840906412 1 F. Soso 17-04-17
EXTRAITS SUR NEWTON
Isaac Newton est une des rares personnes dans l'histoire des
idées qui, par la puissance de sa pensée et le prodige de son
génie, a complètement changé le visage du monde. Mais il
fut aussi une des personnes les plus étranges, les plus soli-
taires, les plus obsessionnelles, les plus rancunières et les
plus non-aimables qui soient.
Newton publie en 1687 son oeuvre maîtresse, Principes ma-
thématiques de la philosophie naturelle, qui définit les idées
centrales des sciences naturelles pour les deux cent années à
venir. L'univers dans lequel nous vivons aujourd'hui a été
défini principalement par Newton.
Que nous lancions une balle en l'air, jouions au billard, ou
frappions une balle de tennis, que nous contemplions la
chute gracieuse d'une pomme dans le verger, que nous pre-
nions l'avion, que la NASA lance des hommes vers la Lune
ou que des sondes spatiales entrent en orbite autour de la
planète Saturne, tous ces mouvements sont dictés par les lois
de la gravitation et du mouvement de Newton.
des manuscrits de Newton acquis lors d'une vente aux en-
chères à Sotheby's en 1936, que Newton n'a jamais publiés
et que personne n'a vu pendant plus de deux siècles. Keynes
fut surpris de découvrir dans ces manuscrits que N. a consa-
cré le plus grand de son temps à l'alchimie et à la théologie,
consignant ses trouvailles sur des milliers de pages manus-
crites.
Newton était mal à l'aise avec une vue purement mécanique
du monde ? Le cosmos semble un organisme doué d'une
âme.
Génie fondateur de la science moderne, mais doué d'un es-
prit médiéval, pour lui, l'alchimie et la théologie, au même
titre que la physique, font partie d'une même et seule réalité.
Sa personnalité est une des plus pathologiques, des plus étri-
quées, des plus étroites et des plus mesquines qui soient. Sa
vie est pathologiquement solitaire. Et cela, dès son enfance.
Cambridge : froid, hautain et distant, il devient un reclus,
dédaignant la compagnie de ses collègues, et s'enfermant
dans sa chambre pour poursuivre ses recherches.
Quand il quitte Cambridge après 35 ans pour devenir Direc-
teur de la monnaie anglaise à Londres, le physicien ne se
donna pas la peine d'écrire une seule lettre pour dire au re-
voir à ses connaissances.
il ne publie pas ses découvertes sur la gravité et l'optique
faites au cours des années miraculeuses de 1665 et 1666,
pendant l'épidémie de peste.
Newton publie finalement, 21 ans après ses découvertes, aux
frais de Halley, son chef-d’œuvre sur la théorie de la gravita-
tion.
Il haie ses ennemis : Robert Hooke, et le mathématicien al-
lemand Gottfried Leibniz qu’il accuse de lui avoir volé son
invention du calcul infinitésimal, et le premier Astronome
Royal, l'anglais John Flamsteed.
Voltaire : « Dans le cours d'une si longue vie, il n'a eu ni
passion ni faiblesse. Il n'a jamais approché d'aucune
femme.»
Ce qu'apprit Newton forme aujourd'hui encore l'essence ce
que nous connaissons, presque par intuition. Les lois de
Newton sont nos lois. Nous sommes newtoniens, fervents et
dévots, lorsque nous parlons de forces et de masses, d'action
et de réaction; lorsque nous disons qu'une équipe sportive ou
qu'un politicien est en perte de vitesse; lorsque nous parlons
de l'inertie de la tradition ou de la bureaucratie; et lorsque
nous tendons le bras pour sentir la force de gravitation l'atti-
rer vers le bas. Les pré-newtoniens ne ressentaient pas une
telle force. Avant Newton; le mot gravité désignait une hu-
meur - le sérieux, la solennité - ou une qualité intrinsèque.
Les objets avaient une lourdeur ou une légèreté, et ceux qui
étaient lourds tendaient vers le bas, leur lieu naturel.
Le newtonianisme est devenu pour nous une connaissance et
une foi. Nous croyons nos scientifiques quand ils calculent
les trajectoires passées et futures des comètes et des vais-
seaux spatiaux. Qui plus est, nous savons qu'ils ne procèdent
pas par magie, mais en recourant à une technique précise. «
Le paysage a été si radicalement transformé, les modes de
pensée si profondément affectés, qu'il est très difficile de se
rappeler comment c'était avant ».
La création, selon Newton, obéissait à des règles simples, à
des schémas qui se reproduisent sur des distances illimitées.
C'est la raison pour laquelle nous recherchons des lois ma-
thématiques dans les cycles économiques et le comporte-
ment humain. Nous pensons que l'univers est calculable.
Newton partit des pierres fondatrices de la connaissance : le
temps, l'espace et le mouvement. je ne définis pas le temps,
l'espace, le lieu et le mouvement, qui sont connus de tout le
monde, écrivit-il.
Après avoir trempé sa plume dans une encre à base de galle
du chêne, il écrivit en latin, d'une minuscule écriture, serrée
d'un bord à l'autre de la feuille.
Il écrivait pour lui-même, insensible à la faim et au sommeil.
Il écrivait pour calculer, couchant des nombres sur de fines
lignes disposées en larges colonnes. Il calculait comme
d'autres rêvassent.
Sa pensée allait et venait de l'anglais au latin. Il écrivait pour
lire, recopiant mot à mot des livres et des manuscrits, parfois
le même texte à plusieurs reprises. Par résolution plus que
par plaisir, il ~écrivait pour raisonner, pour méditer, et pour
occuper son esprit fébrile.
La géométrie et le mouvement, le mouvement et la géomé-
trie : Newton les fusionna.
On a souvent dit que la science newtonienne a été « détrônée
» ou « remplacée » par la relativité einsteinienne. Il n'en est
rien. Elle a été confortée et élargie.
Lincolnshire 1642-Londres 1727
« …un homme qu'il est en définitive impossible de réduire
aux critères qui nous permettent de comprendre nos sem-
blables. »