RAISON ET FOI
INTRODUCTION :
Accroche : Peut-on être scientifique et catholique ? (appréhension face à l'impartialité du
scientifique)
Î du sujet : Nous sommes dans une société apostate qui a rejeté la religion catholique et
qui a connu l'exaltation de la raison au détriment de la foi. L'équilibre entre ces deux
notions est donc constamment remis en cause. OR, cela a des conséquences dans notre
manière de vie, dans la cohérence entre ce que nous pensons et ce que nous croyons.
Pque : La raison, faculté intellectuelle dont le propre est le raisonnement et la
démonstration, et la foi, que certains ramènent au rang d'irrationnel, sont-elles conciliables
? Et si oui, de quelle manière ?
I. Nécessité d'une juste définition de la foi
La définition de la raison ne pose pas de problème. Raison = faculté propre à
l'homme par laquelle il peut penser ; ensemble des facultés intellectuelles.
=> on ne s'attardera pas sur cette notion
En revanche, la définition de la foi pose problème, et ce depuis l'avènement de
l'humanisme (philosophie qui met au centre de son étude et de toutes choses l'homme).
Cette philosophie erronée a donné naissance à une définition tout aussi erronée de
la foi. Nous étudierons les caractéristiques de cette erreur.
A) La foi dans la doctrine catholique
Source : Concile Vatican I, constitution Dei Filius, adoptée le 12 avril 1870, chapitre
3.
Cf. Acte de foi :
la foi est une vertu surnaturelle par laquelle nous croyons vraies les
choses que Dieu à révélées, non pas à cause de leur vérité intrinsèque
perçue par la raison, mais à cause de l'autorité de Dieu qui révèle et
qui ne saurait ni se tromper, ni nous tromper.
Notre raison créée étant complètement subordonnée à la Vérité incréée,
elle doit se soumettre à celle-ci quand la Vérité incréée se révèle à nous.
Pour pouvoir poser un acte de foi, l'homme doit être aidé par la la grâce : les
vérités à croire sont surnaturelles => l'homme ne peut parvenir à les atteindre et à y
croire seulement par sa raison et sa volonté, qui sont des puissances naturelles.
« Personne ne peut adhérer à l'enseignement de l'Evangile, comme il le
faut pour arriver au salut, sans une illumination et une inspiration de
l'Esprit-Saint, qui donne à tous la suavité de l'adhésion et de la croyance de
la vérité. C'est pourquoi la foi en elle-même est un don de Dieu ». (constit
Dei Filius, chp3, §3)
A l'inverse, la grâce ne fait pas tout et ne supprime pas le travail de la nature : la
raison et la volonté doivent collaborer à la grâce pour que l'acte de foi soit posé.
LA RAISON :
« Afin que l'hommage de notre foi fut d'accord avec la raison, aux secours
intérieurs du Saint-Esprit, Dieu a voulu joindre des preuves extérieures de
sa révélation, savoir des faits divins et surtout des miracles et des
prophéties, qui, en montrant abondamment la toute-puissance et la
science infinie de Dieu, font reconnaître la révélation divine, dont ils sont
des signes très certains et appropriés à l'intelligence de tous. »
Explication de St Thomas d'Aquin (II II, q.1, a.4, ad 2) : « On ne croirait pas si on ne
voyait pas qu'il faut croire ».
La raison humaine est capable de connaître les préambules de la foi et les motifs
de crédibilité qui rendent l'acte de foi prudent en prouvant de manière très certaine le
FAIT de la révélation.
Une fois reconnu le fait de la révélation, il reste à admettre le CONTENU de la
révélation : la raison peut mener au seuil de la foi ( je vois que je dois croire), mais la
grâce est nécessaire pour franchir le pas (je crois).
Préambules de la foi = un certain nombre de vérités philosophiques qui sont
logiquement antérieures à la foi.
Exs : l'existence de Dieu, l'existence de l'âme humaine
spirituelle et immortelle, la capacité pour l'homme d'atteindre des certitudes par l'usage de
sa raison, l'existence de la liberté...
RQ : En fait, il arrive fréquemment qu'on possède la foi avant de connaître les
préambules de la foi, ne serait-ce que parce qu'on a reçu le baptême dans soin enfance :
dans ce cas, il convient quand même de les étudier, dans la mesure de ses possibilités,
pour ne pas être ébranlé par des arguments qui pourraient être donnés contre la foi ou
pour pouvoir aider des personnes qui n'ont pas la foi.
Motifs de crédibilité = les preuves que la science apologétique définir) donne
du fait de la révélation, et principalement les miracles et les prophéties.
Les miracles que fit Jésus et les prophéties qui ont été données dans l'Ancien
Testament sont des preuves très certaines que Jésus était envoyé de Dieu pour donner
aux hommes la plénitude de la révélation.
LA VOLONTE : « par la foi, « l'homme se soumet librement à Dieu lui-
même, en consentant et en coopérant à sa grâce à laquelle il pourrait
résister ».
L'acte de foi est un acte libre la volonté doit intervenir. Même si Dieu aide de
sa grâce, même si la raison dit qu'il faut croire, l'homme reste libre de croire ou de ne pas
croire.
RQ : ici, c une liberté métaphysique. Liberté morale : l'homme a le devoir de croire :
« Celui qui ne croira pas sera condamné » (Marc 16/16).
Le droit canonique dit avec raison que l'on ne doit exercer aucune contrainte sur
les personnes pour les forcer à croire contre leur gré : il est absurde de vouloir forcer
quelqu'un à poser un acte libre, et c'est même le plus sûr moyen d'indisposer la personne.
B) La foi erronée de la doctrine moderniste
Modernisme = maladie de l'intelligence qui provient de l'influence des (fausses)
philosophies modernes : « C'est d'une alliance de la fausse philosophie avec la foi qu'est
né, tris d'erreurs, leur système » (Pascendi Dominici Gregis, Actes de saint Pie X, La
bonne Presse, tome 3, p. 155).
Erreur principale des philosophies modernes : une fausse théorie de la
connaissance.
Au lieu de se tourner vers la réalité extérieure pour connaître les "choses-en-
soi", le philosophe moderne se tourne vers la conscience pour étudier les phénomènes
qu'il y observe.
=> Kant : philosophie "transcendantale", Husserl : phénoménologie,
Heidegger : existentialisme, Autres : philosophie analytique, etc.
Dans tous les cas, on se sintéresse de la chose qui existe avec son
acte d'être propre.
Ex : Kant : le noumène est inconnaissable, Husserl : réduction
phénoménologique qui coupe du réel, Heidegger : existence vécue (sujet et non pas objet
tel qu'il peut exister en soi), Analytique : langage (ie la pensée).
=> L'intelligence du philosophe moderne, et du moderniste, est malade,
atteinte par une myopie qui la rend incapable de connaître les réalités extérieures ; elle ne
voit pas plus loin que les limites de la conscience.
L'acte de foi (cf. supra) suppose 3 éléments : la grâce surnaturelle et les actes
de la raison et de la volonté.
Mais la maladie intellectuelle du moderniste va détruire le fondement rationnel
de l'acte de foi : les préambules de la foi vont devenir incertains et les motifs de
crédibilité seront profondément modifiés.
Préambules de la foi : Existence de Dieu (le principal : si Dieu n'existe pas,
il n'y a plus de place pour la foi). Pour le moderniste, on ne saurait démontrer
l'existence de Dieu.
Cause : la démonstration de l'existence de Dieu prend son point de part dans
« les choses qui ont été faites » (Rom. 1/20, St Paul), ie dans « les oeuvres visibles de la
création » (St Pie X, Serment anti-moderniste).
OR, le philosophe moderne méprise ces "choses" et ces "oeuvres visibles" pour se
tourner vers l'homme et l'univers de se conscience.
=> impossible de savoir avec certitude si Dieu existe.
Motifs de crédibilité : les miracles et les prophéties sont des réalités
extérieures à la conscience => le moderniste ne saurait en être satisfait : pour lui, les
seuls motifs de crédibilité sérieux seront fournis par l'expérience intérieure
personnelle, ie la méthode d'immanence.
Exposé : tout homme éprouve dans sa subconscience un besoin du divin. Ce
besoin s'exprime, dans des circonstances favorables, par un sentiment religieux. Et ce
sentiment religieux, c'est la foi.
Miracles : le moderniste n'y voit pas un « signe très certain de l'origine
divine du christianisme très bien accommodé à l'intelligence de tous les hommes et en
particulier de ceux de notre époque » (Serment anti-moderniste). Ce ne sont un signe
que pour les croyants qui peuvent y reconnaître un geste de la bienveillance de
Dieu. « Le prodige ne peut être perçu comme miracle qu'à l'intérieur de la foi. » Pour
celui qui n'a pas la foi, les miracles ne sont guère qu'une "interpellation" et non pas une
preuve : ie ce ne sont plus un signe de crédibilité.
CONCLUSION de la partie I : 2 grandes différences entre le modernisme et la doctrine
catholique :
pour le moderniste, la foi n'a plus de fondement rationnel certain : le
modernisme oublie, ou nie, que la foi est « un véritable assentiment de
l'intelligence », précédé par des préambules de la foi et des motifs de crédibilité
qui s'adressent aussi à l'intelligence et montrent que l'on doit croire.
Cause de la suppression de l'aspect intellectuel de la foi : esquiver l'aspect
contraignant de la foi : notre intelligence est capable de connaître notre devoir de croire,
et c une contrainte (morale) qui s'oppose à la liberté (métaphysique). (cf txt p. 44)
La distinction de la nature et de la grâce : pour le moderniste, la foi est un
sentiment religieux issu du subconscient ; c'est même, à la limite, une exigence
de ce subconscient. => il n'y a plus de frontière nette entre le naturel et le
surnaturel.
Confusion nature/grâce, sentiment religieux/foi => le moderniste admet que tous
les hommes qui ont un sentiment religieux ont la foi.
Comme le sentiment religieux est qq chose de naturel, il se trouve + ou dans
toutes les religions => ttes les religions st + ou vraies. La religion qui vous convient
est celle qui vous permet le mieux d'exprimer votre sentiment religieux.
TRANSITION : Après avoir déterminé clairement ce qu'est la foi, et ce qu'elle n'est pas,
nous allons à présent aborder les rapports de la raison et de la foi : constitution Dei Filius,
chp 4.
La définition de la foi nous a permis de voir que la raison ne s'oppose pas à la foi,
mais qu'elle en est même un support, elle est nécessaire, avec la volonté, pour poser
l'acte de foi.
Une autre question se pose alors : la foi s'oppose-t-elle à la raison ? Le fait de
croire des vérités (donc incontestables) révélées (et donc non issues d'un raisonnement
intellectuelles mais de la révélation) est-il un obstacle à l'exercice de la raison, de notre
faculté de raisonner, de penser ?
Nous verrons d'abord qu'il n'y a pas d'opposition entre la foi et la raison, ceux-ci
étant deux ordres de connaissance. Puis, qu'il existe même une complémentarité
fructueuse entre la foi et la raison.
II. L'absence d'opposition entre la raison et la foi
A) Les erreurs quant aux rapports entre foi et raison
Il existe deux types d'excès quant aux rapports entre foi et raison.
FIDEISTES : ils nient à la raison la capacité d'atteindre à de véritables
certitudes sans le secours de la révélation (cf. existence de Dieu, spiritualité et
immortalité de l'âme, liberté...)
=> les découvertes de la science sont sujettes à caution et la foi doit contrôler directement
la science.
Ex : Fernand Combrette (1890-1980) : pensait trouver dans la Bible la
preuve du géocentrisme, et récusait les preuves apportées depuis des siècles sur la
fausseté du géocentrisme.
RATIONALISTES : n'admettent comme connaissance légitime que les
connaissances prouvées par la raison. Seule la raison est capable de parvenir à de
véritables certitudes qui s'imposent à tous les hommes. Si la foi prétend parler de choses
que la raison ne peut atteindre (le domaine du "transcendant"), les assertions qu'elle
énonce ne sont pas certaines. => Les mystères de la foi sont absurdes puisque la raison
ne peut les démontrer. Tout ce qui est domaine de la foi est irrationnel, étranger à la
raison.
Ces deux excès sont réunies par le modernisme : l'erreur moderniste est comme
un milieu qui participe des erreurs des deux systèmes opposés.
Fidéisme : le moderniste diminue le pouvoir de la raison, incapable, d'après
lui, de dépasser la sphère des phénomènes et en particulier de démontrer
l'existence de Dieu et de prouver avec certitude le fait de la révélation. La foi
du moderniste est sentimentale et coupée de la raison.
Rationalisme : le moderniste diminue autant qu'il le peut le domaine du
surnaturel. Il soumet à une critique décapante, si bien qu'il ne reste plus
grand chose du contenu de la foi.
Ex : dans les Evangiles, le moderniste éliminera tout ce qui paraît trop
"extraordinaire" : il faut enlever tout ce qui, d'après lui, a été transfiguré et défiguré par la
foi des chrétiens (foi sentimentale).
B) La condamnation des erreurs
« Bien que la foi soit au-dessus de la raison, il ne saurait y avoir jamais de véritable
désaccord entre la foi et la raison, attendu que le Dieu qui révèle les mystères et répand
la foi en nous est le même qui a mis la raison dans l'esprit de l'homme et qu'il est
impossible que Dieu se renie lui-même ou qu'une vérité soit jamais contraire à une autre
vérité » : constit Dei Filius, chp 4.
Ici, sont clairement condamnés le rationalisme et le modernisme qui
admettent tous deux qu'il peut y avoir désaccord entre la raison et la foi.
Rationalisme : parce qu'il pense que les mystères de la foi sont absurdes
Modernisme : parce qu'il admet le système des deux vérités.
Le concile donne 2 arguments :
la foi et la raison ont la même origine : Dieu
Notre intelligence est une participation (naturelle) à la lumière qu'est Dieu :
« En lui était la vie, et la vie était la lumière des hommes (...). Elle était la
vraie lumière qui illumine tout homme qui vient en ce monde. » (Jn 1/4, 9)
St Thomas commente : « Tous les hommes qui viennent dans ce monde
sensibles sont illuminés par la lumière de la connaissance naturelle de par une
participation de cette vraie lumière ». « La lumière intellectuelle
qui est en nous n'est rien d'autre qu'une certaine similitude participée de la lumière
éternelle ».
Quant à la foi, elle est aussi une participation à la connaissance de Dieu puisqu'elle
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