Adam Cécile et Méreaux Rémi Debouchaud Marine et Lopez Mélinda Ophtalmologie 02/0209 17h-18h ALAIN REGNIER Conduite de l’examen ophtalmologique Suite Ce cours a été commencé le 9 janvier de 17h à 18h. Inspection de la pupille : Normalement, les deux iris sont de la même couleur. Si ce n’est pas le cas, c’est une hétérochromie. Chez le chien, l’iris est toujours marron plus ou moins dense, mais la couleur n’est pas uniforme sur toute sa surface. La partie pupillaire est marron foncé, la partie intermédiaire appelée la collerette est plus claire ; la troisième zone, la partie ciliaire de l’iris, est plus ou moins bien définie et a une couleur plus claire que la collerette. C’est de là d’où partent des filaments parfois quand il y a persistance de la membrane pupillaire. Chez les animaux dont l’iris est de couleur claire, on voit une structure de forme irrégulière, c’est le grand cercle artériel de l’iris. Chez le chat, il est bien visible car l’iris est claire et de couleur homogène : jaune or ou bleu-vert. L’hétérochromie est due à une dépigmentation, sectorielle ou sur toute la surface de l’iris. On dit que les sujets ont les yeux vairons. Cette particularité se retrouve surtout chez les chiens ayant une robe couleur merle (comme le colley ou le berger australien par exemple) ou bien chez les dogues allemands à robe arlequin. Cette dépigmentation peut être uni- ou bilatérale. La choroïde peut aussi être dépigmentée, ce qui donne une couleur rouge au reflet du fond de l’œil. Cette dépigmentation rend plus ou moins visibles les vaisseaux de la choroïde. Cette teinte rouge ne doit pas être associée au tapis. La dépigmentation de l’iris est physiologique et bénigne. Cependant, il existe des problèmes de surdité associée, en particulier chez le dalmatien et le dogue allemand arlequin. L’inspection de la pupille peut révéler l’existence d’une structure filamenteuse. Il s’agit de la persistance de la membrane pupillaire (=tissu embryonnaire présent pour nourrir le cristallin, qui dégénère normalement pendant le dernier tiers de gestation). C’est donc une anomalie congénitale. Ces filaments peuvent faire la jonction entre la face antérieure de l’iris et la face postérieure de la cornée, ce qui peut générer des lésions endothéliales de la cornée et une perte de vision pouvant être irréversible. D’autre part, on observe parfois des pigmentations anormales, post-inflammatoires (uvéite) ou tumorales (ex : le mélanome diffus de l’iris chez le chat, qu’on ne trouve pas chez le chien). Enfin, les pupilles n’ont parfois pas un diamètre équivalent. On parle d’anisocorie. L’enjeu est de savoir laquelle des deux pupilles est anormale. On observe alors les pupilles dans l’obscurité, et on doit observer normalement une mydriase bilatérale. Si une des pupilles de se dilate pas, on a alors un myosis anisocorique. On peut aussi éclairer les pupilles qui doivent normalement se mettre en myosis, si ce n’est pas le cas, on a une mydriase anisocorique. Ces deux types d’anisocorie peuvent être neurogènes. Ophtalmologie – Conduite examen ophtalmologique, suite– page 1/5 On rappelle que l’examen ophtalmologique est conduit de l’ extérieur vers l’intérieur, d’avant en arrière. Examen du cristallin : Avant d’examiner le cristallin, il faut au préalable provoquer une mydriase pharmacologique en utilisant deux substances qui fonctionnent en synergie. La tropicamide inhibe le sphincter pupillaire et la néosynéphrine stimule le muscle dilatateur de la pupille. La mydriase est obtenue en 15-20 minutes. On examine par un éclairage direct. Cette source lumineuse se réfléchit en trois images (les images de Purkinje) successives. La première est sur la cornée, c’est la plus grosse et la plus brillante. Les deux suivantes se forment respectivement sur la capsule antérieure puis postérieure du cristallin. Les deux premières images se déplacent dans le même sens que la source lumineuse et la troisième dans le sens inverse .Les intérêts sont les suivants : - - Si la 3è image est masquée, cela signifie qu’il y a une opacité entre les 2è et 3è images, c’est-à-dire au niveau du cristallin. Si seule l’image 1 est visible, c’est une opacité au niveau de la chambre antérieure, ou encore absence de cristallin (aphakie), ou enfin luxation dudit cristallin. Dans ce dernier cas, la profondeur de la chambre antérieure est modifiée car le cristallin se balade soit en avant soit en arrière, et comme l’iris n’a plus de support, il tremble. On peut voir deux choses : soit une modification de la transparence, soit une modification de la position du cristallin. L’examen de la modification de la transparence est utile pour suspecter les scléroses séniles : c’est une modification due à un vieillissement du cristallin vers 7-8 ans chez le chien qui n’affecte pas la vision, ou bien les cataractes qui sont quant à elles pathologiques et peuvent entraîner une perte de la vision. Une modification de la position du cristallin peut être due à une sub-luxation ou une luxation de celui-ci. Le cristallin est maintenu en place par un réseau de fibres qui forment le zonule de Zinn (ou les fibres zonulaires…). Ces fibres attachent le cristallin aux procès ciliaires. Si ce zonule se déchire, le cristallin bouge (si il est déchiré au niveau dorsal, le cristallin se déplace ventralement, et s’il est totalement déchiré, il peut se déplacer dans tous les sens). On parlera de sub-luxation ou de luxation si tout est déchiré. Examen du fond de l’œil : C’est l’ophtalmoscopie. C’est l’étape ultime de l’examen ophtalmologique. Il s’agit d’éclairer le fond de l’œil à travers la pupille et de grossir l’image. Il faut aussi faire au préalable une mydriase pharmacologique avant cet acte. Les deux techniques principales sont l’ophtalmoscopie directe et indirecte. a) l’ophtalmoscopie directe : On utilise un ophtalmoscope. Il a été inventé par Von Helmoltz et les appareils actuels sont encore conçus selon son modèle. Un faisceau lumineux est envoyé sur un miroir oblique, qui le renvoie dans le fond de l’œil. L’image revient ensuite dans l’œil de l’examinateur en passant au-dessus du miroir. Ophtalmologie – Conduite examen ophtalmologique, suite– page 2/5 Afin d’éviter les anomalies, un disque contenant des lentilles convergentes et divergentes (le disque de Rekoss) est intercalé entre le rayon réfléchi et l’œil de l’examinateur. C’est ce disque qui est responsable du grossissement de l’observation. Si l’examinateur n’a pas de soucis de myopie, il ne touche pas au disque. S’il est myope de –4 dioptries (l’image se forme en avant de la focale), il n’arrivera pas à faire la mise au point sur le fond de l’œil. Il fait tourner le disque jusqu’à une bonne mise au point. Il aura ainsi intercalé une lentille divergente sur le trajet du rayon réfléchi, le disque sera sur +4. C’est aussi vrai si le chien est myope ou astigmate. Autre exemple, si l’observateur obtient une bonne mise au point en réglant le disque sur –5, il est en fait hypermétrope (l’image se forme derrière le fond de l’œil). D’un point de vue pratique, pour observer l’œil droit, on utilise l’ophtalmoscope avec l’œil droit. On se met dans l’obscurité et on place son œil juste derrière l’oculaire et on observe un faisceau lumineux. On le dirige alors vers l’ouverture pupillaire et, une fois qu’on est dans l’axe, on voit le fond de l’œil. Pour observer l’œil gauche , on utilise l’ œil gauche pour éviter les sympathiques contacts du style truffe à truffe. b) l’ophtalmoscopie indirecte : C’est encore une fois une méthode monoculaire : le praticien utilise une lentille et une source lumineuse tel un stylo publicitaire lumineux ou un transilluminateur. C’est un bon complément à la méthode directe, car elle grossit moins, donc on a une image plus large. La lentille utilisée est convergente, elle grossit et inverse l’image du fond de l’œil (ce qui est en bas dans le fond de l’œil apparaît en haut sur la lentille). On se positionne à la distance d’un bras plié de l’animal. On éclaire la pupille en recherchant le fond de l’œil. On place la lentille près de l’œil de l’animal et on l’approche progressivement vers soi, l’image grossit et prend progressivement toute la lentille. Une méthode binoculaire peut-être utilisée à l’aide d’un casque. La diapo suivante résume les avantages et les inconvénients des deux techniques : Ophtalmologie – Conduite examen ophtalmologique, suite– page 3/5 NB : La vision stéréoscopique n’est possible qu’avec le casque et est très utile en cas de lésions dans le fond de l’œil. Le prof rappelle que le gros avantage de la méthode indirecte est qu’on a d’emblée une vision assez large du fond de l’œil. c) Le fond d’œil normal : Il y a quatre éléments principaux : - - - - le tapis : il est toujours dans la moitié dorsale. C’est une structure de la choroïde. Il est donc derrière la rétine. Il est bien visible car la rétine est transparente et la seule chose que l’on peut voir dans la rétine sont ses vaisseaux. Le hors tapis : il est…en dehors de la zone du tapis, plus ou moins pigmenté, de marron clair à marron presque noir. C’est la pigmentation de la choroïde qui donne cette couleur ; la pigmentation de l’épithélium rétinien n’a aucun rôle. La papille : c’est la tête du nerf optique. Petit rappel : Il y a trois types de cellules rétiniennes, sur la face externe, les photorécepteurs, puis les cellules bipolaires et enfin sur la face interne, les cellules ganglionnaires. Ces dernières ont des axones qui convergent vers la papille pour former le départ du nerf optique. Pour information, le chien et le cheval ont un million de cellules de ce type et l’homme 250 000 environ. Le nerf optique traverse la sclère au niveau des lames criblées. Les vaisseaux : les plus gros sont des veinules. Les artérioles sont plus grêles et tortueuses. Ils se trouvent dans la couche la plus profonde de la rétine (couche nerveuse). A titre d’exemples (photos sur le ppt diapo 43) : - Le chat a toujours une papille de forme ronde au centre de la zone du tapis. Chez le chien, la forme est plus variable car les axones sont myélinisés. La myélinisation se produit de façon centrifuge et s’arrête à la papille. Si ça n’est pas le cas, c’est un syndrome pathologique qui existe chez l’homme. - Sur la photo du bas, on observe des lésions d’une couleur différente dans la zone du tapis, qui sont typiques d’une inflammation de la rétine et de la choroïde (Toxoplasmose chez le chien, péritonite infectieuse chez le chat). Les examens complémentaires : On utilise la fluorescéine. C’est un colorant hydrosoluble. En temps normal, la cornée est formée par un épithélium et ne peut donc être traversée que par des substances liposolubles. S’il y a un ulcère, l’épithélium est rompu, la fluorescéine peut pénétrer sous l’épithélium, dans le stroma de la cornée. On l’utilise aussi pour tester la perméabilité des voies lacrymales. On met une goutte sur un œil et on doit la retrouver au niveau des fosses nasales. Attention, il peut y avoir des faux négatifs. Si le colorant n’apparaît pas au niveau des cavités nasales, cela ne signifie pas forcément que l’animal a une obstruction des voies lacrymales (espèces brachycéphales : le colorant est dégluti). Dans ce cas, on fait ensuite une irrigation des voies lacrymales, pour confirmer ou non. le test de Schirmer. C’est une évaluation semi-quantitative de la sécrétion lacrymale. On utilise des bandelettes de papier buvard graduées au mm à partir d’un repère. On place la bandelette une minute entre la paupière inférieure et le cul de sac conjonctival. Les larmes diffusent par capillarité. On s’intéresse alors à la longueur de la bandelette humidifiée, reflet de la capacité à sécréter des larmes (à partir de 2 graduations c’est correct). le cathétérisme des voies lacrymales : on fait une irrigation par l’un des points lacrymaux dans lequel on aura placé une canule et on vérifie la perméabilité des voies lacrymales. Ophtalmologie – Conduite examen ophtalmologique, suite– page 4/5 la mesure de la pression intra-oculaire (PIO) : Le plus simple est d’utiliser la tonométrie digitale. On palpe avec l’index la paupière supérieure et ainsi, on sent l’élasticité du globe. Cela nous donne une impression qualitative de la PIO. Il existe aussi des tonomètres instrumentaux (de Schiotz, le moins chère) ou des tonomètres électroniques. la gonioscopie : on examine l’angle de filtration. A la racine de l’iris, il y a un passage formé de filaments, c’est le ligament pectiné. Entre chaque filament, il y a des passages par lesquels peut s’échapper l’humeur aqueuse. l’échographie : Elle s’applique par voie transcornéenne suite à une anesthésie locale (contrairement à chez nous impossible par voie transpalpébrale car trop poilue). Elle permet une analyse du globe oculaire. Cette méthode est assez utilisée. Bactériologie et virologie Cytologie conjonctivale : On utilise une cytobrosse et on prélève des cellules après anesthésie locale. Sur la diapo 48, on observe des cellules avec un gros noyau et une zone plus claire, ce sont des plasmocytes et des cellules avec une granulation interne (=des éosinophiles). Cela témoigne d’une conjonctivite éosinophilique chez le chat. Ophtalmologie – Conduite examen ophtalmologique, suite– page 5/5