LEPRON/SELLIER/RAFIK
LA TROUVAILLE DE BUTAGAZ
La filiale de Shell cherche à reconquérir
ses clients en lançant une nouvelle
bonbonne. Moins lourde, plus facile à
manier et bénéficiant d’une sécurité
accrue. Une petite révolution.
Encombrante, incroyablement difficile à
transporter et à manier : la bonne vieille
bonbonne de gaz de nos cuisinières,
inchangée depuis des lustres, commençait
à faire désordre dans nos intérieurs cosy.
C’est donc une petite révolution qu’a
signée Butagaz en lançant ce mois-ci
Viséo : une bouteille entièrement
redessinée. Plus légère et plus pratique
d’utilisation, elle pourrait presque devenir
le dernier objet tendance de nos maisons !
Cette innovation n’arrive pas tout à fait par
hasard. Les ventes de bonbonnes de gaz,
quelle que soit la marque, ne cessent de
s’éroder (-5,1% en 2004). Certes la
situation n’est pas catastrophique : un
ménage sur trois utilise encore une
bouteille de gaz pour cuisiner. Et avec ses
665 millions d’euros de chiffre d’affaires
(en 2004), 40,5% de part de marché et plus
de 4 millions de clients en France, Butagaz
est leader devant Totalgaz, Antargaz (20%
chacun) et Primagaz (17%). Mais la
cuisson électrique gagne du terrain et la
marque doit compter avec la nouvelle
concurrence des enseignes de la grande
distribution (Leclerc, Auchan, etc.) qui
proposent depuis septembre 2005 des prix
très compétitifs (inférieurs de 25 % chez
certains Leclerc).
Innovations en série. La bonbonne Viséo
exauce leurs souhaits. Elle ne pèse « que »
16,5 kilos, pour 10 kilos de gaz, contre 28
kilos pour une bouteille classique
contenant 13 kilos de gaz.
Autre innovation : quatre « fenêtres »
translucides permettent de surveiller le
niveau de gaz afin d’éviter les pannes
sèches. Enfin, les poignées ergonomiques
facilitent sa manipulation et un détenteur à
connexion rapide fait du branchement un
jeu d’enfant. Dernier argument de vente
important : l’aspect visuel de la bouteille.
« L’une des récriminations des utilisateurs
concernait l’apparence peu esthétique des
bonbonnes en métal et leur tendance à
rouiller », affirme Sylvie Gallois, directeur
commercial de Butagaz. Le look plus
design de Viséo a donc été confié à un
cabinet spécialisé.
Nouveaux clients. Parée de tels atours,
Viséo espère un grand succès commercial.
Butagaz affiche toutefois des ambitions
modestes : 75 000 clients cette année et
600 000 d’ici cinq ans. Soit 15% de sa
clientèle actuelle. « Viséo n’a pas vocation
à remplacer les bouteilles classiques,
explique Sylvie Gallois. Nous cherchons à
créer un nouveau segment de marché, plus
haut de gamme ». Deux cibles sont visées :
les acheteurs habituels prêts à payer plus
pour un confort d’utilisation accru et les
jeunes lassés par les cuisinières électriques.
Il faudra en tout cas mettre le prix pour
s’offrir cette bonbonne design. La recharge
est vendue 2,3 euros le kilo (22,95 euros
pour dix kilos), soit 30 centimes de plus
par kilo que pour une recharge classique.
Surtout, la consigne est nettement plus
chère : 45 euros, contre 19 euros pour une
bouteille en métal.
Pour permettre à Viséo de connaître la
réussite, Butagaz a lancé une campagne de
promotion à grande échelle, digne des
lessives ou fabricants de yaourts. La
marque a décidé de miser sur « Bob », sa
mascotte historique. Il est la star des spots
de pub prévus sur les trois grandes chaînes
hertziennes pendant trois semaines en mai
et la vedette des pages de publicité à
paraître dans divers magazines (féminins,
cuisine, télévision…). Enfin un site
Internet consacré à Viséo a été créé.
Sans oublier le terrain : 25 000 bouteilles
sont d’ores et déjà disponibles depuis fin
avril dans 3 000 points de vente,
principalement dans la grande distribution.
Enfin, l’argument ravira les écolos, Viséo
est 100% recyclable.
Source : Management-Mai 2006