pour se ronger nerveusement les ongles.
Cet exemple surenchérit le sentiment de désaveu éprouvé par l'écolier. L'acte de cet
homme peut être saisi comme une forme de désarroi. Ce qui est intéressant dans ce cas,
est que le désarroi de cet homme peut être mêlé à deux sentiments extrêmes: soit l'homme
qui, dans tous les cas, ressent un fort sentiment d'incapacité décide de renoncer, soit il
décide de combattre et de dépasser sa difficulté.
Ceci nous montre que de porter un objet quel qu’il soit à sa bouche n'est pas un acte
anodin, mais est bien au contraire la représentation physique d'un combat psychique
intense.
Pour reprendre l'exemple de se ronger les ongles, l'homme s'interrompt et prend le temps
de réfléchir à la manière de surmonter son épreuve, il scrute ses doigts et choisi « celui
qui en a le plus besoin », « le plus facile ». Parce que cet homme est en quête de
simplicité, alors il ronge ou « coupe » et « régularise » cette situation pénible, cette
difficulté. Il prend le temps « d'aplanir la situation » en « égalisant ses ongles ».
Le fait est, que l'acte de porter à sa bouche varie d'un individu à l'autre, en fonction de
son histoire personnelle, de son éducation, de son origine et de sa pression familiale et
sociale. L'excès dans le fait de porter à sa bouche dénote une difficulté à réagir face à
une situation qui met la personne dans l'embarras.
Cela peut donc être l'expression d'une introversion, d'une timidité ou d'un manque de
confiance en soi. C'est l'écho d'une angoisse telle qu'elle conduit à un comportement
souvent incontrôlable.
Conformément aux exemples cités plus haut, c'est une manière d'exprimer une certaine
forme de détresse face à la gestion de situations auxquelles nous sommes
quotidiennement confrontés. La personne n'a pas la possibilité d'agir directement sur ces
situations, elle va donc mettre en œuvre des comportements détournés de réduction de
son état de tension. Le mécanisme qui produit la réduction de l'anxiété n'est pas connu.
Cela pourrait être une forme d'auto-contrôle du stress et de l'agressivité générée par la
situation pénible comme l'ont suggéré certaines études. Porter à sa bouche de manière
excessive serait un acte destiné à diminuer l'intensité du conflit et des émotions générées.
Parfois, cela peut être le signe d'une véritable auto-agressivité, d'une auto-punition.
Ces différents états d'esprit cités peuvent ne pas être clairement avérés ou remarqués par
la personne et son entourage, mais peuvent relever de l'inconscient. Il faut cependant
être prudent car trop porter à sa bouche observé seul, ne peut pas être considérée comme
un diagnostic de déséquilibre émotionnel.
D'après les données de plusieurs études psycho-sociologiques, cela peut commencer dés
le plus jeune âge sans distinction de sexe.