Jean Bosco Abderamane 04/2012 Laurence Roger Pauvreté et

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Jean Bosco Abderamane
04/2012
Laurence Roger
Pauvreté et développement économique
ECN-6958
La vulnérabilité de l’environnement face à la mondialisation
Université Laval
Département d’Économique
Hiver 2012
Table des matières
Introduction
Lien entre le phénomène de la mondialisation et les inégalités environnementales ……………… p.2
I- La mondialisation et la notion d’inégalité environnementale …………………………………. p.5
1) Une nouvelle notion : l’inégalité environnementale …………………………………………… p.5
2) Une inégalité complexe à définir … …..……………………………………………………………… .p.07
3) …et difficile à mesurer ..……………………………………………………………………………………. p.10
II- L’inégalité environnementale dans le monde ……………………………………………………………..p.11
1) Les principales problématiques environnementale ……………………………………………… p.11
Les émissions de gaz à effet de serre ……………………………………………………………………………… p.11
Les ressources naturelles : accessibilité, surconsommation et dégradation……………………….... p.13
2) Mondialisation VS Environnement ……………………………………………………………………… p.17
La demande en ressource naturelle …………………………………………………………………… p.18
La valeur de l’environnement ..............................................................................p.20
Favoriser la conservation plutôt que l’exploitation de la biodiversité ………………………p.21
3) Améliorer le niveau de développement humain pour prévenir les inégalités environnementales
p.22
III- L’inégalité environnementale en Amérique Latine …………………………………………………… p.24
1) Constat global ……………………………………………………………………………………………………… p.24
2) Le cas du Brésil ……………………………………………………………………………………………………. p.25
3) Le cas du Mexique ………………………………………………………………………………………………. p.29
Conclusion ………………………………………………………………………………………………………………………… p.32
o Bibliographie …………………………………………………………………………………………………………..p.34
o Annexes
[1]
Introduction
Lien entre le phénomène de la mondialisation et les inégalités environnementales
Aujourd'hui, dans le contexte de la mondialisation, on ne raisonne plus à l'échelle d'un pays mais à l'échelle
planétaire. Les pays échangent de plus en plus, les frontières s'ouvrent, l'Organisation Mondiale du Commerce
favorise un maximum les échanges entre pays. Il n'y a plus qu'un seul marché : le marché mondial. Les
entreprises sont donc confrontées à un maximum de compétitivité, chaque pays veut améliorer sa croissance.
Cependant, même si l'évolution des technologies a produit une hausse de la productivité et la plupart du temps
de meilleures conditions de travail, les pays n'ont pas forcément prêté attention à l'environnement. Ainsi, cette
phase de croissance des pays industrialisés s’est accompagnée d’une pollution environnementale non
négligeable. La mondialisation fait donc l'objet de vives critiques, fondées sur des considérations sociales,
politiques, culturelles mais aussi environnementales.
Depuis 30 ans, la protection de l’environnement est devenue une préoccupation majeure de nos sociétés. La
lutte contre le réchauffement climatique et contre la pollution mobilise l’ensemble des gouvernements, des
entreprises et la population mondiale. Tout le monde s’accorde à penser que notre croissance économique
exponentielle favorisée par le phénomène de la mondialisation est responsable de l’utilisation et de
l’exploitation toujours plus importante des ressources naturelles, et que le risque est qu’un jour ces ressources
viennent à manquer.
Le domaine de la protection de l’environnement est devenu un enjeu politique incontournable. Il s’est
institutionnalisé avec la signature de plusieurs traités internationaux, la mise en place d’un droit européen en
matière de protection de l’environnement ou encore par la création de ministère de l’écologie ou par le vote
de lois environnementales.
Paradoxalement, cette problématique semble ne pas faire le poids face à la volonté de certain pays d’atteindre
un niveau de développement économique toujours plus important. De nombreux exemple dans le monde nous
montrent qu’en effet, la croissance économique et les profits financiers sont en général prioritaires sur la
préservation de l’environnement. Le milieu naturel peut donc être perçut comme une victime de la croissance,
tout comme les populations qui sont dépendantes de ces milieux.
[2]
Il est important de souligner que dans le domaine de l’environnement, les impacts et les nuisances doivent être
abordés de façon globale et internationale, une perturbation dans une région peut avoir de graves
conséquences sur l’ensemble de la planète.
Le contexte des décennies 1980 marqué par des grandes restructurations économiques territoriales et
politiques, s’est traduit par une aggravation du chômage et de la pauvreté, mais aussi des inégalités entre
riches et pauvres sur divers aspects. L’évolution des modes de consommation, accompagnant des exigences
croissants et un accès plus facile aux biens et services, l’augmentation des besoins de transport et d’énergie,
l’accès à l’innovation et au savoir-faire sont autant d’éléments moteurs de la mondialisation qui se répercutent
sur l’environnement. La mondialisation est devenue à la fois une chance et, une menace pour l’environnement.
Le contrôle et la réduction des pollutions des ses activités sont devenus une priorité principalement dans les
pays développés, pays qui de part leur activité industrielles sont généralement beaucoup plus pollueurs que les
pays en développement. Mais, les impacts sur l’environnement des activités des pays riches s’observent
également dans les pays en développement.
Le concept d’inégalité environnementale est encore mal connu, c’est une notion apparu dans les années 2002,
se définissant comme étant « l’idée que les populations ou les groupes sociaux ne sont pas égaux face aux
pollutions, aux nuisances et aux risques environnementaux, pas plus qu’ils n’ont un accès égal aux ressources
et aménités environnementales. Multiscalaire, l’inégalité environnementale peut être lue à une échelle
planétaire, à une échelle locale ou à tous les échelons intermédiaires » (Connaître ou reconnaître les inégalités
environnementales ?).Ce principe met en avant la différence d’exposition aux pollutions, les capacités de
protections et l’accès aux ressources des populations.
S’il est vrai que plusieurs pays développés sont parvenus à allier croissance économique et l’environnement, ce
n’est pas le cas des pays en développement et, particulièrement, les pays de l’Amérique latine. La région de
l’Amérique latine bien que considérée comme disposant la plus grande diversité biologique du monde, la
croissance démographique exerce une pression croissante sur les écosystèmes naturels. Les pratiques agricoles
non durables entraînent l’érosion des sols et, une forte désertification des terres arables. La pêche est à
l’origine de la surexploitation et, de la diminution de nombreuses espèces marines à valeur commerciale. La
dégradation de l’environnement devient dans la région, un grave problème, et la majorité des études et
articles font état d’une dégradation alarmante des ressources naturelles stratégiques comme, l’a souligné
[3]
Emmanuel Outtier dans un article paru en 2010 sur le Brésil intitulé : « Bilan environnemental mitigé pour
LULA », pour garantir les besoins en électricité, de colossaux projets de barrages hydroélectriques sont en
chantier. Ce choix énergétique fait polémique puisqu’il entraînerait déforestation et, menaces pour les tribus
indigènes.
Dès lors, comment concilier mondialisation et protection de l’environnement pour plus d’équité? L’enjeu est
de taille vu les intérêts divergeant qui entourent ce débat.
[4]
I- La mondialisation et la notion d’inégalité environnementale
La mondialisation et la notion d’inégalité environnementale ont entrainé de nombreux questionnements,
notamment sur la détermination du rôle réel de la mondialisation sur l’environnement, de la définition de
l’inégalité environnementale et de sa mesure. Cette revue de lecture a pour but d’évaluer les avancées des
réflexions sur ces sujets.
1) Une nouvelle notion : l’inégalité environnementale
Depuis la seconde guerre mondiale, de nombreux auteurs ont souligné les effets potentiellement pervers du
développement. Selon Myrdal (1957), le libre mouvement des personnes et des capitaux aux profits des
régions centrales finira, à la longue par drainer les possibilités de développement des régions périphériques. Le
dilemme reste donc entier. La croissance économique exige que l’on accepte, du moins pour l’essentiel, le libre
mouvement des facteurs de production et la libre fixation des prix. Cependant, cette globalisation s’exerce
souvent au prix d’un développement polarisé qui, finit par marginaliser certaines régions.
Les disparités de revenu entre État s’amplifient depuis un quart de siècle. Certes, aucune donnée ne permet à
ce jour de mesurer correctement les inégalités entre tous les habitants de la planète. Cependant, selon les
Nations-Unies, le revenu moyen des vingt pays les plus riches est trente- sept fois plus élevé que celui des vingt
pays les plus pauvres. Et cet écart a doublé depuis 40 ans. En 1960, les 710 millions d’habitants des pays riches
gagnaient en moyenne 8654 dollars, soit 30 fois le revenu d’un des 399 millions d’habitants des pays classés
pauvres par la banque mondiale. En 2007, cet écart est de 89 fois (Charles Albert Michalet, 2002).
Les pays industrialisés dominent toujours l’économie mondiale. Les États-Unis, l’Union Européenne et, le
Japon, soit 13% de la population mondiale, produisent plus de 2/3 des richesses monétaires créées en 2005
(Fabien Bertho, et al 2006). La mondialisation économique actuelle créer et conforte l’émergence de risques
pour l’humanité à court terme et, à long terme, favorise l’inégalité.
Du point de vue environnemental, Cédric Philibert dans son article Dossier de la mondialisation, Mondialisation
et environnement (n° 16 – décembre 2009) met en avant trois conséquences directes de la mondialisation : le
dumping environnemental qui se traduit par la délocalisation des industries polluantes vers les pays dans
lesquels les normes environnementales sont plus souples voire inexistantes.
[5]
L’augmentation de la consommation d’énergie dans les transports routier, aériens et maritime est une seconde
conséquence de la mondialisation, et enfin, la colonisation des milieux par de nouvelles espèces au détriment
des espèces endémiques, ce qui provoques une baisse de la biodiversité et parfois des crises écologiques
(exemple de la colonisation des milieux par la Renouée du Japon ou de la prolifération du frelon asiatique en
France).
La problématique de la conciliation entre les enjeux commerciaux et les enjeux environnementaux est présente
depuis une vingtaine d’années. Seules des réponses partielles ont été avancé et les problèmes se font de plus
en plus présents. Cédric Philibert aborde dans cet article la question du protectionnisme vert, dans le cas où un
Etat souhaiterait fermer ses marchés internationaux dans le but de sauvegarder l’environnement. Mais, il reste
difficile de légitimer une telle mesure et celle-ci ne peut être possible qu’en cas de détérioration des ressources
naturelles épuisables, et que les mesures prises permettent d’atteindre les objectifs visés. De plus, il est
important de préciser qu’un pays ne peut pas prendre une telle décision dans le simple but de protéger son
économie et la compétitivité de ses entreprises.
Les auteurs (Youness El Kadiri, Mahieu Richir, Laurent Somville, Frédéric Toselli, Michaël Vasseur) du Rapport
du module environnement et mondialisation, (2003) font eux aussi état du dumping environnemental comme
conséquence de la mondialisation sur l’environnement.
Mais, ils nuancent cet impact en précisant, que de peur de perdre des marchés importants les pays développés
ont tendance à freiner la mise en place de politiques environnementales trop strictes pour conserver leurs
industries et activités pouvant être néfastes pour l’environnement dans leur pays. Ils rappellent également que
si la mondialisation a eu tendance d’augmenter les productions d’industries d’usines polluantes, du fait de la
croissance économique, et que le faible coût des ressources naturelles dans les pays en développement
pouvait favoriser leur surexploitation. Elle a pu aussi favoriser la spécialisation des états dans une production et
l’utilisation de nouvelles technologies pouvant permettre une meilleure utilisation des ressources naturelles
entrainant alors un faible impact sur l’environnement. De plus, la libéralisation des échanges et la croissance
économique du pays peut également aboutir à la mise en place de nouvelles normes environnementales
nationales.
Les auteurs établissent un lien direct entre la mondialisation et le changement des modes de consommation.
La consommation des populations des pays développés ne cesse d’augmenter, du fait d’une accessibilité
simplifiée à une offre de biens et services considérable, et donc dégrade l’environnement de part ces activités.
[6]
Tandis que la faible consommation des pays en développement, du fait d’un accès limité aux produits,
contraint la population à exploiter leurs ressources naturelles de façon de plus en plus intense pour survivre.
Cela augmente la pression sur leur environnement par la dégradation des écosystèmes et un épuisement des
ressources naturelles. De plus, la forte croissance démographique entraine un besoin en nourriture de plus en
plus important. Il est donc nécessaire de trouver de nouvelles terres cultivables, souvent au détriment des
forêts, ou de pratiquer la surexploitation des terres qui engendre la dégradation des sols.
L’environnement est donc victime à la fois du développement et de la pauvreté des sociétés. Le phénomène de
la mondialisation est inévitable et indissociable d’impact négatif sur l’environnement. Il est donc nécessaire de
penser au mieux la mondialisation en s’efforçant de maximiser les impacts positifs et minimiser les impacts
négatifs notamment sur l’environnement
2) Une notion complexe à définir…
En partant du principe que les dégradation environnementales ont un impact négatifs sur les populations, Cyria
Emelianoff dans son article, Connaître ou reconnaître les inégalités environnementales? (Décembre 2006),
tente de déterminer la part des nuisances et des risques subis par l’ensemble de la population et celles
supportées par les populations les plus exposées et les plus vulnérables en évaluant les effets de ces nuisances
sur ces groupes de population.
Cette problématique a été formulé dans les années 1970, et les premières réflexions en Europe sur ce sujet ont
montré une méconnaissance et un problème de caractérisation de la notion de l’inégalité environnementale ou
écologique (Dienboldt et al, 2005 ; Laigle, 2004, cité par Cyria Emelianoff dans son article).
Selon elle, l’inégalité environnementale exprime l’idée que les populations ou les groupes sociaux ne sont pas
égaux face aux pollutions, aux nuisances et aux risques environnementaux, pas plus qu’ils n’ont un accès légal
aux ressources et aménités environnementales. Elle peut être lue à une échelle planétaire, locale ou à tous les
échelons intermédiaires et met en évidence les différences d’exposition, de capacité de protection et d’accès
aux ressources. Il est utile de préciser que dans l’idée d’une justice distributive des actions publiques, les
politiques ont un rôle à jouer dans cette inégalité en terme de traitement des eaux, de politiques d’espace vert,
de transport ou encore de rénovation de l’espace urbain.
[7]
L’inégalité écologique comprend aussi bien la réception de nuisances et de risques que l’émission de polluants.
Nous sommes inégaux par rapport aux impacts que nous subissons et par ceux que nous engendrons, qui sont
définis par la taille de notre empreinte écologique (Wackernagel et al, 1999, cité par Cyria Emelianoff dans son
article).
L’inégalité écologique désigne donc la distribution inégale de biens et de nuisances environnementale et de
droit de polluer. Mais, il reste difficile d’inclure la notion de droit de polluer dans la définition d’inégalité
écologique qui privilégie les droits environnementaux sans tenir compte du fait que l’accès aux ressources peut
entrainer des dommages environnementaux. La conception de l’inégalité environnementale se trouve alors
résumée à une inégalité d’accès aux ressources naturelles et au développement, aux biens essentiels
nécessaire à la vie (Dieboldt et al, 2005, cité par Cyria Emelianoff dans son article).
Il apparait une grande inégalité environnementale entre les problèmes environnementaux que subissent des
populations et les biens environnementaux prélevés par cette même population. Ceux qui engendrent le plus
d’impact sur l’environnement sont ceux qui endurent le moins les conséquences de ces nuisances. Alors que les
populations dont l’empreinte écologiques est faible sont les principaux touchés par l’inégalité
environnementale : il y a une inversion entre les impacts créés et les impacts subis. De plus, les pressions sur
l’environnement sont majoritairement du aux activités des classes moyennes ou aisées et non des plus pauvres
dont l’empreinte écologiques est plus réduite. De cette constatation, on pourrait en déduire que la durabilité
écologique est plus favorisée par la pauvreté que par les sociétés développées.
L’association entre les objectifs sociaux et écologiques pour la promotion du développement durable semble
difficile à faire acceptée par les acteurs concernés. De nombreux acteurs sociaux sont réticents à l’idée de cette
association et font face à la difficulté de mener des politiques environnementales et sociales opérationnelles.
De nombreux intérêt sont en jeux aussi bien politique qu’industriel et financier, ce qui à pour conséquence
d’alourdir le débat et de ralentir le processus de réflexion. De plus, ces politiques sont généralement accès sur
les risques de dégradation plutôt que sur la problématique des inégalités en matière d’exposition à ces risques.
Dans ce sens, le concept de justice environnementale s’est développé aux Etats Unis dans les années 1970. Il
prend en compte à la fois les inégalités dans l’exposition aux risques environnementaux (pollution, déchet,
inondation) et la marginalisation des minorités raciale dans la conception et la mise en œuvre des politiques
[8]
environnementales. Les agences publiques fédérales se voient alors obligé d’intégrer l’objectif de justice
environnementale dans leur mission.
La justice environnementale se définie aujourd’hui ainsi : « un traitement équitable et une implication réelle de
toutes les personnes quels que soit leur race, leur couleur de peau, leur origine nationale ou leur niveau de
revenu dans la définition, la mise en œuvre et le contrôle des lois, des règlementations et des politiques
environnementales » (Environmental Justice Strategy, 1995, cité par Eloi Laurent dans son article).
Selon Charles et al. (2007, cité par Eloi Laurent dans son article), la justice environnementale est basé sur le fait
que les individus ne sont pas égaux face aux dégradations de l'environnement et qu'il devient essentiel de
prendre en compte ces inégalités dans l'action politique.
Depuis 2007, la Environmental Agency (EA) britannique place désormais la question de la justice
environnementale au centre de son programme de recherche et de ses politiques. Elle distingue trois types de
justice en rapport avec les inégalités environnementales. La justice distributive, qui détermine si les biens et les
maux environnementaux sont répartis équitablement ou non parmi la population, la justice procédurale dont
l’intérêt est le caractère équitable de l’accès au processus de décision en matière de politique
environnementale et l’existence des droits au recours dans ce domaine et enfin la justice en matière de
politique publique qui évalue les principes et les résultats des décisions en matière environnementale et leur
impact sur la population.
Les pouvoir publics ont un rôle important à jouer dans la mise en place des politiques environnementales et
dans leur application. Un lien peut être fait entre l’inégalité sociale et l’inégalité environnementale, les groupes
sociaux aillant un revenu plus faible sont plus touchés par la dégradation de l’environnement :
« Les travaux disponibles recenses par Pye et al. (2008) montrent que les ménages les plus pauvres assument
les effets environnementaux adverses les plus grands du fait de la distribution inégale de la qualité
environnementale et de leur vulnérabilité socio-économique » (Éloi Laurent, 2009).
Cependant, ces réflexion s’appliquent prioritairement aux pays développés, qui de part leur moyen financier et
humain peuvent repenser la structure urbaine, les modes de gestions ou encore la distribution des politiques
environnementales.
[9]
3) …et difficile à mesurer
La difficulté de la mesure de cette inégalité découle en partie du fait de la difficulté que l’on a d’établir une
définition précise de l’inégalité environnementale, tant les facteurs à prendre en compte sont nombreux.
L’article de Natacha Gondran, Aurélien Boutaud, Christian Brodhag : Lorsque le développement perd le Nord !
Courbes de Kuznets Environnementales : l’apport des indicateurs alternatifs de type empreinte écologique dans
la réflexion sur le développement durable (2004) revient sur les difficulté de déterminer les relations effectives
entre la croissance économique et l’environnement en étudiant les travaux de Kuznet à ce sujet.
Dans les années 1950, Kuznet a tenté de mettre en évidence le lien entre mondialisation et environnement
grâce à sa courbe environnementale. Son hypothèse est basée sur le fait qu’il y a une relation positive entre le
développement économique d’une nation et le niveau d’équité de répartition des richesses entre individus au
sein de cette même nation (Kuznet, 1955, cité par Natacha GONDRAN, Aurélien BOUTAUD, Christian
BRODHAG, 2004). La représentation de cette hypothèse sur un graphique dessine une courbe en U inversée.
Mais cette théorie fait face à de nombreuses critiques. Selon le rapport de la Banque mondial (1992) cité dans
cet article, il apparait que la corrélation avancée par la courbe environnement Kuznet ne se vérifie que sur un
nombre restreint d’indicateurs, et ne permet donc pas d’affirmer que la croissance économique est une
solution à la dégradation de l’environnement.
Pour les auteurs de cet article, il est nécessaire d’aborder l’environnement non pas comme un facteur externe
à la croissance mais comme support des activités humaines. L’utilisation d’indicateur synthétique serait alors
plus pertinente, comme par exemple l’empreinte écologique, approche développée par Wackernagel et Rees
(1990), qui est capable de mesurer les impacts d’une société sur l’utilisation des ressources et de pollution qui
permet la comparaison entre pays. Ou encore, celle de l’indicateur de développement humain qui prend en
compte trois dimensions : la capacité de bénéficier d’une vie longue et saine, l’accès à l’éducation et aux
connaissances et l’accès aux ressources matérielles.
Si la mesure des inégalités environnementales restent complexes et encore imprécises, la combinaison de ces
deux indicateurs permet de prendre en compte de nombreux indicateur et d’invalider une nouvelle fois
l’hypothèse de Kuznet, en considérant l’environnement comme un capital naturel et une ressource dont
dépendent les activités humaines. L’augmentation du niveau de développement humain n’est donc pas suivit
par une diminution de la pression environnementale globale qui plutôt liée aux modes de consommation.
[10]
II- L’inégalité environnementale dans le Monde
1) Les principales problématiques environnementales
Depuis 1950, la taille de l’économie mondiale a plus que quintuplé. Les conséquences de cette évolution sur
l’environnement est multiforme. Les pays riches sont devenus de gros consommateurs d’énergie et de
matières premières et produisent d’importants volumes de déchets et de polluants. Par son ampleur, ce boom
économique se traduit par des dommages écologiques sans précédent à l’échelle planétaire et impact
particulièrement les pauvres. Mais, il est également important de prendre en compte dans notre constat
l’émergence des pays comme le Brésil, l’Inde ou la Chine qui de part leur développement et leur insertion dans
l’économie mondiale participent eux aussi à la dégradation de l’environnement.
Les émissions de gaz à effet de serre
Actuellement, la problématique des émissions de gaz à effet de serre par les nations est l’une des plus
présentes. Les pays développés sont accusés de par leur activité de participer fortement à l’augmentation des
rejets de gaz à effet de serre dans l’atmosphère. L’Europe est entre autre à l’origine de près d’un tiers des
émissions de gaz à effet de serre dans le monde. Au niveau mondial, les émissions de CO2 du secteur de
l'énergie ont été en 2010 les plus élevées dans l'histoire, selon les estimations de l'AIE. Les émissions ont
atteint le niveau record de 30,6 gigatonnes, soit 5% de plus que le précédent record de 2008 (29,3 gigatonnes).
(Le Monde, Mai 2005).
Les graphiques en annexe 1 montrent bien que les émissions des pays développés comme les État Unis et les
pays européens sont en augmentation depuis 1996, cette progression est toutefois modérée (État Unis : 1996 :
5 500 millions de tonnes de CO2; 2009 : 6 000 millions de tonnes de CO2; UE : 1999 : 3 400 millions de tonnes
de CO2; 2007 : 3 600 millions de tonnes de CO2). En revanche, on constate que la Chine (1999 : 2 900 millions
de tonnes de CO2; 2009 : 7 500 millions de tonnes de CO2) et l’Inde (1999 : 800 millions de tonnes de CO2;
2009 : 1 600 millions de tonnes de CO2) émettent beaucoup plus de CO2 dans l’atmosphère qu’il y a 10 ans,
tout comme le Brésil et la Russie.
Ce constat s’explique par le fait que la croissance plus précoce des pays riches a nécessité le développement
des industries et des techniques responsables de ces émissions. Dans les années 1990, les pays développés
[11]
avaient déjà atteint un niveau d’émission de CO2 important alors que l’impact des activités des pays en
développement sur le total des émissions de CO2 dans l’atmosphère était beaucoup plus réduit du fait de leur
retard économique.
Si l’on s’intéresse au poids de chaque état dans l’émission totale de CO2, (Annexe 2), on constate en 2007 que
la Russie, les Etats Unis, l’Europe, pays signataire du protocole de Kyoto sur l’engagement de réduction
d’émission de CO2 constituent logiquement les pays les plus émetteurs, mais on remarque également que des
pays émergents comme la Chine (21,3%) et l’Inde (5,1%) représentent une part significative de ces émissions
en 2007, dépassant même dans le cas de la Chine les États Unis (18,7%). D’après l’IAE, les pays émergents
représentent que 40 % du stock de CO2 émis en 2010, mais ils sont responsables de 75 % de cette hausse.
Auparavant négligé, le phénomène de rejet de CO2 dans l’atmosphère est maintenant une préoccupation
majeure. Les pays riches ont pu se développés sans se soucier de ces préoccupations alors qu’il est demandé
aujourd’hui aux pays émergent d’accompagner leur croissance de mesures pour la protection de
l’environnement et de limiter leur émission de gaz à effet de serre. Ces pays doivent donc supporter le poids
des abus passés des pays riches. Le dernier sommet de Johannesbourg sur le développement durable et le
retrait du Canada par exemple du Protocole de Kyoto est une belle illustration de cette problématique.
Si l’ensemble des impacts de ces activités anthropiques sur le milieu semble toucher l’ensemble de la planète, il
apparait néanmoins que certaines régions sont d’avantages concernées par ces perturbations. L’Afrique par
exemple, qui ne représente que 0 à 1% du total des émissions de CO2 en 2007, est l’un des continents où les
conséquences du réchauffement climatique vont être les plus dures à supporter (perturbation des régimes
pluviométriques : inondation, sécheresse). Il en est de même pour les multitudes d’îles comme les États
fédérés de Micronésie qui vont être les premières concernées par la hausse du niveau des mers dans le cas où
le réchauffement climatique se poursuit au même rythme.
De plus, pour freiner les effets déjà présents et réduire les risques futurs du réchauffement climatique, il est
nécessaire de disposer des fond monétaires suffisant pour avoir la possibilité de mettre en place des
infrastructures de protection (digue, canaux de dérivation…), des techniques utilisant les énergies
renouvelables (panneaux solaires, éolienne...) ou des réglementations sur la pollution. La mise en place de ces
mesures peut être freinée par le retard économique de certain pays et par le manque de coopération dans ce
sens des acteurs concernés (pouvoir publiques, industrie).
[12]
Les ressources naturelles : accessibilité, surconsommation et dégradation
L’accessibilité aux ressources naturelles constitue également une inégalité environnementale. D’importantes
disparités au niveau de l’accès aux ressources existent entre les différentes régions du monde, notamment en
ce qui concerne l’eau potable.
En 2005, on constate que seul 22 à 67% de la population africaine a accès à l’eau potable dans une vingtaine
des pays d’Afrique (Annexe 3). Et 82 à 93% de la population en Asie et en Amérique du Sud ont accès à l’eau
potable. L’Afrique est donc la région la plus critique au niveau mondial sur l’accessibilité en eau potable à cette
époque.
Selon l’OMS, environ 37% des 884 millions individus n’aillant pas accès à l’eau potable vivent en pays en
développement. Le tableau présenté par l’OMS sur l’accessibilité à l’eau potable par les populations montre
une progression de ces chiffres entre 1999 (77%) et 2008 (87%) (Annexe 4). Tandis que l’on estime que
l’ensemble de la population des pays développés a accès à l’eau potable en 2008, 84% seulement en
bénéficient dans les pays en développement. Cette tendance était en 1999 de 71% dans ces mêmes pays, cela
montre malgré tout une meilleure l’accessibilité de l’eau potable pour les populations.
L’indice sur la disponibilité en eau distinguant des seuils de vulnérabilité (2500 m3/hab/an), de stress (1700
m3/hab/an) et de pénurie (1000m3/hab/an) n’est pas suffisant pour déterminer réellement l’accessibilité à
l’eau par les populations. Il doit être pondéré par la faculté des pays d’utiliser les ressources disponibles et par
leur faculté d’adaptation à leur situation vis-à-vis de l’eau. C’est la capacité à « produire » de l’eau utilisable par
les consommateurs là où il est nécessaire et quand il est nécessaire qui est plus difficile à déterminer.
L’élément essentiels en matière d’eau n’est pas tant le volume de ressource brute par habitant, que la capacité
à mobiliser la ressource au moment et à l’endroit requis. Les conditions naturelles et physiques sont loin d’être
le seul déterminant des conditions d’accès à l’eau d’un pays. Le lien existant entre le niveau de financement
d’infrastructures hydrauliques et la disponibilité effective de l’eau par habitant est manifeste.
Raisonner en usage mondial de l’eau par habitant permet d’établir que la disponibilité reste en grande partie
l’expression du fossé entre pays riches et pays pauvres. C’est ce que le PNUD dans son rapport sur le
développement humain de 2006 a nommé le « Water gap » ou « fossé hydraulique ».
[13]
L’indice de pauvreté en eau (IPE) permet d’avoir une vision plus fine pour les pays qui ont des indices globaux
semblables. Il prend en compte 5 facteurs : les ressources, l‘accès, les capacités, l’usage et l’environnement. On
attribue pour chaque critère une note entre 0 et 20 formant un total sur 100, plus l’IPE d’un pays est bas plus la
situation est critique (Annexe 5). La cartographie de cet indice exprime une opposition entre les riches et les
pauvres : les pays qui souffrent le plus d’une pauvreté en eau sont la plus parts les pays les plus pauvres
(Annexe 6). Les pays développés sont en situation favorable (France : 68; Finlande : 78). Les pays qui ont une
ressource limité en eau compensent par une forte capacité d’adaptation. En revanche parmi les pays africains,
on note des niveaux beaucoup plus bas (Niger : 36; Haïti : 35,1).
Les pays en situation difficile sont caractérisés par un manque de ressource et une difficulté d’y accéder.
Cependant, on distingue parfaitement sur cette carte de pauvreté en eau des régions où l’eau est abondante et
qui souffrent toutefois de problèmes hydriques. L’Afrique centrale par exemple, abrite le deuxième plus grand
fleuve du monde : le Congo, mais son IPE est faible. La République démocratique du Congo se trouve dans une
situation de pauvreté en eau critique car elle n’a pas les moyens de fournir un accès à l’eau à ses populations.
Seul 2% de sa population a accès à un réseau sanitaire régulier.
Les pénuries relatives concernent d’abord le continent africain qui n’est pas un continent pauvre en eau, mais
qui connaît en revanche un fort déficit d’infrastructures, particulièrement en milieu rural. Selon les chiffres de
la FAO, le Nigéria présenterait une consommation d’eau par habitant et par jour de 40 litres, le Burkina Faso et
le Niger de 30 litres, l’Angola, le Cambodge et l’Éthiopie de 20 litres et le Mozambique de 10 litres par jour, soit
moins que ce que l’OMS considère comme le minimum vital (20L/ habitant/jour).
Ceci alors que le Mozambique, par exemple, dispose de ressources en eau 3 fois supérieures à celles de la
France, et que moins de la moitié de la population dispose d’un accès minimal à l’eau. De même, le Brésil très
richement doté en eau (45 000m3/hab/an) n’approvisionne que les trois quarts de sa population et seulement
35 % des ruraux. À l’inverse, Singapour qui est un territoire aride, démontre une forte capacité de mobilisation
de l’eau avec un IPE comprit entre 62 et 68.
Le volume totale d’eau reste le même mais l’eau douce est très inégalement distribuée au niveau mondial et
régional, actuellement 1.6 milliard de personne vivent dans une situation de stress hydrique. Les pays en
développement sont en pénuries grave d’une part, en raison de la forte croissance de la population qui exerce
une pression sur les ressources disponibles et d’autre part, en raison d’un manque de moyen financier
nécessaire à la mise en place d’infrastructures adaptées pour soutenir cette croissance démographique et pour
garantir à tous un accès à l’eau potable et à des conditions de vie meilleure.
[14]
Le problème de l’accessibilité des ressources est lié une utilisation plus accrues de ces ressources et de la
dégradation du milieu naturel qui l’accompagne.
Dans les pays pauvres, la conjugaison de la pression démographique et de la pauvreté aboutit à une
dégradation généralisée des ressources naturelles. Le rapport Dasputo(2010) cité par Éloi Laurent montre que
faute d’accès au capital physique ou humain, la pauvreté conduit les populations des pays les moins avancés,
qui vivent à 70% en milieu rural, à exploiter pour en vivre le capital naturel à portée de main (forêt, poisson,
minerais). De même, ces pays bradent à des multinationales étrangères le droit de tirer profit de leurs
ressources naturelles avec les conséquences néfastes sur l’environnement. L’ONG Conservation International
estime qu’il y aurait 34 zones critiques pour la biodiversité mondiale, couvrant 2,3% de la surface du globe et
que cette richesse mondiale disparaît à un rythme soutenu.
Le développement de l’agriculture et de l’industrie dans un pays induit une pollution des terres du à un emploi
abusif d’engrais et de pesticides et leur contamination par les métaux lourds. L’industrialisation rapide des pays
en développement et l’apparition de nombreuses filiales de multinationales dans ces régions, se traduisent par
une forte pollution de l’atmosphère, des eaux et des sols dont les populations pauvres en pâtissent souvent le
plus.
En Inde par exemple, les pesticides et déchets industriels se répandent dans la nappe phréatique à tel point
que selon les estimations du Gouvernement 150 millions d’indiens sont en manque d’eau potable à l’heure
actuelle. Toujours en Inde, l’industrie Coca Cola est accusée de vider la nappe phréatique car les sodas qu’elle
produit consomment énormément d’eau (pour 1 litre de soda, il faut 9 litres d’eau). Par conséquent, les puits
d’eau se vident, les agriculteurs indiens ont de plus en plus du mal à trouver de l’eau et cela occasionne une
perte de terres cultivables pour ces derniers dont la majorité vie de l’agriculture (Pauline Pellissier - AMESSI;
2012).
La forte croissance de la population mondiale entraine une surexploitation des ressources pour satisfaire les
besoins en nourriture. Selon la FAO, en 2009, 1 023 millions de personnes étaient sous alimentées dont 98%
vivent dans les pays en développement. Deux tiers d’entre elles sont concentrées dans sept pays seulement
(Bangladesh, Chine, République démocratique du Congo, Éthiopie, Inde, Indonésie et Pakistan) et plus de 40%
d’entre elles vivent en Chine et en Inde. En Afrique, le nombre de sous-alimentés a plus que doublé, passant de
100 millions à la fin des années 1960 à près de 250 millions en 2009. Mais c’est dans la région de l’Asie et du
[15]
Pacifique que l’on compte le plus de personne touchées par la sous alimentation (642 millions). Les pays
développés eux représentent 15 millions de personnes sous alimentées (Annexe 7).
Selon les estimations, depuis 1950 la dégradation des sols a touché 500 millions d’hectares dont 65% de terres
agricoles dans le tiers monde. 27 millions d’hectares sont perdus chaque année du fait de la désertification
dans le monde ces dernières années (Nations-Unies, 1998). En 2006, on remarque que ce sont les pays
d’Afrique qui sont le plus touchés par la désertification des sols (annexe 8), une quinzaine d’entre eux sont
concernés par une désertification de plus de 0,5% de la superficie du pays par an. Le Moyen Orient et l’Asie
centrale sont également touchés par ce phénomène. Cette situation s’explique dans un premier temps par les
conditions climatiques (prolongation et alternance des saisons sèches et humides) et dans un second temps par
la mauvaise gestion des terres et leur surexploitation qui tendent à appauvrir le sol et à le rendre plus
vulnérables aux dégradations.
Depuis les années 1980, la production agricole d’Amérique centrale a augmenté de 32% alors que la
consommation de pesticides de la région a doublé. Comme le souligne le rapport GEO.2000, les feux de forêt
deviennent plus fréquents à la suite de la conjugaison de conditions atmosphériques défavorables et d’une
utilisation des terres qui rendent les zones vulnérables aux dégradations et plus sujettes aux incendies.
L’utilisation de techniques plus adaptées et la mise en place d’infrastructure permettrait la préservation des
sols, une gestion rationnelle des ressources et de meilleur rendement.
Généralement, la volonté de nourrir une population plus importante oblige à augmenter la surface de terre
cultivable au détriment de la forêt. Comme on le constate sur le graphique en annexe 9, près de 70 % des
zones déboisées ont été transformées en terres agricoles dans les années 1990. En Afrique plus de 50% des
surfaces déboisées sont utilisées comme terre agricole pour les petites exploitations, en Amérique Latine, se
sont 40% de ces de terres qui sont converties en terre agricole de grandes exploitations, tout comme en Asie
(environ 30% des terres). La déforestation est également liée à l’explosion de la consommation mondiale de
bois de chauffage qui a doublée depuis 50 ans à cause de la forte croissance démographique (Youness El Kadiri,
2003).
La déforestation modéré (0,5 à 1,5% de la superficie par an) ou élevée (plus de 1,5% de la superficie par an)
touche, elle, principalement l’Amérique du Sud, l’Europe, le bassin du Congo et l’Asie du Sud Est (Annexe 10).
[16]
Le phénomène de la déforestation a varié de 16 millions d’hectares par an dans les années 90 à environ 13
millions d’hectares par an au cours de la décennie écoulée. La variation nette de superficie forestière entre
2000 et 2010 est estimée à -5,2 millions d’hectares par an, alors qu’elle se situait à -8,3 millions d’hectares par
an de 1990 à 2000. Ces chiffres montrent une légère amélioration dans ce domaine. Toutefois, la perte de
forêts s’est surtout produite dans les pays et zones des régions tropicales, au cours des années 1980, 39
millions d’hectares de forêts tropicales ont disparu en Afrique (PNUE, 2000). Alors que les gains (reboisement)
ont été enregistrés en majorité dans les zones tempérées et boréales ainsi que dans certains pays émergents.
Ainsi, les Etats Unis et la Chine entre 2005 et 2010 connaissent un gain net comprit entre plus de 500 000 et
250 000 hectares de forêt tandis que le Brésil et l’Australie ont subit une perte nette supérieur à 500 000
hectares (Annexe 10).
Il apparait aujourd’hui qu’à cause de nos prélèvements toujours plus importants sur les réserves naturelles,
certaines populations d’espèces animales atteignent des seuils critiques. Les activités de pêche ont par
exemple de fort impact sur la biodiversité. Les pratiques de pêches sont généralement très invasives et non
durables (utilisation de poison et de dynamite près des récifs de corail, matériel de pêche non sélectif qui
capture des mammifères marins, des espèces de rebut ou de trop petits poissons, chalutage de fond).
L’ensemble de ces techniques perturbent les écosystèmes marins et sont à l’origine de la modification de la
répartition et de la taille de certains poissons. En 1990, près de la moitié des stocks étaient exploitée au
maximum de leur potentiel durable et était donc potentiellement sur le point d'être surexploitée et 18% des
stocks était surexploités (annexe 11). Les prises de poissons de l’Atlantique quant à elles ont diminué passant
de 2,5 millions de tonnes en 1971 à moins de 500.000 tonnes en 1994 (PNUE, 1999). Ces prélèvements
induisent des bouleversements des milieux naturels, déstabilisants leur organisation et en épuisant les
ressources, ressources parfois vitales pour certaines populations.
2) Mondialisation VS Environnement
La globalisation de l’économie engendre des exportations sans cessent croissantes. Ces exportations
dépendent en grande partie des ressources naturelles. Depuis quelques années, l’utilisation de presque toutes
les ressources naturelles exploitables a augmenté. Par ailleurs, le niveau de consommation des pays
industrialisés et, des nouvelles économies émergentes, comme la Chine et l’Inde, ne peut être soutenu qu’en
convoitant les ressources naturelles du tiers monde (Eduardo Gudynas, 2007). Au Brésil par exemple, les
[17]
matières premières représentaient 60% des exportations totales en 2005 (Eduardo Gudynas, 2007). En d’autres
termes, plus de la moitié des exportations sont des ressources naturelles ce qui exerce une pression énorme
sur l’environnement.
La demande en ressource naturelle
Dans le monde, la dégradation de la forêt se poursuit à un rythme particulièrement inquiétant, notamment
dans les grands bassins de forêts primaires de l’Amazonie, du Congo et de l’Indonésie. Chaque semaine,
200 000 hectares de forêts tropicales disparaissent (Jacques LEGUEN, 2010). Ces coupes massives sont
destinées à remplacer des plantations industrielles (palmier à huile, soja….). La déforestation est, le plus
souvent, provoquée par la forte demande des pays développés en papier, carton, en contreplaqué, en bois de
charpente et en bois d'œuvre… Selon le gouvernement brésilien, 80 % de la déforestation de l'Amazonie serait
attribuable à l'élevage de bétail. Quant à la déforestation de l'Indonésie, elle serait plutôt liée à la forte
demande en huile de palme et la production de pâte à papier utilisée entre autre pour l’emballage de jouet
d’entreprises telles que Mattel, Disney, Hasbro et LEGO (Greenpace, 2011).
Parmi les conséquences de la mondialisation sur l’environnement, les auteurs de la synthèse Mondialisation et
développement durable: les effets économiques, sociaux et environnementaux de l’ouverture commerciale –
Application aux pays du Maghreb et du Proche-Orient (Lahsen Abdelmalki, Hakim Ben Hammouda, Karima
Bounemra Ben Soltane, Anna Lipchitz, Nassim Oulmane, Mustapha Sadni Jallab, René Sandretto, 2008) relèvent
les effets d’échelles, de composition et technique (Grossman et Krueger, 1993, cité dans l’article). L’effet
d’échelle correspond au fait que l’augmentation des productions du à la libéralisation des échanges induit
directement une augmentation de la pollution. L’effet de composition se fonde sur le principe de la
spécialisation des pays dans la production de biens dont ils sont le mieux doté. L’effet technique suit l’idée que
la libéralisation et les IDE peuvent permettre la diffusion des nouvelles technologies plus respectueuse de
l’environnement et que l’augmentation des revenus provoquée par la libéralisation des échanges peut
entrainer une volonté de préservation de l’environnement. Il est complexe de déterminer clairement si oui on
non la mondialisation à plus d’impact négatif que positif sur l’environnement. Antweiler, Copeland et Taylor
(2001, cité dans l’article) montre que si le libre échange provoque un effet d’échelle négatif pour
l’environnement, l’effet technique permet de le compenser par un résultat positif.
[18]
Cependant si l’on s’intéresse aux effets des catastrophes pétrolières, on peut douter de l’application de ce
schéma. En effet, l’exploitation des gisements de pétroles et l’acheminement du produit par bateaux, malgré
les techniques qui ont pu être développées dans ce domaine, n’est pas dénué de risque pour l’environnement.
En décembre 1999, le naufrage de l’Érika fut une catastrophe écologique sans précédent ayant entraîné la
pollution de 400 Km de Côtes du Finistère à la Charente-Maritime avec 37 000 tonnes de fioul lourd. Cette
catastrophe a occasionné la mort de 150 000 à 300 000 oiseaux et engendré 250 000 tonnes de déchets
(Greenpeace, 2000).
Plus récemment, en Avril 2010, l’impact de la catastrophe pétrolière subie par la multinationale BP dans le
Golfe du Mexique, a une dimension mondiale et remet en question la sécurité des plates-formes pétrolières.
Selon les autorités américaines, la facture totale de la catastrophe dépasserait 14 milliards de dollars US. Cette
catastrophe avait provoqué une terrible marée noire dans le golfe du Mexique, l’équivalent de 4,9 millions de
barils s’est déversé en mer après l’explosion. C’est tout un écosystème qui s’est trouvé pollué causant la
disparition de nombreux habitats naturels (1700 km de côtes souillées par le pétrole), la mort de nombreux
animaux (6000 oiseaux tués, 153 dauphins retrouvés morts sur la côte). En plus des conséquences écologiques,
cette catastrophe a eu de forte répercussion sur l’économie locale en engendrant la pollution des zones de
pêche ou par la destruction des bancs d’huitres.
Ces marées noires, spectaculaires par leur envergure et dont leurs impacts sur l’écosystème perdurent pendant
de longues années, remettent en cause l’exploitation et la gestion des ressources fossiles et épuisables.
On constate sur le graphique en annexe 12, que la consommation mondiale en pétrole ne cesse d’augmenter
aussi bien dans les pays développés que ceux en développement surtout en Asie. Certain pays comme
l’Amérique du Nord connaissent des records de consommation d’essence entre 2002 et 2007, atteignant 25
millions de baril/jour alors qu’à la même époque l’Afrique utilisait moins de 5 millions de barils/ jour.
On remarque cependant que la consommation des pays développés (Europe, Amérique du Nord) a tendance à
stagner, voire même a diminuer (23 millions de barils/ jour en 2009 pour l’Amérique du Nord, et 20 millions de
barils/jour en Europe pour la même année). A l’inverse, à partir de 2006, la consommation de l’Asie dépasse
celle de l’Amérique du Nord et de l’Europe (plus de 25 millions de barils/jour) pour atteindre en 2010, une
consommation de 27 millions de barils/jour. Dans une moindre proportion, on note depuis les années 2000,
une légère progression de la consommation d’essence de l’Afrique (2010 : 4 millions de barils/jour, de
l’Amérique du Sud (2010 : 6 millions de barils/jour) et du Moyen Orient (2010 : 8 millions de barils/jour).
[19]
Ces évolutions s’expliquent en partie par la prise de conscience des problèmes environnementaux par les
populations des pays développés, et qui ont donc tendance à rationnaliser leur consommation d’essence
personnelle. Tendance appuyée par la hausse du prix d’essence à la pompe qui impact fortement les revenus
des ménages, ce qui limites donc leur consommation d’essence dans un souci d’économie. La hausse de la
consommation des pays émergents s’expliquent par le développement des pays entrainant de nouveaux
modes de consommations dont l’achat de voiture.
Notre consommation exponentielle est la cause de l’épuisement des ressources. Mais cette consommation est
inégalement répartie sur la planète, ainsi « le quintile de la population qui vit dans les pays à revenu le plus
élevé représente 86% des dépenses totales de consommation privée alors que le quintile le plus pauvre n’en
représente que 1,3%. » (PNUD, 1998, Brown Lester revenu, Flavin Christopher, French Hilary et al. State of the
World, 2001 cité dans le Rapport du module environnement et mondialisation). On peut également souligner le
fait que 58% du total des ressources énergétiques sont consommés par les populations des pays industrialisés
tandis que le quintile le plus pauvre de la population mondiale des pays en développement en consomme
moins de 4%. Il en est de même pour les véhicules, 87% consommés dans les pays industrialisés contre moins
de 1% pour les plus pauvres (Annexe 12). Les pays en développement fournissent les matières premières mais
leur population les plus pauvres n’en font pas la consommation, ils ne font que subir les impacts de l’utilisation
des ressources indispensables à leur survie.
Dans les pays industrialisés la consommation de biens de seconde nécessité explose (ordinateur, voiture…).
Cette consommation est présente dès lors que le pays se développement et que la population a les moyens
financier d’accéder à une offre plus large de bien. Seul un changement des modes de consommation pourrait
freiner ces abus de consommation et permettre la préservation des ressources naturelles.
La valeur de l’environnement
Comme l’avait souligné Eduardo Gudynas, certains reconnaissent la gravité des problèmes environnementaux,
mais considèrent la mondialisation comme un phénomène inévitable. Ils préconisent de faire entrer la nature
sur les marchés mondiaux et de la gérer aux moyens des mécanismes économiques.
[20]
Si on ne peut échapper à la mondialisation, il est possible de chiffrer le préjudice qu’elle entraine sur
l’environnement, c’est le concept de la dette écologique. Selon Joan Martinez Alier (cité par Cyria Emelianoff),
elle se définit comme étant « la dette accumulée par les pays du Nord industrialisés vis-à-vis des pays du tiersmonde en comptabilisant le pillage des ressources, le commerce inéquitable, les dégâts environnementaux et
l'occupation de l'espace environnemental pour y déposer des déchets ». Elle est basée sur 5 composantes
principales : le pillage des ressources naturelles; l’utilisation des milieux les plus fertiles pour les cultures
d’exportation; l’exportation vers les pays du Sud de déchets toxiques; d’activités à risques et polluantes;
l’appropriation de l’espace environnemental planétaire et des capacités d’auto épuration de la planète et la
biopiraterie par l’agro industrie et l’industrie pharmaceutique (dépôt de brevet sur les savoir traditionnel).
Lorsque l’on compare cette dette écologique avec la dette financière des pays du Sud, on constate que cette
dernière est largement inférieure à la dette écologique. Sur le plan politique, c’est un fait avancé afin de
parvenir à l’annulation des dettes financières de ces pays. Néanmoins, pour les mêmes raisons qui font qu’il est
impossible de quantifier précisément la valeur de la nature, il est impossible de chiffrer celle de la dette
écologique. Toutefois, on peut apporter une estimation de cette dette qui permet de donner un ordre de
grandeur des dommages causés.
Cette notion remet en cause le bien fondé du mode de vie occidental et l’inégalité qu’il instaure, avec une
appropriation d’une grande partie des ressources naturelles et leur dégradation globale par les pays riches au
détriment d’autres peuples qui ne font pas le poids face aux grandes puissances économiques. Mais il est
difficile à croire qu’un jour la communauté internationale reconnaisse avoir une dette écologique envers les
pays pauvres du à leur propre développement et leur excès dans l’exploitation de l’environnement. En
admettant leur culpabilité, les pays concernés seraient alors amenés à prêter une plus grande attention à la
sauvegarde de l’environnement et non plus à prendre en considération uniquement les profits économiques.
Favoriser la conservation plutôt que l’exploitation de la biodiversité
Si la dette écologique n’est pas encore reconnue et validée par la communauté internationale, certain pays
tentent tout de même de provoquer un changement. Ainsi, en Équateur, le projet Yasuni-ITT a pour but de
lutter contre le réchauffement climatique : alors que l’économie du pays est largement basée sur l’exploitation
du pétrole (2008 : 22,2% du PIB, 63,1% des exportations), le gouvernement décide de ne pas exploiter plus de
850millions de barils de pétrole situé dans le parc Yasuní, réserve naturelle comportant une des plus riches
biodiversité du monde. Il renonce donc à environ 7milliard de dollars qu’aurait pu lui rapporter l’exploitation
[21]
de ces réserves. En échange de cette non exploitation, l’Équateur en se basant sur le principe de la
coresponsabilité des problèmes environnementaux, demande à la communauté internationale une
contribution de 50% des revenus qu’il aurait reçut en exploitant ce pétrole. Cette demande s’appuie sur le fait
qu’en renonçant à utiliser ce gisement, l’Équateur favorise la conservation la biodiversité en Amazonie, ce qui
induit des bénéfices pour l’ensemble de la planète. Il serait donc logique que les pays riches, les plus pollueurs,
les aides dans le processus de conservation de la biodiversité donc les conséquences sont multiples : réduction
des émissions de CO2, préservation des forêts, des sols, des conditions de vie des peuples autochtones.
Cette proposition s’appuie sur la volonté d’instaurer de nouveaux modèles de développement : « basé sur le
respect des droits de la nature (reconnus dans la nouvelle Constitution de 2008), l’équité sociale et l’utilisation
de manière soutenable des ressources. » (Matthieu Le Quang,). Pour mettre en place ces nouveaux modèles,
les fonds du projet Yasuni-ITT seront « investi exclusivement dans le développement de sources renouvelables
d’énergie hydraulique, géothermique, éolienne ou solaire avec comme objectif un changement de la matrice
d’offre énergétique et productive réduisant l’utilisation des combustibles fossiles. » (Matthieu Le Quang,)
Cependant ce projet, même s’il bénéficie de l’appuie d’organisations internationales (PNUD, ONU) et de
certains pays européens (Allemagne, Norvège), se heurte à un manque d’engagement de l’ensemble de la
communauté internationale et aux divergences d’opinions au sein même du gouvernement équatorien. De
plus, face au très puissant lobby du pétrole, il est difficile d’établir avec certitude que ces réserves seraient un
jour définitivement ‘’retirées’’ du marché pétrolier.
Si ce projet parvient à aboutir, cela signifiera alors, que plutôt que d’exploiter les réserves fossiles disponibles
jusqu’à leur épuisement, nous favorisons la recherche et l’utilisation de nouvelles énergies. L’environnement
aura alors la priorité sur l’économie, entrainant alors une réduction des inégalités environnementales et les
inégalités en générale.
3) Améliorer le niveau de développement humain pour prévenir les inégalités
environnementales
Éloi Laurent, énonce dans son article (Écologie et inégalités, 2009) que l’objectif de l’écologie politique
pourrait, au moyen des ressources accumulées par les instances publiques, permettre au plus grand nombre
d’accéder au développement humain (revenu, éducation, santé) de manière durable.
[22]
Il établit ici un lien entre les inégalités de développement humain et les dégradations de l’environnement dans
le pays en développement. En effet, faute de capital physique ou humain, les populations sont poussées à
exploiter le capital naturel disponible. Mais cette exploitation conduit à de graves dégradations
environnementales dont les populations sont les premières victimes. Il souligne qu’en l’absence d’institution
encadrant ces exploitations, il est aisé pour des industries d’exploiter également ses ressources à bas prix avec
des conséquences toutes aussi graves. Il semble que l’instauration d’institutions économiques efficaces dans le
processus de développement serait un moyen de protection des ressources naturelles mais sans garantir pour
autant un ralentissement certain des dégradations environnementales et des pollutions.
En s’intéressant au phénomène des catastrophes naturelles, on peut remarquer que les inégalités de
développement exposent les populations des pays pauvres à des situations de crises majeures à la suite d’une
catastrophe environnementale. Le rapport de synthèse (GIEC, 2007, cité par Eloi Laurent dans son article), met
en avant le fait qu’il est important de prendre en compte les interactions entre systèmes terrestre
(changement de températures, variation de précipitation, ressource en eau…) et le système humain
(gouvernance, niveau d’éducation, de santé, démographie…).
Selon les Nations Unies, « les capacités d’adaptions au changement climatique sont intimement liées au
développement économique et social alors que celui-ci n’est pas réparti de manière équitable entre et au sein
des sociétés ». Les pays les plus pauvres produisant la plus faible part des émissions de CO2 seront parmi les
plus touchés par le changement climatiques dans les années à venir.
Alors que le nombre annuel de désastres naturels a augmenté depuis 1970, le nombre de victimes lui a baissé
grâce au progrès du développement et de la démocratie. Selon Sen, la démocratie a un rôle protecteur contre
les effets des catastrophes naturelles. Les responsables sociaux ne peuvent se dégager de leur responsabilité,
la société est organisée, les moyens de subsistance sont présents. Les catastrophes naturelles peuvent être
rapprochées à des catastrophes sociales dont la gravité dépend du degré d’égalité de la société qui doit les
affronter.
Les auteurs du Rapport du module environnement et mondialisation font le lien entre la pauvreté et la
dégradation des ressources. Dans les pays en développement, près de 60% de la population n’ont pas accès à
l’assainissement de base et 25% n’ont pas de logement correct. Ainsi, les pays pauvres ne disposant pas
[23]
d’infrastructures d’assainissement adaptées sont témoins de problèmes sanitaires graves, on peut faire ce
constat surtout à la périphérie des villes. Les fleuves se transforment en égout, se qui provoque une pollution
des sols et des eaux en aval des villes. Selon le PNUD, 2 milliards d’hectare des sols de la planète subissent des
dégradations aussi bien par pollution sanitaire que par l’utilisation de pesticide, d’engrais ou par les rejets de
produits chimiques par les industries. « On constate alors de graves problèmes de maladies et d’infection
auprès des populations pauvres, des problèmes de productivité agricole et donc de développement
économique, ce qui les fait alors entre dans un cercle vicieux de la misère ».
Bref, les inégalités de développement humain, et plus exactement la pauvreté monétaire et de « capabilité »
au sens de Sen, accroissent les dégradations de l’environnement dans les pays en voie de développement (Éloi
Laurent, 2009)
III- L’inégalité environnementale en Amérique latine
1) Constat global
Dans les pays en développement, la priorité et de préserver l’environnement tout en maintenant la croissance
économique. La population pauvre fortement dépendante de son milieu naturel doit pour subvenir à ces
besoins par une exploitation durable des ressources naturelles ou par le développement d’autres activités
générant un revenu lui permettant d’épargner l’environnement.
Mais, les économies des pays d’Amérique latine reposent pour la plupart sur le développement du secteur des
exportations et l’afflux des capitaux étrangers sans qu’il soit fait le moindre cas de leurs conséquences sur
l’environnement.
L’Amérique Latine est confrontée aujourd’hui à de nombreux défis liés à l’environnement et découlant de la
mondialisation. Le flux des exportations ne cesse de croître et repose en grande partie sur les matières
premières et les ressources naturelles peu traitées et à faible valeur ajoutée. L’exploitation de ces ressources
entraîne des conséquences néfastes pour l’environnement mais aussi pour la population.
Au Brésil et dans d’autres pays du Cône Sud, les matières premières représentaient 60% des exportations
totales de 2005. Sous l’angle de l’économie écologique, 86% des exportations du Chili concernent des matières
[24]
premières, 85% dans le cas du Pérou et, 89% dans celui de la Bolivie (Eduardo Gudynas, 2007). Pour l’auteur,
les plans actuels d’interconnexion des réseaux routiers et énergétiques tendent à renforcer cette tendance
puisqu’ils ouvrent à l’exploitation différentes zones vierges, en particulier dans les tropiques, et qu’ils les
relient aux ports océaniques. Ce qui fait dire à ce dernier, que l’Amérique latine reste enchaînée à la
mondialisation.
Un des principaux enjeux de ce continent est la préservation de ces forêts tropicales. En 2010, près de 49% des
terres de la région Amérique latine et Caraïbes étaient recouvertes de forêts. On estime à 891 millions
d’hectares leur étendue, ce qui équivaut à environ 22% de la superficie forestière mondiale (FAO, Situation des
forêts du monde, 2011). Entre 1990 et 2005, la surface de déboisement au Brésil a été de 3 466 mille
hectares/an. Le Pérou, l’Argentine et la Bolivie sont concernés par un déboisement d’un million d’hectare/ an
sur la même période (Annexe 14). En 2007, on a pu constater une déforestation exceptionnellement rapide en
Amazonie (Août: 243 km², Septembre: 611 km², Octobre: 457 km², Novembre : 974 km², Décembre : 948 km²).
L'explication en serait l'explosion de la demande en agrocarburants. On constate une amélioration de
seulement 0.1% de la variation annuelle de la superficie forestière en Amérique Latine et dans les caraïbe entre
la période 1990 – 2000 (- 0.47%) et la période 2000 – 2010 (- 0.46%) (Annexe 15).
En revanche, on peut constater que la variation annuelle de la superficie forestière affectée à la conservation
de la biodiversité dans la même région à doubler entre 1990 – 2000 (2,29%) et entre 2000 – 2010 (4,47%)
(Annexe 15). Ce qui place cette région du monde largement au dessus de la moyenne mondiale (1990 – 2000
(1,14%); 2000 – 2010 (1,92%). On en déduit que même si la déforestation reste un fléau très présent dans cette
région du monde, il y a une tendance à vouloir préserver la richesse de la biodiversité de ces milieux.
Cependant, selon Timoty Killen, un chercheur américain cité par Eduardo Gudynas, les problèmes
environnementaux qui se posent en Amazonie sont terrifiants : selon toutes probabilités, seuls 30% à 40% de
l’Amazonie pourront être préservés. L’analyse du chercheur met en exergue de nombreux exemples de
mécanismes pervers de la mondialisation actuelle et de ses effets néfastes sur l’environnement.
2) Le cas du Brésil
Le Brésil est devenu en quelques années un acteur économique mondial de taille. Le FMI juge à 7,1% sa
croissance en 2010. Cependant, l’équilibre entre croissance et respect de l’environnement ne semble pas avoir
été trouvé. Pour rappel, le Brésil abrite un tiers des forêts tropicales humides de la planète, le plus grand
[25]
réservoir naturel d’eau douce (20% des réserves mondiales) ainsi qu’une savane recelant la plus importante
biodiversité du monde (J. Charles Batenbaum, 2009).
Pour garantir ses besoins en électricité sans cesse croissants, de colossaux projets de barrages hydroélectriques
sont en chantier. Ce choix énergétique fait polémique puisqu’il entraînerait déforestation et menaces pour les
tribus indigènes (dommages culturels, sociaux et écologiques).
Le gouvernement brésilien a lancé en 2007 le complexe hydroélectrique du Rio Madeira qui a pour objectif
d’assurer une partie des besoins énergétiques du pays en construisant plusieurs barrages, dont certains
proches de la frontière bolivienne. Selon les initiateurs de ce projet, « ils permettraient de combler les besoins
croissants du Brésil en électricité, assurant ainsi son indépendance énergétique sans augmenter pour autant les
émissions de gaz à effet de serre » (Petitjean Olivier, 2009). Pour promouvoir ces installations, ils soulignent le
fait que la réalisation de ces barrages s’appuie sur des « technologies et procédés les plus avancés pour
minimiser les modifications du débit du fleuve et la taille des retenues d’eau créées » (Petitjean Olivier, 2009).
Une étude d’impact environnementale a été réalisée, mais celle-ci s’est limitée à l’impact local du projet et non
pas à l’échelle régionale, et surtout sans prendre en compte les conséquences des barrages à court et à long
terme, et sur les petites rivières en amont situées sur le territoire bolivien. Selon des scientifiques, les risques
de submersion temporaire ou permanente de ces zones en amont sont très élevés. En Bolivie, la forêt vierge,
sa biodiversité et les populations locales qui dépendent des écosystèmes pour leur survie sont menacés par ces
barrages. Ils remettent en cause la culture de noix du Brésil dont la Bolivie est le premier exportateur mondial
et qui dépend entièrement de la conservation de la forêt primaire, mais ils menacent également les
productions agricoles traditionnelles.
Ce complexe hydraulique s’inscrit dans des projets régionaux encore plus larges. Des projets de liaisons
routières entre les villes de l’Amazonie visant à faciliter le transport des produits agricoles ou miniers issus de
l’Amazonie est l’un des objectifs de l’Initiative pour une Intégration Régionale de l’Amérique du Sud (IIRSA)
mise en place en 2000 par 12 pays du continent. Cette initiative a pour but de « développer les ressources
énergétiques et les réseaux de transports et de communications au niveau de l’Amérique du Sud. L’un de ses
objectifs fondamentaux est d’ouvrir l’Amazonie, conçue comme une vaste zone d’agriculture intensive (soja et
élevage), de grands projets hydroélectriques et d’extractions de minerais, au commerce international»
(Petitjean Olivier, 2009).
[26]
Avec ces projets, l’Amériques de Sud espère se relier plus directement aux États Unis, à l’Europe et à la Chine.
Le développement et la croissance de l’Amérique Latine est l’objectif final de cette initiative afin que le
continent prennent une large place dans l’économie mondiale. La dégradation de l’environnement et toutes les
conséquences qu’elle peut induire ne semble pas constituer un frein à cette course à la croissance.
Mais le Brésil c’est aussi, depuis 2009, le deuxième producteur mondial d’OGM et un utilisateur assidu de
pesticides, quatrième facteurs d’intoxication humaine dans le pays selon l’Agence Nationale de Vigilance
Sanitaire. Alors que les biocarburants avaient été vendus aux opinions publiques occidentales comme une
alternative verte au pétrole, ils sont vite apparus comme un désastre environnemental et une menace de
famine.
En 2011, 30,3 millions d’hectare étaient destinés à la culture OGM, plaçant ainsi le Brésil en seconde position
parmi les pays producteur d’OGM dans le monde, juste derrière les États Unis (69 millions d’hectares. Annexe
16). L’Argentine et l’Inde avec respectivement 23,7 et 10,6 millions d’hectare de culture OGM font également
partie des plus gros producteurs d’OGM.
Au Brésil, le gouvernement de LuLa Da Silva a fait de la culture OGM une priorité politique, encourageant le
déboisement de la forêt tropicale pour ce type de culture. Le 24 mars 2005, il signait la loi sur la biosécurité,
qui facile l’autorisation de cultures transgéniques, pour entre autre maintenir une compétitivité des
producteurs de soja brésilien face aux exportations américaines.
Le vote de cette loi est le résultat d’années de pressions subit par le gouvernement brésilien de la part des
industriels des biotechnologies soutenus par le gouvernement américain. « Cette loi étend considérablement
les pouvoirs et les responsabilités de la Commission Technique Nationale de Biosécurité, CTNBio, lui
permettant d’autoriser un OGM sans requérir d’étude d’impact environnemental ou sanitaire » (Arnaud
Apoteker, Brésil transgénique ?, 2005). Elle favorise donc nettement le secteur agroalimentaire brésilien, en
particulier en ce qui concerne la production de soja OGM (soja Roundup Ready), l’exportation de ce soja a en
effet rapporté 10 milliard de dollars au pays en 2004. L’explosion de la culture de soja au Brésil est liée à la très
forte demande aussi bien pour l’alimentation humaine qu’animale. Selon l’auteur, « la culture de soja brésilien
(OGM ou conventionnel) devrait continuer à augmenter parce que les producteurs brésiliens sont hautement
compétitifs et que la demande interne devrait continuer à croître ». (Arnaud Apoteker, 2005).
[27]
Les cultures de soja, sont maintenant considérées comme une des principales causes de la déforestation de la
forêt amazonienne. « Les surfaces plantées en soja ont augmenté à une moyenne annuelle de 13,8 % pendant
les trois dernières années et atteignaient 16,5 millions ha en 2003 ». (Arnaud Apoteker, 2005).
La progression du défrichage de la forêt tropicale était devenue si alarmante que le gouvernement brésilien a
dû l’avouer publiquement. La Ministre de l’Environnement de l’époque Marina Silva se trouvait même en
désaccord avec le Ministre de l’Agriculture qui a encouragé la culture de soja ou celle de canne à sucre pour la
production d’éthanol dans une région de l’Amazonie sur des terres déclassifiées. Selon l’hebdomadaire
Horizons et débats, dans la pratique la production de l’éthanol signifie le défrichage de la forêt tropicale pour
remplir les réservoirs des voitures des pays riches avec du diésel à base de soja, d’éthanol ou de canne à sucre.
Pour satisfaire la demande, on choisit donc de sacrifier une partie de nos ressources naturelles. Cette situation
est paradoxale, puisque cette dégradation est faite dans le but de développer les « énergies vertes », dont
l’utilisation est censée protéger l’environnement. Mais si l’on doit détruire la biodiversité pour créer ces
énergies, on peut se demander en quoi cette pratique favorise la préservation de l’environnement.
Le Brésil est aussi une grande puissance agricole, si la perte de 17% de la forêt amazonienne peut sembler un
juste prix à payer pour le développement du pays, il faut considérer que c’est en fait 50% de ceT écosystème
qui est soumis à la pression humaine (Federico Labanti et al, 2010). La forte concentration du pouvoir
économique dans le secteur de l’agro-industriel et l’occupation exclusive d’États entiers par certaines activités
(comme l’élevage bovin et, la culture du soja dans la Mato Grosso) ont des répercussions importantes sur
l’environnement et sur les peuples indigènes dont les gains de ces activités ne leur profitent guerre.
Les progrès de l’agriculture et de l’élevage au Brésil ont été obtenus au prix d’une colonisation massive des
grandes étendues de forêts. Malgré la grande disponibilité en terres, l’essentiel de la population ne profite que
marginalement des immenses profits qui en sont issus et les situations d’exclusion économique et sociale sont
très fréquentes. L’indice de Gini sur l’inégalité au Brésil (0,6%, Simone Cecchini; Novembre 2009) illustre bien
cette situation. On constate de nombreuses situations d’inégalité engendrées par ces dynamiques, allant du
petit producteur, écrasé par l’industrialisation des grandes firmes et par le pouvoir des monocultures sur le
marché, jusqu’aux paysans sans terre qui attendent depuis des années la mise en place de la réforme agraire,
en passant par la main-d’œuvre rurale bien souvent réduite en esclavage.
[28]
Certes, la déforestation au Brésil peut être considérée comme une pratique traditionnelle, tout comme
l’agriculture de subsistance qui permet depuis des siècles aux populations autochtones de répondre aux
besoins des familles et groupes sociaux. Aujourd’hui le contexte est très différent, la mécanisation, le
gigantisme du marché d’exportation pour les produits agricoles, l’appauvrissement et l’abandon de
nombreuses terres surexploitées ont conduit le processus de déforestation
dans l’impasse ayant pour
conséquence l’intensification de l’érosion du lit des rivières, l’accumulation de sédiments et l’obstruction des
cours d’eau, la contamination de l’eau potable par les produits chimiques, mettant ainsi en danger la vie des
populations pauvres comme en témoignent les multiples glissements de terrains observés ces derniers temps
au Brésil occasionnant des victimes importantes.
3) Le cas du Mexique
Bien que le Mexique soit considéré comme l’un des 12 pays de la planète disposant de la plus grande diversité
biologique, son modèle de développement économique conjugué à une forte croissance démographique
exerce une pression sans précédente sur les écosystèmes naturels (un tiers des forêts tropicales ont disparu au
cours des 20 dernières années (PND 2000-2006). Le Mexique est désormais l’un des pays où la superficie des
forêts détruites est la plus grande.
Le pays subit depuis les années 1980 de nombreux changements structurels. La participation du Mexique au
dynamisme de l’économie internationale se traduit par sa modernisation. Celle-ci s’étendant aux secteurs de
base de l’économie : l’électricité, gaz, pétrole, sidérurgie, chemin de fer…76% du montant de ces opérations
ont été financés par des investissements étrangers (Chevallier, 2002) renforçant ainsi le degré de pénétration
de la mondialisation.
La dégradation de l’environnement suite au modèle de développement adopté est devenue un problème
crucial et la plupart des études font état d’une dégradation alarmante des ressources naturelles stratégiques.
Les pratiques agricoles intensives non durables ont entraîné une forte érosion des sols et une désertification
qui touchent environ 60% des terres arables (Luzuma Fabiola Nava Jimènez; mars 2009). La pêche industrielle
est à l’origine de la surexploitation et de la diminution de nombreuses espèces marines à valeur commerciale
et de ce fait de l’épuisement de zones de pêches au détriment de la pêche traditionnelle dont dépend la survie
d’une majorité de la population rurale.
[29]
Au Mexique, la question de l’eau devient problématique en raison de la surexploitation des aquifères. En
somme, 10 millions de mexicains n’ont aucun accès à l’eau potable quand on considère l’inégale répartition des
ressources en eau, la concentration de la population et le poids économique de chaque région (Luzuma Fabiola
Nava Jimènez; mars 2009). Les réserves en eau de la ville de Guadalajara qui contribue à 37,6% du PIB du pays
sont en train de diminuer à un rythme de 6km/an (Luzuma Fabiola Nava Jimènez; mars 2009), ce qui selon les
experts pourrait entraîner à la fois de graves problèmes d’approvisionnement en eau et provoquer un
ralentissement du dynamisme économique.
La capitale du pays, Mexico est réputée pour sa pollution atmosphérique, en 1992 les Nations Unies décrivaient
l’atmosphère de la ville comme étant l’une des plus polluées de la planète. Cela malgré l’adoption de
rigoureuses mesures antipollution 10 ans auparavant qui n’ont pas eu d’impact notable sur le smog planant sur
la ville. Cette pollution de l’air s’explique entre autre par la croissance industrielle, la croissance
démographique, l’augmentation du nombre de véhicules (environ 3,5 millions de véhicules dont 30 % datent
de plus de 20 ans dans les années 2000).
Le gouvernement a mit en place dans les années 1990, 2 programmes contre la pollution de l’air (PIICA et
PROAIRE) comportant des mesures comme l’interdiction d’utiliser les voitures privées un jour par semaine. Ces
mesures ont permit de maitriser les émissions de plomb, de CO2 et d’autres gaz, mais on peut toujours
constater des niveaux de pollution générés par d’autres polluants, supérieurs aux normes de qualité de l’air. A
la suite de ces programmes, PROAIRE 2002–2010 est mit en place pour répondre aux problématiques
environnementales sur le long terme. Il a été basé sur une étude des liens entre la qualité de l’air, la santé et
les coûts financiers, et tente de répondre à des questions telles que : « quelle valeur économique attache-t-on
aux avantages découlant de la réduction de la pollution atmosphérique ? ».(Michelle Hibler ; 2003)
Pour cela, les chercheurs se sont concentrés sur les dangers que représentent la pollution par l’ozone et par le
PM10. Le PM10 est une particulaire inhalable (0,01 millimètres) qui provient de diverses sources (construction
routière, fumée d’échappement, feux de forêts, déchets urbains brûlés en plein air…). Ces deux composants
sont à l’origine de différents problèmes de santé (irritation des yeux, troubles respiratoires, affections
cardiovasculaires et peuvent entraîner des décès prématurés).
Les résultats de la recherche révèlent que la réduction du PM10 est la mesure qui procurerait les avantages les
plus remarquables sur le plan économique: « toute réduction d’un microgramme par centimètre cube
représenterait environ 100 millions $US par année. Une réduction d’aussi peu que 10 %de l’ozone et du PM10
entraînerait des « économies » moyennes de 760 millions $US par an » (Michelle Hibler ; 2003).Mais également
[30]
sur le plan humain avec « une diminution de 33 287 consultations d’urgence pour troubles respiratoires en
2010, de 4 188 hospitalisations pour les mêmes malaises et 266 décès infantiles de moins par année».
(Michelle Hibler ; 2003)
Cette recherche met en avant le fait que la préservation de l’environnement ne s’accompagne pas seulement
de contraintes, mais qu’elle génère également des bénéfices. Les coûts de mise en place de ces mesures et le
manque à gagner en choisissant, comme l’Équateur, de ne pas exploiter les ressources naturelles peuvent être
« remboursés » par les bienfaits que ces décisions engendres. Une population aillant accès à un environnement
sain est apte à travailler, permettant le développement économique du pays, il y a moins de personnes malade
à prendre en charge. Ces questions sont essentielles dans les pays en développement où la destruction de
l’environnement au profit de la croissance entraine les populations les plus vulnérables dans le cycle de la
pauvreté sans qu’elles puissent, elles aussi, profiter des bénéfices liés à la croissance.
L’Amérique du Sud, composées par des pays émergents comme le Brésil, est concernée par ces
problématiques. Ces pays voulant prendre part aux échanges mondiaux doivent faire face à la fois à la difficulté
de s’insérer dans une économie mondiale dirigée par de grandes puissances, mais aussi à la question de la
préservation de l’environnement, notamment au niveau des inégalités environnementales. Question que les
pays riches n’avaient pas à prendre en compte du temps de leur propre développement.
[31]
Conclusion
La question clé objet de notre réflexion est comment concilier la croissance économique née de la
mondialisation et la protection de l’environnement pour plus d’équité. S’il est vrai que plusieurs des pays
développés sont aujourd’hui parvenus à allier croissance économique et protection de l’environnement, ce
n’est pas encore le cas des pays en développement en général et en particulier des pays émergents de
l’Amérique Latine.
L’environnement mais aussi la population des régions
pauvres, nous l’avons vu, subissent encore les
conséquences de la croissance rapide des dernières décennies. Il y a un lien complexe entre le développement
économique et l’environnement. Certaines écoles préconisent de rendre payant les services environnementaux
ou de subventionner des systèmes de production plus respectueuse de l’homme et de la nature. D’autres
préconisent la vente de crédits pour la fixation du carbone par reboisement, la forêt étant considérée comme
une machine à capter les gaz à effet de serre émis en grande partie par les pays industrialisés. En outre, il est
évident que la destruction de l’environnement a un coût socio-économique élevé. La récente catastrophe de la
plateforme pétrolière de la compagnie BP est un bel exemple. Ce qui nous amène à dire que le principe de
pollueur payeur a toute son importance et mérite d’être renforcé dans sa mise en application.
Ces mécanismes pour certains, cantonnent les pays pauvres dans un rôle d’amortisseur environnemental des
émissions émis par les pays riches. Les points de vue sur ces questions d’attribuer une valeur à l’environnement
et les moyens de la financer divergent en fonction des acteurs et de leurs intérêts.
A ce jour, toutes les voies préconisées n’ont pas apporté de changement significatif dans les types de
développement et laissent sans solution la plupart des problèmes. La dépendance envers les ressources
naturelles ainsi que le modèle de consommation ne cessent de croître, la redistribution de la richesse renforce
l’inégalité entre les peuples. Les questions fondamentales comme les termes de l’échange commercial ou les
flux de capitaux servant au financement de l’extraction des matières premières ne sont que peu abordés voir
pas du tout.
Notre analyse révèle que la croissance économique respectueuse de l’homme et de la nature ne peut être
garantie que si les activités visant à accroître la croissance abordent les problèmes environnementaux dans son
ensemble. Pour ce faire, il faudrait tenir compte de l’incidence de tous les programmes sur le milieu dans
lequel ils s’insèrent. D’où la nécessité d’intégrer les préoccupations environnementales aux politiques sociales
[32]
et économiques mais aussi de promouvoir une croissance durable du point de vue environnemental qui
profiterait à tous sur le plan social. En somme, le développement et le progrès des sociétés doivent se faire
sans altérer l’environnement mais aussi sans accroître l’inégalité.
Il est essentiel aujourd’hui de parvenir à instaurer des nouveaux modes de consommations et de vie en général
afin d’une part de permettre le développement des pays pauvres et émergents et d’autre part de réduire les
inégalités environnementales afin que les bénéfices et les contraintes liées à la mondialisation soient réparties
équitablement entre la population mondiale.
Mais le bilan de la mondialisation en matière d’environnement dépend, beaucoup de la mise en œuvre de
bonnes politiques environnementales, au niveau national, pour les dégradations localisées, et au niveau
multilatéral, pour les problèmes environnementaux globaux. Le manque d’action concertée donne prise aux
craintes de délocalisations industrielles, et décourage les initiatives nationales. C’est pourquoi l’amélioration
de la gouvernance mondiale environnementale est un enjeu central pour les années à venir.
[33]
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