Bien plus, la référence au bon état d’usage et de fonctionnement dans le décret de 2002
montre les lacunes du texte qui n’apporte finalement rien de plus que la Loi du 6 juillet 1989
en matière de sécurité électrique.
b) Sécurité électrique et Loi du 6 juillet 1989
On a vu que la Loi du 6 juillet 1989 était générale, ne contenant pas de disposition particulière
sur l’installation électrique du logement. Mais pour autant quelles sont les exigences de
sécurité de l’installation électrique dont peut se prévaloir le locataire au regard de cette Loi ?
Les 5 points de sécurité de l’installation électrique peuvent-ils être exigés par le locataire ?
Tout d’abord, il résulte de la Loi du 6 juillet 1989 que l’installation électrique doit être en bon
état de fonctionnement au moment de l’entrée dans les lieux. Autrement dit, tous les éléments
présents dans le logement doivent fonctionner correctement. En revanche, il n’y a pas
d’exigence concernant des équipements supplémentaires.
Dès lors, les exigences de sécurité dont peut se prévaloir le locataire sur le fondement de ce
texte sont extrêmement variables en fonction des installations rencontrées.
Ainsi, le locataire pourra-t-il exiger la réparation des fils dénudés ou des prises cassées au
moment de son entrée dans les lieux. Il pourra aussi exiger, s’il y a un dispositif différentiel,
que celui-ci fonctionne correctement. En revanche, s’il n’y a de dispositif différentiel, le
locataire ne pourra pas l’exiger.
Ensuite, on a vu que le bailleur devait assurer au locataire la jouissance paisible du logement
et le garantir des vices ou défauts de nature à faire obstacle à cette jouissance paisible. En
matière électrique, les vices ou défauts ne doivent pas constituer un obstacle au bon usage de
l’installation. Là encore, sur le fondement de ce texte, il n’est pas possible d’affirmer que tout
locataire peut exiger la conformité de l’installation aux 5 points de sécurité définis par les
professionnels. Il revient au juge, dans son appréciation souveraine de déterminer si une
installation non conforme à ces exigences est constitutive de troubles de jouissance pour le
locataire.
Enfin, pendant la durée du contrat, le bailleur, dans le cadre de son obligation d’entretien, doit
entretenir l’installation sauf si les travaux peuvent être considérés comme des réparations
locatives. Encore une fois, la mise en sécurité au regard des 5 points dépendra de l’état de
vétusté de l’installation et donc de chaque situation. Si le degré de vétusté de l’installation
nécessite son remplacement, la mise en sécurité sera effective. En revanche, si les travaux ne
nécessitent pas un remplacement complet, le locataire ne pourra pas exiger une mise en
sécurité, sauf à convaincre le juge que son installation n’est pas sécurisée.
En conclusion, s’il n’est pas possible d’affirmer qu’un locataire ne peut pas exiger une mise
en sécurité de son installation, force est de constater que cette mise en sécurité n’est pas de
droit et qu’elle dépend des circonstances de chaque espèce. Il est donc nécessaire de modifier
la réglementation afin d’ériger clairement en obligation à la charge du bailleur, la mise en
sécurité de l’installation électrique au regard des 5 points définis par les professionnels.