Alain Finkielkraut (sous la direction de) : Qu’est-ce
que la France ?
Alain Finkielkraut, philosophe et intellectuel, est
l’auteur de nombreux ouvrages, entre autres Le
Juif imaginaire sur l’identité juive depuis la Shoah
et dans un monde où la croyance a perdu de son
importance. Il existe un « genre » littéraire peu
étudié dans les universités :
http://fr.wikipedia.org/wiki/Essai . Ce genre a été
illustré et peut-être inventé au seizième siècle par
Michel de Montaigne.
L’essai est une réflexion étendue sur un thème
quelconque, allant de la sexualité à l’histoire, en
passant par la philosophie et la politique.
Beaucoup des textes figurant au programme sont
des « essais ». Les essais, pris dans leur ensemble,
représentent une sorte de conversation au sein de
la société, et de leur lecture et des discussions qui
en résultent naît ce qu’on peut appeler « la vie
intellectuelle » du pays.
Ce volume est composé de conversations,
organisées et présidées par Alain Finkielkraut, et
diffusées à France-Culture. Dans ces discussions,
on trouve de nombreuses références à d’autres
textes, souvent ceux des intervenants, de sorte qu’il
faudra se référer aux notes en fin de volume et
éventuellement utiliser un moteur de recherche
pour retrouver de plus amples renseignements,
mais ces discussions illustrent assez bien le
fonctionnement de cette « conversation
intellectuelle » qui porte sur des questions
d’identité, et des rapports entre l’évolution des
institutions et la façon dont les Français perçoivent
leur place au monde.
Prologue : À la croisée des chemins
Finkielkraut commence par de longues citations
d’Ernest Renan
1
: « L’existence d’une nation est un
plébiscite de tous les jours » p7. À l’idée formulée
par Renan au dix-neuvième siècle, époque où les
nationalismes sont nés, qui veut que la nation soit
une sorte de consensus de tous les citoyens, unis
dans la fierté de leur passé, Finkielkraut oppose la
situation actuelle, où la plupart des gens ont plutôt
honte d’un passé récent esclavagiste, colonial, et
hitlérien. Dans ces conditions, l’existence même de
la nation peut être contestée.
ICI ET MAINTENANT
Cette première section concerne l’actualité sociale
et les problèmes posées par la situation
postcoloniale, et les difficiles tensions résultant des
1
Qu’est-ce qu’une nation ? et autres écrits politiques, Ernest Renan, éd Raoul
Girardet, Paris, Imprimerie Nationale, 1996, p229 (loe texte est également disponible
en ligne : http://ourworld.compuserve.com/homepages/bib_lisieux/nation01.htm )
diverses perceptions de l’identité, et surtout du
conflit entre le « communautarisme » et les
« valeurs républicaines » (deux notions à étudier et
à définir).
Y a-t-il une question noire en France
Stephen Smith & Françoise Vergès
(Cette discussion a eu lieu peu de temps après des
émeutes dans les banlieues ; elle concerne
exclusivement la population d’origine négro-
africaine et non pas les autres minorités de
couleur.) En 1998, quand l’équipe française de
football a remporté la coupe mondiale avec une
équipe composée de joueurs d’origines diverses, on
a parlé dela France « black-blanc-beur » (comme
bleu-blanc-rouge) comme si le pays était
parfaitement intégré sur le plan racial. Ce qu’on
perçoit comme « le problème noir » est en fait un
problème blanc. Devant le refus des Blancs de
reconnaître aux Noirs une place dans l’histoire,
certains penseurs noirs conçoivent une hostilité
envers tout ce qui est blanc. La haine dont font
l’objet les noirs est d’un autre ordre que celle
dirigée contres les Juifs ou les Arabes, dont on
craint l’influence ou la concurrence, alors les Noirs
ne comptent pas. La France a créé une journée pour
commémorer officiellement l’esclavage (le 10
mai). En fait, les Blancs ne sont pas les seuls
responsable de la traite des esclaves, et des Noirs
(et des musulmans) ont également participé à ce
commerce. Les traites négrières européennes sont
pourtant les seules à avoir donné lieu à des
communautés distinctes (comme au Etats-Unis). Il
est fait référence à un document communément
appelé le code noir
2
. Le statut des esclaves n’y est
pas défini en termes de race, et la situation où le
propriétaire d’une esclave l’épouserait est prévue.
Le caractère « raciste » de l’esclavage a été
renforcé au siècle suivant. Bien des choses qui ont
pu être dites à propos de l’esclavagisme sont en fait
anachronique. Comme les Juifs ont réussi à faire
reconnaître les crimes dont le peuple juif a été
victime, d’autres groupes de pression essaient de
faire valoir leurs droits de la même façon. En fait,
les Noirs de France ne forment pas un bloc unique,
et ne partagent pas le même passé. À partir du
moment où la personne est définie en termes de ses
origines ethniques, le problème du rapport entre les
éventuelles exclusions dont elle est victime et ses
origines ethniques se pose ; ce rapport n’est pas
forcément simple. Dans le système scolaire, à partir
du moment où on cesse de parler de l’échec de
l’étudiant pour parler de l’échec de l’école, il se
crée une sorte de « droit à la réussite ». À propos
de la « discrimination affirmative » (affirmative
action) on note que la situation politique et
2
voir : http://fr.wikipedia.org/wiki/Code_noir et
http://fr.wikisource.org/wiki/Code_noir
économique dans les DOM-TOM est de nature à
désavantager ceux qui en sont originaires.
L’école dans la France d’aujourd’hui
Pascal Blanchard & Jean-Pierre Obin
L’école est envisagée sous le rapport de son rôle
possible dans l’intégration des immigrés. Ce
problème est lié à la façon dont l’histoire est
enseignée. En effet, la France n’a pas su assumer
son passé colonial dans l’enseignement. Le
« problème » de l’islamisation (qui existe dans
d’autres pays) vient compliquer la situation, sans
être pour autant une conséquence directe du passé
colonial. L’Angleterre n’aurait pas les mêmes
difficultés mémorielles. L’intégrisme est favorisée
en France par une stratification/ségrégation sociale,
c’est-à-dire la créations de ghettos.
Un inspecteur d’académie déplore la «gression »
des jeune sur une identité religieuse sans doute
reconstruite et bricolée p54 (se demander s’il y a
lieu, dans le contexte d’une séparation entre
l’église et l’état, de porter ce genre de jugement
sommaire sur les croyances des élèves). Il existe un
phénomène de conformisme religieux qi oblige
tous les « beurs » à pratiquer l’islam (sont-ils les
seuls à ressentir la pression du conformisme ?) : On
peut aussi s’inquiéter des confrontations de plus en
plus nombreuses de l’enseignement, principalement
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