Après croissance des plantes et installation de la symbiose mycorhizienne dans les traitements
mycorhizés (soit environ 2 mois), des nutriments marqués (15N, 33P) seront apportés dans le compartiment
champignon des dispositifs de chaque traitement (mycorhizé, non mycorhizé) et leur incorporation dans les
tissus fongiques et/ou végétaux sera suivie. Du carbone marqué (13C) sera apporté au niveau du
compartiment d’une plante source pour être assimilé via le processus photosynthétique et sa distribution sera
suivie dans le champignon puis les autres plantes.
Les paramètres analysés seront :
- des paramètres de croissance végétale (biomasse, nombre de noeuds, nombre de feuilles, taux de
mycorhization racinaire…),
- des paramètres du développement fongique (longueur hyphale, nombre de spores,…)
- des teneurs en éléments marqués (N, P, C, ratio N/C, P/C, N/P) dans le champignon et les plantes.
Axe 2) Impact de la mycorhization sur le transfert de nutriments entre plantes en conditions de stress.
Les champignons mycorhiziens peuvent-ils « orienter » le transfert des nutriments entre les plantes en
fonction de l’état physiologique de ces dernières ? Pour cela, au sein de la moitié des dispositifs
expérimentaux choisis aléatoirement, une des plantes de chaque dispositif sera soumise à un stress (stress
hydrique, carence en minéraux). Le suivi du transfert de nutriments (N, P, C) entre les plantes via le
champignon sera à nouveau suivi grâce à des traceurs isotopiques comme dans l’axe 1 (le carbone pouvant
être apporté au niveau des plantes non stressées ou des plantes stressées). Plusieurs hypothèses peuvent être
émises : (i) les transferts de nutriments sont fonction de l’état physiologique du champignon qui subvient en
priorité à ses besoins, (ii) les plantes non stressées vont subvenir majoritairement aux besoins à la fois du
champignon et des plantes stressées, (iii) les plantes stressées, par exemple par une carence en minéraux,
constituent une source de carbone pour le champignon et un puits fort pour les minéraux (N, P). Des études
sur des algues ont montré qu’une carence minérale (N, P) pouvait conduire à une excrétion de composés
carbonés dans le milieu. En effet, la photosynthèse des algues carencées se poursuit, le CO2 n’étant pas
limitant, mais le carbone assimilé ne peut être investi dans le développement des plantes du fait de
l’insuffisance en minéraux (Lacroix, comm pers). Ce processus pourrait se retrouver chez les plantes
herbacées stressées qui pourraient ainsi se maintenir dans l’écosystème.
Axe 3) Impact de la mycorhization sur les relations plantes-pollinisateurs.
Les dispositifs expérimentaux (cultures in vitro et en pots) seront maintenus jusqu’à obtention de la
floraison des plantes. Celles-ci seront alors mise en présence d’insectes pollinisateurs type bourdons afin
d’étudier la qualité des interactions plantes-pollinisateurs via l’analyse du comportement de butinage des
insectes et de l’attractivité des plantes.
Les paramètres analysés seront :
- des paramètres floraux (nombre, taille des fleurs) et de qualité du nectar (teneur en sucres, en acides
minés) chez des plantes mycorhizées ou non, produites en pots ou en culture in vitro. Des différences
potentielles pourraient être liées à des variations de l’attractivité des fleurs en relation avec des paramètres
floraux (taille et forme de la corolle, proportion de germination des grains de pollen, abondance des
récompenses offertes aux pollinisateurs (quantité/qualité du nectar, du pollen).
- le comportement de butinage des insectes (temps de vol, temps d’alimentation) et les conséquences
sur le succès reproducteur des plantes.
Les différents aspects abordés dans ce sujet permettront de mieux comprendre le fonctionnement des
réseaux d’interactions au sein des écosystèmes et les conséquences que cela a sur le fonctionnement global et
la pérennité des écosystèmes. Comprendre et préserver les mécanismes naturels existant dans les
écosystèmes peut aider à une gestion plus soutenable et durable de l’environnement.
Références :
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