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Le monétarisme
Milton Friedman, né en 1912, a marqué, à partir de son livre Une théorie de la fonction de la
consommation de 1957, l’école monétariste de Chicago. Puis, dans son ouvrage de 1963, Histoire
monétaire des États-Unis entre 1867 et 1960, il affirme, en particulier, que la dépression de 1930 aux
États-Unis a été amplifiée par une erreur de manipulation de la masse monétaire. Il a reçu le prix Nobel
d’économie en 1976. Les monétaristes animent l’école néoclassique depuis une vingtaine d’années. Aussi,
les fondements de l’analyse de Friedman ont peu varié, les conséquences que divers économistes ont tirées
ont pu évoluer, les critiques dont elle fait l’objet restent fortes.
1. LES FONDEMENTS
- La quantité de monnaie détermine le niveau du revenu nominal
Les effets de la politique monétaire sont très directs : l’affectation des ressources des agents entre épargne
et consommation se fait simultanément, et la demande de monnaie, stable à moyen terme, dépend de la
rentabilité relative des différentes affectations du revenu. Friedman reprend l’équation quantitativiste
d’Irving Fisher MV = PT (où M = masse monétaire, V = vitesse de circulation de la monnaie, P = niveau
général des prix, T = nombre des transactions) et en déduit que l’inflation a toujours une origine monétaire
- Les comportements des agents sont fortement influencés par les anticipations
Friedman a d’abord retenu, pour l’anticipation de l’inflation, les anticipations adaptatives puis les
anticipations rationnelles. Il ajoute, de surcroît, que les agents ne sont pas longtemps sensibles à l’illusion
monétaire (qui fait croire qu’une hausse de salaire accroît le pouvoir d’achat, alors qu’une inflation
équivalente l’annule)
- Le revenu permanent, notion créée par les monétaristes, correspond à l’évolution à moyen et long terme
des revenus qu’un agent escompte percevoir
Les revenus anticipés dépendent de sa propre stratégie de carrière, familiale ou patrimoniale, et de
l’environnement économique (conjoncture...) et institutionnel (système de retraite). Ce revenu permanent
n’est guère influençable conjoncturellement, ce qui entraîne une évolution nécessairement lente et
progressive des comportements d’épargne et de consommation.
2. LES CONTESTATIONS DU KEYNESIANISME
- Les politiques discrétionnaires et conjoncturelles (prônées par Keynes) aggravent les perturbations
économiques et ont peu de chances de modifier le comportement des agents économiques, stable par
nature (voir le revenu permanent). Les pouvoirs publics doivent plutôt permettre à ces agents d’ajuster
«leur plan de vie» grâce à la stabilité monétaire et aux mécanismes du marché. Friedman prône donc
toutes les politiques préservant cette stabilité : une hausse lente et régulière de la masse monétaire, des
changes flottants pour isoler l’économie des perturbations extérieures, des mécanismes d’indexation pour
assurer des relations solides entre principales variables économiques, le refus de toute relance par un
déficit budgétaire et, si celui-ci apparaît tout de même un financement monétaire, pour éviter l’effet
d’éviction (c’est-à-dire l’accaparement par les emprunts d’État des disponibilités des marchés financiers
ainsi perturbés).
- La contestation de la courbe de Philips et le taux de chômage naturel
Selon Philips (keynésien), il existerait une étroite corrélation entre taux de chômage et variation des
salaires. Les keynésiens en ont extrapolé une relation inverse entre taux de chômage et taux d’inflation :
les politiques conjoncturelles disposeraient ainsi d’une marge de manoeuvre en laissant monter le
chômage pour maîtriser l’inflation et inversement. Pour Friedman, l’illusion monétaire permettant cette
marge de manoeuvre est de courte durée. Les salariés constatant, par exemple, une hausse des prix, vont
revendiquer des salaires plus élevés, que les producteurs ne pourront accorder qu’en réduisant l’emploi.
L’économie reviendra ainsi inéluctablement au taux de chômage initial, mais à un degré d’inflation
supérieur : le taux de chômage incompressible est appelé taux de chômage naturel. Ainsi, toute lutte
contre le chômage par l’inflation est illusoire. Selon les préceptes classiques, le chômage ne peut baisser
(s’il est supérieur au taux de chômage naturel) qu’avec une baisse des salaires réels et à condition
qu’aucune rigidité (droit du travail trop contraignant...) n’empêche le retour à l’équilibre.
3. LES CRITIQUES ADRESSEES AUX MONETARISTES
Les politiques monétaristes, appliquées notamment aux États-Unis et en Grande-Bretagne en 1979, ont
contribué sans doute au ralentissement des tensions inflationnistes.
Plusieurs critiques leur sont néanmoins adressées :
- le primat de la monnaie est davantage évoqué comme « dans une boîte noire » que démontré précisément
par l’influence sur les grandes variables. Toute autre variable (comme la fiscalité ou les dépenses
publiques) est négligée.
- la négligence du court terme dans les effets sur les taux d’intérêt d’une politique monétaire très stable. Le
maintien d’une masse monétaire trop faible peut provoquer une forte élévation des taux d’intérêt qui peut
casser la croissance et l’investissement.
- la maîtrise absolue de la masse monétaire par les banques centrales est remise en cause par les
innovations financières et la mobilité des capitaux.
- l’inflation peut ne pas être uniquement un phénomène monétaire : d’autres instruments que la politique
monétaire peuvent la combattre.
- l’explication monétariste de la hausse du chômage dans les économies occidentales est parfois critiquée :
l’augmentation du taux de chômage naturel serait imputable à la hausse de la proportion des femmes et
des jeunes dans la population active (or, ces catégories sont plus mobiles entre deux emplois) et à
l’amélioration de la protection sociale des chômeurs, ce qui leur permettrait de rechercher plus longtemps
un emploi rémunéré de façon satisfaisante.
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