effectivement des salaires faibles mais pour la simple raison que n'étant pas soutenus par un
syndicat il ne leur était pas possible de faire autrement que d'accepter les salaires proposés.
IV) NECESSAIRE PLURIDISCIPLINARITE.
Ces années furent des années d'intense enrichissement. La croissance économique fut forte,
entraînant une croissance des gains de productivité et de l'emploi. Les français virent leur niveau de
vie augmenter et eurent des possibilités d'épargne et de placements jamais vues.
Depuis déjà dix ans, le secteur le plus prometteur était celui de la génétique. Certains le
présentaient comme un secteur moteur qui pourrait entraîner une Révolution Industrielle comme
l'avaient fait, chacun à son époque, le métier à tisser, la machine à vapeur, le chemin de fer ou
l'informatique.
Placer ses capitaux dans des sociétés par action travaillant dans le domaine de la génétique
semblait donc judicieux. Vues les perspectives de profit possibles, on pouvait s’attendre à des
dividendes importants. Monsieur A. D. décida donc d’opérer des placements dans plusieurs
entreprises : une dont l’activité était tournée vers la recherche de gènes liés à diverses pathologies,
une autre portait son effort vers la production de médicaments génétiques ; une troisième travaillait
spécifiquement sur l’alimentation. Cette dernière lui semblait particulièrement intéressante : en effet,
l’accroissement du nombre d’obèses dans les sociétés modernes poserait des problèmes majeurs dans
les années à venir. Pour lutter contre l’obésité, il fallait inciter les individus à changer de mode de vie
(moins de « sofa potatos », plus de marche à pied) et de mode d’alimentation. De plus, d’après certains
chercheurs, certaines formes d’obésité ont peut être des fondements génétiques.
Quels placements faire ? Monsieur A.D. avait commencé à s’intéresser à la finance et compris
ce qu’était le P.E.R. (price earning ratio) : l’évolution du cours d’une action doit, normalement, être
proportionnel à l’évolution des dividendes versés par l’entreprise et donc de ses bénéfices. Ainsi, si le
dividende versé est de 1 euro pour une action valant 100 euros, on peut s’attendre à ce que le cours de
l’action ne dépasse pas 130 euros quand le dividende augmente de 30%. Ce résultat, c’est ce qu’une
analyse logique et mathématique laisse espérer. Pourtant, il s’aperçut que, bien souvent, le cours de
l’action dépassait, et de loin, le niveau maximum qu’il aurait du atteindre. Comment expliquer que le
cours de l’action soit trois fois, voire quatre fois, plus élevé que ce qu’il aurait dû être ? Il n’avait pas
suffisamment de connaissances en économie pour résoudre ce problème (mais nous verrons ici que
l’économie ne suffit pas) mais il se souvenait avoir lu, dans sa jeunesse, un roman traitant de ce sujet.
Après avoir fouillé dans sa bibliothèque, il retrouva « l’argent » d’Emile Zola. Ce livre traite d’un
thème réel, la faillite en chaîne d’un grand nombre d’actionnaires à la suite d’une spéculation
déraisonnable. En replongeant dans ses manuels d’Histoire de lycée, A.D. découvrit que cette situation
s’était régulièrement répétée dans l’Histoire (régulièrement au cours du 19ème siècle mais aussi en
1929, 187, 1997, 2000,…). A chaque fois, il semblait y avoir un engouement collectif, un phénomène
de mode,…incitant les individus à s’imiter les uns les autres et amenant les cours des actions à des
niveaux inconsidérés.
Il était donc évident que, pour ses placements, A.D. devait se méfier des « on-dit » et des
rumeurs et qu’il devait obtenir des informations fiables. D’abord, les promesses que faisaient les
entreprises étaient elles, à long terme, plausibles ? Pouvait on vraiment espérer des progrès dans
La thérapie génétique ou la lutte contre l’obésité ? Un des ses amis, professeur de biologie, lui a alors
expliqué que dans le domaine de la génétique on raconte tout et, parfois, n’importe quoi, notamment
dans certains medias et, surtout, dans les discussions entre amis. Certes, certaines pathologies sont
d’origine génétique et on est en passe de trouver les moyens de les combattre ; c’est le cas de la
« chorée de Hungtinton » par exemple. Dans d’autres cas, l’origine génétique ne fait aucun doute mais
on est loin d’avoir trouvé le moyen de combattre la maladie. Mais, lui avait dit son ami, les journaux
fourmillent de propos excessifs, abusifs, déformant la réalité. Ainsi, une équipe américaine avait
découvert en 1999 l’existence d’une substance chez la souris qui améliorait ses capacités de
mémorisation à long terme. Au lieu de se contenter de cette information, beaucoup de journaux avaient
titré sur le « gène de l’intelligence ». Or, l’intelligence est un concept complexe (qu’on ne sait
d’ailleurs pas définir) qui relève au moins autant de l’éducation et de la socialisation que de la
biologie.