Bulletin N° 5
Février 2013
THROMBECTOMIE : UNE TECHNIQUE INNOVANTE
Traditionnellement, les accidents vasculaires cérébraux ischémiques (par occlusion d’une artère) sont
traités par fibrinolyse intra veineuse. Cette technique consiste à injecter par perfusion un produit qui fluidifie
le sang et détruit les caillots. La rapidité et l’efficacité de la désobstruction des vaisseaux conditionnent la
souffrance du tissu cérébral et donc le pronostic neurologique et le degré de séquelle. Une nouvelle
technique de désobstruction artérielle peut être proposée dans certains cas. Il s’agit de la thrombectomie par
voie endovasculaire (par l’intérieur des vaisseaux). Elle consiste en l’introduction d’une sonde dans l’artère
fémorale du patient. Sous contrôle de rayons X, le parcours entre l’artère fémorale et les artères du cerveau
est visualisé sur des écrans par l’opérateur médical. Lorsque la sonde arrive au contact du caillot, le
neuroradiologue positionne le dispositif de retrait du caillot. L’intervention dure généralement moins d’une
heure. Elle peut être réalisée sous anesthésie locale ou générale. Elle peut être associée à la fibrinolyse intra
veineuse. Elle permet une désobstruction du vaisseau dans environ 80% des cas. Cette technique très
efficace ne peut malheureusement pas s’appliquer à tous les infarctus cérébraux. En effet, le caillot doit être
techniquement accessible, donc présent dans des vaisseaux de gros calibre. Seuls des neuroradiologues
interventionnels (habitués à « circuler » dans les vaisseaux cérébraux) formés à cette technique peuvent
pratiquer ce geste qui doit être réalisé dans les 4 à 6 heures qui suivent la survenue du premier symptôme.
Comme pour chaque traitement, il existe des complications telles que des hémorragies cérébrales ou des
perforations artérielles dont les conséquences peuvent être gravissimes (6 à 10 % des cas). Cette technique de
désobstruction par voie endovasculaire nécessite donc la formation d’équipes médicales spécialisées, des
plateaux techniques accessibles à toutes heures et en urgence aux patients présentant un accident vasculaire
cérébral. Dans la région Haute Normandie, seul le CHU de Rouen offre ce type de technique de soin
hyperspécialisé. Espérons, que dans l’avenir cette technique sera diffusée à l’ensemble du territoire français et
au plus grand nombre de patient. La recherche travaille sur le type de matériel le plus efficace, sur les délais
maximums possibles entre le premier symptôme de l’accident vasculaire et la réalisation du traitement afin
d’obtenir une efficacité maximale sans augmenter les risques liés à cette technique.
Dr A Triquenot Bagan / Unité Neurovasculaire / CHU de Rouen
Qu’est-ce qu’un C.L.I.C. ?
Tout d’abord ces quatre lettres signifient : Centre Local d’Information et de Coordination.
C’est donc un centre de ressources pour les retraités, les personnes âgées, afin de leur venir en aide
dans les situations complexes qu’elles peuvent rencontrer.
Les missions spécifiques du CLIC sont : accueil, écoute, information et orientation.
C’est tout d’abord un accueil personnalisé pour :
- Vous informer sur l’ensemble des dispositifs en faveur des personnes âgées (accès aux droits, aides et
prestations, services de soutien à domicile, structures d’accueil etc…)
- Procéder à une évaluation globale de votre situation.
- Vous aider à constituer vos dossiers de prise en charge, et instruire les demandes d’ADPA.
- Vous orienter vers les organismes susceptibles de répondre à vos besoins.
Le CLIC c’est aussi :
- Un lieu de rencontre et d’échange entre les personnes âgées, les familles et les professionnels lors des
actions de prévention menées en partenariat avec les caisses de retraite et les associations ou lors des
ateliers (mémoire, équilibre, nutrition…).
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- Un lieu de réflexion sur les besoins des personnes et un centre de ressources documentaires sur les
questions liées au vieillissement.
Chaque département a été découpé en plusieurs zones d’action de CLIC et vous pouvez vous
renseigner à la mairie de votre domicile ou sur internet http//clic-info.personnes-agees.gouv.fr pour
connaître celui dont vous dépendez.
Dans ce service médico-social vous trouverez un chargé d’accueil, un coordinateur, des professionnels
sociaux, médico-sociaux ou de santé en lien avec les acteurs de la gérontologie.
N’hésitez pas à contacter cet organisme pour vous-même ou vos proches, vous y trouverez un accueil
toujours sympathique et des renseignements indispensables.
Précisons que nous avons d’excellentes relations avec les CLIC des 5 départements normands que
nous avons quasiment tous rencontrés et avec lesquels nous avons toujours plaisir à organiser des
conférences sur l’AVC ou participer à des forums de prévention sur les maladies vasculaires. Un grand
merci à eux pour leur dynamisme et efficacité.
Véronique Bardel
Témoignages
Publication « Paris Normandie » lundi 29 octobre 2012, journée mondiale des AVC
l'Accident Vasculaire Cérébral, cet ennemi de l'ombre imprévisible
Après deux mois d'hospitalisation au CHU de Rouen et quatorze mois de rééducation au centre des
Herbiers à Bois-Guillaume, Alain Lemaire tente avec difficulté de retrouver une vie normale. S'il arrive
à se lever seul, il passe le plus clair de son temps dans un fauteuil roulant et a besoin d'une aide pour
le lever et le coucher. «Une infirmière ou une aide-soignante se relaient deux fois par jour. C'est
contraignant pour les horaires. Je ne suis levé le matin que vers 10h30 et couché le soir vers 20h30. Je
me déplace comme je peux avec ma canne tripode. Pour les repas, c’est pareil. De la conserve le plus
souvent, parfois je ne mange pas…»
Dans son pavillon de plain-pied à Saint-Etienne-du-Rouvray, il vit sormais seul. Ses proches ne lui
rendent guère visite et sa compagne - malade, elle aussi - l'a quitté en juin dernier. «Elle ne supportait
plus ma maladie qui est à l'origine de tout cela. Je comprends. Je ne lui en veux pas. On perd tous ses
amis. La tristesse n'attire pas le monde. Parfois j'ai des idées noires, je me cramponne!» raconte-t-il,
ému.
Alain Lemaire a cherché à comprendre l'origine du mal qui a bouleversé son existence. «La bonne vie
je l'ai connue avant, pendant ma vie professionnelle même si je faisais attention depuis 2006. J'aimais
les repas au restaurant. Je faisais des courses de côtes en Alpine Renault et puis j'avais un camping-
car. On voyageait… Ma première femme s'est immolée par le feu en 2006. J'ai assisté au drame. Le
médecin m'a dit que ce choc psychologique pouvait être une cause, même si l'AVC n'est survenu
qu'après quelques années.»
A 66 ans, Alain Lemaire ne se voit pas aller en résidence pour personnes âgées. «Je m'emmerde, les
journées sont longues. Le plus dur c'est la solitude, l'absence de paroles…» Alors, il a trouvé sur un
internet un nouveau sens à sa vie en vendant sur un site de ventes aux enchères sa collection
personnelle de voitures miniatures, la marque culte britannique Dinky Toys. «J'ai du stock accumulé
depuis des années, cela me permet d'avoir des contacts avec des personnes via internet, d'autres
viennent me voir directement chez moi. Cela me maintient en vie grâce à la communication, c'est le
plus important pour les gens qui sont dans mon cas: avoir un lien qui rapproche…»
Alain Lemarchand (voir site internet «Paris-Normandi / mot clé : «AVC» )
Le 16 février 2009, la vie d'Alain Lemaire a basculé. Il est
10h30 ce jour-là, l'homme conduit une camionnette de
location. Il va acheter du matériel de bricolage. «Je me
trouvais sur le pont de Quatre Mares à Sotteville-lès-Rouen.
Ma main est tombée sur ma cuisse, je ne pouvais plus bouger
la moitié du corps…»
Conscient et pouvant toujours parler, il arrive à garer son
fourgon et appelle lui-même les pompiers. «J'ai organisé mon
secours», confie l'ancien VRP dans l'industrie chimique. «Mais
pour moi je suis mort ce 16février…»
3000 accidents vasculaires cérébraux ont lieu chaque année
en Haute-Normandie. En France, c'est un AVC toutes les 4
minutes. 40000 décès environ chaque année et 30000
patients présentent des séquelles lourdes. Une charge
financière considérable pour les familles et la société.
3
Introduction à la conférence faite au Havre (76):
Après avoir remercié les élus et responsables de différents services de la ville du Havre, et les
intervenants, notre responsable de l'antenne de France-AVC dans cette ville a apporté un
témoignage personnel que nous souhaitions vous faire partager:
Depuis trois ans, nous assurons des permanences à la maison du patient le premier lundi et le
troisième vendredi de chaque mois. Les entretiens se passent en toute confidentialité dans un
bureau mis à notre disposition.
À la suite de l'AVC dont a été victime mon mari en 1991, je n'ai trouvé aucune structure qui
puisse m'expliquer ce qui nous arrivait et quelles en seraient les conséquences. Je pensais qu'il
allait guérir et redevenir la personne que je connaissais quelques jours plus tôt.
En 2004, quand il fut victime du deuxième AVC, le docteur NICLOT du centre hospitalier du
Havre m'a dirigée vers " France-AVC" et j'ai décidé alors d'aider les familles des patients.
Depuis octobre 2009, j'essaie d'apporter une aide et un soutien aux patients et à leurs proches.
Malheureusement, après un AVC, certaines personnes restent sérieusement handicapées:
paralysie ou hémiplégie, aphasie.
Nous croisons aussi des personnes victimes d'AVC qui semblent n'avoir aucunes séquelles.
Cependant, un AVC peut changer la façon dont le patient se comporte ou interagit avec les autres.
La personne peut devenir impulsive, avoir d'importante saute d'humeur ou devenir entêtée,
égoïste ou exigeante. Elle peut devenir indifférente à tout ce qui l'entoure.
Toutes les victimes d'un AVC se débattent contre une menace majeure à leur estime de soi.
Même si cela peut paraître difficile soyons patients avec ces malades. Bien souvent les amis, la
famille s'éloignent petit à petit creusant ainsi un grand vide autour du malade et de la personne
aidante.
Observons le patient, pour parvenir à mieux comprendre le sens de son comportement et
agissons pour que chaque victime d'AVC conserve sa dignité et son estime de soi.
Marie-Françoise ROBILLIARD
Nous remercions Mme MF ROBILLIARD et Mr A LEMAIRE, pour la sincérité de leurs témoignages.
Si vous souhaitez nous faire partager votre vécu, n’hésitez pas à nous contacter.
QUELQUES PHOTOS DE MANIFESTATIONS
Bonne affluence lors de notre conférence à
(50) Cerisy la Salle, près de Coutances.
Intervention du Dr DUBUC neurologue
au Centre Hospitalier de Saint Lô.
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LES ACTIONS DE FRANCE AVC NORMANDIE EN 2012
Voici Les différentes actions menées par France-AVC Normandie:
-Soutien aux malades et à leurs familles, pendant la permanence à Corneville-sur-Risle tous les lundis,
au téléphone ou par courriels et tout au long de la semaine.
Soutien aux malades et à leurs familles, à la maison du patient de l’hôpital Flaubert au Havre, le 1er
lundi du mois de 9h30 à 12h et le 3éme vendredi du mois de 16h à 19h.
-Conférences sur l’AVC centrées sur la prévention et / ou l’après AVC.
-Participation à divers forums de prévention ou sensibilisation aux maladies neuro cardio vasculaires et
aux journées européennes et mondiales de l’AVC.
Détail de l’année:
-20 et 21 janvier : participation aux journées médicales havraises (76)
-22 mars : conférence à Falaise (14)
-26 mars : présence au forum associatif et ludique du handicap au Havre (76)
-28 mars : présence à STOP AVC à Hérouville Saint Clair (14)
-4 avril : sensibilisation auprès des ainés ruraux à Lessay (50)
-11 avril : conférence sur l’après AVC à Foucarmont (76)
-24 avril : participation à des ateliers d’information concernant l’AVC à Flers (61)
-5 juin : conférence à Cerisy-la-Salle (50)
-11 juin : participation au forum prévention des maladies neuro cardiovasculaires à Bernay (27)
-15 octobre : conférence pour les VMEH au Havre (76)
-23 octobre : participation à Festicap au Havre (76)
-25 octobre : participation à la journée mondiale de l’AVC au CHU de Caen (14)
-29 octobre : participation à la journée mondiale de l’AVC au CH de Lisieux (14)
-9 novembre : conférence à Torigni-sur-Vire (50)
-12 novembre : participation au forum, sur les maladies cardio-vasculaires à Bolbec (76)
-13 novembre : conférence pour ERDF à Alençon (61)
-16 novembre : participation à un forum à Vimoutiers (61)
-27 novembre : conférence à Damville (27)
-29 novembre : participation à un forum sur les maladies neuro cardio vasculaires à Evreux (27)
Le Petit Dictionnaire Médical
(3)
Fibrinolyse : processus physiologique de dissolution des caillots sanguins.
Les médicaments thrombolytiques accélèrent ce processus en cas d’infarctus, AVC ou
embolie.
Fonctions cognitives : fonctions intellectuelles telles que : langage, mémoire, attention,
raisonnement, représentation dans l’espace.
Hémianopsie : diminution ou perte de la vision dans une moitié du champ visuel d’un
œil ou des deux yeux.
Hémiplégie : faiblesse ou paralysie d’une moitié du corps, due à une lésion dans
l’hémisphère cérébral opposé.
Héminégligence : défaut d'attention, d'intérêt ou mauvaise utilisation du côté du corps
paralysé ou de l'espace, du même côté.
(À suivre)
5
Plan national AVC, courrier du président de France-AVC Jean-Marie
PEREZ au Ministre Xavier BERTRAND le 13 avril 2012
Monsieur le ministre
A l’occasion de l’AG de la fédération France AVC qui s’est tenue à Lyon le 29 mars
2012, la fédération représentant les patients et leurs familles à salué les avancées concrètes du
plan national AVC 2010-2014, concernant la prise en charge hospitalière, la structuration des
hôpitaux autour des unités neuro vasculaires et l’accès à la thrombolyse favorisé par le
déploiement de la télémédecine.
Mais elle souhaite également exprimer de vives inquiétudes sur le retard pris pour la
mise en œuvre des mesures concernant la prise post-hospitalière et à l’accompagnement des
patients et leurs familles, au décours de la phase aiguë.
Une étude récente montre qu’en France 771 000 personnes ont été victimes d’AVC, plus
de 500 000 vivent avec des quelles qui une fois sur deux ne leur permettent pas de réaliser
des actes quotidiens tels se laver, manger, s’habiller.
Seulement 11% sont en institution, les autres vivent au domicile.
Les patients et leurs familles souhaitent que :
¤ la consultation pluri professionnelle post AVC soit clairement définie dans son contenu et son
financement.
Nombreux sont encore les patients qui n’ont pas accès à l’unité neuro vasculaire ou aux soins
de suite pour affections neurologiques, qui n’ont pas de suivi par un neurologue ou par un
médecin de médecine physique réadaptation.
Il est indispensable que toute personne victime d’AVC puisse avoir accès dans les mois suivant
l’AVC à cette consultation proposée dans le cadre du plan d’actions national AVC :
consultation pluridisciplinaire associant médecins et professionnels paramédicaux et médico-
sociaux : à visée non seulement médicale mais également rééducative, psychologique,
neuropsychologique et assistante sociale.
Les associations de patients pourraient être présentes lors de ces consultations pour apporter
leur aide aux patients et à leurs familles.
La tarification de cette consultation doit être définie, en tenant compte de sa longueur, sa
complexité et de sa pluridisciplinarité.
¤ la spécificité de la rééducation des patients victimes d’AVC, nécessitant des séances longues
soit pris en compte dans la rémunération des professionnels,
¤ des places d’accueil de jour pour patients AVC soient créées
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