• l'étude de la cellule et des influences qu'elle subit pendant l'ontogenèse :
Sous quelles formes se manifestent les champs commandant sa
spécialisation et sa localisation? Quel est la portée du nouveau concept, en
plein développement de cellule-souche (cellule embryonnaire non encore
spécifiée ou à demi-spécifiée, susceptible de changer d'affectation en cas
de transplantation dans un organisme vivant déjà, en principe, spécifié par
son génome ? Les neurones sont-ils susceptibles de se reproduire, même
chez l'adulte, et en fonction de quoi ?
• et finalement, les attaques frontales contre le prétendu dogmatisme de la
génétique et de la biologie moléculaire traditionnelles, portées par certains
jeunes généticiens (Voir Ni Dieu ni gène, de Kupiec et Sonigo) qui tendent à
balayer les concepts de programme génétique, d'espèce, d'individu, en
privilégiant celui d'écosystème au sein duquel individus, gènes, cellules et
même molécules, seraient en compétition darwinienne ou égoïste pour
l'accès aux nutriments.
Ajoutons à cela les perspectives de la robotique et de la vie artificielle,
incluant les symbioses de plus en plus fréquemment envisagées entre cellules
vivantes et substrats électroniques. Ce point mérite un développement un peu
long dont nous nous excusons d'avance. Quelques-uns de nos lecteurs
s'étonnent de voir, sur un site consacré à la robotique, présenter les travaux
de biologistes, physiologistes ou neurologues plutôt que les détails du chien
Aibo ou de la maison intelligente. C'est qu'à nos yeux il faut prendre en
considération le long terme, où nous pensons, peut-être à tort, que " tout se
mélangera ". . La vie artificielle, telle qu'elle est partie, n'aura pas de limites à
ses ambitions. Tout ce qui fonctionne dans la nature sera analysé, d'aussi
près que possible, afin d'être éventuellement reproduit ou copié. L'ouvrage
excellent d'Alain Prochiantz, dont nous vous parlons, fait le point des
connaissances de son auteur en matière d'embryogenèse : comment se
déroule le " programme " contenu dans l'ADN de la cellule germinale, résultant
de la fusion de la mi-hélice maternelle et de la mi-hélice paternelle ? Comment
agissent, notamment, ces fameux gènes de croissance qui téléguident, si l'on
peut dire, la spécialisation cellulaire et l'assemblage des organes du nouvel
individu, depuis la cellule fécondée initiale jusqu'à la mort ?
Or ceci comporte un rapport assez évident avec la robotique, que suggère
d'ailleurs le titre " Machine-esprit " où le lecteur ne verra pas un simple coup
de chapeau à Turing, inventeur du mot. Aujourd'hui, les roboticiens ont pour
l'essentiel renoncé à programmer a priori les automates. Ils les obligent à se
donner eux-mêmes, par compétition darwinienne dans un environnement
sélectif, les programmes les mieux adaptés aux contraintes hic et nunc du
milieu. Mais les chercheurs en vie artificielle n'ont pas encore essayé de créer,
sauf sous des formes très simplifiées, des automates dont, non seulement les
programmes s'adapteraient, mais dont l'ensemble de la machinerie, capteurs,
effecteurs, moteurs, pourrait se construire au fur et à mesure que grandirait
l'expérience de l'automate, et que s'accroîtraient les exigences de réponse