Immunisation des animaux
Certaines espèces sont particulièrement employées pour produire des anticorps: le
lapin, la souris, le rat, la chèvre, le mouton et le cheval. Le choix de l'animal repose
sur divers critères. Si on doit produire beaucoup d'antisérum, on choisit alors un
animal plus gros. cependant les gros animaux sont plus couteux (achat, élevage, etc.)
et sont souvent moins faciles à manipuler. D'autre part, si on veut un animal facile à
manipuler et à élever en laboratoire, on se tournera vers des espèces plus petites. Les
petits animaux comme les rats ou les souris se gardent facilement dans des
installations peu couteuses et sont faciles à manipuler. Cependant, on ne peut pas
prélever de grandes quantités de sang. Des espèces de tailles intermédiaires, comme le
lapin, sont donc souvent employées. La quantité d'antigène disponible est aussi un
facteur très important: plus l'animal est gros, plus il faut d'antigène pour induire une
réponse immunitaire utile.
Quoi qu'il en soit, il est important de choisir un animal qui est phylogénétiquement le
plus éloigné possible de la source de la protéine avec laquelle on veut faire
l'immunisation. En effet, une protéine est d'autant plus antigénique qu'elle ne
ressemble pas à une protéine normalement présente chez l'espèce qu'on veut
immuniser. Ainsi, si on veut préparer un anticorps contre une protéine de rat, on
préférera souvent immuniser un cheval ou une chèvre plutôt qu'un autre rongeur
comme la souris. Tel que mentionné précédemment cependant, les limitations
inhérentes à l'emploi de gros animaux peuvent inciter à se tourner quand même vers
une espèce moins appropriée mais plus facile à élever et à manipuler. Il est aussi
évident qu'on ne peut pas immuniser un animal contre une protéine commune aux
animaux de sa propre espèce! Les souris sont particulièrement employées pour la
production d'anticorps monoclonaux.
On peut injecter l'antigène de plusieurs façons, l'important est que l'antigène reste le
plus longtemps possible dans l'organisme et arrive dans la circulation sanguine petit à
petit pour maximiser la production d'anticorps. Les principales voies d'administration
sont des injections sous-cutanées, intradermiques, ou intramusculaires; les injections
intraveineuses et intrapéritonéales ne sont employées que dans des cas particuliers.
Pour ralentir la libération de l'antigène dans la circulation sanguine et activer la
réponse immunitaire on combine généralement l'antigène à une émulsion appelée
adjuvant. Le plus connu est sans contredit l'adjuvant de Freund qui est composé
d'huile minérale additionnée d'un agent émulsionnant (adjuvant incomplet) et de
particules de bacille inactivé de la tuberculose (adjuvant complet). Ce type de
procédure avec adjuvant complet est cependant douloureuse pour les animaux et sont
très fortement déconseillées par les organismes de protection des animaux. D'autres
produits sont plus rarement employés comme des sels d'alun, de l'albumine sérique de
boeuf méthylée, etc.
Le système immunitaire produit relativement facilement des anticorps contre les
grosses molécules comme les protéines et les polysaccharides, on qualifie ces
molécules d'immunogènes. Cependant les molécules de petite taille (e.g. hormones
stéroïdiennes, petits peptides, etc.) sont très peu antigéniques. On peut cependant
produire des anticorps contre de petites molécules qu'on appelle alors "haptènes". Il
faut tout d'abord conjuguer ces petites molécules sur des vecteurs ("carriers"), des
protéines comme l'albumine ou l'hémocyanine de patelle (sorte d'invertébré). Ce