Déclaration conjointe des Présidents, Recteurs et Vice
Chanceliers des Universités du monde; du Réseau des
Académies des Sciences Africaines et des Organismes
Publics de Recherche
COP22- MARRAKECH
Il est aujourd’hui scientifiquement bien établi que l’activité humaine impacte
négativement l’équilibre des écosystèmes entrainant un changement
climatique et le réchauffement de la terre. L’effet combiné de l’augmentation
des émissions de gaz à effet de serre et de la dégradation des puits de carbone
a des conséquences dramatiques sur la nature, l’environnement et les
organismes vivants et ce notamment dans les régions les plus vulnérables telles
que l’Afrique. La communauté internationale est de plus en plus consciente
qu’à moins que des mesures proactives et urgentes ne soient prises, ce
processus risque d’être irréversible.
La COP21 qui s’est déroulée à Paris en 2015 a réuni 195 pays et a abouti à
d’importantes décisions conjointes et engagements, notamment:
i) engagement des pays développés et en voie de développement dans
un effort collectif visant à : d’une part réduire les émissions de gaz à
effet de serre ; et d’autre part protéger et développer les puits de
carbone;
ii) limitation du réchauffement climatique à une hausse de température
globale en dessous de 2°C d’ici à 2100, et moins de 1.5 degrés dans
les décennies à venir;
iii) détermination par chaque partie des ses « contributions nationales »
(INDC) et création d’un mécanisme international de contrôle et
d’évaluation ;
iv) engagement des pays développés à soutenir les pays en voie de
développement à réduire leurs émissions de gaz à effet de serre et à
s’adapter au changement climatique ;
v) allocation de 100 milliards de dollars à partir de 2020, aux pays en
voie de développement, notamment les pays Africains ; et
augmentation de cette aide à partir de 2025 ;
vi) création d’un mécanisme de “pertes et dommages résultant du
changement climatique
vii) renforcement des capacités, compétences et transfert de
technologies en faveur des pays en voie de développement.
Lors de la COP21, d’importantes recommandations et résolutions ont été
adoptées, mais les mécanismes de leurs mises en œuvre ont été laissés à des
COP futures, notamment la COP22 de Marrakech.
La COP22 est une Conférence des Actes placée sous l’égide du Triple A :
Adaptation, Agriculture & Afrique, plaçant ainsi l’Afrique au cœur des débats
et discussions. En effet, l’Afrique, qui contribue de façon insignifiante aux
émissions de gaz à effet de serre (3 à 4 % des émissions mondiales) reste le
continent le plus pénalisé par le changement climatique avec de lourdes
conséquences sur ses écosystèmes, ses populations et son développement. A
travers tout le continent, le réchauffement de la terre a exacerbé les
problèmes liés à la pénurie d’eau, intensifié les cycles de sécheresse et accru la
désertification, entrainant une plus grande vulnérabilité de l’agriculture
durable et de la sécurité alimentaire; la dégradation de la flore et de la faune,
la prolifération des risques pandémiques et endémiques ; l’augmentation du
taux de pauvreté et de l’exode rural, des migrations, de la criminalité et des
conflits. Dans un tel contexte, l’avancée des connaissances scientifiques ainsi
que le développement de technologies durables et écologiques sont désormais
cruciaux pour développer des solutions permettant de contrecarrer le
changement climatique et atteindre les 17 objectifs de développement durable
fixés par les Nations Unies.
Il en découle que la recherche scientifique et la formation
académique/universitaire devraient être explicitement mentionnées dans les
clauses de mise en œuvre des accords de la COP.
Ainsi, nous Présidents, Recteurs, et Vice Chanceliers des Universités du monde,
organismes publics de recherche et académies africaines des sciences appelons
les décideurs internationaux à :
1. Mettre en œuvre les engagements adoptés lors de la COP21 en mettant en
place un mécanisme d’évaluation scientifique et technologique de l’atteinte
des contributions nationales;
2. Obtenir des engagements fermes de la part des pays et organismes
internationaux pour le fonctionnement du Fonds Vert et du Fonds pour
l’Adaptation au Changement Climatique;
3. Mettre en œuvre, le plus tôt possible, le mécanisme de soutien aux pays en
voie de développement en terme de mitigation, résilience et adaptation au
changement climatique, avec une attention particulière vouée à l’Afrique, au
regard de sa grande vulnérabilité et des lourds impacts déjà subis;
4. Allouer un fond spécial pour entretenir et restaurer les puits de carbone en
Afrique tels que les forêts;
5. Promouvoir, dans le cadre de la lutte contre le réchauffement climatique, la
recherche scientifique et la collaboration entre chercheurs, le développement
des compétences et le transfert de technologie au profit des pays en voie de
développement, en particulier les pays africains;
6. Soutenir financièrement les efforts consentis par les pays en voie de
développement, y inclus les pays Africains, pour mettre en œuvre les politiques
et plans d’action de développement durable ciblant plusieurs domaines dont la
recherche scientifique et technique, les énergies renouvelables, l’agriculture
durable, le traitement, la désaliénation et la gestion de l’eau et la protection de
la flore et de la faune;
7. Encourager l’égalité des genres et l’implication des femmes et des jeunes
dans la prise de décision, notamment dans le domaine du changement
climatique;
8. S’engager à soutenir les chercheuses africaines dans les domaines de
l’environnement et du changement climatique
Nous Présidents, Recteurs, et Vice Chanceliers des Universités du monde ,
organismes publics de recherche et académies africaines des sciences,
appelons les pays africains et les Nations Unies à adopter une vision Africaine
basée sur la concertation continentale, la collaboration et l’échange
d’informations et d’expertises sur le réchauffement de la terre et le
changement climatique dans tous leurs aspects, en tenant compte des
spécificités locales et géographiques. Nous appelons également les décideurs
des pays développés et les organismes internationaux à créer un fonds spécial
pour soutenir les initiatives qui seront mises en œuvre sur le continent Africain.
Nos recommandations concernent particulièrement à trois initiatives
concrètes:
1. Créer un réseau Africain d’observatoires scientifiques nationaux dans divers
pays africains pour mesurer les émissions de gaz à effet de serre et pour
évaluer l’impact du réchauffement climatique sur l’environnement, sur la faune
et la flore, sur la santé des populations et des organismes vivants, sur la
désertification et la rareté en eau. Ces observatoires scientifiques (centres de
recherche) mèneraient des études scientifiques sur le changement scientifique
et ses impacts afin que les pays africains puissent prendre des mesures et
mettre en place des actions adéquates pour mitiger ses effets
2. Créer des centres de recherche et d’innovation dédiés au changement
climatique et au développement durable dans les universités africaines qui
seraient soutenus par le Fonds Vert.
3. Elaborer des curricula pour former une génération verte et soutenir le
renforcement des capacités et compétences dans les pays du sud en
promouvant le partage d’expertise et la mobilité des étudiants et des
chercheurs.
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