
- que l'échange est un jeu à somme positive, contrairement aux mercantilistes, premiers capitalistes qui
envisageaient l'économie comme une guerre où ce que les uns gagnent est perdu par les autres.
- qu'en laissant chacun agir selon son intérêt on aboutit à développer la richesse générale, par l'effet d'une
"main invisible". On pense même que les "vices privés » (comme l’égoïsme) sont des "vertus publiques" (car il
permet l’enrichissement de la société par la recherche de l’enrichissement personnel).
- que les facteurs de production, travail, capital et terre sont rémunérés aux prix fixés par le marché. Tout cela
justifie le libéralisme qui accompagne le capitalisme, on prône le "laisser-faire, laisser passer" car on veut faire des
principes des lois naturelles indépendantes des autres préoccupations humaines.
3°) Le développement du marché et de l'échange de marchandises
Le capitalisme est synonyme d'économie de marché ou économie d'échange. Les néo-classiques l'illustreront
même par un modèle strictement échangiste où la production n'est pas analysée. Ce courant de pensée économique
montra dans un modèle mathématique que la liberté de circulation du travail et du capital permet d’aboutir à la
meilleure allocation possible des ressources, qu’on nomme l’équilibre walrassien. Dans cette perspective, le rôle des
transports est primordial dans le développement du capitalisme. Ce n'est donc pas par hasard si la figure du proue du
capitalisme et du libre-échange au XVIIIème siècle est l'Angleterre, à la tête de la première marine marchande du
monde.
III/ Du capitalisme sauvage au capitalisme régulé :
1°) L'idéologie socialiste :
Karl Marx (1818-1883) a essayé de montrer que le capitalisme porte en lui les germes de sa destruction.
La classe des travailleurs vend sa force de travail, payée à au prix qui lui permet de se reproduire. Reprenant
l'analyse économique classique (Smith, Ricardo), Marx estime que seul le travail ajoute de la valeur à la production,
cette valeur ajoutée qu'il appelle plus-value. Les capitalistes en possédant les biens de production peuvent s'approprier
la plus-value. Ils essaient même de l'augmenter soit en faisant plus travailler les salariés (augmentation de la plus-value
absolue), soit en baissant les salaires réels (augmentation de la plus-value relative). Mais ces deux augmentations ont
des limites physiques.
Plus importante est l'analyse du capitalisme comme processus d'accumulation : Argent -> Marchandises ->
Plus d’argent. Le capitalisme est intrinsèquement accumulateur de capital car le profit est son ressort. Ce que Marx
résume en écrivant : "Accumulez, accumulez, c'est la loi et les prophètes". Mais il montre que la concurrence tue le
profit et que la baisse tendancielle du taux de profit précipitera la fin du capitalisme.
2°) Les mouvements syndicaux :
Ils se développent en réaction au développement de l'industrie et de la mécanisation, et s'insurgent contre la
paupérisation de la main d'oeuvre. Né en 1811 en Angleterre, le Luddisme est un mouvement qui incite les ouvriers à
casser les machines. Consciemment ou non les "socialistes" refusent une certaine déshumanisation de la société.
"Inclure la terre et le travail dans le mécanisme du marché, c'est subordonner aux lois du marché la substance de la
société elle-même", selon Karl Polanyi (1886-1964, auteur de La grande transformation), qui ajoute : "Car la
prétendue marchandise qui a pour nom "force de travail" ne peut être bousculée, employée à tort et à travers, ou
même laissée inutilisée, sans que soit également affecté l'individu humain qui se trouve être le porteur de cette
marchandise particulière". Les violences ouvrières et les attentats anarchistes n’empêchent pas le nombre de
syndicaliste de dépasser 400.000 adhérents au tournant du XX° siècle (soit plus de 20 %).
3°) L’intervention croissante de l'Etat
La tentative d'un marché autorégulateur, qui s'accompagne de la séparation de l'économie et de la politique
était invivable, selon POLANYI. "Le contremouvement consista à contrôler l'action du marché en ce qui concerne les
facteurs de production que sont le travail et la terre. Telle fut la principale fonction de l'interventionnisme."
Le marché du travail fut réglementé par les lois sociales de 1864, la terre ne fut librement acquise que le temps
de la conquête de l'ouest américain (et de toute façon perdit son rôle primordial avec la montée de l'industrie) ; quant à
la monnaie, le système des banques centrales permit aux nations de rester maîtres de leurs prix. Les marchés
commençaient à se protéger. Ce qui acheva le rêve du capitalisme sauvage fut la concentration des entreprises et
l'invention des politiques économiques. Pour POLANYI, le fascisme fut une réponse brutale au marché autorégulateur.
Après Marx vinrent les néo-classiques qui développèrent à la fin du XIX° siècle le concept de marché et la
notion d'intérêt personnel, l'utilitarisme, poussée jusqu'à sa forme suprême dans le modèle de l'homo oeconomicus,
producteur ou consommateur calculateur à la recherche du profit ou de la satisfaction maximale au moindre coût.
Le mariage du système d’échanges capitaliste régulé par l’intervention de l’Etat est appelé capitalisme rhénan
(et prend la forme politique de la social-démocratie), par opposition au capitalisme anglo-saxon, plus libéral dans le
discours mais relativement interventionniste dans les faits.