En effet, s’il n’y a pas de conscience de soi, il ne peut en aucun cas y avoir de
connaissance de soi, étant donné qu’un objet non conscient n’est pas doué du privilège de la
pensée. Sans pensée, pas de réflexion possible. Ce qui nous fait dire que la conscience de soi
est la condition sine qua none de la connaissance de soi.
C’est là une des idées fondamentales de René Descartes, philosophe français moderne
contemporain de John Locke précédemment cité, qui fait (à partir de son « cogito ergo
sum »), de la conscience de soi le point de départ de la connaissance (la conscience est pour
lui constitutive de la connaissance car c’est grâce à elle que l’on sait que l’on existe, et qui l’on
est.). Ainsi, la conscience concorde avec les pensées qui nous sont présentes à l’esprit, et donc
avec la connaissance que l’on a de soi-même. Descartes pensait qu’être conscient de soi, c’est
être conscient de sa faculté à penser, mais avant tout à connaître et à comprendre (ce qui
nous amène à dire que la conscience de soi est la possibilité de penser, de réfléchir sur soi et
donc de se connaître.)
Nous savons aussi que le mot « conscience » vient du latin « conscientia », c’est à dire
cum scientia, ce qui veut dire « accompagné de savoir ». Ainsi, dès l’Antiquité, l’idée de
conscience est liée à celle de connaissance.
En accord sur ce point avec Descartes, la phénoménologie de la conscience nous dit
qu’être conscient, c’est savoir. Savoir qu’on existe, que le monde existe, et qu’on existe dans
un monde qui est différent de nous. Husserl (un philosophe contemporain) affirme que la
conscience est toujours consciente de quelque chose, et distingue plusieurs niveaux de
conscience (donc par extension, de savoir) : tout d’abord, la conscience spontanée qui, dans
la notion du « soi », cela reviendrait à un sentiment immédiat de soi-même. Il y a aussi la
conscience réfléchie, qui corrobore plus explicitement le fait que la conscience de soi soit une
connaissance de soi : en effet, la conscience réfléchie est une conscience qui est à-même de
prendre ses propres états de conscience comme sujet de réflexion (ce qui revient à une
introspection).Cette forme de conscience, par sa capacité de réflexion, permet d’instaurer une
connaissance de soi.
Par son origine même, la conscience de soi est une connaissance de soi. Mais
existe-t-il d’autres situations où cette relation fonctionne aussi ?
Nous avons vu que le vocabulaire rapprochait la conscience de soi et la
connaissance de soi.
Effectivement, dans la langue française, les expressions « perdre connaissance », et
« perdre conscience » signifient toutes deux la même chose : s’évanouir, perdre, durant un
moment, la vision que l’on perçoit du monde. Si ces deux expressions sont, dans ce contexte,
similaires, ce n’est pas anodin : cela montre en effet que « conscience de soi », et
« connaissance de soi » sont ici associés : ainsi, dans le vocabulaire médical la conscience de
soi est une connaissance de soi.
De plus, d’un point de vue moral, on peut dire aussi que la connaissance est un élément
constitutif de la conscience. En effet, sans connaissance de soi et de ses limites, de ses actes et
de ses traits de caractères, il est impossible à la conscience morale de fonctionner. Si l’on ne
connaît pas son caractère (qui peut-être voleur, ou sage), notre conscience de soi ne peut pas
se manifester et nous faire comprendre que telle ou telle action est mauvaise. Par exemple, si
une personne qui n’a jamais fait de mauvaises actions est tout à coup prise d’une envie de
voler, elle doit savoir que le vol est puni par la loi. Ainsi sa conscience pourra se mettre en
marche et l’en dissuader. Le contraire aussi est valable : il y a une relation très poussée entre
la connaissance de faits et d’interdiction morale, et la conscience de ces même faits.
Ainsi, un enfant qui ne sait pas que voler est mal, parce qu’on ne lui a jamais appris, s’il
est tenté par quelque chose qu’il ne peut avoir, le volera très certainement : sa conscience ne
pourra lui faire de reproche, étant donné qu’elle ignorera cette notion du mal. Cet enfant se
fera réprimander, et comprendra que l’action qu’il a faite est une faute. Sa conscience s’en