Cet accroissement des prix était bien plus rapide que l’accroissement du PIB nominal.
En 1991, le prix des terrains atteignait jusqu’à quatre fois le prix de 1980. Les actifs boursiers
quant à eux atteignirent leur maximum en 1989, avec un prix six fois supérieur à celui de
1980. En comparaison le PIB nominal de 1990 ne valait que 1.8 fois celui de 1980. (Hoshi,
Kashyap, 2003)
Le système financier japonais : des origines à la dérégulation.
De 1950 à 1973, le Japon a connu une période de croissance rapide et ininterrompue. Durant
cette période, le fonctionnement du système bancaire Japonais était très particulier : Le
gouvernement utilisait les banques pour transférer l’épargne des ménages vers certains
secteurs industriels. . C’est ce qu’on a appelé le « convoy system ».
Pour cela, le système bancaire était lourdement régulé par le ministère des finances.
- Premièrement, Le principe du « convoy system » était que les banques étaient régulées de
telle manière que les plus faibles d’entre elles ne soient jamais mises en danger par de
nouvelles règles.
- Deuxièmement, les taux d’intérêts étaient régulés, afin d’assurer un financement à bas prix
pour le secteur industriel. Il en résulte une absence de concurrence sur les taux entre les
banques, puisque ceux-ci ne sont pas décidés librement.
- Ensuite, à cause des ces taux maintenus artificiellement bas, les banques faisaient face à un
excès de demande de fonds et se retrouvaient donc dépendantes de la liquidité fournie par la
banque centrale pour satisfaire cette demande. Via un ensemble de règles administratives, la
banque centrale pouvait donc orienter le comportement d’octroi de prêts des banques.
L’effet résultant de ce mécanisme est que, les décisions des banques étant indirectement
guidées par la banque centrale, il n’y a pas de compétition entre les banques, et donc pas de
forte nécessité ou d’incitant à une gestion efficace et compétitive.
- En outre, afin de garder le contrôle sur le financement des entreprises, l’état limitait très
fortement le marché des capitaux, de même que l’accès au marché financier international. De
ce fait, le secteur du financement était largement dominé par le financement indirect bancaire.
Cette méthode de régulation permettait aux autorités de stimuler l’activité industrielle. En
échange, Le système bancaire était tacitement garanti que le ministère des finances protégerait
et viendrait au secours d’une banque en cas de problème.
Mais après la première crise pétrolière des années 70, la dérégulation du système bancaire
débuta étape par étape. Les taux d’intérêts furent peu à peu libéralisés, et le marché des
capitaux fut autorisé à se développer de plus en plus librement. Pour les banques, cela a
conduit à l’apparition rapide d’une situation concurrentielle, des banques entre elles, mais
aussi entre le secteur bancaire et le marché des capitaux.
Le problème est que ce processus de dérégulation s’est déroulé sans que le système ne soit
préparé à un environnement compétitif. Peu de règles strictes de management et de régulation
ont été mise en place. La régulation a continué à se faire selon le principe du «convoy
system » et des orientations administratives de la banque centrale.
Les banques avaient donc toujours l’impression d’une garantie implicite des autorités envers
elles, alors que celles-ci, confrontées à une concurrence croissante, devenaient plus agressives
dans leurs activités de prêts.
Cette transformation progressive du système financier Japonais est à l’origine de problèmes
structurels du secteur bancaire.