Le 19/01/2006
Chers Parents,
Je voulais tout d’abord vous remercier d’avoir participé à notre étude et je suis ravie de
vous informer que l’expérience a été un succès et que les résultats sont très intéressants.
Nous nous sommes posés la question suivante : les bébés de 2/3 mois ont-ils déjà une
représentation UNIQUE des voyelles et cela qu’elle soit vue (mouvement de la bouche)
ou entendue (le son « a » ou « i » ?
Plusieurs études comportementales chez les bébés de 2 à 4 mois suggèrent que les bébés
savent déjà apparier le mouvement articulatoire au son qui lui correspond. Mais les bases
cérébrales de cette capacité de reconnaissance des voyelles, quelle qu’en soit la modalité
(visuelle ou auditive), sont inconnues.
Nous avons utilisé un paradigme d’habituation pour tenter d’élucider cette question. Il
consiste en la comparaison de l’activité cérébrale entre deux cas de figure : soit à une
présentation successive d’un même élément dans une séquence (« a a a a ») soit à une
séquence d’éléments identiques qui est suivie par un élément différent (« a a a i»).
Nous nous attendions à obtenir dans le premier cas une réponse cérébrale de plus en plus
faible à chaque élément dans la séquence car le cerveau traite avec moins de force ce
qu’il a déjà traité précédemment, c’est l’habituation. Alors que dans le deuxième cas,
nommé la déshabituation, la réponse au dernier élément qui est différent, est plus forte
que celle des éléments précédents car le cerveau ne calcule pas de la même manière des
stimuli différents.
Dans notre expérience, nous avons montré aux bébés des clips vidéos d’une personne
articulant silencieusement une voyelle (‘a’ ou ‘i’) deux fois de suite (les voyelles
visuelles), suivi par un son (‘a’ ou ‘i’) sans vidéo (la voyelle auditive).
Si le bébé a une représentation UNIQUE d’une voyelle, nous nous attendons à obtenir le
même pattern de réponse c’est-à-dire à une habituation de la réponse dans la séquence où
la même voyelle est présentée visuellement puis auditivement (la réponse à la voyelle
auditive devrait être plus faible) alors que dans les séquences où la voyelle auditive est
différente de la voyelle visuelle, la réponse à la dernière voyelle est plus forte que celle
obtenue à la voyelle visuelle.