Université Paris 3 – Sorbonne Nouvelle L1 -Anglais Culture Economique
M. Latreille Année 2014-2015
Puisque les salariés arbitrent entre le loisir et le travail, leur offre de travail est croissante avec
le salaire proposé. En effet, plus on travaille, plus le coût d’opportunité du loisir augmente,
c’est-à-dire que la valeur du temps de loisir sacrifié augmente (puisqu’il se fait rare). Seul un
salaire plus élevé peut donc justifier que le salarié se prive d’une heure supplémentaire de
loisirs. : l’effet de substitution joue dans un premier temps.
A un certain niveau d’heures travaillées (correspondant au revenu maximum souhaité par le
salarié), la hausse du salaire peut avoir un effet inverse et justifier que le salarié n’offre pas plus de
travail mais moins, dans la mesure où la hausse de salaire lui permet d’atteindre son niveau de
revenu souhaité en moins de temps, et donc de libérer du temps de loisirs. Cela se traduit
graphiquement par une offre de travail « coudée », que l’on n’utilise pas en théorie dans la
mesure où à une certaine quantité de travail correspondrait à deux niveaux de salaires possibles,
ce qui empêche de déterminer un prix unique d’équilibre.
La courbe d’offre de travail peut se déplacer vers la droite ou la gauche en raison de nombreux
facteurs démographiques :
Les variations de la population active :
• Arrivée/départ de main d’œuvre immigrée
• Décalage générationnel entre nombre d’actifs entrants et nombre de sortants
• Modification des taux d’activité féminins
Les modifications des conditions d’embauche
• Développement des emplois flexibles, temps partiels, etc.
• Développement des contrats aidés (emploi d’avenir, etc.)
Les modifications de la protection sociale
• Modifications des allocations (familiales, chômage, etc.)
• Modifications des minima sociaux (SMIC, etc.)
Les modifications des modes de vie
• Durée des études, natalité et émancipation féminine, etc.
L’équilibre sur le marché du travail :
Pour les néoclassiques, le marché du travail doit s’équilibrer au niveau qui utilise toutes les
capacités de production. En effet, s’il existe de la main d’œuvre inutile et prête à se « louer », son
prix va baisser jusqu’à sa totale utilisation. Il ne peut rester que du chômage volontaire : chômage
de ceux qui ne travaillent pas en raison du trop faible niveau du salaire du marché. Pour les
monétaristes, comme Milton Friedman (1912-2006) Nobel 1976, c’est le niveau de chômage
naturel.
En présence de rigidité des prix à la baisse (SMIC, notamment), si le prix du travail est
supérieur au prix d’équilibre, la demande sera trop faible et l’offre trop importante. Les
entreprises ne peuvent rationnellement pas embaucher à ce niveau de (sur)salaire. Ce chômage
qui n’est pas dû à une insuffisance de la demande de travail mais aux salaires rigides qui
empêchent l’embauche : on parle de chômage classique (par opposition au chômage keynésien).
Ce chômage est aggravé par l’existence d’aides sociales proches du SMIC, qui rendent le travail
moins attractif que le loisir du chômage. La France a choisi un modèle économique peu libéral qui
augmente le nombre de chômeurs (pauvres), plutôt que de favoriser la création d’emplois (mal
payés).
En théorie, le niveau de salaire d’équilibre est donc celui qui supprime(rait) le chômage
volontaire. En réalité, il peut rester du chômage frictionnel, ou chômage d’ajustement, lié aux
passages des actifs d’un marché du travail à l’autre. Il peut également exister un chômage
structurel lié aux mutations sectorielles. Enfin, les entreprises peuvent surpayer leurs salariés pour
garantir un bon niveau de productivité (ce qu’on nomme le salaire d’efficience).