Lorsque le futur cardinal Dubois s'imposa au Régent et devint Secrétaire d'Etat aux affaires
étrangères, il s'appuya sur une équipe d'experts : Saint-Prest, garde des archives, Godefroy, le
généalogiste Clérembault, le polémiste Legrand, De l'Isle, premier géographe du roi...
2. Les rapports entre souverains
Les monarques ne se rencontrèrent plus guère au XVIIe siècle ce qui renforça le rôle et l'éclat
de leurs représentants. La guerre de Trente Ans favorisa encore quelques négociations
directes, surtout entre princes allemands , ainsi Jean-Georges de Saxe et Georges-Guillaume
de Brandebourg en 1630 à Annaburg puis à Zabeltitz. Louis XIII et Charles-Emmanuel de
Savoie se rencontrèrent en Avignon en 1622, Christian IV de Danemark et Gustave-Adolphe
de Suède en 1629 à Ulfsbäck. De telles cérémonies devinrent rares. Louis XIV vit encore
son futur beau-père Philippe IV sur l'île des Faisans, mais au cours de son règne il ne
rencontra guère que des princes en exil, Jacques II Stuart, chassé par la Révolution anglaise de
1688, ou les deux Electeurs, de Cologne et de Bavière, bannis de l'Empire pendant la guerre
de Succession d'Espagne. Le tzar de Russie, Pierre, fit deux grands voyages en Europe et
multiplia au contraire, lors de son second périple, les rencontres avec ses "collègues"
monarques, selon l'expression de Ragnhild Hatton. Un cas particulier doit être signalé.
Comme Charles II d'Angleterre ne faisait pas confiance à l'ambassadeur français à Londres,
Colbert de Croissy, il demanda que sa soeur, Henriette d'Angleterre, belle-soeur de Louis XIV
fût chargée de négocier le rapprochement entre la France et l'Angleterre ( traité de Douvres,
1er juin 1670). Un traité secret était ainsi dissimulé par une visite familiale.
L'idée s'était donc imposée qu'un souverain ne devait pas quitter son territoire, à moins
qu'il entreprît quelque guerre (que l'on songe aux périples de Gustave-Adolphe et de Charles
XII de Suède) ou qu'il fût contraint à l'exil. Des princes voyagèrent pourtant, simplement
parce que leurs territoires étaient dispersés : Guillaume III entre Londres et La Haye,
l'Electeur de Saxe, devenu Auguste, roi de Pologne, entre Varsovie et Dresde. Le Grand
Electeur Frédéric-Guillaume de Brandebourg imposa sa présence dans ses domaines
dispersés, aussi bien à Berlin qu'à Clèves ou à Königsberg.
En cas d'urgence, les ministres n'hésitaient pas à se mettre sur la route. Le chancelier de
Suède, Axel Oxenstierna,vint en France au printemps 1635 pour négocier directement avec
Louis XIII et Richelieu (traité de Compiègne, le 28 avril). Une fois la négociation bien
avancée entre la France et l'Espagne, et le mariage de Louis XIV avec l'Infante Marie-Thérèse