LE GRAND CREATIF
Le quatrième jour, Dieu crée la mer.
« C'est du bon travail », songe-t-il en jetant un regard circulaire sur la
planète.
Content de Lui, Il se prépare à la sieste, quand il réalise que les
pêcheurs en eau douce se plaindront d'avoir été oubliés. Il fait alors
naître ici et là quelques lacs qu'il peuple de gardons et d'ablettes.
- Et maintenant, un gros dodo ! dit-il en se laissant tomber sur le
canapé. Même pour Dieu, à chaque jour suffit sa peine.
En fin de semaine, Il prend conscience que l'eau s'évapore. Il ne
devra pas tarder à se remettre à l'ouvrage s'il ne trouve pas tout de
suite une solution. Elle s'impose sur le champ : il faut créer des sources.
C'est chose faite dans la minute qui suit.
Aussitôt, les fleuves commencent à couler, les cascades à chanter,
et les petits ruisseaux ruisseler et à faire de grandes rivières. «
Maintenant, j'arrête », pense Dieu.
Quand l'homme met enfin les pieds sur terre, l'eau est partout.
Enfin, presque partout. Il reste de vastes étendues privées de tout
élément liquide. Mécontent, l'homme brandit un poing vers le ciel :
- dites donc, Dieu, vous avez salopé le travail ! A quoi ça sert ces espaces
arides où l'on mourra de soif ?
Heureusement, Dieu a réponse à tout:
- ça sert, pauvre imbécile, à désigner le mot désert !
L'homme en reste comme deux ronds de flan. Une telle logique
le laisse sur les genoux. Pourtant, il ne se démonte pas. Il est comme ça,
l'homme, il faut qu'il titille son interlocuteur, qu'il le pousse dans ses
retranchements.
- Bon, d'accord, mais qu'est-ce qu'on va y faire, nous, dans le désert ?
Là, Dieu est agacé. Mais aussi, pourquoi a-t-il fait l'homme
raisonneur ?
Vous n'aurez qu'à y faire des rallyes!
C'est ainsi, entre autres, que s'est imposée la nécessité du Paris-Dakar.
Claude Bourgeyx (Le fil à retordre)
LE GRAND CREATIF
Le quatrième jour, Dieu crée la mer.
« C'est du bon travail », songe-t-il en jetant un regard circulaire sur la
planète.
Content de Lui, Il se prépare à la sieste, quand il réalise que les
pêcheurs en eau douce se plaindront d'avoir été oubliés. Il fait alors
naître ici et là quelques lacs qu'il peuple de gardons et d'ablettes.
- Et maintenant, un gros dodo ! dit-il en se laissant tomber sur le
canapé. Même pour Dieu, à chaque jour suffit sa peine.
En fin de semaine, Il prend conscience que l'eau s'évapore. Il ne
devra pas tarder à se remettre à l'ouvrage s'il ne trouve pas tout de
suite une solution. Elle s'impose sur le champ : il faut créer des sources.
C'est chose faite dans la minute qui suit.
Aussitôt, les fleuves commencent à couler, les cascades à chanter,
et les petits ruisseaux ruisseler et à faire de grandes rivières. «
Maintenant, j'arrête », pense Dieu.
Quand l'homme met enfin les pieds sur terre, l'eau est partout.
Enfin, presque partout. Il reste de vastes étendues privées de tout
élément liquide. Mécontent, l'homme brandit un poing vers le ciel :
- dites donc, Dieu, vous avez salopé le travail ! A quoi ça sert ces espaces
arides où l'on mourra de soif ?
Heureusement, Dieu a réponse à tout:
- ça sert, pauvre imbécile, à désigner le mot désert !
L'homme en reste comme deux ronds de flan. Une telle logique
le laisse sur les genoux. Pourtant, il ne se démonte pas. Il est comme ça,
l'homme, il faut qu'il titille son interlocuteur, qu'il le pousse dans ses
retranchements.
- Bon, d'accord, mais qu'est-ce qu'on va y faire, nous, dans le désert ?
Là, Dieu est agacé. Mais aussi, pourquoi a-t-il fait l'homme
raisonneur ?
Vous n'aurez qu'à y faire des rallyes!
C'est ainsi, entre autres, que s'est imposée la nécessité du Paris-Dakar.
Claude Bourgeyx (Le fil à retordre)
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