
2/54
dans ses diverses dimensions (commerciale, monétaire, financière, productive et
industrielle notamment) et de la recherche des outils analytiques pour en produire
une théorie. La globalisation ou mondialisation (les deux termes sont
provisoirement considérés comme interchangeables
) constitue donc l’objet
concret de ces recherches — un objet ou domaine d’études qui réclame qu’on en
précise les formes et le contenu. La question de l’adéquation des outils
traditionnels de l’économie internationale (prise ici au sens d’une sous-discipline
ou d’un champ particulier de l’analyse économique) à l’analyse de ce domaine
d’études, donc aussi celles des aménagements ou des modifications plus profondes
à lui apporter, constituent le pendant analytique de ces recherches.
Mon travail sur ce plan m’a conduit à retenir deux problématiques principales
et à chercher, pour l’avenir, à développer leurs articulations.
La première est celle de l’intégration internationale. Mes premiers travaux
post-doctoraux sur la mondialisation [8, 11, 17, 19], mais également mes
enseignements, notamment en Master 2 Recherche
, m’ont conduit à considérer
que les développements qu’à connus la théorie de l’intégration internationale au
cours des dix dernières années forment le socle d’une théorie de la mondialisation
qui manquait jusqu’alors à l’économie internationale (et, plus largement à
l’analyse économique), en particulier parce qu’elle associe dans le même modèle
(en les endogénéisant donc) le jeu de variables économiques et celui de variables
politiques. On évoque à ce sujet la perspective d’une nouvelle économie politique
de la mondialisation : nouvelle parce qu’elle renoue avec une tradition ancienne de
l’analyse économique (celle qui positionnait la discipline dans le champ des
sciences sociales en considérant que toute économie était nécessairement politique
et réciproquement) mais aussi parce qu’elle incorpore et retient les progrès réalisés
par l’économie « pure » (la démarche « économico-économique » qui a prévalu au
cours des années 1970 et 1980), notamment en matière de définition d’outils
d’analyse [Saint-Paul : 2001]. Ce genre de démarche a d’ores et déjà conduit
l’économie internationale à réviser sa définition et son analyse d’objets aussi
essentiels pour l’étude de la mondialisation que la nation, les frontières, les unions
internationales, etc. [McCallum : 1995 ; Bolton & Roland : 1997 ; Alesina &
Spolaore : 2003 ; Alesina et alii : 2005 ; Siroën : 2002, 2004, 2006]. Elle converge
aujourd’hui sur la modélisation d’un processus d’intégration économique qui
avance « main dans la main » avec l’intégration politique [Alesina, Spolaore &
Wacziarg : 2000] et qui permet d’expliquer à la fois la tendance au fractionnement
Le débat sur le choix des termes a été très intense dans les premiers travaux sur le sujet. Mais c’est
un débat essentiellement franco-français. La littérature anglo-saxonne a immédiatement penché en
faveur de la notion de globalization (84 % des citations sur le site en anglais de google, contre près
de 16 % pour celui d’internationalization et pratiquement aucune citation du terme worldization)
alors que la France privilégie celle de mondialisation (les 3/4 des citations sur les pages
francophones de google contre 1/5è pour le mot globalisation et moins de 5 % pour celui
d’internationalisation), tantôt dans un simple souci de traduction, tantôt pour marquer une
différence analytique. Les indications fournies ici sont celles d’une interrogation au 9 mars 2006 (en
suivant l’exercice fait par J-M. Siroën [2004, p. 2]).
Voir le document « liste des enseignements » joint au dossier.