La véritable caractéristique d’une situation de monopole est la présence de fortes
barrières à l'entrée et à la sortie sur le marché concerné et l’absence de bons substituts pour
le bien échangé.
Les barrières à l'entrée peuvent être :
- des barrières de fait, lorsqu’un agent (ou un groupe d’agents agissant en
cartel) contrôle l'offre d'une ressource essentielle (par exemple une source dans le désert ou
tous les gisements connus d’une matière première de base). On dit qu’il s’agit d’un monopole
de situation. Si le contrôle s’exerce à long terme, son détenteur pourra obtenir de la sorte une
rente; si le contrôle est seulement temporaire - être le premier à posséder une technique de
production par exemple - son détenteur obtiendra une quasi rente. Dans un Etat de droit, seul
le contrôle associé à un droit de propriété est théoriquement possible. L’élimination des
concurrents réels ou potentiels par la violence ou la menace de violence est légalement exclue
(ce qui ne signifie pas que ce type de situation n’existe pas en pratique, au moins de façon
implicite ou volontairement dissimulée). Les barrières à l’entrée peuvent résulter :
- des barrières légales. L'entrée sur le marché est interdite par l’Etat aux autres
entreprises. Ce monopole légal est la forme la plus ancienne et la plus sûre de barrières à
l’entrée - licence, brevet, etc. Le monopole peut être « concédé » à certaines entreprises,
privées ou publiques, en échange d'obligations particulières (dites de service public) ou de
contrôles spécifiques;
- de la présence d'économies d'échelle ou d'économies d'envergure. Le
« monopole » a alors pour origine les conditions techniques de production (pour une fonction
de demande donnée). Ces conditions sont telles qu’une seule entreprise peut subsister en
longue période. Le « monopole » émerge « naturellement », sans intervention consciente de
quiconque ni barrières artificielles à l’entrée. D’ou le nom de monopole naturel donné à ce
type de situation. Ce cas du monopole naturel, qui est sensiblement différent des cas
précédents, fera l'objet d'un examen séparé dans la seconde section.
Une entreprise en concurrence fonctionne à prix donné : elle est price-taker. La courbe
de demande pour ses produits est infiniment élastique (horizontale). On dira qu'il existe des
éléments monopolistiques dès que cette courbe de demande présente une pente négative, c'est-
à-dire dès que le prix que l’entreprise peut obtenir n'est plus indépendant de la quantité qu'elle
offre, dès que l'entreprise est price-maker. Il y a alors deux variables de décision, le prix et la
quantité, et non plus une seule, la quantité. Cette condition est suffisante pour que l’on puisse
appliquer la théorie du monopole, même si l’entreprise concernée n’est pas « physiquement »