COURS DE JULIE ALLARD 6/03/08 Qu'est-ce que la philosophie morale? ● Philosophie? Cette question philosophique a autant de réponses que d'écoles philosophiques. Plus généralement, il s'agit d' une façon de réfléchir sur le monde, sur les objets. Cela suppose un certain recul par rapport au monde, et pour avoir ce recul, on réfléchit sur des concepts. ● Philosophie morale? Il s'agit de la philosophie pratique dans le sens où elle s'intéresse à l'action et aux raisons de cette action. Par exemple, qu'est-ce que le bien, le mal, le bonheur? Ce n'est pas une discipline seulement descriptive car elle dit comment il faut agir, elle est normative (// droit). Elle ne se contente pas de dire ce qui est mais ce qui devrait être; elle prescrit ( ex: si vous voulez bien faire, il faut faire ceci, cela,...) ● 3 notions importantes en philosophie morale : la morale : généralement considérée comme un impératif, les obligations, les commandements se réfèrent à des valeurs qui les justifient (on obéit aux obligations). Il existe un point commun avec la religion : on obéit aux obligations car il existe des valeurs ; un point divergent : religion -> foi et morale -> autonomie, responsabilité1 l'éthique : à l'origine, l'éthique (ethos = moeurs; morale d'une communauté) était équivalente à la morale ( +absolu). L'éthique énonce des règles de conduites issues des usages et des moeurs. Aujourd'hui, la morale a un côté plus péjoratif2 la déontologie : c'est une notion plus pratique, utile. Étymologiquement, le mot provient du grec deontos qui signifie devoir. Il s'agit donc de l'ensemble des devoirs qui s'applique à un champ d'action humaine (=> éthique appliquée). Elle fonctionne par codes, énumérations positives de devoirs. C'est une notion plus positive, plus tangible, explicite mais elle ne définit pas tous les comportements. 3 questions de philosophies morales dont les réponses ont dessiné les grandes écoles de philosophie morale: A) Quelle est l'origine de la morale? Qu'est-ce qui fait que l'on se conduit bien ou mal? Est-ce notre raison ou nos sentiments qui nous influence(nt) à choisir le bien ou le mal? B) Peut – on connaître le bien et le mal? Peut-on les enseigner, les apprendre ou bien s'acquièrent-ils par expérience? Sont-ils des objets de connaissance? La morale est-elle une question de connaissance? C) Quelles sont les finalités de l'action? Commet-on une action pour le bien parce que c'est bien ou pour notre propre intérêt? Est-ce le bien et le mal sont des valeurs absolues ou relatives? A) Quelle est l'origine de la morale? Qu'est-ce qui fait que l'on se conduit bien ou mal? 1 Si on obéit à la morale, c'est par volonté autonome d'agir pour le bien et on est responsable du mal que l'on fait 2 Cf marxisme Est-ce notre raison ou nos sentiments qui nous influence(nt) à choisir le bien ou le mal? ✗ ✗ Qu'est-ce qui nous pousse à agir moralement? Sommes-nous naturellement enclin au bien ou au mal? 2 grandes tendances : 1/ LE RATIONALISME MORAL Ce qui fait de nous des êtres moraux, c'est notre raison. Il y a identification entre rationnel/moral et irrationnel/immoral. Ce qui fait l'essence de l'homme, c'est sa raison; ce qui le rend capable du bien, c'est son humanité. L' homme a une tendance naturelle pour le mal qu'il doit réfreiner; c'est le rôle de la raison : renoncer à nos penchants pour le mal pour faire le bien et résister à nos intérêts égoïstes. L'homme a une destinée et s'élève au-dessus des autres animaux car il est capable d'une raison particulière. Action, volonté, autonomie, ... sont les maîtres mots de cette philosophie. L'homme est à la hauteur de l'exigence morale quand par sa volonté il choisit, sans y être contraint, le bien plutôt que le mal, parce que sa raison lui dit de le faire. On a affaire à une conception de l'homme moderne (XVIIè XVIIIè siècle) qui se caractérise par sa capacité de résistance , d'émancipation face à la nature. C'est une période de progrès scientifiques qui permettent à l'homme de maîtriser la nature. Il existe d'autres formes de rationalisme moral, comme celui de l'Antiquité. Chez les stoïciens, celui-ci se définit comme ce que veut la nature. Pour le stoïcisme, la raison veut que nous occupions notre place dans la nature : chaque être humain a une place dans la nature, dans l'ordre. Rationalisme moral car seule la raison peut nous apprendre à rester à notre place. Le mal se définit donc comme l'oubli de notre place dans l’ordre naturel. Le bien et le mal, c'est ce que veut la nature, le monde entier. Voir Marc-Aurèle, Pensée pour moi-même, aphorisme 33. Faire le bien, c'est faire ce que la nature exige de nous. Agir rationnellement, c'est se soumettre à la nature. Il énonce un principe formel car fondé sur l'autonomie, on fait nous-mêmes le bien et le mal. Il y a donc un point commun entre ces deux formes de rationalisme : l'action selon le précepte de la raison. Par contre, le rationalisme moral moderne prône un détachement de la nature, tandis que l’antique met en exergue l'obéissance à la nature. 2/ L' EMPIRISME MORAL Ce qui fait de nous des êtres moraux, ce sont nos sentiments. Pourquoi? La raison n'est pas capable de distinguer le bien du mal, ce sont les sentiments qui font la différence; les sentiments sont à l'origine de l'action morale. Ce qui nous rend digne de l'exigence mrale, c'est quand on éprouve des sentiments à l'égard des autres; c'est le bien. Les sentiments nous affectent, noyus font agir; or la raison ne ressent jamais rien. Pour choisir le bien plutôt que la mal, il faut les distinguer et les éprouver au sens affectif du terme. Le principe s'énonce donc ainsi : ce qui nous pousse au bien, c'est un sentiment, un sentiment d'indignation (c'est ce qui est commun aux hommes). À partir de l'expérience, les sentiments émergent et nous poussent à agir. La capacité à s'émouvoir du malheur d'autrui fonde la morale. Le fondateur de l'empirisme morale est David HUME3: ce que le rationalisme n'a pas vu, c'est 3 Philosophes écossais du XVIIIè siècle. Il est l'un des penseurs principaux des Lumières Ecossaises, un mouvement alternatif des Lumières (XVI XVIIè : il faut s'émanciper des croyances pour penser par nous-mêmes; après la crise que la raison n'engendre pas l'action. La raison est indifférente au bien et au mal (Voir « Traité de la nature humaine ») . Raison > vérité (réalité) > vrai/faux Morale > sentiments > bien/mal Il a une autre vision de la raison. Elle est impuissante, ni bonne, ni mauvaise, elle est seulement cognitive. Elle peut parfois nous orienter, calculer les effets, informer nos sentiments. Pour lui, l'homme est égoïste, il recherche avant tout sa satisfaction, tout au plus peut-il éprouver un sentiment de sympathie pour l'autre. Les maîtres mots de cette philosophie seront dès lors : compassion, pitié, sollicitude, ... B) Peut – on connaître le bien et le mal? Peut-on les enseigner, les apprendre ou bien s'acquièrent-ils par expérience? Sont-ils des objets de connaissance? La morale est-elle une question de connaissance? ✗ ✗ Sont-ils extérieurs aux sentiments humains? Ou intérieurs? Sont-ils des valeurs objectives ou subjectives? 2 grandes tendances : 1/ LE COGNITIVISME MORAL Il existe réellement une différence entre le bien et le mal et on peut la découvrir car elle n'est pas conventionnelle, mais réelle. Si on la connaît, on sait à coup sûr à quoi on s'expose. L'enjeu ici est donc de connaître avec certitude certitude cette différence. Le bien et le mal, les valeurs morales en général, sont des éléments de la réalité. L'ambition est donc de créer une science morale avec des règles morales, comme une science physique. Exemple : Platon Pour lui, la morale est une question de savoir. Si on connaît le bien et le mal, on ne peut pas faire le mal; si on fait la mal, c'est qu'on se trompe, on prend le mal pour le bien; c'est une erreur due à un défaut de connaissance. Son but, « moraliser » la société. Pour Platon, donc, on ne peut pas vouloir le mal. On fait le mal par ignorance et non par volonté. Ceci est lié à une conception du savoir particulière : les hommes sont ignorants (prennent les apparences pour des réalités; l'apparence du bien cache le mal) car le mal est plus présent que le bien. Ils n'ont pas accès à la réalité car ils sont attachés à leur corps; le mal commis est commis malgré soi. Il faut se détacher de son corps (travail des philosophes). Mais la volonté n'est pas bonne par nature, elle n'est ni bonne, ni mal car elle n'est pas éclairée; c'est une question de science (page 219 du texte de Platon) Il existe d'autres formes de cognitivisme moral : celui de DESCARTES4. Il instaure la volonté philosophique de rompre avec la tradition scolastique pour fonder la science. Il s'agit d'un cognitivisme plus partiel, plus subtile. Il a développé une théorie de la connaissance (« Théorie de la connaissance de Descartes »). protestante). En GB, autre tendance : la philosophie s'autonomise par l'empirisme qui provient de la raison et de l'expérience. 4 René Descartes, né à La Haye en Touraine (devenue Descartes) le 31 mars 1596 et mort à Stockholm (Suède) le 11 février 1650, est un mathématicien, physicien et philosophe français, considéré comme l'un des fondateurs de la philosophie moderne. Avant la modernité, l'enseignement philosophique se calquait sur la méthode platonicienne : maître/élève. Descartes veut plutôt pratiquer la méditation, l'introspection (l'esprit se retourne sur lui-même). Il veut donc penser seul, et pas comme antérieurement, collectivement, d'où ses « Méditations métaphysiques » , c'est un ouvrage presque autobiographique. Lorsqu'il est en introspection, il s’aperçoit que ses sens le trompent. Ce qu'il croyait vrai paraît faux lorsqu'il se retourne sur lui-même. Il doute donc de tout, mais il lui reste une certitude : il pense car s'il ne pensait pas, il ne douterait pas et s'il pense, il existe (c'est le doute systématique de Descartes, le célèbre « Cogito ergo sum »). le doute est une méthode philosophique, un doute systématique de la tradition, des préjugés, des croyances. L'enjeu, aboutir à la certitude5. Nous en tirons deux éléments importants : ● Aussi longtemps que le doute reste, nous devons nous abstenir d'un jugement. Il faut préférer ne pas choisir, plutôt que de se tromper. ● Il fait une distinction entre méditation et action. Si on a des doutes, on n'agit pas, au risque de se tromper sinon. Cependant, des questions se posent dans l'urgence, dans une période de doute, de méditation. On l'a dit, Descartes préfère ne pas agir plutôt que de se tromper. Toutefois, bien souvent, on ne peut pas ne pas agir et, heureusement, le doute est provisoire. Il pense qu'à force on parviendre à une science morale, on n'aura plus peur. Mais que fait-on d'ici là? On adopte une morale provisoire, des règles qui doivent suppléer notre connaissance imparfaite. Il énonce trois règles6 dans le « Discours de la méthode » : « Se conformer aux coutumes de son pays » car il n'a plus de conviction personnelle puisqu'il doute toujours. « Prendre le probable comme certain », dans l'action ; or, tout ce qui est incertain doit être faux du point de vue de la raison. Il existe une illustration simple : lorsque l'on est perdu dans la forêt, mieux vaut emprunter n'importe quel chemin, puisque il nous mènera ailleurs que là où nous sommes perdus. « Changer ses désirs plutôt que l'ordre du monde » dans l'incertitude ; or, il revendique l'émancipation. Descartes fait également une distinction entre entendement et volonté. C'est une relation très importante pour comprendre le cognitivisme moral : l’entendement, qui connaît, sait où se trouve la frontière (objective) entre le vrai et le faux, le bien et le mal. Il doit donc l’indiquer à la volonté, qui dirige l’action. Il doit dominer la volonté pour l’orienter vers le vrai et le bien, auxquels la volonté reste indifférente. Cela veut dire en gros que la connaissance doit précéder l’action. Quand nous nous trompons, c’est parce que nous utilisons mal notre entendement. Il existe des règles de l'entendement, une façonde progresser dans la connaissance qui, si elle est suivie, permet d’éviter de se tromper, et donc de commettre le mal moral. 5 Attention : ne pas confondre avec le scepticisme 6 Page 7 du « Discours de la méthode » Actuellement, le courant s'appelle le positivisme moral (juridique, économique, psychologique, ...). le cognitivisme moral a débouché sur ce qu’on appelle le positivisme : les objets moraux doivent être des objets de la connaissance. Le positivisme repose sur une certaine idéologie, une certaine foi dans la science. Voir la devise de l'ULB « scientae vincere tenebrae », les sciences vaincront (venir à bout) les ténèbres (ignorance, le mal, l'obscur, le Diable, ...). Le cognitivisme moral engendre plusieurs implications : ● ● ● ● Si la connaissance était parfaite, le mal n'existerait pas. Si nous commettons le mal, c'est que nous nous trompons. Nous ne voulons pas le mal en connaissance de cause. L'entendement (faculté de connaître) doit dominer la volonté, il faut perfectionner la connaissance pour qu'elle puisse contrôler notre action. C'est indissociable d'une certaine foi dans la connaissance, la science va apparaître comme un rempart contre le mal. Aujourd'hui, cette position paraît naïve dans notre société moderne. En effet, la science a fait beaucoup de mal : un exemple, la bombe atomique. On commence à être méfiant vis-à)vis de la science (clonage, OGM, vaccin, ...) Néanmoins, la vérité scientifique fut une arme redoutable des philosophes contre le fanatisme religieux. Mais, avec les dérives technologiques, notre foi en la science, base de notre idéologie, est ébranlée, ce qui provoque un retour à des croyances plus archaïques (comme le fanatisme religieux). Ainsi, il existe un rationalisme non cognitiviste qui effectue une distinction entre raison et action. La raison a un côté théorique et un autre pratique. Le bien et le mal ne sont des objets de connaissance et doivent rester des objets d'incertitude. Ce qui fait qu'une action est morale, c'est qu'on ne peut pas la reconnaître par la raison. À l'inverse, le rationalisme cognitiviste, appelé alors, l'intuitionnisme moral affirme que le bien et le mal relève de l'évidence affective, on a une intuition du bien, du mal. Il existe aussi un « anti-cognitivisme moral », dont ARISTOTE7 est le penseur central. Il va déconstruire la logique de Platon : il faut sauver la liberté humaine ; ce qui fait la qualité de nos actions, c'est qu'elles sont déterminées par une volonté libre. Nul ne veut faire le mal, mais une mauvaise action n’est pas nécessairement une action involontaire. Selon Aristote, Platon a tort car il oppose l'acte volontaire (en connaissance de cause) à l'acte involontaire8 (commise par ignorance mais que l'on regrette). Mais Platon a oublié un type d'acte : l'acte non volontaire, accompli indépendamment de la volonté, par ignorance mais sans regrets. Implications : (a) Pour qu'une action soit non volontaire, il ne faut pas éprouver de regrets (ignorance) (b) Dans « Ethique à Nicomaque »9, il définit l'ignorance. IGNORANCE Aristote (en grec ancien Ἀριστοτέλης [Aristotélês]) est un philosophe grec qui naquit à Stagire (actuelle Stavros) en Macédoine (d’où le surnom de « Stagirite »), en 384 av. J.-C., et mourut à Chalcis, en Eubée, en 322 av. J.-C. Il a discuté les thèses philosophiques de son maître Platon et a développé les siennes propres dans le sens d'un réalisme philosophique qui prend en compte les informations fournies par les sens. Il s'est également beaucoup intéressé aux sciences physiques, biologiques, astronomiques, rhétoriques et éthiques. Il est également l'inventeur de la logique formelle. 8 Par exemple, gifler sa fille et regretter tout de suite après 9 Livre II, chapitre 2, page 2 7 on ne sait pas faire la différence entre le bien et le mal on ignore un élément de la situation qui fait qu'on prend une mauvaise décision Faire le mal par ignorance est différent de faire le mal dans l'ignorance On ignore la règle morale On connaît la règle morale mais on ne sait pas l'appliquer L'acte n'est ni volontaire, ni involontaire Acte involontaire Ignorance sans solution liée à un défaut de caractère = esprit pervers (il confondra toujours le bien et le mal) Pas un être mauvais (car mauvaise décision) => regrets on ne savait ce que l'on était en train de faire Mal = fait de ceux qui ignorent ce qu'ils doivent faire ou éviter Mal commis de manière accidentelle La connaissance du bien et du mal n'est pas une condition suffisante à l'action morale. Aristote introduit la notion de sagesse, qu'il oppose à celle du savoir. Le savoir est l'accumulation des connaissances qui se valent en dehors de celui qui les possède (la science). La sagesse est quelque chose de plus individuel, de personnel, qui relève de l'action, la capacité de choisir le bien en situation, le fait de savoir appliquer la règle éthique, différencier la bonne et la mauvaise action. C'est la capacité de l'homme de la rue. Le choix se partage entre le bien et le mal. Il ne se vérifie pas dans la réalité, il détermine la qualité de notre action morale. L'opinion a un rapport aux objets, elle se divise entre le vrai et le faux. Il y a donc ceux qui sont sages et ceux qui possèdent un grand savoir. Il n'est pas nécessaire d'accumuler du savoir; la sagesse, la prudence ne se borne pas à appliquer les règles éthiques mais met plutôt l'accent sur l'expérience et la pratique. Aristote pense en terme de vertu, qui est la capacité de faire la différence entre le bien et le mal, donc il y a une différence entre le bien et le mal. Et cette différence varie en fonction des cas particuliers. Ainsi, il faut être capable de saisir dans un cas particulier dans lequel on doit agir, la frontière entre le bien et le mal, qui fluctue toujours. Il faut prendre les bonnes décisions à l'égard des circonstances, on a besoin de la vertu pour ce faire. Comment acquiert-on la vertu?10 Ce n'est pas une qualité innée, elle n'est pas en nous par l'action de la nature. Par contre, celle-ci nous a rendus susceptibles d'être vertueux, potentiellement bien. L'habitude va développer en nous la vertu, la sagesse ( on devient juste en pratiquant la justice). La vertu est une façon de se comporter, une conduite qui se mérite car ce n'est pas un don naturel. Il faut donc apprendre à l'exercer et montrer l'exemple, se familiariser. On peut donc trouver trois caractéristiques : 1. pas un don naturel mais un comportement qui s'acquiert 2. ne pas agir conformément à une règle morale mais être capable de déterminer correctement sa conduite dans une situation particulière 3. la vertu n'est pas le contraire d'un vice mais de deux vices ; Aristote oppose la vertu soit au défaut, soit à l'excès. Il s'agit, en toutes circonstances, de trouver le juste milieu. Exemple : témérité <> EXCES courage <> JUSTE MILIEU lâcheté <> DEFAUT Et le milieu peut varier ... Exemple : si on prend deux segments de taille différente, le milieu ne sera pas au même endroit. M M Et ça varie pour chaque homme ... MAL MAL BIEN Il est facile de manquer son but, seul le milieu appartient à la vertu (trouver un équilibre entre l'excès et le défaut dans chaque circonstance) ; et le défaut et l'excès à la vertu. Phronesis (grec) se traduit par prudence, sagesse pratique, la prudence fait défaut quand on agit mal. Sagesse et vertu Soit MORALE Soit Liberté humaine => si l'homme est libre alors, il peut faire le mal volontairement. Nous sommes responsables du mal 10 Page 78 Connaissance du bien et du mal que l'on fait. 2/ LE RELATIVISME MORAL C'est une pensée devenue très importante à l'époque contemporaine. On fait une distinction entre le bien et le mal mais cette distinction est extérieure à celui qui la constate, elle ne dépend pas de lui. Les valeurs et actions morales peuvent être évaluées. Le bien et le mal sont des valeurs subjectives, ce sont des façons de voir la réalité, on peut donner une certaine valeur à cette réalité, cela dépend de celui qui donne la valeur puisque ce sont des notions subjectives. La frontière entre le bien et le mal n'existe que dans l'esprit de celui qui choisit le bien ou le mal. Exemple : j'ai un ami voleur qui me demande de le cacher car il est poursuivi par la police... c'est moi qui vais déterminer la frontière, qui va varier en fonction de la personne et en fonction des circonstances. Autre exemple : cacher un enfant juif recherché par la Gestapo, pendant la guerre. Faut-il dire la vérité et livrer mon ami/l’enfant ou faut-il mentir en vue de les sauver ? Cette distinction va être incarnée dans des valeurs morales, elles-mêmes relatives à la culture, à l'époque, au pays, ... Un exemple contemporain : les droits de l'homme sont-ils une valeur universelle ou occidentale? Autre exemple : l'excision. Ou le port du voile : 2 valeurs entrent en conflit, l'émancipation de la femme versus respect et tolérance religieuse. Existe-t-il certaines actions universellement bonnes ou mauvaises? Pour le relativisme moral, non puisque cela varie toujours, en fonction du lieu, de l'époque, ... Il est donc impossible d'établir une hiérarchie des valeurs car toutes les valeurs se valent, toutes les actions se valent. Souvent, dans nos sociétés contemporaines, le relativisme moral se traduit par le culturalisme, la distinction entre bien et mal se fait par habitude, c'est une question de culture. L'explication philosophique provient d'une association entre ce qui est bien et ce qui est beau. Il se fonde sur la fait que la distinction entre le bien et le mal se base sur le goût, la distinction est donc aussi subjective que le goût et culturellement déterminée11. Il y a identification entre ce qui est beau et ce qui est bien car l'évolution des deux concepts est très proche12. C'est donc la théorie « chacun ses goûts! ». Dès lors, pourquoi essayer de convaincre l'autre, si ça dépend uniquement de lui? Dans son texte sur l'esthétique, Hume traite des différences vécues par les différentes cultures. Les hommmes pourraient être d'accord sur le langage abstrait, mais ils n'auraient quand même pas les mêmes goûts. Exemle : tous sont d'accord pour dire qu'un livre est beau si l'écriture est élégante, mais qu'est-ce qu'une écriture élégante? Il faut donc déterminer dans quelles circonstances ça va être bien ou mal. Il y a donc des valeurs abstraites et des conceptions différentes des valeurs abstraites; par exemple les droits de l'homme. Le goût moral comme le goût esthétique varie avec les cultures. Par exemple (préciser qu’il s’agit d’un exemple de Hume), le Coran : il est truffé de préceptes moraux, il loue la vertu et condamne le vice, mais place la vertu là où il y a vengeance? C'est pourquoi on a beau essayer de se mettre d'accord, on y arrive pas. C'est le principe du choc des civilisations13: incompatibilité de certaines cultures. 11 Exemple: la beauté des femmes (Renaissance : beauté = femme bien en chair ; mtn : beauté = femme élancée, mince) ou l'homosexualité (chez les Grecs anciens : ok ; mtn : pfois mal vu) 12 // avec le cognitivisme moral : vrai // bien 13 Cf 11/09/01 C) Quelles sont les finalités de l'action? Commet-on une action pour le bien parce que c'est bien ou pour notre propre intérêt? Est-ce le bien et le mal sont des valeurs absolues ou relatives? 2 grandes tendances : 1/ L' ETHIQUE DEONTOLOGIQUE Etymologiquement, déontologie provient du grec deontos qui signifie devoir. On agit moralement par devoir d'agir moralement. On fait le bien pour le bien. On ne peut pas faire une action morale pour une autre finalité que l'action morale elle-même. Pour KANT, l'acte moral se définit comme un acte accompli par devoir, par obligation. Il opère une distinction entre obligation intérieure, qui relève de la moralité, et contraintes extérieures, qui relève de la loi, de la force, a fortiori pas de la moralité. Un acte n'est moral que s'il est accompli par obligation; si cet acte produit un certain plaisir, il n'est pas moral. C'est le respect du devoir pur. Il est nécessaire de savoir que l'action va être évaluée indépendamment de ses conséquences; ce qui compte, c'est l'intention de l'action. Si on a le devoir de faire qqch, on le fait indépendamment des conséquences de notre action (donc pas de « bonnes excuses ») Kant prend un exemple. Il existe un devoir absolu : dire la vérité. En effet, le mensonge est un interdit moral absolu. Il faut donc dire la vérité quelles que soient les circonstances14. Pour comprendre en quoi il existe des devoirs purs chez Kant, il convient de bien comprendre sa division de l'action morale qui répond toujours à un impératif : ● l'impératif hypothétique : ce qu'il faut faire en vue d'un objectif particulier15. Il s'agit d'une obligation instrumentale, un outil pour obtenir un résultat. Ce n'est donc pas une action, un impératif moral(e) : « la fin justifie les moyens » (jusqu'où faut-il aller pour sauver mon ami?) ● l'impératif catégorique : ce qui doit être fait de façon inconditionnelle, aucune condition en dehors d'elle-même (se soumettre à l'obligation). Il s'agit d'un concept moderne (><Aristote) : l'obligation de l'homme moral n'est pas d'être heureux mais d'être autonome; or la liberté peut rendre malheureux. Il existe plusieurs formulations de cet impératif : « Agis selon la maxime qui peut, en même temps, se transformer en loi universelle ». Il faut agir à la hauteur d'une règle universelle. Donc, ce qui fait qu'une action est bonne, c'est que la règle qui prédomine l'action peut être universelle. « Agis de façon telle que tu traites l'humanité aussi bien dans ta personne que dans toutes autres, toujours en même temps comme fin, et jamais simplement comme moyen » Condamnation de « la fin justifie les moyens ». L'action morale doit se soumettre à l'impératif catégorique et ne doit avoir d'autres finalités que de se soumettre à cet impératif. Il opère à nouveau une distinction : L'autonomie de la volonté : on est à soi-même sa propre loi 14 Cf « ami voleur » Attention : contre argument : enfant juif 15 Exemple, l'enfant juif L'hétéronomie de la volonté : agir selon une règle qui nous est donnée de l'extérieur Seules les actions « autonomie de la volonté » sont qualifiées de morales car elles n'ont pas d'autres finalités que l'action elle-même. La volonté est autonome quand elle se soumet à l'impératif catégorique; elle est hétéronome quand elle accomplit une action pour des motifs autres que l'action elle-même; impératif hypothétique. La connaissance n'a rien à voir avec l'autonomie de la volonté. Une action bonne ou mauvaise sera déterminée en fonction de son caractère autonome ou non; et pas en fonction de la réussite ou de l' échec de la volonté. La moralité est indépendante des aspirations de la personne. La motivation doit être interne à l'action. Le grand principe de l'éthique déontologique est donc que le bien et le mal sont indépendants des conséquences d'une action. Si une action est instrumentalisée, elle est immorale. Les devoirs moraux (ex : dire la vérité) sont des impératifs catégoriques, donc sans conditions. La contrainte extérieure fait qu'une action n'est pas morale. Il faut que l'on veuille le devoir pour que l'action soit qualifiée de morale, si on le veut, on est libre. Kant fait encore une distinction entre l'action accomplie par devoir et l'action accomplie conformément au devoir. Dans la première, la volonté coïncide avec le devoir, il n'y a donc pas de motivation. Tandis que dans la seconde, l'action peut être contrainte , le devoir ne motive pas l'action. Cette action n'est ni morale, ni immorale. On retrouve quelques éléments intéressants dans sa « Métaphysique des moeurs »16, ● Tous les hommes veulent sauver leur peau parce qu'ils en ont envie, parce que leur vie a de la valeur, qu’ils sont heureux, qu’ils ont peur de mourir, etc. Cette action n'est pas morale car elle n'est pas accomplie par devoir (et non « conformément »). ● Etre bienfaisant, quand on le peut, est un devoir. Mais il y a des gens qui aiment faire plaisir aux autres, encore une fois ici, l'action n'est pas morale car elle n'est pas accomplie par devoir d'être bienfaisant. Par contre, l'action sera morale lorsque l'on fait plaisir à quelqu'un et que l'on déteste ça. ● Plus on souffre à accomplir l'action morale, plus c'est par devoir qu'on le fait. ● On doit vouloir l'action, indépendamment des conséquences. Le fait de vouloir faire plaisir ne garantit en rien que l'action soit morale et que l'on fera le bien. Le devoir est la nécessité d'accomplir une action par respect pour la loi. L'action doit être influencée par le devoir pur et la volonté doit être libre et autonome (impératif catégorique). C'est le principe de l'autonomie de la volonté, le fait que l'on veut ou non le bien indépendamment de la connaissance du bien et du mal17. Ce qui fait qu'une volonté est bonne, c'est qu'elle veut le devoir. ● Si le but de l'être rationnel est d'être heureux (actions dictées par l'instinct), il est voué à l'échec. On peut faire au moins deux objections à l'impératif catégorique, qui remettent en cause son réalisme : (1) le caractère aveugle du devoir 16 Pages 256 et 258 17 N.B. : >< au cognitivisme moral (2) le caractère inconditionnel du devoir : doit-on respecter l'impératif catégorique à l'égard de ceux qui ne respectent pas l'impératif catégorique ? Ce qui amène à développer la théorie de Benjamin CONSTANT18 : le libéralisme politique. Y-a-t'il une liberté pour les ennemis de la liberté? Y-a-t'il une liberté d'expression pour ceux qui veulent la supprimer? Quelles vérités doit-on aux menteurs? Notre liberté s'arrête là on commence celle des autres ; si l'autre ne respecte pas ma liberté, je ne respecte pas la sienne. Je n’ai de devoir qu’envers ceux qui ont des droits. Le devoir répond à un droit. Pour Kant, si on ment à des assassins, c'est un crime. Pour Constant, une telle société est impossible. Il faut dire la vérité, c'est un devoir moral mais pas absolu. Pour Constant, la notion de devoir fait systématiquement appel à celle de droit d'un autre individu, il insiste donc sur les relations entre deux individus. Ainsi, le devoir de dire la vérité correspond au droit de celui qui a le droit d'entendre cette vérité. Les devoirs et les droits (les libertés) s'auto-limitent. 2/ L' ETHIQUE TELEOLOGIQUE Etymologiquement, téléologie provient du grec teleos qui veut dire fin, finalité. On l'appelle aussi le CONSÉQUENTIALISME. Cette éthique affirme qu'il faut inclure dans l'action morale des objectifs extérieurs à l'action même. L'accent est mis sur le but d'une action, et selon les éthiques téléologiques, les buts seront différents. L'attention est portée sur les conséquences de l'action, elle doit permettre d'atteindre son but. Pour reprendre l'exemple de l'enfant juif, le but de l'action est de sauver l'enfant et non de ne pas mentir. C'est donc le contre-pied de l'éthique déontologique. Il existe cependant une différence de poids entre certains objectifs et d'autres. Dans toute action, on trouve deux finalités (ne pas mentir ou sauver l'enfant?) qu'il faut mettre en balance ; on choisira celle qui a le plus de poids du point de vue moral. Par exemple, dans l'éthique du bonheur, le bonheur est le but ultime et maximal de toute action (Aristote) : on choisit le bien parce que ça nous rend heureux19. Le but : trouver le plaisir et éviter le déplaisir. Pour le conséquentialisme, le choix moral dépend des circonstances. Contrairement à Kant, aucun acte n'est intrinsèquement bon ou mauvais ; tout se justifie par ses conséquences. Par exemple, la torture. Si on suit le conséquentialisme, on peut torturer quelqu'un qui détient l'information capitale qui permettrait de sauver quelqu'un. L'évaluation de l'action portera donc sur d'une part, l'intention qui anime cette action, et, d'autre part, sur ses conséquences. Dès lors, on peut vouloir le bien et faire le mal (cf la torture), inversément, vouloir le mal et faire le bien. Il y a là transformation du principe platonicien : on peut faire le bien invonlontairement. Pour savoir si une action est bonne ou mauvaise, on va s'attacher à ses conséquences. Ce qui nous amène à développer la théorie de l'UTILITARISME. Ce qui fait la valeur d'une action, c'est qu'elle est utile. Cette philosophie est basée sur l'intérêt : nous ne faisons une chose que si nous y avons un intérêt. On trouve donc, comme dans le rationalisme, une conception de l'homme : rationnel, calculateur, qui évalue des conséquences de son action. Ses conséquences peuventt soit servir son intérêt personnel (ou l'intérêt général) , soit le désservir (ou désservir l'intérêt général). Le penseur central de cette philosophie est David BENTHAM20. Il énonce un principe d'utilité : 18 Benjamin Constant de Rebecque, né à Lausanne le 25 octobre 1767, décédé à Paris le 8 décembre 1830, inhumé au cimetière du Père-Lachaise (division 29), est un homme politique et écrivain franco-suisse. 19 Cf HUME : ce qui nous fait agir, c'est le sentiment de plaisir ou de déplaisir 20 Contemporain de CONSTANT toute action doit être évaluée en fonction de son utilité à la collectivité. Bentham définit l'utilité comme ce que l'on trouve dans l'action qui va permettre d'augmenter mon bonheur et celui des autres ; quand elle permet l'augmentation du bien-être. Donc, par exemple, le fait de dire la vérité doit augmenter notre bien-être. Dans « Déontologie ou science de la morale? »21, Bentham oppose l'obligation, le devoir qu'il qualifie d’obscurs, à l'utilité, qui apparaît à chacun avec évidence. Le point de départ de l'utilitarisme est d'affirmer que tout devoir est désagréable car l'homme agit par intérêt et non par devoir. Le reproche fait à la morale kantienne est son inefficacité. L'utilitarisme est fondée sur ce qui pousse effectivement l'homme à agir. Le bien doit être une réalité constatable, les hommes cherchent le bonheur. Les relations entre les hommes sont réglées par l'intérêt ; c'est le modèle d'une société, selon eux. L'intérêt est le moyen utilisé pour faire faire quelque chose à quelqu' un, a fortiori, pour lui faire faire le bien. Pour les utilitaristes, il est impossible de faire régner l'ordre par des règles, sauf par des règles qui présentent un certain intérêt pour les agents. Il faudrait dès lors lier à chaque devoir un intérêt. On retrouve cette idée dans « Modèle de législation »22: « on ne peut pas demander à un homme de faire un devoir qui est contraire à ses intérêts ». La tâche du moraliste, ce n'est pas de distinguer le bien du mal, c'est de nous apprendre à calculer, le bien est un calcul réussi ; quand on se trompe dans le calcul, on fait le mal. Mais il ne faut pas que l'utilité du geste se retourne contre nous ; il faut qu'il nous procure du « bonheur à long terme ». Dès lors, qu'est-ce que le bonheur?23 C'est la possession du plaisir avec exemption de la peine. Qu'est-ce que la vertu? C'est ce qui maximise les plaisirs et minimise les peines. Le but de l'action morale est donc la maximisation du plaisir et la minimisation des peines. Les termes « maximisation » et « minimisation » font écho à l'idée d'une certaine quantification, une quantification du bien-être. L'impératif catégorique est dès lors totalement renversé. D'où la maxime, « Agis toujours de manière à ce qu'il en résulte le plus de bonheur possible ». cela implique que, lorsque l'on a goûté à un plaisir, on va le rechercher après. On trouve en outre une identification mal/peine et bien/plaisir. Le bien et le mal ne sont pas palpables ; ils ne le sont que dans le plaisir ou le déplaisir qu'ils provoquent. L'éthique téléologique n'est pas pour autant une théorie hédoniste car elle ne valorise pas le plaisir pour le plaisir. En effet, pour l'utilitarisme, il existe une raison utile que les hommes ont pour sacrifier leur plaisir. Par exemple, la sympathie. Lorsque l'on a de la sympathie pour un ami, on a de la peine quand il est triste. Il faut en outre qu'il y ait un bien-être à long terme et le bien-être général doit être maximisé. Le bien-être général se définit comme la somme des bien-êtres individuels24. L'homme n'agit donc pas contre ses intérêts, il accomplit un devoir uniquement lorsque celuici rencontre un certain intérêt. L'évaluation d'une action, a fortiori, le bien et le mal, s'effectuera donc à partir de l'utilité de l'action. L'utilité de l'action sera elle-même évaluée en fonction de la proportion de peine et de plaisir qu'elle procure. Ce qui est important, c'est l'utilité générale (la somme de l'utilité individuelle). Dès lors, il faut que les normes juridiques permettent au groupe de maximiser ses avantages, et plus 21 22 23 24 Page 15 Page 16 Page 18 Exemple : les fumeurs N.B. : de nos jours, la loi tend au principe utilitariste. particulièrement, sa richesse. L'utilitarisme25 a donc un certain avantage : il possède un critère quantitatif du bien et du mal. On trouve une identification entre évaluation et calcul. En effet, l'évaluation consiste en un jugement de valeurs (dire : « l’action est bonne ou mauvaise »). Le jugement devient alors un calcul. C'est un avantage de taille car le problème de l'évaluation s'est toujours posé dans la philosophie morale, problème partiellement résolu par l'utilitarisme car il y a une quantification « pseudo-objective ». le but est de rendre service à l'individu, le faire agir pour moraliser la société. CONCLUSIONS ● Question A : Quelle est l'origine de la morale? Qu'est-ce qui fait que l'on se conduit bien ou mal? Est-ce notre raison ou nos sentiments qui nous influence(nt) à choisir le bien ou le mal? ● Question B : Peut – on connaître le bien et le mal? Peut-on les enseigner, les apprendre ou bien s'acquièrent-ils par expérience? Sont-ils des objets de connaissance? La morale est-elle une question de connaissance? ● Rationalisme moral : la critique la plus importante à relever est le caractère irréaliste des exigences (se détacher de son corps ...) Empirisme moral : cette philosophie part des affects comme l'indignation, les sentiments nous font agir. L'empirisme nous offre plus que le rationalisme moral mais il y a toutefois un risque : le fait de n'agir jamais raisonnablement, par la raison car les sentiments sont opposés à la raison. Cognitivisme moral : il y a séparation entre le bien et le mal mais cette séparation, cette différence est en dehors de l'homme, elle ne dépend pas de l'homme. On commet le mal par ignorance, c’est-à-dire quand on ne connaît pas cette distinction entre le bien et le mal. Relativisme moral : il y a séparation entre le bien et le mal mais cette différence varie en fonction des personnes, de l'époque, du lieu, ... on ne peut donc pas ériger une hiérarchie des valeurs. Cependant, s'il n'y a pas de hiérarchie, les actions ne peuvent plus être évaluées car toutes les action se valent, elles ne sont donc plus condamnables non plus. Question C : Quelles sont les finalités de l'action? Commet-on une action pour le bien parce que c'est bien ou pour notre propre intérêt? Est-ce le bien et le mal sont des valeurs absolues ou relatives? Ethique déontologique : l'action morale ne doit être accomplie en raison de la seule obligation de l'accomplir et en dehors de toutes conséquences. Ethique téléologique : plus réaliste, elle affirme que l'éthique kantienne est impossible. Cette approche est plus proche de notre intuition morale. Il existe toutefois un risque, celui de réduire le raisonnement à u calcul intéressé. Cela conduit à des situations où « la fin justifie les moyens, quels qu'ils soient » 25 L'utilitarisme est la morale dominante de nos jours dans de nombreux domaines comme l'économie, la politique et le droit Jusqu'où va-t-on? Ici se dresse l'indignation face aux deux totalitarismes du Xxème siècle : le communisme26 et le nazisme. Peut-on faire le mal en voulant le bien? En conclusion, nous allons développer deux nouvelles façons de voir le monde. Premièrement, la question de la validité de la philosophie morale en elle-même posée par Il pose la question du sens de la question du bien et du mal. Il va déconstruire les mécanismes qui nous font réfléchir en terme de bien et de mal. Il va renverser les valeurs : pourquoi ne devrait-on pas vouloir le mal? NIETZSCHE. Nietzsche est un philosophe atypique dans le sens où il ne cesse de critiquer la philosophie, il prétend que l'histoire de la philosophie est une maladie. Il casse la philisophie morale, l'ébranle en écrivant plusieurs ouvrages. Il dit que la philosophie se doit d’être « immorale »27. La tâche du philosophe : saper les fondements de la philosophie en critiquant la philosophie mais aussi et surtout, en reposant la question de l'objet de la philosophie : y-a-t'il du bien et du mal? Quel est le sens du bien et du mal? Le but de Nietzsche : se demander s'il est bien légitime de placer le bien au-dessus du mal. Il remet en cause le principe de cette hiérarchie. La critique des préjugés moraux doit nous transporter « Par delà le bien et le mal »28. La philioophie morale a pris pour acquis l'existence de la morale, sans aucun problème29. Pour Nietzsche, la philosophie est l'opposé de l'examen de cette croyance qu'il va analyser, dont il veut faire la vivisection. Il faut transvaluer les valeurs, les renverser. Il critique l’humnanisme. (. Il faut renverser les valeurs humanistes. Pour lui, ce sont des valeurs comme la pitié, l'amour du prochain, ... qui détruisent la valeur de l'homme. Nietzsche les appelle les valeurs de mollesse, elles ont ruiné d'autres valeurs, les valeurs de l'homme fort (= l'homme bon) qui sont l'honneur, le courage, la brutalité, ... Ces valeurs de mollesse obligent les hommes forts à abandonner la force, c'est le déclin de l'humanité ; l'altruisme va mener au déclin de l'humanité (Nietzsche vise la morale occidentale et son déclin dû à l'altruisme). La morale du bien et du mal a pris le pas sur les valeurs morales, ce qui mène au déclin de l'humanité, le signe de ce déclin étant l'esprit démocratique (à l'origine de la « féminisation de la pensée») régnant dans nos sociétés occidentales. Nietzsche se demande pourquoi la société se fonde sur le principe de l'égalité, alors que la distinction des forts et des faibles est nécessairement au développement de la société ; il oppose l'homme démocratique (= l'homme de troupeau) à l'homme d'exception (= homme moral). Dans « Pour une généalogie de la morale »30, Nietzsche incite les philosophes à faire preuve méfiance, de soupçon31 contre toute morale. Il critique la morale : d'où viennent les valeurs morales? La morale est-elle une façon de nous endormir, inventée pour asservir les forts? Il ne faut pas rechercher l'origine du mal mais bien pourquoi l'homme a eut besoin de définir le mal, d'utiliser celui-ci. Ce qui est important, c'est la valeur de la morale, qui est une question de point de vue. Par exemple, pour les Grecs antiques, les valeurs considérées comme héroïques étaient la puissance, l'orgueil, ... ; aujourd'hui, il faut lutter contre ses valeurs. Tout homme est à la fois bon et mauvais, 26 À l'origine, le communisme était une pensée du bonheur dont le but était d'améliorer le sort des hommes (« la fin justifie les moyens » 27 « Nous autres immoralistes » 28 D'après le titre d'un de ses ouvrages dont le sous-titre est « Prélude à une philisophie de l'avenir » 29 Page 22 30 Page 58 31 Avec Freud et Marx, il fait partie des philisophes des soupçons c'est une question de point de vue32. Par exemple, lorsque les hommes peuvent sortir de la civilisation (en période de guerre par exemple), ils deviennent barbares avec leurs ennemis. Une fois rentrés, ils sont doux avec leurs proches et sont presque fiers de leur brutalité. Leur morale s'applique à leurs amis mais pas à leurs ennemis. Deuxièmement, la question du Mal radical. Ce concept intervient avec force quand on se pose la question : comment est-ce possible? Comment des hommes ont pu exterminer des millions d'êtres humains? Comment expliquer cela du point de vue de la philosophie morale? Toutes les philosophies morales vues au cours pourraient justifier ce qu'il s'est passé. Pensons par exemple l'utilitarisme, par intérêt ; à l'éthique déontologique, par devoir ; ou encore au cognitivisme moral, on ne fait pas le mal volontairement. Au milieu du Xxème siècle, on se pose la question de savoir si les nazis sont des monstres (et sinon : comment l’humain fait-il l’inhumain ?). Si oui, qu'est-ce qu'un monstre? Le Mal radical est, pour Kant, une façon de dire que la condition humaine est marquée par le mal même, pas le mal qui vient de notre animalité ou de notre côté « diabolique », non, le mal qui est une caractéristique de l'humanité, ce que l'homme fait à l'homme. La thématique du mal radical est développée par Kant pour expliquer ce qui s'est passé durant la Révolution française. En effet, cherche à expliquer la Terreur : comment une idéologie de libération peut-elle conduire l’homme à détruire l’homme ?. Le bien peut-il nous faire du mal? Ce n'est possible que si l'on suppose que l'homme a un penchant pour le mal (pas le mal « animal ») ; la liberté nous rend potentiellement mauvais. Ce qui est rare, c'est le bien. Le Mal radical surgit lorsque la société se tourne vers le Bien absolu (Xxième siècle : le bonheur du peuple) ; le Mal radical est propre à la fragilité, dire qu'il est animal serait le sous-estimer ; mais dire qu'il est diabolique serait le surestimer. La philosophe Hannah ARENDT33 a repris la thèse du Mal radical en l'appliquant à la Shoah. Elle arrive à la conclusion qu'il y a une banalité du mal. Le fondement de la thèse d'Arendt trouve sa source dans le procès d'Eichmann34 auquel elle a assisté. Elle en a fait un compte-rendu : « Eichmann à Jérusalem ». Qui est l'incarnation du Mal radical dans ce procès? Eichmann? Un homme simple, un bon père de famille, un mari attentif? Il n'a rien d'un monstre, il est banal, ordinaire. Le mal est donc ordinaire (c'est le bien qui est rare!). Eichmann n'est pas un idéologue du nazisme, il n'était qu'un haut responsable bureaucratique de la Solution Finale. En outre, il n'avait pas de haine envers les juifs. Pendant tout le procès, Eichmann se défend : il n'a pas voulu faire le mal, en plus, il n'a pas tué lui-même un juif. Il ne comprend pas pourquoi il est jugé35. Il faisait son devoir, il prétend qu’il a agi selon la logique du devoir de Kant36. Comment Arendt va-t'elle expliquer la banalisation du mal? Ce qui fait que les hommes commettent le pire, c'est qu'ils sont incapables de juger, de faire le différence entre le bien et le mal 32 Page 84 33 Hannah Arendt, née Johanna Arendt le 14 octobre 1906 à Linden, Hanovre (Allemagne) et décédée le 4 décembre 1975 à New York (États-Unis), est une universitaire allemande naturalisée américaine connue pour ses travaux sur l’activité politique, le totalitarisme et la modernité d’un point de vue philosophique et historique. Adolf Eichmann (Solingen 19 mars 1906 – Jérusalem 1er juin 1962) est un fonctionnaire de haut rang de l'Allemagne nazie et un membre des SS (Schutzstaffel) au rang d'Obersturmbannführer (LieutenantColonel). Il fut responsable de la logistique de la solution finale (Endlösung). Il organisa notamment l'identification des victimes de la solution finale et leur déportation vers les camps de concentration. 34 35 Page 36 36 Page 152 + lire page 54, 55, 56 quand le systèle de valeurs s’effondrent et que les lois deviennent folles ; ils s'en remettent à la conception de leur pays ou de leur chef. Enfin, il faut aussi considérer le témoignage de Primo LEVI37. À la page 132 et surtout 150 et la page une, il dit qu'il n'y a plus de morale quand l’homme est déshumanisé (en-deçà du bien et du mal). En résumé : A Rationalisme moral (raison) Empirisme moral (sentiments) B Cognitivisme moral Relativisme moral C Ethique déontologique (devoir) Ethique téléologique (finalité) 37 Primo Levi, né le 31 juillet 1919 à Turin et mort le 11 avril 1987 à Turin, est l'un des plus célèbres survivants de la Shoah. Juif italien de naissance, chimiste de profession et vocation, il devint écrivain afin de témoigner, transmettre et expliquer son expérience concentrationnaire dans le camp d'Auschwitz, où il fut emprisonné à la Buna au cours de l'année 1944. Son livre le plus célèbre, Si c'est un homme (Se Questo è un Uomo, publié aux États-Unis sous le titre de Survival in Auschwitz) a été décrit comme « l'une des œuvres les plus importantes du vingtième siècle[1]. » Auteur désormais reconnu, il diversifia sa production littéraire, écrivant des histoires courtes, poèmes et romans.