Professeur De Crombrugghe Deconninck Corentin
Ruelle Sébastien
Le Japon :
La crise des années 90, interventions des
autorités financières.
ECON 2009-2010
Financement de l’entreprise, risques et rôle des banques.
Table des matières.
0. Introduction………………………………………………………………………P.3
I. Les causes de la crise………………...……………………………………...……P.3
I.1 La bulle des actifs…………………………………………………………….P.3
I.2 Le système financier japonais : des origines à la dérégulation…………….....P.4
I.3 Caractéristiques et problèmes structurels du système financier………………P.5
- Surveillance inadéquate et manque de transparence……………………P.5
- Les Orientations administratives et la régulation collusive………...…...P.5
- Problème de rentabilité……………………………………………….....P.6
I.4 L’accumulation de prêts non-performants……………………………………P.6
I.5 L’éclatement de la bulle………………………………………………………P.7
- Conséquence sur la capitalisation des banques et distorsion du crédit…P.7
I.6 Dispositions des autorités financières face aux problèmes avant la crise…….P.9
II. Déroulement de la crise…………………………………………………………..P.10
II.1 Première partie de la crise : de 94 à 96………………………………….P.10
II.2 Deuxième partie de la crise : La crise de 1997………………………….P.12
II.3 Troisième partie de la crise : A partir de 1998, une gestion globale et
systémique de la crise………………………………………………………...P.14
III. Conclusion………………………………………………………………………..P.15
0. Introduction.
Durant les années 90, le Japon a connu une grande crise financière suite à l’explosion
d’une bulle. Dans ce papier, nous expliquerons tout d’abord la création de cette bulle jusqu’à
son éclatement. Nous décrirons ensuite les spécificités et les problèmes structurels du marché
financier japonais à l’accumulation de prêts non-performants dans les bilans des
institutions financières. Ensuite, nous détaillerons la crise en trois phases : les premières
faillites de 1994 à 1996, l’aggravation de la crise en 1997, et enfin l’intervention du
gouvernement en 1998.
1. Les causes de la crise.
La bulle des actifs.
La principale cause de la crise financière au Japon est l’explosion d’une bulle sur les actifs
immobiliers et boursiers.
Depuis la fin de la deuxième guerre mondiale, Le Japon a connu 3 booms distincts dans le
prix des actifs.
La formation de cette bulle s’est déroulée de 1986 à 1990 (appelée « Heisei Boom »). Elle fut
générée par l’interaction de différents facteurs.
Durant les années précédant la crise, le Japon a connu une croissance forte et une inflation
stable. Ces conditions ont rapidement conduit à un excès de confiance dans l’économie,
menant à un comportement euphorique des agents investisseurs.
Mais la cause principale de cette appréciation des actifs au Japon se trouve dans les « accords
du Plaza », signés en septembre 1985, et qui avaient pour but de réévaluer le yen par rapport
au dollar. Suite à cette réévaluation susceptible d’amener une récession pour l’économie
Japonaise basée en grande partie sur les exportations, la banque du japon baissa son taux
directeur, qui passe de 5% à 2,5% entre 1986 et 1987.
Le Japon a aussi dans les années précédentes accumulé une importante épargne extérieure
(principalement en dollar), qui va se trouver massivement rapatriée pour éviter l’effet négatif
de la dévaluation du dollar par rapport au Yen. Comme les taux d’intérêt diminuent, cet argent
est majoritairement placé dans les autres types d’actifs disponibles, immobiliers et boursiers.
De plus, dans un contexte de dérégulation financière menée par les autorités depuis les années
1980, la concurrence entre banques s’est accrue, de même que la concurrence entre le secteur
bancaire et le marché des capitaux pour le financement des entreprises. Cela a donné lieu à un
comportement agressif des banques, celles-ci ont octroyé plus aisément des crédits à de
petites et moyennes entreprises, en acceptant des actifs immobiliers comme collatéral, et en
pratiquant des taux faibles.
Il y a donc eu une conjugaison de différentes facteurs : - Surplus de liquidité, - Rapatriement
important de capitaux dans les actifs immobiliers et boursiers Concurrence accrue entre
banques, - et une confiance importante dans l’économie Japonaise. Par conséquent, le prix
des actifs immobiliers et boursiers, ainsi que celui des terrains s’est rapidement accru,
augmentant ainsi la valeur des collatéraux, qui à leur tour ont permis d’augmenter l’octroi de
crédit, créant un cercle et intensifiant la bulle.
Cet accroissement des prix était bien plus rapide que l’accroissement du PIB nominal.
En 1991, le prix des terrains atteignait jusqu’à quatre fois le prix de 1980. Les actifs boursiers
quant à eux atteignirent leur maximum en 1989, avec un prix six fois supérieur à celui de
1980. En comparaison le PIB nominal de 1990 ne valait que 1.8 fois celui de 1980. (Hoshi,
Kashyap, 2003)
Le système financier japonais : des origines à la dérégulation.
De 1950 à 1973, le Japon a connu une période de croissance rapide et ininterrompue. Durant
cette période, le fonctionnement du système bancaire Japonais était très particulier : Le
gouvernement utilisait les banques pour transférer l’épargne des ménages vers certains
secteurs industriels. . C’est ce qu’on a appelé le « convoy system ».
Pour cela, le système bancaire était lourdement régulé par le ministère des finances.
- Premièrement, Le principe du « convoy system » était que les banques étaient régulées de
telle manière que les plus faibles d’entre elles ne soient jamais mises en danger par de
nouvelles règles.
- Deuxièmement, les taux d’intérêts étaient régulés, afin d’assurer un financement à bas prix
pour le secteur industriel. Il en sulte une absence de concurrence sur les taux entre les
banques, puisque ceux-ci ne sont pas décidés librement.
- Ensuite, à cause des ces taux maintenus artificiellement bas, les banques faisaient face à un
excès de demande de fonds et se retrouvaient donc dépendantes de la liquidité fournie par la
banque centrale pour satisfaire cette demande. Via un ensemble de règles administratives, la
banque centrale pouvait donc orienter le comportement d’octroi de prêts des banques.
L’effet résultant de ce mécanisme est que, les décisions des banques étant indirectement
guidées par la banque centrale, il n’y a pas de compétition entre les banques, et donc pas de
forte nécessité ou d’incitant à une gestion efficace et compétitive.
- En outre, afin de garder le contrôle sur le financement des entreprises, l’état limitait très
fortement le marché des capitaux, de même que l’accès au marché financier international. De
ce fait, le secteur du financement était largement dominé par le financement indirect bancaire.
Cette méthode de régulation permettait aux autorités de stimuler l’activité industrielle. En
échange, Le système bancaire était tacitement garanti que le ministère des finances protégerait
et viendrait au secours d’une banque en cas de problème.
Mais après la première crise pétrolière des années 70, la dérégulation du système bancaire
débuta étape par étape. Les taux d’intérêts furent peu à peu libéralisés, et le marché des
capitaux fut autorisé à se développer de plus en plus librement. Pour les banques, cela a
conduit à l’apparition rapide d’une situation concurrentielle, des banques entre elles, mais
aussi entre le secteur bancaire et le marché des capitaux.
Le problème est que ce processus de dérégulation s’est déroulé sans que le système ne soit
préparé à un environnement compétitif. Peu de règles strictes de management et de gulation
ont été mise en place. La régulation a continué à se faire selon le principe du «convoy
system » et des orientations administratives de la banque centrale.
Les banques avaient donc toujours l’impression d’une garantie implicite des autorités envers
elles, alors que celles-ci, confrontées à une concurrence croissante, devenaient plus agressives
dans leurs activités de prêts.
Cette transformation progressive du système financier Japonais est à l’origine de problèmes
structurels du secteur bancaire.
Ce sont ces problèmes ou lacunes structurelles, ainsi que des comportements inadéquats des
institutions financières qui ont conduit à une accumulation de Mauvais prêts (prêts non-
performants/ Non-performing loan).
Caractéristiques et problèmes structurels du système financier.
Le système financier Japonais a donc été progressivement dérégulé à partir des années 1970
mais cette dérégulation n’a pas été accompagnée d’une mise en place de gles strictes en
matière de management et de surveillance pour les institutions financières, et en particuliers
les banques.
La régulation a continué à se faire de manière situationnelle selon le principe du «convoy
system », plutôt que sur un cadre strict de règles clairement définies.
Surveillance inadéquate et manque de transparence.
La supervision bancaire se déroulait à plusieurs niveaux, les banques commerciales étaient
inspectées par le MOF (Ministry of Finance) et la BOJ (Bank of Japan), mais les plus petites
institutions étaient seulement surveillées par les gouvernements locaux.
De plus, le nombre de superviseurs était seulement de 400 pour 1250 institutions bancaires
(en comparaison, aux USA, il y avait 8000 inspecteurs). Il y a donc 0,32 inspecteur par
institution au Japon contre 0,8 aux USA. En outre, les contacts entre banques et régulateurs
n’avaient lieu qu’une fois tous les deux ou trois ans (une fois par an aux USA) (Shaede,
1996).
Avant 1992, il n’existait quasiment aucune règle de déclaration publique des mauvais prêts
dans le système financier Japonais. Les exigences de déclaration publiques introduites en
1992 avaient un effet très limité et par conséquent, une partie importante des prêts non-
performants n’avaient pas à être déclaré.
Les Orientations administratives et la régulation collusive.
Pour implémenter des politiques ou des règles, le ministère des finances utilisait toujours les
orientations administratives. Il s’agit de notifications écrites ou orales mais qui le plus souvent
ne sont basées sur aucune loi. De ce fait, ces orientations pouvaient être implémentées ou
retirées à la discrétion du ministre en charge. Il en résulte premièrement un manque de
transparence, ainsi qu’une régulation qui dans les faits, est réalisée de manière situationnelle.
Un tel mécanisme de régulation demande une coopération importante entre les institutions
financières et le régulateur. Pour cela, chaque banque a donc une personne désignée à la
coopération avec le ministère dont le rôle est de s’y rendre régulièrement pour s’entretenir
avec les régulateurs.
Cette proximité dans les relations régulateurs-régulés est accentuée au Japon par le
phénomène des « amakudari ». Il s’agit d’officiels du gouvernement à la retraite qui sont par
la suite emplos à des hauts-postes par le secteur privé. Cette pratique était très courante au
Japon, particulièrement dans le secteur bancaire, et était même considérée dans le passé
comme utile, parce que les relations personnelles étroites facilitaient la communication entre
les banques et les autorités. Mais cette pratique a eu des effets néfastes sur la régulation car le
ministère des finances avait un incitant à laisser plus de liberté aux institutions employant des
amakudari. Celles-ci étaient informellement autorisées à prendre plus de risque, en échange
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