049 CDSDG 12 F
d’un soutien sans failles au chef de l’Etat, approuvant fidèlement toutes les grandes initiatives
législatives du gouvernement.
11. Le nombre de partis a radicalement baissé dans les années 2000, sous l’effet de
l’augmentation du nombre minimal de membres – porté à 50 000 (puis à 45 000) – dans la moitié
au moins des 83 circonscriptions électorales russes, de l’incitation des partis à fusionner et du
refus d’enregistrer les partis dont les programmes ou les statuts étaient soi-disant en contradiction
avec la Constitution russe. Le 13 avril 2011, la Cour européenne des droits de l’homme de
Strasbourg a vivement critiqué la loi russe sur les partis politiques en la qualifiant de draconienne,
et établi que la dissolution en 2007 du parti républicain, dirigé par Vladimir Ryzhkov, était injustifiée
(Abdullaev, 2011).
12. Suite à ce « remaniement des partis », orchestré, selon l’opposition, par le chef adjoint de
l’administration présidentielle, l’influent Vladislav Surkov (vice-Premier ministre depuis 2011), le
nombre de partis a été ramené à sept, dont quatre représentés à la Douma. Le parti
pro-gouvernemental, Russie unie, jouit d’une confortable majorité à la Douma (deux bons tiers en
2007-2011), et presque tous les gouverneurs de régions s’en réclament. C’est le parti du pouvoir
par excellence, même s’il a essayé ces dernières années de se donner une image idéologique en
adoptant le concept de « conservatisme russe ». Les autres partis représentés au parlement –
Russie juste, le parti démocratique libéral de Vladimir Zhirinovsky et le parti communiste – disent
refléter respectivement les idées sociales-démocrates, nationalistes et communistes.
13. Ce qui a le plus manqué ces dernières années dans le système politique russe est la
présence d’un parti démocrate libéral véritablement indépendant. Le seuil électoral fixé à 7 % a
empêché au seul parti libéral indépendant encore en lice – Yabloko – d’être représenté à la
Douma. Si quelques représentants autonomes de l’opposition libérale – tels que
Vladimir Ryzhkov – ont été élus députés en 2003 grâce au scrutin uninominal existant dans
certaines circonscriptions, lors des élections de 2007 et 2011, ce type de scrutin a été supprimé, et
seules des listes de parti ont pu concourir. Les partis politiques créés par des démocrates comme
Boris Nemtsov, M. Ryzhkov, M. Kasyanov et Garry Kasparov n’ont pas pu se faire enregistrer. Les
radicaux indépendants de droite comme de gauche, dont le controversé Eduard Limonov et son
parti national-bolchevique, n’ont pas réussi non plus à obtenir l’enregistrement de leurs partis. Les
voies parlementaires ordinaires leur étant inaccessibles, ces hommes politiques n’ont eu d’autre
choix que de se lancer dans le « militantisme de rue ».
14. Parallèlement à cette dynamique de construction d’un pouvoir vertical, M. Poutine a aboli en
2004 l’élection directe des gouverneurs de régions. Cette décision a été prise suite aux attaques
terroristes de Beslan, et présentée comme une mesure nécessaire pour lutter contre le terrorisme
en ayant plus de contrôle sur la fiabilité et l’efficacité des administrateurs. L’élection directe des
maires a été, elle aussi, progressivement supprimée. A Moscou, ville connue pour sa diversité et
où le militantisme politique est une tradition de longue date, les techniques électorales ont permis
de s’assurer que les 35 sièges du Parlement municipal soient occupés par 32 représentants de
Russie unie et 3 communistes (Russia Today, 2011).
15. La consolidation du pouvoir opérée par Vladimir Poutine s’est également manifestée par des
actions « coup de poing » à l’encontre des oligarques et des médias leur appartenant. Deux
grandes chaînes de télévision russes – la NTV de Vladimir Gusinsky et l’ORT de Boris
Berezovsky – ont été rachetées par l’Etat. M. Berezovsky (le plus puissant oligarque de la période
Eltsine et une personnalité très influente puisqu’il aurait orchestré l’accession de Poutine aux
fonctions de Premier ministre puis de président) et M. Gusinsky (dont la NTV était saluée pour son
professionnalisme et son indépendance par rapport au Kremlin) ont été contraints de s’exiler à
l’étranger. L’exemple le plus connu est évidemment celui de Mikhail Khodorkovsky, qui était
autrefois l’homme le plus riche de Russie et qui apportait son soutien aux partis d’opposition. Son
cas est devenu le symbole d’une inculpation motivée par des raisons politiques. Alors que sa peine