DETTE ET RENTABILITÉ. INSUFFISANCE DES POLITIQUES
KEYNÉSIENNES ET IMPLICATIONS POUR L’AMERIQUE LATINE
Roberto Escorcia Romo
Récemment il y a eu un changement dans la politique économique davantage orientée vers
les recommandations Keynésiennes qui plaident en faveur de politiques d'intervention
monétaire et fiscale, ainsi que de rachats financiers. La prémisse consiste en ce que ces
actions favorisent le développement de la demande effective et, par conséquent, soutiennent
la production et le niveau d'emploi. En ce qui concerne les déséquilibres sur les marchés de
capitaux la nécessité d'une plus grande régulation financière est largement mise en avant
pour éviter des difficultés futures. Est-ce un problème de demande? Y a-t-il assez de
réglementation? Les politiques keynésiennes sont-elles la solution?
Malgré des taux de croissance positifs et une nouvelle euphorie boursière en 2009 et
2010 les politiques keynésiennes n'ont pas corrigé la pratique des Etats-Unis de recourir à
divers outils/instruments financiers et à un schéma d'endettement pour maintenir
l´économie américaine, c’est-à-dire qu’ils n’ont pas eliminé les déséquilibres accumulés
dans l'espace financier. L'excès de dette n'a pas disparu et la hausse du cours de la bourse
est guidée par l'ambition des classes dominantes à travers un jeu de risque moral favorisé
par les politiques gouvernementales qui réduisent la perception du risque et augmentent les
expectatives de profit, en provoquant de nouveaux mouvements de concentration du
capital. Cette brève récupération n'est qu'une "réplique de la bulle”.
La réglementation financière est insuffisante car les difficultés sont générées par la
dynamique du capital dans son ensemble et pas seulement par le caractère parasitaire du
capital financier. Supposer qu´après la régulation du capital financier les problèmes seront
résolus limite la construction d'un vrai projet alternatif. Un nouveau New Deal ne suffit pas
parce qu’il ne reconnaît pas la source du problème: la dynamique d'accumulation du capital
et les luttes de classes que celle-ci implique.
Les recommandations actuelles ne contemplent pas la trajectoire de long terme de
l'économie américaine et ses implications impérialistes sur l'économie mondiale. En
particulier, la crise a affecté les pays latino-américains, non seulement en ce qui concerne
leur commerce, mais aussi par de forts déséquilibres financiers. Les politiques
expansionnistes et d'opérations de sauvetage dans les pays du Centre ont transmi une partie
du coût au système financier latino-américain, se traduisant par davantage de pauvreté, plus
de chômage et plus d´exploitation dans la région. Une nouvelle manifestation de
l'impérialisme.
L'Amérique du Sud contestataire perçoit cette crise comme une possibilité de tracer
une nouvelle insertion dans l'économie mondiale, en pariant sur la construction d'une
alternative économique dont les premières actions s'expriment par la récupération des
systèmes bancaires, le contrôle du mouvement des capitaux, une plus grande intégration
économico-financière régionale et un système politico-social plus juste. D´autres avenirs
sont possibles, ils sont déjà en construction!
Doctorant en économie, Universidad Autónoma Metropolitana, Mexique