La Sérotypie
I Principe
Le principe de la sérotypie est basé sur les réactions Antigènes-Anticorps que vous avez étudiées au cours de biochimie.
En présence l’un de l’autre dans des concentrations idéales, il se forme des complexes Ag/Ac c’est-à-dire des liaisons entre les
immunoglobulines et les molécules antigéniques de façon à former un réseau.
Les bactéries portent de nombreux antigènes (de surface, toxine, de virulence, etc.…) et peuvent donc être reconnues par des anticorps
(base des vaccins…) et peuvent donc produire des réactions Ag/Ac.
Ces réactions étant spécifiques, nous pouvons les utiliser pour « typer » une souche.
Différentes techniques sont utilisables :
II Technique en tube. Exemple du sérotypage des antigènes O chez E.coli
La technique de sérotypage en tube est la technique de référence. Une suspension de la bactérie à typer est mélangée à un antisérum
spécifique. Après sédimentation des bactéries, il suffit de donner une « pichnette » sur le tube. Un test négatif provoquera un trouble
homogène tandis qu’un test positif donnera des volutes floconneuses :
Le sérotypage des souches d’ Escherichia coli est principalement utilisé en recherche au point de vue épidémiologique. En effet, on
s’aperçoit rapidement que certains sérotypes parmi les 177 sérotypes décrits (O1 à O177), sont plus fréquemment rencontrés lors de
certaines pathologies ou chez certaines espèces… Ainsi, cette méthode de sérotypage est utilisée en médecine humaine pour des
diarrhées chez le nouveau-né (recherche de E.coli 0157 H7 pouvant entraîner une issue fatale).
III Technique sur lame. Exemple du sérotypage des antigènes O, H et Vi chez Salmonella
Cette technique de sérotypie est l’une des plus simples à mettre en œuvre et l’une des plus rapides également. C’est la méthode la plus
utilisée dans les laboratoires pour rechercher de nombreux antigènes.
La technique est très simple :
Sur une lame propre, on dépose une goutte de l’antisérum que l’on veut tester. A l’aide d’une anse de platine ou d’une pipette pasteur,
on prélève un peu de la souche bactérienne et on la met en suspension dans la goutte (c’est la bactérie elle-même qui sert de
révélateur). On étale ensuite un peu la goutte et on effectue un mouvement de balancement de la lame. Si la souche possède l’antigène
correspondant à l’antisérum testé, il se forme des agglutinats visibles à l’œil nu (parfois plus visibles si on regarde la lame par
dessous)
Test négatif Test positif
En bactériologie, elle est fréquemment utilisée pour le typage des Salmonella, des Escherichia coli et des Shigella (en médecine
humaine…)
IV Technique sur lame après extraction : Exemple du groupage de Lancefield des Streptocoques.
La technique est la même que précédemment sauf que, le système de vélation de la réaction Ag/Ac n’est plus la bactérie elle-même
mais une bille de latex (colorée ou non) recouverte des anticorps spécifiques. Les antigènes bactériens sont mis en suspension par
extraction enzymatique ou chimique.
Sur la base de la détermination des antigènes du groupe, la quarantaine d’espèces et de sous-espèces du genre Streptococcus sont
réparties en trois catégories : les streptocoques «groupables», les streptocoques «ingroupables» et les streptocoques «déficients»
(S. adjacens et S. defectivus) classés à part en raison de particularités liées à leurs besoins nutritionnels et à certaines caractéristiques
métaboliques.
L’intérêt de ce groupage réside dans le fait qu’à partir de souches isolées de Streptococcus, il est possible de cibler l’identification sur
quelques espèces seulement plutôt que plusieurs dizaines. Associé à l’animal, la pathologie et à l’hémolyse sur gélose au sang (de
mouton), il permet de déterminer l’espèce en cause.
Le mode opératoire est très simple. A partir de culture pure, on réalise une extraction de l’antigène (enzymatique ou chimique) puis on
mélange une goutte de cet extrait avec une goutte de réactif (billes de latex sensibilisées, colorées ou non) de chaque groupe. Après
quelques mouvements de la plaque, il apparaît une agglutination dans l’un des mélanges.
Cependant, vu la basse fréquence de certains groupes, il est habituel de ne tester que les 6 groupes les plus fréquents : A, B, C, D, F et
G
Test avec une souche de groupe A (billes de latex non colorées) Test avec une souche de groupe B (billes colorées en rouge, surnageant vert)
V Tests sérologiques d’identification
Ce n’est plus à proprement parler de la sérotypie mais plutôt du diagnostic direct basé sur les réactions antigène/anticorps…(voir
paragraphe VI)
a- La gamme Pastaurex®
Une nouvelle gamme de tests d’identification a vu le jour depuis quelques années. En effet, basée sur le principe de réaction Ag/Ac
(agglutination) elle permet pour quelques germes une identification très rapide à partir des colonies, et parfois directement à partir du
prélèvement.
En effet, pour certains prélèvements et certaines pathologies, le germe responsable fait partie d’une courte listeIl est donc possible
de rechercher directement ces espèces plutôt que de lancer un protocole lourd d’identification (demandant parfois 3-4 jours…)
Le principe en est très simple. Un support d’agglutination (historiquement, des bactéries mais de plus en plus souvent des billes de
latex) est sensibilisé avec des anticorps monoclonaux très spécifiques et très sensibles contre les principales espèces rencontrées dans
une pathologie.
Ainsi il existe des kits de détection pour :
- La méningite : recherche de Neisseria meningitidis A et B, Escherichia coli K1, Cryptococcus neoformans,
Haemophilus influenzae tybe b, Streptococcus pneumoniae et Streptococcus du groupe B.
- Recherche du Staphylococcus aureus
- Recherche de Pseudomonas aeruginosa (détection et groupage)
- Et d’autres…
On voit donc qu’ils sont plutôt destinés à un usage médical humain mais il est possible de les utiliser en médecine vétérinaire…
Par exemple, le kit de recherche du S.aureus est bien utile lors d’otite canine. En effet, si on obtient un Staphylococcus hémolytique
coagulase + , qui est négatif à la recherche du Staphylococcus aureus, ce ne peut être qu’un Staphylococcus intermedius*
Exemple du test S.aureus
Staphylococcus aureus Staphylococcus intermedius
* : rappel les Staphylococcus coagulase + sont S.aureus, S.intermedius et S.hyicus. Parmi les 3, seuls S.aureus et S.intermedius sont hémolytiques.
b- L’immunofluorescence (Ex : Legionella pneumophila)
Dans certaines pathologies, l’utilisation de la sérotypie, est un moyen d’identifier la bactérie. En effet, celle-ci peut demander des
milieux très spéciaux ou du temps pour se développer. C’est le cas de la Legionella pneumophila.
A partir d’un prélèvement, il est possible de faire un frottis et de rechercher directement les bactéries responsables grâce à l’utilisation
d’anticorps. Pour plus de facilité de visualisation, les anticorps utilisés sont marqués à l’aide d’une molécule fluorescente
VI Vocabulaire
Trois termes sont souvent employés (ou pris) l’un pour l’autre alors qu’ils représentent trois réactions ou protocoles complètement
différents : sérotypie, sérodiagnostic direct et sérodiagnostic indirect. Afin de clarifier la situation, nous allons donner une courte
définition de ces trois termes.
La sérotypie est l’identification d’une souche bactérienne à l’aide des antigènes qu’elle porte. Cela se fait après isolement de celle-
ci.
Le sérodiagnostic direct est la mise en évidence d’un antigène dans le sang du patient. Bien sûr, cet antigène peut être bactérien
(par exemple une toxine) mais ce n’est pas obligatoire. Il peut être réalisé sans culture de la bactérie…
Le sérodiagnostic indirect est la mise en évidence d’un anticorps spécifique dans le sang du patient. Il permet de confirmer, a
posteriori, que le patient a été en contact avec l’antigène correspondant (qui peut être bactérien. Exemple : sérodiagnostic de Widal et
Felix pour les Salmonella, Test du Rose Bengale ou Ring test pour Brucella). Ce protocole peut être quantitatif et permettre de
déduire une infection récente ou non, ou encore une vaccination…
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