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• « occupation » du bureau de poste pendant 10 jours (ce n’était pas exactement une
occupation : on empêchait le bureau de fermer !)
Mode opératoire : se manifester tous les 6 mois pour faire savoir, être présent,… Après
l’occupation du bureau de poste, les horaires sont maintenus jusqu’aux négociations. Après
deux ans et demi de lutte, le collectif est toujours là, il a remporté plusieurs victoires.
A la fin de la première semaine d’action, on organise un pique-nique et on propose aux
participants de s’inscrire sur une liste pour la semaine suivante. Miraculeusement, 20
personnes se proposent ! Le lundi, on ouvre une liste pour la semaine suivante : 15
personnes inscrites dès le 1er jour ! La poste est maintenue ouverte parce que des personnes
se sont mobilisées. Après avoir montré la liste au responsable du district, les responsables de
La Poste reculaient dès le lendemain.
Deux syndicalistes ont lancé le mouvement et après, ils nous ont laissés prendre nos
responsabilités. C’est important d’être quelques-uns à bien se connaître pour amorcer le
processus ; cela a permis aux gens de se rencontrer et au collectif de démarrer.
L’inattendu advient après : un lien entre une quinzaine de personnes. On ne se rend jamais
assez compte du pouvoir qu’on peut avoir quand on se réunit ! On n’a rien fait tout seul !
Espérer c’est possible, résister c’est possible, mais ça ne se fait pas tout seul !
René Parmentier : cinéma associatif « L’Union » d’Ars-sur-Moselle (Moselle)
Ars-sur-Moselle est un village de 500 habitants. Dans la salle paroissiale d’avant-guerre, on
pouvait faire du théâtre (depuis 1935) et du cinéma (depuis 1958). Invité un dimanche pour
le repas, le curé me dit : « On fait fermer le cinéma : on n’arrive plus à payer le fioul, les
distributeurs,… On va le vendre, vendre la maison et 10 ares de terrain pour payer nos
dettes… » Je me suis écrié : « Ce n’est pas possible, on ne peut pas le fermer ! » Mon beau-
frère (18 ans) : « T’as qu’à faire quelque chose, toi qui est opérateur, nous on ne sait pas ce
qu’il faut faire ! ». C’était en 1974.
On a informé le public en dramatisant la situation. Première réunion : 150 personnes ; c’était
le cirque ! Deuxième réunion mieux organisée : une quinzaine de volontaires proposent de
s’investir là-dedans. Le cinéma a bel et bien fermé, mais on a ré-ouvert en ciné-club, avec
projection de copies en 16 mm sur le grand écran… la qualité était très mauvaise. On a fait
du porte à porte pour vendre des cartes de membre honoraire donnant droit à assister aux
projections. Au début, 9 films dans l’année. Puis, on s’est associé au Pax de Metz, en 35 mm
(1975-1977) : on faisait alors entre 1000 et 2000 entrées par an.
Petit à petit, ça a pris de l’ampleur, on a résisté, même à l’arrivée du Kinépolis à Metz en
1995 ! On a continué à fonctionner, car on propose autre chose que les circuits commerciaux
habituels. Ce projet est porté dès le début par une équipe de bénévoles (30 aujourd’hui), en
association loi 1901, à l’écoute du public. C’est un lieu de convivialité. Pour autant, le cinéma
est techniquement impeccable et aussi confortable qu’ailleurs.
Des cartes d’abonnements sont proposées ; les habitués viennent, invitent des amis. Chaque
année : 65 films, 180 séances, 12 000 entrées. Les gens sont contents, ce sont eux nos
meilleurs agents publicitaires. A l’entracte, pas de pop corn, mais des glaces Miko à la
corbeille. En 35 ans, renouvellement dans l’association : tous les ans 3-4 personnes qui
viennent et qui partent. Chacun a sa place ! Ça donne du lien social !
3. Débat
Cinéma associatif
Qu’est devenu le curé ?
Le curé est ravi de la dynamique créée : cinéma, théâtre, marionnettes, salles de réunion
pour la paroisse ; il sera nommé vice-président du cinéma… Ensuite, d’autres curés
s’impliqueront, mais moins directement.