3.
Entre temps, sanctionnant durement l’invasion du Koweït, les
Etats-Unis s’en étaient pris à l’Irak, à l’époque visant, entre autres objectifs,
l’attribution à l’allié séoudien du quota pétrolier imparti à l’Irak. (Cette première
guerre du Golfe fut à l’origine de bien des malheurs : l’occupation de l’Arabie
Séoudite par les contingents de la coalition anti-irakienne réunit les conditions
du «choc des civilisations » et apporta à Oussama ben Laden bien des adeptes).
Faisant preuve d’une surprenante patience Washington ne réagit pas, ou fort
peu, au premier attentat du World Trade Center (1993), sembla se résigner à
celui de Dahran (1995), si ceux de Nairobi et de Dar es Salam (1998)
déclenchèrent des représailles à l’encontre du Soudan. Mais, en octobre 2000 le
destroyer Cole était attaqué à Aden et, le 11 septembre 2001 ce furent New York
et Washington qui subirent le terrible traumatisme qui mobilisa l’Amérique et
une large fraction du monde contre le terrorisme et, dans une forte mesure,
justifia, aux yeux des Américains la guerre d’Afghanistan et la seconde guerre
d’Irak. Ces attentats, et ceux qui suivirent, entre autres, au Pakistan, en
Indonésie, en Jordanie, au Maroc, en Espagne, en Arabie Séoudite, ont pesé
lourdement sur l’économie mondiale, freiné les échanges, assombri l’avenir,
augmenté le prix de l’énergie fossile mais, surtout, dressé une portion du monde
contre les puissances faisant cause commune avec les Etats-Unis accusés d’user
du prétexte terroriste pour étendre leur hégémonie par tous les moyens y
compris la force des armes.
Mais le combat contre le terrorisme, si coûteux matériellement et si
dommageable soit-il pour la démocratie américaine, présente cependant pour
elle quelques avantages :
- Pour une part, au moins, il escamote les violations du
droit et les atteintes à la morale dont se rendent coupables les Etats-Unis alors
qu’ils s’en proclamaient les champions.