2010)
1. L’historique du MES en quelques mots…
Trois périodes historiques sont constitutives du Mouvement de l’économie solidaire :
La première période est celle de L’IRES (Inter réseau d’économie solidaire) que nous
pouvons situer du 2ème appel de 97 jusqu’aux rencontres de Lille en mars 2002.
Une deuxième période avec le MES de mars 2002 à mars 2009.
Et maintenant s’engage la troisième période, depuis mars 2009 et surtout depuis l’AG de
début 2010.
On ne peut comprendre la dynamique du MES si on ne l’inscrit pas dans cette perspective
historique.
Hors du MES, des histoires, des recompositions se sont déroulées mais de manière parallèle
comme le REAS (Réseau d’économie alternative et solidaire) ou l’ALDEA (Agence de
liaison pour une économie alternative et solidaire) , qui, si elles ont incontestablement
structurées l’histoire de l’économie solidaire sont différentes de la structuration du
Mouvement de l’Economie Solidaire.
L’intérêt de l’IRES puis du MES est d’avoir voulu fédérer l’ensemble des acteurs qui se
reconnaissaient dans les initiatives citoyennes à la fois les alternatifs mais aussi les pluriels.
(le livre de Bruno Frère est très intéressant à ce sujet ).
Il se retrouve autour de cette déclinaison de l’économie solidaire : "L'économie solidaire peut-
être définie comme l'ensemble des activités de production, d'échange, d'épargne et de
consommation contribuant à la démocratisation de l'économie à partir d'engagements
citoyens"
1
.
A- LES MOMENTS STRUCTURANTS DE L’HISTOIRE DU MOUVEMENT
I- L’IRES
L’IRES a fonctionné de juin 1997 à mars 2002 de manière informelle par choix politique.
Civilités et Charles Bouzols ont assuré le secrétariat et la logistique dans cette période. Dès
1
Laurent Fraisse, Isabelle Guérin, Jean Louis Laville, "Economie solidaire : des initiatives locales d'action publique", Revue Tiers
Monde, n°190, avril-juin 2007, pp.245-253
l’origine, ce collectif se veut pluriel, regroupant des acteurs qui font vivre l’économie
solidaire : chercheurs, groupes d’appui, acteurs de terrain et organisations de solidarité
internationale. L’inter réseau essaie de concilier les objectifs et les moyens. L’Inter réseau ne
veut pas se considérer comme une structure fermée, mais comme une organisation ouverte,
vivante, constructive. Le statut d’association de fait est collectivement privilégié. Un
minimum de règles de fonctionnement communes sont mises en place : comité de pilotage,
qui fonctionne plutôt comme un groupe ressource, délégations collectives par chantiers . Des
coordinations regroupent toutes les six semaines l’ensemble des représentants des réseaux
pour décider collectivement les priorités et les mettre en œuvre. Le réseau fonctionne sur le
volontariat et à la prise de responsabilités personnelles. Trois chantiers prioritaires mobilisent
ses membres pendant plusieurs années: le développement de l’international, la structuration
régionale et la communication.
I-2- Les priorités de l’inter réseau : la reconnaissance et la visibilité
De janvier 1999 à janvier 2002 13 lettres de l’Ires sont parues et ont souvent été diffusées
avec les lettres de réseau chacune présentant une thématique particulière.
L’IRES assuré la logistique des rencontres de Tours du Secrétariat d’état à l’ESS en 2000.
L’IRES a participé au deuxième FSM à Porto Alegre en janvier 2002 pour faire reconnaître
cette thématique qui était loin d’être acquise
2
.
L’IRES a participé en envoyant une délégation importante aux rencontre du seau globaliser
la solidarité à Québec en 2001 avant qu’il ne devienne le RIPESS.
I-2- La deuxième priorité : l’accroissement des connaissances et des réseaux
Un chantier France Québec a abouti à une déclaration en direction des deux premiers
ministres (2001) et a favorisé la construction de liens internationaux car dans cette
coopération se retrouvent les principaux leaders du RIPESS.
Une évaluation croisée avec le réseau Aoudaghost 2000 a permis de développer une action
nord sud en coopération avec le CCFD en 2OO1 et 2002.
II- LE MES 1ÈRE ÉPOQUE
Le MES s’est crée pour mettre en place une structure temporaire en capacité de créer un vaste
mouvement (d’où l’idée de la préfiguration préalable à la constitution d’un vaste mouvement).
L’IRES se transforme en Mouvement d’Economie Solidaire à Lille le 22mars 2002. Pour tenir
ses objectifs d’ouverture et de pluralisme, celui-ci se lance dans un vaste jeu d’alliances
plurielles avec des mouvements de culture très différentes pour enclencher une véritable
dynamique de changement. Les réseaux d’économie solidaire recherchent des alliances
concrètes ancrées sur des actions communes et veillent à ne pas se laisser enfermer dans des
alliances uniquement de façade et de représentation.
2
Madeleine Hersent, « L’enjeu d’une autre construction du politique », Politique, février 2008 »
Madeleine Hersent « Les dynamiques des forums sociaux », Cultures en mouvement 63, novembre
2003.
II-1- L’exemple du VESS
C’est dans le fil de cette orientation qu’il est décidé de réaliser un investissement important
lors du forum social européen de Paris Saint Denis en novembre 2003. Une coordination se
construit pour réaliser un village de l’ESS appuyé sur un partenariat singulier entre le MES et
l’URSCOP qui engage la CRES Ile de France. Une mutualisation des moyens permet de
réussir cette manifestation. L’Union gionale des SCOP met à disposition une chargée de
mission pour assurer le suivi de l’action, la Fondation pour le Progrès de l’Homme embauche
la coordinatrice et un système de financement collectif est mis en place pour respecter les
spécificités des différentes organisations. Une plaquette spécifique et une affiche signée par
quatre-vingt organisations, sont réalisées. La participation aux groupes de travail, restreints
mais paritaires de l’économie sociale et solidaire, est un élément fort de la constitution d’une
identité commune face aux acteurs de l’altermondialisation peu au fait de cette mouvance .La
présence conjointe au comité d’initiatives, aux Assemblées Européennes, au secrétariat
d’organisation permet de resserrer les liens dans une perspective constructive et de se faire
reconnaître comme partie intégrante du mouvement altermondialiste. Le Village de
l’Economie Sociale et Solidaire montre les différentes facettes de l’économie sociale et
solidaire par la tenue de stands, mais aussi engage des débats, tient des ateliers et séminaires
co-organisés au niveau européen par les différents acteurs de l’économie sociale et solidaire.
Ces différentes manifestations ont rencontré un public large surtout de jeunes et se sont
déroulées dans une ambiance chaleureuse, notamment par l’organisation de soirées
conviviales, qui rompaient avec l’ambiance austère du Forum. La solidarité inter-réseau et
inter-mouvement a fonctionné de manière dynamique tant au niveau du financement des
stands que de la tenue des séminaires et des plénières et de la présence conjointe dans les
différentes instances de décision. Le Village de l’Economie Sociale et Solidaire a été un
succès conquis de haute lutte, que le bilan du Forum Social Européen présente comme une
des réussites de l’élargissement.
II-2- La publication MES/ RTES
En février 2005, une étude est réalisé par le Mouvement de l’économie solidaire, avec le
concours de la Fondation de France « Réseaux pôles, collectifs, assemblées permanentes,
associations régionales. Comment les acteurs de l’économie solidaire s’organisent au niveau
territorial ». Le but de cette étude est de repérer les structures qui mettent en lien, sur le plan
territorial, les acteurs de l’économie solidaire. Ce travail s’est poursuivi par un travail en
partenariat avec le RTES(Réseau des territoires de l’économie solidaire), réseau d’élus qui a
abouti à une publication commune : « Avec les régions, l’économie sociale et solidaire en
mouvement. Regards et implications des acteurs et réseaux dans la construction des
politiques régionales de ‘économie sociale et solidaire » (2007).
La réalisation du document avec le RTES a permis de construire une histoire commune entre
des élus et des représentants de la société civile et de faire reconnaître la démarche du MES.
III- Le MES 2ème époque
Une nouvelle histoire s’écrit maintenant. Elle est importante car elle s’inscrit dans un contexte
différent de celui de ces dernières années. Il s’agit de penser le développement du Mouvement
dans un contexte et de promotion de l’économie solidaire et de fragilisation des initiatives. Si
la nécessité d’un mouvement national semble reconnu par l’ensemble des réseaux, il doit
trouver les moyens de fonctionner de manière cohérente. Il doit se doter de permanents car il
ne peut plus s’appuyer seulement sur des bénévoles. L’importance d’un coordonnateur est
essentiel. La prise de parole politique est une nécessité pour faire reconnaître une mouvance
peu visible. Les engagements citoyens souffrent d’un déficit de crédibilité que seule une
mobilisation collective appuyée sur une logistique adaptée peut faire évoluer.
B- LES ÉLÉMENTS IMPORTANTS POUR LA COMPRÉHENSION DE
L’HISTOIRE
Le lien avec la solidarité internationale et les alliances internationales sont constitutifs du
Mouvement de l’économie solidaire. Les rencontres de Lima ont été à l’origine de la
création de nombreux réseaux de l’économie solidaire dans les différents continents. La
participation du MES aux rencontres de Globaliser la solidarité est essentielle même si le
fonctionnement du RIPESS (Réseau international de promotion de l’économie sociale et
solidaire) (trop directif et peu démocratique) a fait l’objet de nombreuses critiques.
L’alliance de l’économie sociale et du MES pour la réussite du VESS(village de
l’économie sociale et solidaire) du Forum social de Paris St Denis est aussi très important
et a demandé un fort investissement. Il a surtout construit une alliance entre les acteurs de
l’économie solidaire et la CRESS (chambre régionale de l’économie sociale et
solidaire)Ile de France. La participation de l’Ires au Forum social de Porto Alegre a
permis une construction collective avec les différents réseaux internationaux de l’ESS.
La force du MES est sa diversité : des regroupements régionaux, de grands réseaux
nationaux, des groupes d’appui et de recherche, l’ensemble des acteurs qui font vivre
l’économie solidaire. C’est cette diversité qu’il faut faire vivre en gageant des lignes
politiques et des priorités d’action. Par contre, nous sommes toujours confrontés aux défis
de la reconnaissance et de la visibilité et de plus maintenant à la montée en puissance de
l’entrepreunariat social.
Le Mouvement doit se mettre en capacité de prendre la parole et de s’exprimer haut et fort. Le
MES doit se donner des porte paroles qui font vivre le Mouvement et le font entendre. La
critique faite à l’IRES était son parisianisme et ses difficultés d’élargissement. Sur ce point le
MES 2ème époque a dépassé cette limite en consolidant les regroupements régionaux mais il
doit s’exprimer publiquement et rester un outil politique au service de la démocratisation de
l’économie.
L’élargissement à d’autres composantes sur le thème de l’initiative citoyenne est certainement
une piste féconde. Mais cela se heurte à de vrais obstacles tels l’inflation des individualismes
et des particularismes que seul un regroupement fort et légitime peut vaincre.
Madeleine Hersent
Paris, le 10 février 2010
A LIRE :
Bruno Frère, Le nouvel esprit solidaire, Desclée de Brower, 2009
Bruno Frère, L'économie solidaire à l'épreuve de la pratique. Contribution à une grammaire
sociologique des dispositifs argumentaires, Ecole des Hautes Etudes en Sciences Sociales-Université
de Liège, 887pp mai 2006
« La construction d’un mouvement d’économie solidaire », Action publique et économie solidaire.
Une perspective internationale, Eres, 2005
Laurent Fraisse « S’organiser en réseau : une mutation de l’espace public associatif », In : J. Haeringer
et F. Traversaz (cord) Conduire le changement dans les associations d’action-sociale et médico-
sociale, Dunod p.123, 2002
Madeleine Hersent, « L’enjeu d’une autre construction du politique », Politique, février 2008 »
Madeleine Hersent « Les dynamiques des forums sociaux », Cultures en mouvement n° 63, novembre 2003.
2. MES : principes et valeurs
En 2007, le MES écrit un document proposant l'organisation des états généraux de l’ESS.
A cette époque, le besoin d’une réflexion plus large à propos de la possibilité de
rassemblement des acteurs de l’Economie Solidaire en France apparaissait déjà comme une
évidence . “Nos sociétés font face aujourd’hui à des processus de mutations nouveaux et
bouleversants, que ce soit sur le plan des sciences (nanotechnologies, manipulation du
vivant …), de l’économie (mondialisation néo-libérale, déséquilibres, inégalités …), de la
communication (révolution numérique, temps réel, déconnexion ), de l’environnement
(épuisement des ressources, biodiversités menacées …), du social (rupture des liens
sociaux, exclusion …) et du politique (redéploiement des pouvoirs, pouvoir des médias,
nouvelles formes de gouvernance …).” (MES, Etats Généraux, 2007) Aujourd’hui, dans un
contexte de renforcement de la crise planétaire, en particulier financière, ce document
est toujours d’actualité et pour poser les bases, les principes et les valeurs qui nous
réunissent nous en reprenons donc une partie :
Les réseaux territoriaux et Nationaux que sont au sein du MES proposent de démocratiser
l’économie et de construire une dynamique sociale sur la base des valeurs d’utilité sociale,
de coopération, de solidarité et de réciprocité, au service du développement humain.
Une autre économie existe, nous la construisons tous les jours …
Les entrepreneurs de l’économie solidaire s’intéressent à toutes les activités
susceptibles de répondre à un réel besoin social. Ainsi, nous trouvons, sur le terrain,
des initiatives d’économie solidaire de nature très différente mais complémentaires les
unes des autres, qui font avancer concrètement un projet politique de développement
humain et environnemental intégral. Ce sont par exemple :
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