SE « DEFIER », EXERCER SON ESPRIT CRITIQUE DEVANT LES INFORMATIONS ET LES MESSAGES COMMUNIQUES PAR LES MEDIAS. Devant les divers informations et messages apportés par les différents médias, exercer son sens critique s’avère nécessaire. Même s’’il s’agit de « propos d’experts », (ou présentés comme tels), il convient de ne pas croire ou d’adhérer aveuglément à ce qui est affirmé, et de conserver toujours en soi une part d’esprit critique. Des découvertes scientifiques qui paraissaient des vérités parfaitement établies ont pu être remises en question par la suite. La raison scientifique, elle-même, ne doit plus être considérée comme un absolu. Le philosophe Gaston Bachelard pensait que les « vérités » scientifiques sont provisoires, qu’elles doivent constamment être remaniées et corrigées. Selon lui, la vérité procède ainsi d’une « longue erreur rectifiée ». Il importe, d’autant plus, de se montrer défiant par rapport aux multiples « informations » communiquées par les médias. L’on peut distinguer à ce propos la méfiance, qui fait qu'on ne se fie pas du tout, de la défiance1 qui fait qu'on ne se fie qu'avec précaution et réflexion. Il y a lieu de discerner les faits des interprétations qui en sont données par les journalistes. Quant aux faits euxmêmes ainsi présentés par les journalistes, il est évident qu’ils ont été nécessairement sélectionnés parmi d’autres, et que le choix de présenter certaines informations plutôt que d’autres est déjà un choix partial. Le plus souvent, les médias ne sont pas apolitiques. Ils veulent ainsi faire adhérer à certains points de vue idéologiques. Les médias ne sont pas exempts, non plus, d’enjeux commerciaux. D’une part, ils sont la propriété de groupes financiers qui exercent une certaine influence sur les journalistes. D’autre part, les médias, étant des entreprises, recherchent les profits commerciaux, ou tout au moins, à éviter les déficits, pour ceux qui relèvent du service public. A cette fin, pour obtenir un grand audimat, ils recourent fréquemment au spectaculaire, utilisent les émotions chez le public, plutôt que ses capacités de réflexion. Dans des émissions destinées à informer sur la société, l’on trouve même ainsi, mêlées aux enquêtes, des musiques très suggestives. Le choix des sujets traités partiellement et partialement, l’utilisation de l’image (cadrage, point de vue en plongée ou contre-plongée, par exemple) et du son par rapport aux sujets évocations, ainsi que le ton journalistique, incitent le lecteur, l’auditeur, le téléspectateur à penser d’une certaine manière. Les médias formatent l’opinion publique. L’évaluation de l’information dispensée par les médias peut consister en ce questionnement : Quoi ? Distinguer les faits des idées, interprétations et commentaires journalistiques. Ne pas oublier que certains faits reçoivent une forte insistance de la part des journalistes, tandis que d’autres peuvent être ignorés volontairement. Comment ? Rester conscient de la manière utilisée pour communiquer les informations. Tenir compte de la présentation faite, de l’utilisation des mots, de l’image et du son. Ne pas oublier que les médias, les journalistes qui les incarnent, et ceux qui les dirigent et auxquels ils doivent rendre des comptes, détiennent un pouvoir, celui de vous informer selon certains points de vue choisis, et en fin de compte ainsi donc celui d’influencer votre opinion. Qui ? Beaucoup de journalistes ne restent pas neutres et manifestent leurs convictions personnelles en communiquant les informations. L’on peut, dès lors, s’interroger sur les convictions personnelles de tel ou tel journaliste afin de distinguer les faits et les interprétations qu’il veut en donner. 1 Jean-Paul JACQUEL, professeur documentaliste au lycée Modeste Leroy, à Évreux propose cette distinction entre méfiance et « défiance raisonnée à l’égard de l’information » relativement à sa « validation ». (Source : http://documentation.spip.ac-rouen.fr/IMG/pdf/1_valid.pdf). 1 Pour qui ? Pourquoi ? Pour quoi ? Quand ? Où ? Autres questions utiles. Ne pas oublier la question « Pour quoi ? », par exemple, et prendre en compte en effet les enjeux commerciaux ou de formatage idéologique qui peuvent être poursuivis par les journalistes. Enfin, il est utile aussi de croiser les sources d’informations, de rechercher si possible divers points de vue médiatiques sur les sujets proposés. M. Hudault ……………………………….………………………………………………… Les médias ou le « quatrième pouvoir » L'expression quatrième pouvoir désigne la presse et les médias. L'historique des emplois de l'expression peut être retracé jusqu'à Alexis de Tocqueville, dans son ouvrage De la démocratie en Amérique (1833). Tocqueville y apporte une nouvelle classification des pouvoirs, qui seraient : le pouvoir central (aux États-Unis, le pouvoir fédéral), dans lequel on retrouve la séparation des pouvoirs classique (pouvoir législatif, pouvoir exécutif et pouvoir judiciaire) ; le pouvoir local (pouvoirs fédérés) ; le pouvoir associatif (lobbies) ; la presse [écrite]. On dit souvent que le quatrième pouvoir suit les trois pouvoirs classiques (pouvoir législatif, pouvoir exécutif et pouvoir judiciaire). Source : Contributeurs de Wikipédia, "Quatrième pouvoir," Wikipédia, l'encyclopédie libre, http://fr.wikipedia.org/w/index.php?title=Quatri%C3%A8me_pouvoir&oldid=120198359 (Page consultée le mars 24, 2014). ………………………………………………………………………………….. Remarque : On peut même se demander si les médias ne constituent pas plutôt le premier pouvoir, puisqu’ils fabriquent grandement l’opinion publique et influencent les résultats des élections qui décident des pouvoirs exécutif et législatif. En conclusion, il est important de se souvenir d’exercer son esprit critique vis-à-vis des informations et idées communiquées par les médias, en ayant conscience que les médias peuvent aisément manipuler le public. M. Hudault 2