LA PRIERE
DANS LA PHILOCALIE
Évagre le Pontique
Hésykhios le Sinaïte
Jean de Karpathos
Marc l'ascète
Théodore d'Édesse
Maxime le Confesseur
Thalassius le Libyen
Théognostos
Philothéos le Sinaïte
Élie de Crète
Pierre Damascène
Macaire le Grand
Syméon le Nouveau Théologien
Nicétas Sthêthatos
Théolepte de Philadelphie
Grégoire le Sinaïte
Calliste le Patriarche
Grégoire [Palamas] de Thessalonique
Grégoire le Sinaïte
Saint Grégoire le Sinaïte naquit vers la fin du XIIIème siècle et mourut au
mont Paroria, près de la ville moderne de Burgas, en Bulgarie, le 27
novembre 1346. Ce fut un moine, un théologien, un mystique, et le plus
éminent des défenseurs médiévaux de l'hésychasme.
Après s'être fait moine à Chypre, Grégoire rejoignit l'une des communautés
du mont Sinaï. Il parcourut longuement la Terre Sainte et pratiqua
l'hésychasme, dans la ligne tracée par saint Jean Climmaque et par saint
Syméon le Nouveau Théologien. Il s'établit ensuite au mont Athos et y
développa une forme modérée d'hésychasme qui fit de l'Athos l'une des
sources de l'influence hésychaste. Devant les incessantes attaques des Turcs
Ottomans, il s'enfuit vers la mer Noire et, vers 1325, il fonda, au mont
Paroria, un monastère dont l'influence rayonna sur les Balkans.
Sa doctrine hésychaste se trouve dans ses "Cent trente-sept chapitres ou
méditations spirituelles". Elle contribua à la diffusion de l'hésychasme en
Europe comme dans le monde byzantin. Cet hésychasme exprime le but
essentiel de la spiritualité grecque : combler l'immense fossé existant entre
l'existence humaine et la Divinité. Par la prière, l'hésychaste aspire à la plus
haute forme de la communion avec Dieu, sous la forme d'une vision de la
"Divine Lumière", cette "Énergie Incréée", semblable à celle de la
Transfiguration. Pour y parvenir, l'adepte doit passer par une phase d'intense
concentration, tout en contrôlant sa respiration et en répétant sans cesse la
"prière de Jésus". La justification théologique de la doctrine de saint
Grégoire le Sinaïte fut établie par son contemporain, saint Grégoire Palamas.
La Philocalie a retenu de lui, outre ses "Centre trente-sept chapitres"
plusieurs autres petits ouvrages d'une haute portée spirituelle.
Pardonnez-moi, mes Soeurs et mes Frères en Christ qui préférez de cortes
citations : je n'avais pas le droit de "censurer" saint Grégoire...
Citations des "Cent trente-sept chapitres".
99. Celui qui cherche l'hésykhia doit avoir pour fondement d'abord ces cinq
vertus sur lesquelles l'oeuvre s'édifie : le silence, la tempérance, la veille,
l'humilité et la patience; ensuite les trois oeuvres qui plaisent à Dieu : la
psalmodie, la prière, la lecture, et aussi le travail manuel si l'on est faible.
Car les vertus que nous venons de dire, non seulement contiennent toutes les
autres, mais elles s'unissent les unes aux autres. À la première heure, dès
l'aurore, se consacrer au souvenir de Dieu par la prière et l'hésykhia du
coeur, prier continuellement; à la deuxième heure, lire; à la troisième,
psalmodier; à la quatrième, prier; à la cinquième, lire; à la sixième,
psalmodier; à la septième, prier; à la huitième, lire; à la neuvième,
psalmodier; à la dixième, manger; à la onzième, dormir si c'est nécessaire; à
la douzième, psalmodier les vêpres. Bien passer ainsi le stade du jour plaît à
Dieu.
102. Il nous faut parler également de la nourriture. Une livre de pain suffit à
quiconque mène le combat pour l'hésykhia. Boire deux verres de vin pur et
trois d'eau, se nourrir des aliments qu'on a, non ceux que la nature recherche
en son désir, mais user sobrement de tout ce que donne la providence. C'est
une science excellente et concise pour ceux qui veulent mener
rigoureusement leur vie : observer les trois oeuvres qui contiennent les
vertus - je veux dire le jeûne, la veille et la prière - et qui assurent à tous le
soutien le plus solide.
111. Le commencement de la prière intellectuelle est l'énergie, c'est-à-dire la
puissance purificatrice de l'Esprit, et la célébration mystique de
l'intelligence. De même, le commencement de l'hésykhia est l'étude. Le
milieu est la puissance illuminante et la contemplation. Et la fin est l'extase,
le ravissement de l'intelligence auprès de Dieu.
113. La prière, chez les novices, est comme un feu de joie qui monte du
coeur Mais chez les parfaits, elle est comme une lumière active et odorante.
Ou encore, la prière est la prédication des apôtres, l'énergie de la foi, ou
plutôt la foi immédiate, le fondement de ce qu'on espère z, l'amour actif, le
mouvement angélique, la puissance des incorporels, leur oeuvre et leur
réjouissance, l'Évangile de Dieu, la plénitude du coeur, l'espérance du salut,
le signe de la pureté, le symbole de la sainteté, la connaissance de Dieu, la
manifestation du baptême, la purification du bain, les armes de l'Esprit Saint,
l'exultation de Jésus, la joie de l'âme, la pitié de Dieu, le signe de la
réconciliation, le sceau du Christ, le rayon du soleil spirituel, l'étoile
matinale des coeurs, la certitude du christianisme, le signe de l'absolution
divine, la grâce de Dieu, la sagesse de Dieu, ou plutôt le commencement de
la sagesse en soi, la manifestation de Dieu, l'oeuvre des moines, la vie de
ceux qui se consacrent à l'hésykhia, l'origine de l'hésykhia le témoignage de
la vie angélique. Que dire de plus ? Dieu qui accomplit tout en tous, est
prière. Car une est l'énergie du Père, du Fils et du Saint-Esprit, qui accomplit
tout dans le Christ Jésus.
119. Non seulement la foi, mais aussi la prière active est une grâce. Car la
prière qui agit par l'amour dans l'Esprit montre la vraie foi, celle qui porte la
révélation de la vie de Jésus. Donc en celui qui ne l'éprouve pas agir en lui,
la foi est contraire, morte, sans vie.
Mais qu'on n'aille pas appeler vraiment fidèle celui qui ne croit qu'en parole,
et dont la foi n'est pas mise en couvre par les commandements ou par
l'Esprit. Il faut donc la montrer manifestée par les progrès dans les oeuvres
ou la porter rayonnante, accomplie dans la lumière par les oeuvres. Comme
dit l'Apôtre divin: "Montre-moi ta foi par tes oeuvres, et moi je te montrerai
mes oeuvres par ma foi", signifiant dès maintenant que par les oeuvres des
commandements est manifestée la foi de la grâce, de même que les
commandements sont accomplis et rayonnent par la foi vécue dans la grâce.
Car la racine des commandements est la foi, ou plutôt elle est la source qui
les arrose pour les faire croître, et se divise en deux, la confession et la
grâce, bien qu'elle soit indivisible de nature.
-Citation d'un autre chapitre.
1. Tous ceux qui ont été baptisés en Christ doivent passer par tous les stades
de la vie du Christ. Car ils ont reçu leur puissance. Et à travers les
commandements, ils peuvent les découvrir et les apprendre. La conception
est le gage de l'Esprit. La naissance est l'énergie de la joie. Le baptême est la
puissance purificatrice du feu de l'Esprit. La transfiguration est la
contemplation de la lumière divine. La crucifixion est la mort au monde.
L'ensevelissement est la garde de l'amour divin dans le coeur. La
résurrection est dans l'âme le réveil vivifiant. L'ascension est l'extase vers
Dieu et le ravissement de l'intelligence. Celui qui n'a ni découvert ni senti le
passage par ces stades est encore un enfant dans son corps et son esprit,
quand bien même il serait pour tous un homme comblé d'années et d'actions.
Ce n'est pas strictement un "chapitre sur la prière". Mais c'est si beau...
- Citations d'un traité sur l'hésykhia.
1. Il y a deux modes d'union, ou plutôt deux entrées menant de part et d'autre
à la prière de l'intelligence qui, par l'Esprit agit dans le coeur Par ces deux
modes, ou bien l'intelligence adhérant au Seigneur', selon l'Écriture, reçoit
d'abord la prière dans le coeur, ou bien l'énergie s'éveillant peu à peu dans le
feu de la joie, la prière attire l'intelligence et l'attache à invoquer le Seigneur
Jésus et à s'unir à lui.
Car si l'Esprit agit en chacun comme il veut, ainsi que dit l'Apôtre, il arrive
qu'en certains, une des formes dont nous venons de parler précède l'autre.
Tantôt l'énergie vient dans le coeur lorsque diminuent les passions et se
manifeste la chaleur divine, par l'invocation continuelle de Jésus-Christ, car
notre Dieu est un feu qui consume les passions, dit l'Écriture. Tantôt l'Esprit
attire l'intelligence à lui, l'enserrant dans la profondeur du choeur et
empêchant son mouvement habituel. L'intelligence alors n'est plus une
captive menée vers les Assyriens hors de Jérusalem, mais un changement
bien meilleur la ramène de Babylone en Sion, et elle peut dire, elle aussi,
avec le Prophète : "À Toi, Dieu, revient l'hymne en Sion, et à Toi est portée
la prière en Jérusalem." Et encore : "Quand le Seigneur fera revenir les
captifs de Sion." Et : "Jacob exultera et Israël se réjouira", c'est-à-dire
l'intelligence active et contemplative qui, par l'action, avec l'aide de Dieu,
vainc les passions, et par la contemplation voit Dieu lui-même, autant que
cela lui est possible. Alors l'intelligence, conviée à une table abondante et
réjouie dans les délices divines, chante : "Tu as préparé devant moi une
table, en face des démons et des passions qui me tourmentent."
2. Le matin, dit Salomon, me ta semence, c'est-à-dire la prière, et que le
soir, ta main ne se relâche pas, afin de ne pas interrompre dans le temps la
continuité de la prière et de ne pas manquer le moment elle sera exaucée.
Car tu ne sais pas, est-il dit, ce qui réussira, ceci ou cela.
Dès le matin, assis sur un petit banc, fais sortir de la raison l'intelligence,
enserre-la dans le coeur, et garde-la en lui. Péniblement courbé, une vive
douleur à la poitrine, aux épaules et à la nuque, dis avec persévérance dans
ton intelligence ou dans ton âme : "Seigneur Jésus-Christ, aie pitié de moi."
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