officiers, comptant plus sur leur esprit chevaleresque que sur leurs qualités de
technicien.
Les soldats français n’ont pas d’informations sur l’armement et le degré de
préparation de l’armée prussienne.
Un exemple fut symptomatique de l’impréparation française à une guerre subie sur
son territoire : plusieurs anecdotes rapportent que des officiers réquisitionnaient les
cartes scolaires dans les villages où ils s’installaient, faute de cartes d’état-major.
Les officiers prussiens, par contre, étaient souvent mieux équipés que leurs
homologues français et, par conséquent, mieux informés à propos du terrain et de
l’infrastructure disponible.
Faidherbe croit les ennemis plus nombreux et déterminés lorsqu’il se présente
devant Péronne.
Comptant encore une fois sur l’improvisation, l’état major français n’avait pas établi
de procédure d’évacuation et de retraite : rien ne semble avoir été établi en ce qui
concerne la destruction des points stratégiques. Ainsi, tout au long de la campagne
(c'est-à-dire de la retraite), les armées françaises laissent derrière elles, à disposition
de l’envahisseur, ponts, chemins de fer, dépôt de munitions.
On peut donner à ce sujet un exemple évocateur : l’Allemagne a récupéré toutes les
munitions stockées en Lorraine (qui auraient du servir à l’invasion de la Prusse). De
même, on peut rappeler l’histoire du chef de gare qui, sans prévenir le
commandement, évacue de Sedan vers Mézières 800 000 rations et prive du même
coup 120 000 hommes de ravitaillement pour quelques temps. Cependant, ces
mêmes soldats se rendent quelques jours après et on envoie les rations à leurs
gardiens prussiens pour tous les nourrir.
Chez les deux protagonistes, les officiers subalternes ont, semble-t-il, l’habitude de
décider eux même de la marche à suivre, sans en référer à leur commandement.
Ainsi la plupart des batailles ont été lancées à l’initiative d’officiers pressés d’en
découdre avec l’adversaire, mais sans connaître la totalité de la situation. Le résultat
est que les commandants en chef n’arrivent parfois que pour constater les résultats.
Ce comportement, qui inquiète tant les Allemands que les Français, réussit
cependant mieux aux Allemands car les appels aux renforts sont plus spontanément
suivis, tandis que les chefs d’armée français pensent sans cesse à ne pas se
dégarnir pour pouvoir battre en retraite sans ouvrir de boulevard à l’adversaire.
L’armée prussienne a su s’adapter à la guerre moderne offensive. Le
commandement français plus âgé, plus conventionnel ne prévoit pas des attaques
aussi rapides et efficaces. Cela se reproduira, hélas, en 1940.
Faidherbe bat les allemands à Bapaume mais hésite et s’arrête devant Péronne et se
rend alors qu’il pouvait gagner. A Gravelotte, Bazaine pouvait gagner mais il ordonne
le repli sur Metz.
Les services de renseignement français ont été revus eux aussi. En effet, en dépit de
la proximité de l’ennemi, les informations à son sujet sont en permanence confuses
et contradictoires. La France n’a pas analysé l’effort militaire considérable depuis
1864 en équipements modernes de l’armée prussienne.
Les canons prussiens sont en acier, chargés par la culasse, ceux des français sont
encore en bronze, chargé par la bouche.
Comme dit le dicton : « à vouloir courir plusieurs lièvres à la fois, on risque d’en
attraper aucun. »