La cellule, ses organites et leurs fonctions

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La cellule, ses organites et leurs fonctions
La mitochondrie
Dans cette ressource nous nous focaliserons sur la mitochondrie, sa
morphologie, ses membranes (et leurs nombreux transporteurs) et son rôle
primordial dans la production de l'ATP nécessaire au déroulement des
fonctions cellulaires (fournisseur universel de l'énergie). La production de
l'ATP nécessite un fort approvisionnement en métabolites tels que glucose et
acides gras (et dans le cas de dénutrition extrême, acides aminés), un
approvisionnement géré à partir des réserves par des hormones (glucagon,
insuline et adrénaline). Les métabolites vont être convertis en NADH et
FADH2 (plus CO2) dans des processus, comme la glycolyse, la β-oxydation
et le cycle de l'acide citrique, pour finalement alimenter la chaîne respiratoire
aboutissant à la production de l'ATP grâce au phénomène de chimiosmose.
Les processus se déroulent dans des sites bien déterminés et le passage de
métabolites d'un site à l'autre est assuré par de nombreux transporteurs. En
plus de son rôle de production d'ATP, la mitochondrie est également
présentée pour son intervention dans la synthèse des stéroïdes, la mort
cellulaire programmée (apoptose) et l'homéostasie cellulaire du calcium.
Enfin dans trois « excursions », la mitochondrie est replacée dans un contexte
conceptuel élargi, ouvrant sur des implications aussi variées que diabète sucré
et paléontologie.
Prérequis :




Savoir que, dans leur grande majorité, les fonctions cellulaires
nécessitent l'hydrolyse de l'ATP : par exemple, contraction musculaire,
pompes ATPasiques ou encore transport des organites par les protéines
motrices.
Bien dominer les connaissances sur les diverses modalités de passage
de composants cellulaires au travers de la membrane lipidique.
Avoir une notion de la structure chimique des lipides et des glucides, de
leurs formes de stockage et de leur dégradation en métabolites
utilisables.
Connaître l'essentiel des voies métaboliques telles que glycolyse, cycle
de l'acide citrique et β-oxydation.
Objectifs :

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
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Connaître les sites de localisation des différents processus métaboliques
qui aboutissent à la production de l'ATP (glycolyse, β-oxydation, cycle
de l'acide citrique, phosphorylation oxydative).
Connaître les différentes modalités de transport bidirectionnel des
métabolites au travers de l'enveloppe mitochondriale (acides gras,
pyruvate, ATP, ADP et Pi).
Comprendre comment l'oxydation des métabolites, résultant dans la
production de NADH et FADH2, alimente la chaîne de transport des
électrons de la membrane interne et crée un gradient de protons.
Comprendre comment le gradient de protons dirige la production de
l'ATP par l'ATP synthase.
Connaître les fonctions mitochondriales autres que la production de
l'ATP : synthèse des stéroïdes, homéostasie du calcium et mort
programmée.
Temps de travail prévu : 3 heures
Sommaire :
Qu'est-ce qu'une mitochondrie ?
:: Origine
:: Organisation de la mitochondrie
:: Les fonctions de la mitochondrie
La production d'ATP
:: L'ATP comme fournisseur universel d'énergie
Approvisionnement en métabolites
:: Prise de nourriture
:: Création et utilisation des réserves énergétiques ; les rôles opposés du
couple glucagon/adrénaline et de l'insuline
Les activités métaboliques à l'origine de la production d'ATP
:: Glycolyse, β-oxydation et cycle de l'acide citrique
:: Phosphorylation oxydative liée à la chaîne de transport des électrons
Transport au travers de l'enveloppe mitochondriale
:: Introduction
:: Transport à travers la membrane externe
:: Transport à travers la membrane interne
Autres fonctions de la mitochondrie
:: Rôle de la mitochondrie dans la synthèse des hormones stéroïdes
:: Rôle des mitochondries dans l'homéostasie du Ca2+
:: Rôle de la mitochondrie dans la mort cellulaire programmée (apoptose)
Maladies liées aux mitochondries
:: Maladies liées aux mitochondries
Excursions
L'ADN mitochondrial
:: Un tout petit génome
:: Similitudes entre cytochrome c bactérien et mammalien
:: L'ADNmt et les maladies neuromusculaires invalidantes
:: Médecine légale
:: Le développement de l'embryon
La mitochondrie complice des assassins
:: L'arsenic
:: Le cyanure
:: Les complexes organophosphorés
Diabète sucré, dérégulation de l'approvisionnement de la mitochondrie
en métabolites
:: Glucagon, insuline et glycémie (homéostasie du glucose)
Insuline et Diabetes mellitus
:: La découverte de l'insuline
:: Insuline et glycémie (homéostasie)
:: Diabète sucré type I et II
:: Diabète Insipide
Qu'est-ce qu'une mitochondrie ?
Sommaire
Qu'est-ce qu'une mitochondrie ?
Origine
La mitochondrie naquit lorsque deux bactéries, archéobactérie anaérobie
(hôte) d'une part et protobactérie aérobie (symbionte) d'autre part,
fusionnèrent (il y a quelques milliards d'années) pour donner un eucaryote
primitif duquel tous les eucaryotes actuels dériveraient. Une telle hypothèse
sur l'origine de la mitochondrie a été suggérée par la mise en évidence, en
1963, de l'ADN mitochondrial (ADNmt de 16 kb chez les mammifères)
différent de l'ADN du noyau.
Figure 1. Les mitochondries
Le mot mitochondrie dérive du grec mitos, « filament », et chondros,
« graine » en raison de l'aspect de cet organite au microscope optique (et
électronique). Par exemple dans les cellules élaboratrices d'hormones
stéroïdiennes (corticosurrénales et gonades) les mitochondries sont
filamenteuses, alors que dans les hépatocytes (foie), elles sont granulaires.
Les mitochondries ont un diamètre d'environ
. Les cellules en
contiennent de nombreuses : nombre estimé à 1000 dans un hépatocyte de rat.
Les mitochondries ne sont pas des organites statiques : elles se scindent ou,
au contraire, fusionnent couramment ce qui explique leur polymorphisme au
sein d'une même cellule (voir figure 1).
Sommaire
Qu'est-ce qu'une mitochondrie ?
Organisation de la mitochondrie
La mitochondrie est limitée par une enveloppe formée de deux membranes :
membrane externe et membrane interne (voir figure 2). Elles sont très
différentes dans leur composition et leurs fonctions. La membrane interne
délimite l'espace matriciel.
Figure 2. Le tube de jonction de crête


La membrane externe est perméable à toutes les molécules de 5 kDa ou
moins grâce à la présence de porines. Elle contient aussi des
translocases, transporteurs protéiques, impliquées dans l'import des
protéines (Translocase of the Outer Membrane, TOM).
La membrane interne se replie pour former de nombreuses crêtes
(cristae), ce qui a pour conséquence d'augmenter sa surface totale. Les
crêtes se présentent selon différentes formes : tubulaire, sacculaire,
laminaire et triangulaire, qui peuvent co-exister dans la même
mitochondrie et évoluer avec le temps. La base d'une crête est souvent
constituée par une structure tubulaire étroite appelée tube de jonction
de crête qui établit une communication entre l'espace intérieur de la
crête et l'espace inter membranaire périphérique de la mitochondrie
(voir figure2 ). La composition lipidique de la membrane interne est
particulière : elle contient une majorité de phosphatidylcholine et de
cardiolipine. Dans cette membrane on trouve la chaîne respiratoire de
transporteurs d'électrons, l'ATP synthase et de nombreux transporteurs
qui assurent le passage d'éléments tels que pyruvate, acide gras, ATP,
ADP et
, composés nécessaires à la production d'ATP. La
membrane interne contient aussi des translocases (Translocase of the
Inner Membrane, TIM), impliquées dans l'import des protéines (voir
figure 3). Les TIM et les TOM ne sont pas traitées dans cette ressource.
Figure 3. Structure et fonction de la mitochondrie

Dans l'espace matriciel on trouve un mélange très concentré de
nombreuses enzymes, dont celles qui sont nécessaires à l'oxydation du
pyruvate et des acides gras (en acétyl-CoA) et au cycle de l'acide
citrique. Il renferme également plusieurs copies identiques d'ADN
(génome mitochondrial) et les protéines nécessaires à sa transcription
puis à la traduction de l'ARNm en protéines. La protéosynthèse
mitochondriale ne concerne cependant qu'un nombre restreint de
protéines (13), la grande majorité des protéines mitochondriales
(environ 300 protéines différentes) étant importée à partir du
cytoplasme.
Sommaire
Qu'est-ce qu'une mitochondrie ?
Les fonctions de la mitochondrie
Les mitochondries sont impliquées dans plusieurs fonctions : production
d'ATP, synthèse de stéroïdes hormonaux, turnover de monoamines
(neurotransmetteurs), séquestration de
et participation à la mort
cellulaire programmée (apoptose) par fuite de cytochrome c dans le
cytoplasme (voir figure 4).
Figure 4. Fonctions de la mitochondrie
Sommaire
La production d'ATP
Sommaire
La production d'ATP
L'ATP comme fournisseur universel d'énergie
Les mitochondries constituent ce qu'on a coutume d'appeler « la centrale
énergétique » de la cellule. On peut également les considérer comme des
organites dans lesquels l'énergie contenue dans les liaisons moléculaires des
métabolites provenant des aliments ingérés, est convertie en ATP. Dans les
ressources sur le « transport membranaire » et le «cytosquelette », nous avons
évoqué le rôle capital de l'ATP dont l'hydrolyse en ADP et Pi (
) est
requise dans un grand nombre de processus cellulaires tels que le transport
actif d'ions au travers de la membrane (ATPases), les déplacements des
protéines motrices et la polymérisation des filaments d'actine, par exemple.
L'ATP a aussi une place essentielle dans la production des autres nucléotides
et dans le déroulement de nombreux processus métaboliques. Enfin, l'ATP
joue un rôle dans la régulation des cascades de signalisation intracellulaire
(voir figure 5A). Pour chiffrer cette importance, on peut dire que chaque jour
un adulte utilise (et recycle) une quantité d'ATP équivalente à
de son
poids corporel ! On estime que dans les conditions de repos, un tiers du total
est utilisé pour le fonctionnement des pompes membranaires comme les
ATPases (extrait de la ressource sur le « transport membranaire »). A
l'état de repos de l'individu, les organes les plus consommateurs sont le cœur
et le foie.
Figure 5A. Hydrolyse de l'ATP en ADP et Pi
Dans le muscle en activité, la demande d'ATP est extrêmement forte : elle est
1000 fois supérieure à celle du muscle au repos. Même si, très logiquement
les cellules musculaires contiennent plusieurs milliers de mitochondries, il
demeure remarquable que leur énorme besoin en ATP puisse être couvert en
moins de quelques secondes, et cela sans stock préalable d'ATP (voir
figure 5B). La concentration cytoplasmique d'ATP est constante (par
nécessité du maintien de toutes les voies métaboliques ATP dépendantes), et
même dans le muscle soumis à un travail soutenu, elle est de l'ordre de 310 mM. La prochaine partie de cette ressource sera consacrée aux modalités
de la production de cet ATP
Figure 5B. Mitochondries cardiaques
Si elles ne peuvent pas stocker l'ATP (pour des raisons osmotiques), les
cellules sont capables de faire des réserves en glucides, lipides (et
éventuellement protéines). Dans cette ressource nous verrons comment ces
réserves sont mobilisées puis utilisées par l'organisme pour la production
d'ATP. Il n'est pas surprenant de constater que des anomalies dans les
processus responsables de la production d'ATP aient des conséquences graves
pour l'organisme. Plus loin quelques exemples de pathologies liées à ces
anomalies seront évoqués.
Découverte de l'ATP
C'est en 1929 que le chimiste allemand Karl Lohmann découvrit
l'ATP dont la structure fut élucidée quelques années plus tard. En
1948 Sir Alexander Todd (Prix Nobel de Chimie en 1953) réalisa la
synthèse de l'ATP. C'est pendant les années 1939-41 que Fritz
Lipmann (prix Nobel de médecine et physiologie en 1953 également)
a démontré que la cellule utilise l'ATP comme fournisseur universel
de l'énergie contenue dans ses liaisons phosphate qui en sont
particulièrement riches (voir figure 5A).
Sommaire
La production d'ATP
Approvisionnement en métabolites
Sommaire
La production d'ATP > Approvisionnement en métabolites
Prise de nourriture
Comme mentionné plus haut, la mitochondrie sert à convertir en ATP les
liaisons riches en énergie des métabolites provenant de la nourriture. Un
régime alimentaire équilibré apporte des glucides, des acides gras, des acides
aminés et des nucléotides mais nous n'avons pas besoin nécessairement de
tout en même temps. Des voies métaboliques variées ont été mises en place
pour l'inter conversion de ces composés. Par exemple, les glucides peuvent
être synthétisés (néoglucogenèse) à partir de produits du cycle de l'acide
citrique (Krebs), des acides aminés, du glycérol ou du lactate. Les acides gras
peuvent être synthétisés à partir de l'acétyl-CoA avec comme précurseur le
glucose (voir figure 6). Certains acides aminés peuvent être aussi synthétisés,
mais, environ la moitié de ceux qui composent les protéines sont dits « acides
aminés essentiels » (chez les vertébrés), car directement et obligatoirement
apportés par l'alimentation. L'impossibilité de synthèse de ces acides aminés
par les animaux est due au fait que l'azote moléculaire est chimiquement
inerte. Seuls les végétaux et certains micro-organismes, sont capables de
l'incorporer dans des molécules organiques selon un processus appelé fixation
de l'azote.
Figure 6. Interconversion de voies métaboliques
Sommaire
La production d'ATP > Approvisionnement en métabolites
Création et utilisation des réserves
énergétiques ; les rôles opposés du couple
glucagon/adrénaline et de l'insuline
Les métabolites qui forment des réserves, peuvent être considérés comme des
carburants métaboliques potentiels. Ce sont des polysaccharides, sous forme
de granules de glycogène (particules de 15 à 30 nm), des triglycérides sous
forme de gouttelettes lipidiques et pour les cas d'extrême dénutrition, les
protéines. A l'exception des cellules nerveuses qui ne peuvent utiliser que le
glucose comme carburant métabolique, les cellules peuvent ensuite convertir
les trois formes de réserves en ATP. En général, la synthèse des réserves
(anabolisme) est dirigée par l'insuline provenant des cellules
des îlots de
Langerhans du pancréas (en Latin insula = île) (voir figure 7).
Figure 7. Insuline, glucagon et pancréas
Par contre la mobilisation des réserves (catabolisme) est dirigée
essentiellement par deux hormones : le glucagon, provenant des cellules
des îlots de Langerhans et agissant essentiellement sur le foie en libérant le
glucose dans le sang ; l'adrénaline (de l'Anglais adrenal glands = glandes
surrénales) qui agit majoritairement sur le catabolisme du glycogène
musculaire, fournissant rapidement au muscle son « carburant » glucose lors
des circonstances d'urgence (voir figure 8).
Figure 8. Adrénaline et glandes surrénales
La synthèse du glycogène est réalisée par la glycogène synthétase alors que
c'est l'acide gras synthétase qui assurera celle des triglycérides. A l'inverse, la
dégradation du glycogène, glycogénolyse, est réalisée par la glycogène
phosphorylase alors que la dégradation des triglycérides en acétyl Co-A est
due à un processus qu'on appelle
oxydation (plusieurs enzymes). La
synthèse des protéines est réalisée par les ribosomes et leur dégradation, par
les protéasomes (voir figure 9). Si l'insuline augmente la synthèse des
protéines (fonction anabolique), elle ne peut être tenue pour responsable de
leur mise en réserve (comparable à ce qui se passe pour les lipides et les
glucides) car les protéines sont exclusivement et immédiatement utilisées
pour le maintien, la réparation ou la croissance de l'organisme.
Figure 9. Glucagon, adrénaline et insuline, et métabolisme des lipides,
glucides et protéines
L'activité de la glycogène phosphorylase a lieu dans le cytoplasme et résulte
en la formation de glucose-1-phosphate qui sera converti en glucose-6phosphate. Dans le foie (et les reins), le phosphate est enlevé par la glucose6-phosphatase (G6Pase) présente dans le réticulum endoplasmique et le
glucose peut alors accéder à la circulation sanguine par la voie d'exocytose.
Chez l'Homme adulte les réserves hépatiques de glycogène permettent de
disposer de 72 g de glucose utilisables en 8 heures en état de repos. Dans le
muscle, dépourvu de l'enzyme G6Pase, le glucose-6-phosphate ne peut pas
sortir de la cellule et est utilisé entièrement in situ (au total 350 g de glucose
disponible sous forme de glycogène). La réserve lipidique qui se trouve
essentiellement dans le tissu adipeux, est mobilisée par l'action de lipases : les
acides gras ainsi libérés sont transportés vers le sang, distribués aux cellules
utilisatrices pour alimenter la voie de
oxydation à l'intérieur de la
mitochondrie (résultant en production d'acétyl-CoA) (voir figure 10).
Sommaire
La production d'ATP
Les activités métaboliques à l'origine de la
production d'ATP
Sommaire
La production d'ATP > Les activités métaboliques à l'origine de la production
d'ATP
Glycolyse, β-oxydation et cycle de l'acide citrique
Dans le cytosol, le glucose entre dans la voie métabolique que l'on appelle
glycolyse qui consiste en une série de réactions qui convertissent une
molécule de glucose en deux molécules de pyruvate avec production associée
de 2 ATP et 2
. Le pyruvate est transporté à l'intérieur de la
mitochondrie où il est ensuite transformé en acétyl-CoA par la pyruvate
déshydrogénase. Les acides gras sont importés dans la mitochondrie et y sont
aussi convertis en acétyl-CoA. L'acétyl-CoA entre ensuite dans une troisième
voie métabolique, le cycle de l'acide citrique dans lequel il est déshydrogéné
en fournissant du
et
et du
. En cliquant sur les
différentes voies métaboliques vous trouverez les détails moléculaires qui
dans l'objectif de cette ressource ne sont pas à connaître par cœur).
Les astérisques de la figure ci-dessous sont cliquables (glycolyse, β-oxydation
et cycle de l'acide citrique).
Elles proposent un rappel illustré sur ces processus métaboliques.
Figure 10. Localisation des processus métaboliques
Si vos connaissance sur ce sujet sont insuffisantes, nous vous suggérons de
consulter « Biochimie structurale et métabolique », Christian Moussard, De
Boeck Université.
Le cycle de l'acide citrique est aussi connu sous l'appellation cycle de
Krebs, du nom du Sir Hans A Krebs (Prix Nobel partagé avec
Lipmann en 1953) qui en 1937, par expérimentation et analyse de
résultats antérieurs d'autres biochimistes arriva à la conclusion que la
voie de l'acide citrique était la principale (et même seule) voie
d'oxydation des hydrates de carbone dans le muscle du vol chez le
pigeon. Pour ceux qui aspirent au prix Nobel ou qui admirent les
lauréats, nous suggérons de consulter le site http://nobel.se/.
Sommaire
La production d'ATP > Les activités métaboliques à l'origine de la production
d'ATP
Phosphorylation oxydative liée à la chaîne de
transport des électrons
La chaîne de transport des électrons
Les hydrogènes (électrons plus protons) captés par le
(qui devient le
), issus de la dégradation des molécules de glucose et d'acide
gras sont transférés à l'
grâce à une série d'évènements qui aboutit à la
formation d'
: la chaîne de transport des électrons. Cette chaîne se
déroule dans la membrane interne de la mitochondrie, surtout dans les crêtes,
et elle fait intervenir plusieurs complexes enzymatiques, appelés : NADHquinone oxydoréductase (complexe I), succinate-quinone oxydoréductase
(complexe II), Quinol-cytochrome c oxydoréductase (complexe III ou
complexe bc1) et Cytochrome c oxydase (complexe IV).
Elle contient également 1) l'ubiquinone, qui se trouve dans l'épaisseur de la
membrane interne (molécule lipophile), qui transporte les électrons (et
protons) du complexe II au complexe III, et 2) le cytochrome c, qui se trouve
dans l'espace inter membranaire et qui établit une navette d'électrons entre
complexes III et IV. Les événements sont présentés schématiquement
figure 11. Dans cette image, les complexes sont représentés en une seule
entité mais en réalité ils sont constitués de plusieurs sous-unités protéiques.
Le tableau ci-dessous donne une idée de la taille et de l'hétérogénéité des
complexes de la chaîne respiratoire.
fonction enzymatique
poids
moléculaire
nombre
de
sous-unités
Complexe I
NADH-quinone
oxydoréductase
800 kDa
25
Complexe II
succinate-quinone
oxydoréductase
140 kDa
4
Complexe III
quinol-cytochrome
oxydoréductase
250 kDa
9-10
Complexe IV
cytochrome c oxydase
170 kDa
13
Complexe V
ATP synthase
380 kDa
12-14
c
Figure 11. La chaîne respiratoire
Animation : cette animation montre comment le passage des électrons, de
cytochrome c à cytochrome c oxydase (complexe IV), permet le transport
simultané de protons ( ) à travers la membrane interne de la
mitochondrie (fonction de pompe de la cytochrome c oxydase)
Macromedia Shockwave - 106Ko
La direction du flux d'électrons le long de la chaîne de transport est
déterminée par la faculté des composants à perdre ou à gagner des électrons.
Par exemple,
a une affinité modérée pour les électrons, si bien que sa
forme réduite,
, peut facilement céder ses deux électrons. Au
contraire, l'oxygène moléculaire a une très forte affinité pour les électrons et
est donc un très bon agent oxydant, capable de capturer avidement les
électrons des autres molécules. La capacité à « donner » ou à « prendre » des
électrons est exprimée par un paramètre nommé potentiel d'oxydoréduction
(symbole Eò),
ayant un potentiel de
et l'oxygène moléculaire,
un potentiel de
. Les électrons se déplacent des molécules à faible
potentiel d'oxydoréduction vers les molécules possédant un potentiel fort ; et
donc dans le cas de la chaîne mitochondriale de transport des électrons, du
NADH à l'oxygène moléculaire (voir figure 12).
Figure 12. Potentiel d'oxydoréduction
Fondamentalement, au cours de la capture des électrons par les complexes I,
III et IV, il y a simultanément translocation des protons vers l'espace
inter membranaire (pompe
) (voir figure 11 et son animation). Le
processus crée un gradient protonique (potentiel membranaire de 150 mV,
négatif côté espace matriciel et une différence de pH de 0,5). Le gradient
électrochimique ainsi généré est utilisé pour la phosphorylation de l'ADP en
ATP par l'ATP synthase (complexe V, qui constitue une particule dite
élémentaire visible en microscopie électronique) (voir figure 13). Le couplage
de l'oxydation des métabolites en
appelé phosphorylation oxydative.
et
et la production d'ATP est
Figure 13. ATP synthase
Animation : cette animation (commentée en anglais) montre le
fonctionnement de l'ATP synthase [réalisation Graham Johnson pour
Garland Press]
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Hébergement des électrons dans les composants de la chaîne
Au sein de la chaîne de transport, les électrons sont successivement et
transitoirement « hébergés » par différents sites moléculaires appelés
groupes prosthétiques (porphyrines et flavine mononucléotides (FMN,
apportée par la vitamine « riboflavine »). Les atomes qui hébergent
les électrons dans ces groupes prosthétiques peuvent être : des atomes
de C ou N, pour
(apporté par la « vitamine
» (acide
nicotinique) et ubiquinone ; des atomes de Fe inclus dans une
structure moléculaire appelée hème ou hémochrome, pour les
cytochromes ; des complexes de Fe.S, pour les FMN et cytochrome
bc1 ; des atomes de Cu dans la cytochrome c oxydase. Cette ressource
n'a pas pour but d'exposer en détail l'aspect biochimique et
biophysique de la phosphorylation oxydative. Pour information
complémentaire sur le sujet, nous vous suggérons de consulter « La
biochimie, Tome 1 :biochimie structurale et métabolique », Christian
Moussard, De Boeck Université.
Etymologie des termes cytochrome et ubiquinone
Les cytochromes sont des pigments cellulaires (chromos = couleur)
détectables dans l'intervalle 300 à 600 nm du spectre de la lumière. Le
terme désigne un ensemble formé d'une protéine et d'un groupe
prosthétique (hémochrome) responsable de l'absorption caractéristique
de la lumière.
Ubiquinone, nommée pour sa répartition très large, ubiquitaire, chez
les végétaux, animaux et micro-organismes (latin ubique = présent
partout). Elle fut identifiée plus tard à un co-enzyme de la chaîne
respiratoire, nommé pour cela co-enzyme Q10 (ubiQuinone). 10 fait
référence
au
nombre
d'unités
isopréniques
(
) présentes dans la queue hydrophobe
de la molécule (située dans la membrane).
Pour savoir plus sur les groupes prosthetic dans les enzymes, le site
« Scripps
Metallo
PROMISE »
est
très
utile :
http://metallo.scripps.edu/PROMISE/.
Cardiolipine et chaîne respiratoire
La cardiolipine, ou diphosphatidylglycérol, est un lipide qui est spécifique des
membranes des bactéries et des mitochondries, autrement dit, des membranes
dont la fonction est de fournir un potentiel électrochimique pour le transport
des électrons et la synthèse d'ATP. Le terme cardiolipine vient du fait que ce
lipide a été isolé à partir de cœur de bovin dans lequel il représente 10% des
phospholipides totaux. Plus tard, la cardiolipine a été trouvée en abondance
dans la mitochondrie où elle représente 20% des phospholipides totaux et
dans la membrane externe des bactéries. Etant donné que la cardiolipine est
un lipide spécifique de la mitochondrie on est en droit de penser que sa
fonction biologique dans cet organite, est fondamentale. Elle est localisée
principalement dans la membrane interne où elle interagit avec plusieurs
protéines parmi lesquelles les complexes III (cytochrome bc1) et IV
(cytochrome c oxydase), la protéine d'échange ATP/ADP, l'ATP synthase et
le transporteur de phosphate inorganique (Pi). Il a été montré que la
cardiolipine déterminait la structure quaternaire (et donc fonctionnelle) de ces
protéines enzymatiques et assurait également la bonne orientation et la bonne
position (pour faciliter le passage des électrons) des différents composants de
la chaîne respiratoire. Ce rôle est bien illustré par le syndrome de Barth,
myopathie spécifique due à une production défectueuse de cardiolipine
résultant en un fort déficit dans la production d'ATP. La cardiolipine limite
aussi la diffusion de protons situés dans l'espace inter membranaire en les
liant à ses groupes phosphates, tamponnant ainsi le pH global (voir figure 14).
Enfin, la cardiolipine est considérée comme un co-facteur déterminant de
l'importation du cholestérol indispensable au déroulement de la
stéroïdogenèse mitochondriale.
Figure 14. Cardiolipine dans la membrane interne de la mitochondrie
L'ATP synthase (
)
En présence du gradient de protons établi entre les deux faces de la
membrane mitochondriale interne et en absence de concentrations élevées
d'ATP dans la matrice, l'ATP synthase laisse passer les protons, au niveau du
domaine membranaire
domaine
, un passage qui permet la production d'ATP par le
. Plus précisément, chaque sous-unité
, du domaine
de la
protéine, couple rapidement l'ADP et le Pi en produisant l'ATP qui reste en
place. C'est le potentiel de membrane et le passage des protons qui en résulte
(« source d'énergie »), qui permet l'expulsion de l'ATP vers l'espace matriciel
au cours d'un mouvement de rotation de la sous-unité dans le domaine .
La place de l'ATP est immédiatement prise par un nouvel ADP + Pi. Il faut
12 protons pour la production de 3 ATP (voir figure 13 ci-dessus).
Cette enzyme peut également fonctionner dans l'autre sens, ce qui se produit
en absence de gradient de protons et en présence d'ATP. Dans ce cas elle
fonctionne comme une pompe à protons, comparable à l' -ATPase de la
membrane des lysosomes décrite dans la ressource « Transport
membranaire ».
Bilan final
Le bilan final de toutes ces inter conversions chimiques, c'est que l'oxydation
complète d'une molécule de glucose fournira 30 molécules d'ATP et qu'une
molécule d'acide gras, tel que le palmitate (C16), fournira 120 molécules
d'ATP. La complexité des inter conversions chimiques qui s'effectuent dans
les mitochondries trouve sa justification dans un phénomène de
fractionnement de l'énergie libérée qui évite un dégagement excessif de
chaleur dû à la condensation de
et
(en
). L'énergie peut être
convertie efficacement en liaisons riches en énergie dans des molécules telles
que l'ATP grâce à des réactions couplées.
La théorie de chimiosmose
Le processus précédemment décrit est analogue à un générateur
faisant passer un courant à travers une série de moteurs électriques.
Cependant, dans les systèmes biologiques, les électrons sont
transportés d'un site à l'autre par des molécules diffusibles qui
prennent des électrons au niveau d'un site pour les apporter sur un
autre site. Dans le cas de la chaîne mitochondriale de transfert
d'électrons, le processus commence avec le
.
C'est l'anglais Peter Mitchell qui proposa le mécanisme de couplage
entre le transport des électrons et la synthèse de l'ATP. Il suggéra que
le flux des électrons d'un composant à l'autre de la chaîne respiratoire
(et ceci est également vrai pour le flux des électrons dans les
photo systèmes du chloroplaste) dirige des protons (ions hydrogène)
au travers de la membrane (vers l'espace inter membranaire), créant
ainsi un gradient protonique (150 mV). Secondairement, la production
d'ATP est due au flux inverse de protons descendant le gradient. Cette
proposition constitue la base de la théorie appelée chimiosmose
(Mitchell, prix Nobel en 1978).
Créatine phosphate
Bien que la production d'ATP soit essentiellement due aux processus
métaboliques décrits plus haut, la mitochondrie peut utiliser une voie
alternative pour assurer la production immédiate d'ATP. Elle possède
en effet une enzyme, créatine kinase, qui catalyse la production de
créatine-phosphate. Celle-ci est à son tour transportée dans le
cytoplasme où elle est utilisée pour phosphoryler l'ADP en ATP
(régénération très rapide de l'ATP, indépendante de la production
d'ATP mitochondrial) (voir figure 15). Cette voie s'épuise en environ
8 secondes dans le muscle au travail et pourrait donc être vue comme
un processus tampon entre la demande immédiate et la possibilité de
production par la glycolyse et la chaîne respiratoire.
Figure 15. Créatine phosphate et ATP
La créatine est un additif nutritionnel populaire chez les athlètes dont
la spécialité sportive nécessite un apport brutal d'énergie (par exemple,
sprinters et haltérophiles). L'idée de départ est d'atteindre un haut
niveau de créatine-phosphate et donc d'atteindre une production plus
élevée d'ATP dans les 8 premières secondes. Cependant, il n'y a pas de
preuve établie que cette supplémentation artificielle augmente le
niveau cellulaire de créatine phosphate et donc augmente réellement
les possibilités de l'athlète. La figure 16 présente l'usage de différentes
sources d'énergie utilisées pour l'approvisionnement en ATP pendant
un exercice physique.
Figure 16. Créatine phosphate dans le temps (sources d'énergie)
Sommaire
Transport au travers de l'enveloppe
mitochondriale
Sommaire
Transport au travers de l'enveloppe mitochondriale
Introduction
De ce qui précède il apparaît que la production d'ATP requiert une provision
de métabolites tels que les acides gras, le pyruvate et les acides aminés dans
l'espace matriciel. L'enveloppe mitochondriale contient donc de nombreuses
protéines de transport, les porines, échangeurs et transporteurs (revoir les
principales classes de protéines membranaires de transport). Le transport
semble s'effectuer sur des sites bien précis, nommés « sites de contact
mitochondriaux », au niveau desquels les deux membranes unitaires sont
rapprochées. Ces sites regroupent différentes protéines transporteuses. Des
exemples significatifs sont donnés ci-dessous (paragraphe « transport à
travers la membrane interne »).
Pour s'approvisionner activement en métabolites, les mitochondries ont
adopté la même stratégie que la cellule au niveau de sa membrane
plasmique : elles utilisent un gradient électrochimique pour faciliter le
transport au travers de la membrane interne. Dans le cas de la membrane
plasmique (de la cellule), c'est le gradient de
et
, (entretenu par les
pompes
mises en jeu par hydrolyse de l'ATP) qui facilite le
transport. Dans la membrane interne (au niveau de la crête mitochondriale), le
transport utilise le gradient de protons ( ) entretenu par les complexes I, III
et IV qui sont actionnés par l'association transitoire avec des électrons
provenant du NADH. Si la membrane plasmique utilise le gradient de
pour le transport de glucose ou les échangeurs
pH, les mitochondries utilisent le gradient de protons (
de pyruvate et
pour la régulation du
) pour le transport
(Pi) et l'échange d'ADP/ATP.
NB : Les pompes
entretiennent un potentiel de 70 mV (négatif à
l'intérieur de la cellule), alors que les complexes mitochondriaux de la
chaîne respiratoire réalisent un potentiel de 150 mV (négatif à l'intérieur
de la mitochondrie) : revoir la différence de potentiel transmembranaire.
Sommaire
Transport au travers de l'enveloppe mitochondriale
Transport à travers la membrane externe
La membrane externe contient des porines, protéines transmembranaires
formant de véritables pores. Leur sélectivité et leur spécificité ne sont pas
encore bien connues. Le canal anionique VDAC (voltage-dependent anion
channel) est considéré comme la voie principale de passage des métabolites à
travers la membrane externe. Ce canal est constitué d'une protéine de 31 kDa
adoptant une structure de
tonneau, ressemblant ainsi aux porines de la
membrane externe des bactéries (figure 17). Ce pore a un diamètre interne de
2,5 nm qui permettrait donc le libre passage des acides gras, du pyruvate, des
acides aminés et de nucléotides.
Figure 17. VDAC, porine dans la membrane externe de la mitochondrie
Sommaire
Transport au travers de l'enveloppe mitochondriale
Transport à travers la membrane interne
Le passage à travers la membrane interne est sélectif et réalisé par des
transporteurs et échangeurs. Quelques exemples de transport sont donnés cidessous :
ATP/ADP
L'ADP (entrant) et l'ATP (sortant) sont échangés entre la matrice
mitochondriale et le cytoplasme de la cellule par l'ANT (adenine nucleotide
translocase), protéine possédant 6 hélices
transmembranaires et un poids
moléculaire de 35 kDa. Ce transporteur, actif sous forme de dimère, est la
protéine la plus abondante de la membrane interne. Il en existe 3 isoformes
qui fonctionnent par antiport, déplaçant l'
vers l'intérieur contre
vers l'extérieur. La réaction d'échange est électrogénique et rendue possible
par le composant électrique du gradient de protons (
). (voir figure 18).
Figure 18. Transport d'ATP/ADP, Pi et pyruvate
(Pi)
Le phosphate inorganique, nécessaire à la phosphorylation de l'ADP est
apporté par le co-transporteur
(symport), protéine de 33 kDa,
active sous forme de dimère (voir figure 18).
Pyruvate
Le pyruvate est transporté à l'intérieur de la mitochondrie par le cotransporteur (symport),
/pyruvate translocase, de 40 kDa de poids
moléculaire (mal caractérisé par ailleurs) et mis en jeu par le gradient de
protons (
) (symport) (voir figure 18).
Acides Gras
Les acides gras (le plus abondant étant l'acide palmitique (C16) traversent la
membrane interne de la mitochondrie grâce à une liaison avec la carnitine
(vitamine
) qui facilite le transport. Les événements se déroulent comme
suit : à l'extérieur de la mitochondrie l'acide gras se lie à un groupe CoA qui
sera rapidement remplacé par un groupe carnitine, résultant dans la formation
d'un acylcarnitine, réaction catalysée par la carnitine-palmitoyltransférase-I
(CPT-I, poids moléculaire 88 kDa). La carnitine est reconnue par un
transporteur situé dans la membrane interne et qui échange l'acide grascarnitine contre une carnitine libre (provenant de l'intérieur). Cet échangeur
est appelé carnitine/acylcarnitine translocase (CACT, poids moléculaire de
33 kDa). Dans l'espace matriciel, la carnitine est séparée de l'acide gras par la
carnitine palmitoyltransférase-II (CPT-II, poids moléculaire de 68 kDa).
L'acide gras se lie alors au CoA, formant un palmitoyl-CoA, disponible pour
subir la
oxydation dans l'espace matriciel (voir figure 19A et 19B).
Figure 19A. Le transport des acides gras
Figure 19B. Détails moléculaires de la carnitine (vitamine
l'acide palmitique
), du CoA et de
Protéines de découplage (UCP)
Dans la membrane interne de la mitochondrie, on trouve aussi des canaux
protoniques ( ), UCP1 (thermogénine), UCP2, UCP3 (uncoupling
protein 1, 2 ou 3). Ces canaux ont été caractérisés à partir du tissu adipeux
brun dans lequel ils permettent le passage des protons de l'espace
inter membranaire vers la matrice, évitant ainsi leur passage par l'ATP
synthase et par conséquent la formation d'ATP. Le tissu brun, dont la couleur
est due à la présence de très nombreuses mitochondries, est très abondant
chez le nouveau-né et également chez les animaux hibernants à sang chaud.
Son rôle est de fournir de la chaleur à l'organisme (par les activités
métaboliques mitochondriales sans production associée élevée d'ATP
(production inutile lorsque l'activité motrice est faible)).
Production de chaleur
Le tissu adipeux brun ne se développe chez le fœtus qu'au cours des
trois derniers mois de la vie intra utérine. Le prématuré (6ème à 8ème
mois de gestation) n'a donc pas encore la possibilité de maintenir
correctement sa température corporelle et doit impérativement
bénéficier d'une couveuse. Après la naissance, le tissu brun disparaît
progressivement et la production de chaleur devient surtout associée à
la régulation du tonus musculaire. Un refroidissement excessif du
corps déclenche un réflexe de contraction musculaire généralisée et
spasmodique : le frisson.
La chaleur provient de la réaction exothermique d'oxydation du
glucose (combustion) :
énergie disponible 686 kcal/mol.
La production couplée de 36 molécules d'ATP est une réaction
endothermique :
énergie absorbée 236 kcal/mol.
Le bilan est une réaction exothermique au cours de laquelle
450 kcal/mol sont dissipées sous forme de chaleur (rendement de
40%). En cas de découplage de production d'ATP, l'énergie dissipée
sous forme de chaleur sera plus proche de 686 kcal/mol de glucose.
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Autres fonctions de la mitochondrie
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Autres fonctions de la mitochondrie
Rôle de la mitochondrie dans la synthèse des
hormones stéroïdes
Les mitochondries sont impliquées dans la biosynthèse des hormones
stéroïdes dont le cholestérol est le précurseur. Ce sont les cytochromes
P450scc et P450aldo, dans la matrice mitochondriale, qui font entrer le
cholestérol dans la chaîne de biosynthèse des stéroïdes (voir figure 20). En
fonction de la glande endocrine dans laquelle elle se produit, cette
biosynthèse peut aboutir à la formation de :




de testostérone, dans le testicule,
de progestérone et d'œstradiol, dans l'ovaire,
de glucocorticoïdes comme le cortisol (divers rôles dont lutte contre
l'inflammation), dans la glande surrénale,
minéralocorticoïdes comme l'aldostérone (rôle dans l'équilibre ionique),
dans la glande surrénale.
Figure 20. Le cholestérol et les stéroïdes
L'étape limitante de la production des stéroïdes est le transport de cholestérol
à travers l'espace inter membranaire. Parce que le cholestérol est un lipide
(revoir le cholestérol dans la membrane plasmique), il nécessite l'intervention
d'une protéine de transport pour transiter dans le milieu aqueux. Ce rôle est
joué par la protéine StAR (Steroidogenic Acute Regulatory protein, d'un
poids moléculaire de 30 kDa) dont le dysfonctionnement (dû à une mutation
génétique) se manifeste par une hyperplasie compensatrice de la
corticosurrénale.
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Autres fonctions de la mitochondrie
Rôle des mitochondries dans l'homéostasie du
Ca2+
La mitochondrie participe (avec le réticulum endoplasmique) également à la
régulation de la concentration intracellulaire de calcium. Cependant, la
pompe membranaire qui assure le passage de
vers la matrice n'a pas
encore été identifiée.
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Autres fonctions de la mitochondrie
Rôle de la mitochondrie dans la mort cellulaire
programmée (apoptose)
Dans certains cas les cellules sont soumises à un processus de mort
programmée (apoptose). Cela se manifeste par exemple : lors de dommages
irréparables de l'ADN (chimiothérapie, rayons-X, radicaux libres d'oxygène),
lors de la perte de contact cellule-matrice (revoir les intégrines et la survie
cellulaire) ou cellule-cellule, ou lors de la mise en jeu d'une horloge interne
dont le mécanisme moléculaire est encore mal compris (les leucocytes
polynucléaires ont une vie moyenne limitée à quelques dizaines d'heures,
après quoi ils meurent par apoptose).
Dans ce processus, la fuite de cytochrome c par un pore nouvellement créé
dans la membrane mitochondriale externe, PTPC (permeability-transition
pore complex) qui comprend parmi d'autres protéines le canal anionique
VDAC (évoqué plus haut), joue un rôle capital. Le cytochrome c ainsi
relargué dans le cytoplasme participe à l'assemblage d'un complexe protéique
(apoptosome), responsable de l'activation de protéases, enzymes
protéolytiques appelées caspases (voir figure 21). Les caspases détruisent
d'importants composants moléculaires du noyau et du cytoplasme, ce qui
conduit à la mort de la cellule. Cette cellule sera phagocytée par des
macrophages ou par des cellules voisines, sans laisser de traces, ce qui évite
le déclenchement de la réponse inflammatoire. Ce phénomène se distingue de
la nécrose cellulaire, au cours de laquelle le contenu cellulaire est répandu
dans l'environnement tissulaire, ce qui provoque une réponse inflammatoire
avec tous les symptômes de douleur, enflure (œdème), chaleur et rougeur.
Figure 21. Cytochrome c et initiation de l'apoptose
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Maladies liées aux mitochondries
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Maladies liées aux mitochondries
Maladies liées aux mitochondries
Les maladies dues aux défauts de la chaîne de phosphorylation oxydative
peuvent concerner tous les organes et survenir à n'importe quel âge.
Cependant elles se manifestent dans les organes qui nécessitent une demande
élevée d'ATP, tels que le muscle squelettique et cardiaque, et aussi le cerveau
et le foie. Les manifestations cliniques sont des neuropathies, myopathies,
cardiopathies isolées ou combinées entre elles. Les maladies mitochondriales
sont sévères, souvent mortelles et toujours de nature complexe. Dans la
plupart des cas elles sont transmises par la mère en raison de l'origine
exclusivement ovulaire des mitochondries.
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Excursions
Ces excursions sont destinées à placer la mitochondrie dans un contexte
conceptuel élargi ouvrant sur des implications extrêmement variées, qui vont
de la pathologie à la paléontologie. En outre, nous développons le sujet du
diabète sucré, conséquence d'une dérégulation dans l'approvisionnement des
mitochondries en métabolites utiles. Le diabète est une maladie de plus en
plus répandue (liée à l'obésité) dont l‘émergence permet de souligner
l'intrication des divers processus métaboliques qui assurent l'homéostasie du
glucose, décisive pour la production d'ATP.



L'ADN mitochondrial. Dans cette excursion, l'ADN mitochondrial
sera évoqué pour les gènes qui le composent et leurs implications dans
les pathologies et le développement embryonnaire. Nous
mentionnerons également leur utilité pour des recherches aussi bien
phylogénétiques que médico-légales. Partir en excursion
La mitochondrie complice des assassins. Dans cette excursion, nous
verrons comment la mitochondrie est la cible de poisons souvent
évoqués dans la littérature policière. Partir en excursion
Diabète sucré, dérégulation de l'approvisionnement de la
mitochondrie en métabolites. Dans cette excursion focalisée sur le
diabète sucré, nous verrons les conséquences d'une dérégulation
relativement fréquente de l'approvisionnement de la mitochondrie en
métabolites. Partir en excursion
Sommaire
Excursions
L'ADN mitochondrial
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Excursions > L'ADN mitochondrial
Un tout petit génome
La mitochondrie contient plusieurs copies d'ADN circulaire (ADNmt) d'une
taille de 16,5 kb environ. Comme mentionné dans l'introduction, la
mitochondrie provient vraisemblablement de l'endosymbionte protobactérie
aérobie incorporée par une archéobactérie anaérobie (hôte). Au cours de
l'évolution, l'ADN du symbionte a graduellement rejoint l'ADN de l'hôte pour
participer à la formation du noyau cellulaire (ADN nucléaire). Seul un
minigénome circulaire est resté dans ce qui est devenu la mitochondrie. Ce
génome code 13 protéines qui contribuent à la synthèse des complexes III
(cyt b) et IV de la chaîne de transport des électrons et du complexe V (sous
unités de l'ATPsynthase). L'ADNmt code également deux ARN ribosomiques
(sous unités 12S et 16S du ribosome) et vingt-deux ARN de transfert (ARNt)
nécessaires à la traduction de l'ARN messager (ARNm) en protéines (voir
figure 22). Il faut bien réaliser que ces 13 protéines ne représentent qu'une
très faible proportion des 1000 protéines qui constituent une mitochondrie
fonctionnelle. L'utilisation d'ADNmt pour la synthèse protéique dépend
entièrement de l'importation de facteurs de transcription et de traduction. La
réplication de l'ADNmt est aussi entièrement dépendante de l'import
d'enzymes provenant du cytoplasme, mais n'est cependant pas nécessairement
synchronisée avec la réplication de l'ADN nucléaire.
Figure 22. ADN mitochondrial
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Excursions > L'ADN mitochondrial
Similitudes entre cytochrome c bactérien et
mammalien
La cytochrome c oxydase d'une bactérie est plus simple que celle d'un
mammifère. Elle est composée de seulement 4 sous-unités, trois d'entre elles
étant très proches de celles qui constituent le cœur de l'enzyme mammalienne
(colorées en jaune, orangé et rosé sur la figure 23). La très grande similitude
de l'enzyme bactérienne avec le cœur de l'enzyme mammalienne (figurant à
gauche) est remarquable par la forme et par l'origine. En effet ces sous-unités
centrales sont synthétisées par la mitochondrie alors que les dix petites
protéines qui enveloppent le cœur (dans l'enzyme mammalienne) sont
synthétisées dans le cytoplasme de la cellule avant d'être importées dans la
mitochondrie. Nos mitochondries construisent donc une enzyme de type
bactérien que nos cellules décorent d'autres protéines destinées à compléter sa
fonction dans la chaîne respiratoire des mammifères.
Figure 23. Cytochrome c oxydase d'une bactérie et d'un mammifère
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Excursions > L'ADN mitochondrial
L'ADNmt et les maladies neuromusculaires
invalidantes
Un exemple concerne les conséquences d'une mutation d'un seul nucléotide
dans l'ADN mitochondrial qui entraîne le remplacement d'un résidu arginine
par un histidine (340ème acide aminé de la sous-unité ND4 du complexe I
(une des 42 sous-unités de ce complexe)). Ce simple changement est à
l'origine de plusieurs maladies neuromusculaires très invalidantes. Bien que le
nombre de gènes mitochondriaux soit faible, les maladies qui leur incombent
sont relativement fréquentes. Ceci est dû au fait que les anomalies de
réplication de l'ADN sont beaucoup plus fréquentes dans les mitochondries
que dans le noyau de la cellule.
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Excursions > L'ADN mitochondrial
Médecine légale
L'ADNmt a pu être considéré comme le 24ème chromosome chez l'Homme et
a été même le premier à être complètement séquencé. Etant donné qu'il y a
plus de 1000 copies d'ADNmt par cellule, c'est le chromosome le plus
abondant et surtout c'est souvent le seul ADN présent en quantité suffisante
pour permettre des investigations en médecine légale et en paléontologie
(fossiles). De ce point vue, une autre particularité de l'ADNmt est qu'il se
transmet uniquement par le lignage maternel (voir ci-dessous) et ainsi, n'est
pas soumis à des recombinaisons qui s'avèreraient gênantes au cours de
recherches phylogéniques. Un exemple d'utilisation médico-légale de
l'ADNmt est illustré par l'établissement de parenté entre des enfants orphelins
et leur grand-mères présumées, après la « disparition » de leurs parents dans
les années 1990 en Argentine sous le régime de junte militaire. L'ADNmt a
également été indispensable dans l'identification des ossements des membres
de la famille du Tsar Nicolas II assassinés à Yekaterinburg par les
Bolcheviques en Russie en 1917. Enfin, l'analyse minutieuse de la séquence
de l'ADNmt humain a prouvé que l'homme moderne, Homo sapiens sapiens,
est originaire d'Afrique et qu'il a commencé à coloniser les différents
continents il y a environ 150 000 ans. Rappelons que son prédécesseur
immédiat, Homo neanderthalis, qui n'a pas eu de descendance (le « world
wild life fund (WWF) » ne s'en est pas alarmé car il n'existait pas encore à
cette époque), est supposé avoir quitté l'Afrique il y a deux millions d'années
(environ).
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Excursions > L'ADN mitochondrial
Le développement de l'embryon
L'ADNmt maternel domine dans l'embryon en développement. Parmi les
100 000 copies d'ADNmt contenues dans l'œuf, seulement 100 proviennent
du spermatozoïde. De plus il semble que les mitochondries paternelles sont
destinées à être détruites dans l'œuf. Le rôle que l'ADNmt joue dans le
développement embryologique n'est pas encore entièrement compris, mais il
est sûr que deux embryons clonés, par injection de noyaux de deux cellules
somatiques dans deux œufs énucléés, différeront du point vue de l'ADNmt
maternel et donc ne donneront pas des individus identiques (ne sont pas de
vrais clones !). Des études récentes ont montré que le comportement
d'orientation de souris clonées est dépendant de leur patrimoine mitochondrial
maternel.
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Excursions
La mitochondrie complice des assassins
« Cet événement nous rendit perplexes, du fait que Mary a toujours
joui d'une parfaite santé. Nous l'avons envoyée à l'hôpital, pour
observation,
comme
on
dit.
- Et
le
résultat ?
- Elle paraissait souffrir d'un empoisonnement intestinal sans cause
apparente. Nous vérifiâmes les aliments qu'elle absorbait et fîmes
analyser quelques échantillons. On découvrit alors qu'une certaine
substance avait été mêlée aux plats que seule, ma femme mangeait.
- En un mot, quelqu'un lui faisait prendre de l'arsenic. Exact ?
- Oui, les doses étaient minimes mais ajoutées les unes aux autres...
- Vous
avez
alors
soupçonné
votre
fille ?
- Non »
(citation prise dans « La troisième fille », Agatha Christie, 1968,
p138).
Les archives criminelles et les romans policiers évoquent souvent l'utilisation
par les meurtriers, de deux poisons, l'arsenic et le cyanure. C'est leur grande
efficacité qui fait leur succès, mais les utilisateurs ignorent sans doute qu'elle
est due à l'effet bloquant qu'ils exercent sur certains processus
mitochondriaux.
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Excursions > La mitochondrie complice des assassins
L'arsenic
L'arsenic, métalloïde naturel, provoque des empoisonnements lents, lorsque il
est administré à dose faible et répétée. A dose massive, l'empoisonnement est
plus rapide. Il bloque le cycle de l'acide citrique et donc la production de
et
, indispensables au fonctionnement subséquent de la
chaîne respiratoire. L'arsenic est au centre de la scène dans la pièce « Arsenic
et vieilles dentelles », de Joseph Kesselring, dont la première a eu un succès
énorme à Broadway en 1941 (et adaptée pour le cinéma par Frank Capra). Un
deuxième exemple de ce rôle vedette de l'arsenic est donné par Jean-Francois
Parot dans « l'énigme des Blancs-Manteaux ».
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Excursions > La mitochondrie complice des assassins
Le cyanure
Le cyanure, sel de l'acide cyanhydrique (HCN), a un effet très brutal par sa
propriété de se complexer facilement aux ions métalliques qui composent les
groupements prosthétiques de la cytochrome c oxydase (complexe IV dans la
chaîne respiratoire) et de l'hémoglobine (comme le fait le monoxyde de
carbone). Dans la mitochondrie sa fixation sur le complexe IV empêche
instantanément toute production d'ATP.
L'HCN a été découvert en 1782 par Schelle à partir d'un pigment bleu foncé,
largement utilisé par les peintres de l'époque, le bleu de Prusse (d'où l'autre
appellation de l'HCN : acide prussique). Dans la nature on peut le trouver en
abondance dans certaines graines (amande amère) mais également dans les
amandes des noyaux d'abricot, de prune et de pêche. Les romans d'Agatha
Christie font souvent référence à l'empoisonnement au cyanure de potassium
(détecté par son goût d'amande amère par son héros Hercule Poirot), voir les
romans tels que « Meurtre au champagne », « les Dix Petits Nègres » ou « le
Géranium bleu ».
Sous sa forme gazeuse il est utilisé dans certains traitements insecticides et,
plus tragiquement, sous l'appellation de Zyklon B, il était employé pour
l'élimination d'êtres humains dans les chambres à gaz pendant la deuxième
guerre mondiale.
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Excursions > La mitochondrie complice des assassins
Les complexes organophosphorés
Un autre exemple où la mitochondrie est ciblée par un pesticide : l'utilisation
de complexes organophosphorés pour éliminer les acariens, vecteurs de
maladies parasitaires chez le mouton. Ces organophosphorés (nommés ici
acaricides), réduisent fortement la production d'ATP en empêchant le
fonctionnement du complexe I, premier élément de la chaîne respiratoire.
Malgré le fait que les organophosphorés ciblent le complexe I de toutes les
espèces (homme, mouton et acarien), l'acarien est plus touché que le mouton
ou le fermier qui administre le pesticide parce que, d'une part la peau n'est pas
une bonne porte d'entrée et, d'autre part, les concentrations toxiques sont plus
élevées pour les grands organismes (« différence exploitable »). Certains de
ces organophosphorés sont très toxiques pour les poissons si bien que
l'utilisation de ces pesticides dans les environnements aquatiques pose un
grave problème.
Sommaire
Excursions
Diabète sucré, dérégulation de
l'approvisionnement de la mitochondrie en
métabolites
Sommaire
Excursions > Diabète sucré, dérégulation de l'approvisionnement de la
mitochondrie en métabolites
Glucagon, insuline et glycémie (homéostasie du
glucose)
Le pancréas (du grec éponge) est une glande mixte, à la fois exocrine et
endocrine. La composante exocrine qui représente la grande majorité de
l'organe, déverse dans le duodénum le zymogène, composé d'enzymes
digestives (trypsinogène, pepsinogène et carboxypeptidases pour la digestion
des protéines, amylase pour celle des hydrates de carbone, lipase, pour celle
des lipides ainsi que les désoxyribonucléases et ribonucléases pour celle des
acides nucléiques).
Le pancréas endocrine de l'Homme est représenté par
îlots de Langerhans,
chaque îlot étant constitué de 20% de cellules (production de glucagon) et
70% de cellules (production d'insuline). Quelques cellules , produisent de
la somatostatine capable de freiner la libération de glucagon, et quelques
cellules F, produisant le « polypeptide pancréatique » qui intervient dans la
production des enzymes digestives.
L'insuline et le glucacon agissent en opposition pour réguler la concentration
sanguine de glucose (glycémie) : il s'agit donc d'un contrôle endocrine destiné
à assurer l'homéostasie du glucose. Après un repas, l'insuline facilite la
capture du glucose sanguin par certaines cellules qui le stockent sous forme
de glycogène ou de graisse. En dehors des repas, c'est la libération du
glucagon qui domine, maintenant ainsi le niveau sanguin de glucose par
mobilisation des réserves hépatiques, essentiellement. Au cours d'une
sollicitation nerveuse sympathique, en situation de stress par exemple, la
médullosurrénale libère de l'adrénaline qui dans plusieurs types de cellules
mobilise les réserves pour assurer une forte production d'ATP, indispensable
à la contraction musculaire intense au cours de la réponse à la peur : fuir ou
combattre (« fright, fight or flight »).
Pendant le jeûne les changements métaboliques sont les suivants : le
glycogène des muscles et du foie est épuisé en moins de 10 heures (par la
voie de glycogénolyse) ; les tissus (à l'exception du tissu nerveux !) utilisent
les acides gras, provenant des adipocytes, ce qui leur sert de source d'énergie
pendant 2 mois environ. Le tissu nerveux est approvisionné en glucose par la
voie de néoglucogenèse hépatique, voie qui utilise tout d'abord les lipides
puis les acides aminés (fonte musculaire).
La présence des hormones, glucose et acides gras dans le sang sous
différentes conditions alimentaires est illustrée dans le tableau ci-dessous :
hormone / métabolite
animal
nourri
jeûne
12 h
jeûne
3 jours
jeûne
5 semaines
insuline (mU/ml)
40
15
8
6
glucagon (mU/ml)
80
100
150
120
ratio
insuline/glucagon
0.5
0.15
0.05
0.05
glucose (mg/10ml)
100
79
62
59
acides gras (mM)
0.14
0.6
1.2
1.4
Figure 24. Assurer l'approvisionnement des mitochondries en métabolites
Sommaire
Excursions > Diabète sucré, dérégulation de l'approvisionnement de la
mitochondrie en métabolites
Insuline et Diabetes mellitus
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Excursions > Diabète sucré, dérégulation de l'approvisionnement de la
mitochondrie en métabolites > Insuline et Diabetes mellitus
La découverte de l'insuline
Le diabète sucré (Diabetes Mellitus) est une pathologie connue du corps
médical depuis quelques milliers d'années. Les allusions à cette maladie
peuvent être trouvées dans les écrits anciens dans lesquels elle apparaît sous
le vocable grec « diabetes » qui signifie « qui traverse », par référence à la
forte production d'urine elle-même liée à une soif constante qui caractérisent
le diabète. Le terme « mellitus », du latin miel ou sucre, lui fut associé
lorsque les médecins réalisèrent que l'urine des diabétiques était chargée en
sucre. En 1670 le médecin britannique Thomas Willis a introduit le test
gustatif longtemps utilisé par la suite pour diagnostiquer le diabète sucré. La
corrélation entre diabète et dysfonctionnement pancréatique a été démontrée
par une longue série d'observations et découvertes. C'est d'abord l'allemand
Paul Langerhans qui, en 1869, a montré l'existence de deux compartiments
dans le pancréas : d'une part le compartiment acineux élaborant le « suc »
pancréatique et d'autre part, les îlots cellulaires dont il ignorait la fonction. En
1889, Minkowski et von Mering démontrèrent, chez le chien privé de
pancréas, l'intervention de cet organe dans la régulation de la glycémie. C'est
en 1893, que Laguesse rapprocha les deux résultats et suggéra que les îlots de
cellules découverts par Langerhans pourraient sécréter une substance
intervenant dans le métabolisme des glucides (fonction non-exocrine). En
1910, Sharpey-Shafer a concrétisé la suggestion de Laguesse et montré en
effet que le pancréas a deux fonctions sécrétrices ; externe (exocrine) et
interne (endocrine). Pour cette découverte, Sharpey-Shafer peut être
considéré comme l'un des pères de la science Endocrinologie.
La naissance de l'Endocrinologie
« ...De plus, certaines glandes importantes qui sont pourvues de
canaux, possèdent non seulement la faculté de produire une sécrétion
externe, mais ont de façon également importante, sinon même plus
importante, des fonctions liées à une sécrétion interne. Ainsi, le foie
comme le pancréas sont essentiels à la survie, aussi bien en raison de
leurs sécrétions internes qu'ils libèrent dans le sang que de leurs
sécrétions externes bien mieux connues. La preuve de ceci est
absolue. L'entière extirpation de ces organes cause la mort et ceci est
dû à la suppression de l'influence qu'ils exercent sur le métabolisme
corporel, par privation de leurs sécrétions internes et pas
nécessairement par privation de leurs sécrétions externes : dans le
cas du foie, il est bien connu que la bile peut être détournée par une
fistule sans sérieuse conséquence sur les fonctions vitales et la même
chose est vraie pour le suc pancréatique »
A E Sharpey-Schafer, Address to the British Medical Association in
Physiology, London, 2 August 1895 « On Internal Secretions »
Par ses études, Sharpey-Shafer suggéra à son tour que le pancréas des
diabétiques manquait d'une seule substance chimique, produite dans les îlots
endocrines et qu'il proposa donc d'appeler insuline (du latin insula = île). Aux
alentours de 1920 les travaux de Banting and Best (avec l'aide de Collip) dans
le laboratoire de McLeod à Toronto, Canada, ont montré que les extraits
pancréatiques étaient capables de compenser le diabète chez le chien
dépancréatisé puis, plus tard, chez un enfant diabétique. En 1922, dans ces
extraits le principe actif a été identifié, et nommé insuline en référence à la
proposition de Sharpey-Shafer. Une nouvelle thérapie antidiabétique
révolutionnaire pouvait être ainsi mise en place. Banting et McLeod ont reçu
le prix Nobel en 1923 (pour plus d'information voir le site Banting and the
Discovery of Insulin).
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mitochondrie en métabolites > Insuline et Diabetes mellitus
Insuline et glycémie (homéostasie)
L'insuline est composée de deux chaînes : la chaîne A (3,35 kDa) et la chaîne
B (2,35 kDa) associées par des ponts disulfures. L'insuline peut se présenter
sous forme de monomère, dimère ou héxamère (ces deux derniers
conditionnés par la présence de
). En raison de sa position clé dans la
régulation métabolique du glucose, la déficience en insuline ou son
inefficacité (insulino résistance) ont des conséquences graves pour
l'organisme : elles causent le diabète sucré (diabetes mellitus). Cette maladie
est caractérisée par une haute concentration sanguine en glucose
(hyperglycémie) qui survient immédiatement après le repas, suivie entre les
repas d'une concentration trop faible (hypoglycémie). Ceci est dû à
l'intervention de deux facteurs. Le premier étant un déficit dans la capture du
glucose sanguin par le muscle et le tissu adipeux en raison d'un manque
d'exposition sur la membrane plasmique du transporteur de glucose GLUT-4
(ce processus d'exposition est en effet sous la dépendance directe de
l'insuline). Le foie et le cerveau ne sont pas concernés car l'exposition de
leurs transporteurs est indépendante de l'insuline (GLUT-3 essentiellement
pour le cerveau) : revoir le transport actif et passif du glucose. Le deuxième
étant un déficit dans le stockage préalable du glucose sous forme de
glycogène. Le foie ne peut donc pas, entre les repas, restaurer un taux sanguin
de glucose suffisant pour assurer un bon fonctionnement du système nerveux
central. Chez les diabétiques, l'excès sanguin de glucose (plus de 1,8 g/l de
sang) induit sa fuite urinaire : glycosurie. Sa présence dans l'urine empêche la
réabsorption de l'eau par le tube collecteur, ce qui se traduit par un volume
excessif d'urine. En conséquence le malade ressent une très forte soif. Cette
soif associée au fort volume d'urine a suggéré le nom de la maladie : diabète,
du latin « diabetes » qui signifie « qui traverse » et également « siphon ».
L'hypoglycémie brutale entre les repas est particulièrement délétère pour le
système nerveux central (le glucose étant son seul nutriment) et se manifeste
par des symptômes de confusion mentale, des défauts d'articulation de
langage et enfin par le coma, effets qui peuvent être évités par un apport
faible mais régulier en sucre.
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Diabète sucré type I et II
On distingue deux types de diabète sucré :


Type I : qui est une conséquence de la destruction (souvent autoimmune) des îlots de Langerhans et qui se manifeste dès la tendre
enfance. Caractérisé par une sécrétion très faible d'insuline, une
hyperglycémie, une glycosurie, une forte diurèse et une déviation du
métabolisme énergétique vers les lipides. La maladie est traitée par
administration d'insuline (par plusieurs piqûres journalières), un régime
alimentaire adapté et de l‘exercice physique.
Type II : fortement associé à l'embonpoint chez l'adulte, et qui survient
aux environs de 50 ans. Il est dû au phénomène d'insulino résistance :
l'insuline est sécrétée à un taux quasi normal mais incapable de
mobiliser le transporteur GLUT-4 et de favoriser la synthèse de
glycogène (défaut dans la signalisation en aval du récepteur de
l'insuline). Le traitement impose un régime alimentaire réalisant un
apport de glucose modéré et régulier.
Le diabète sucré présente aussi d'autres symptômes graves tels que
neuropathie (perte de sensibilité surtout dans les extrémités), rétinopathie
(destruction de la rétine dans l'œil) et artérite des extrémités qui peut entraîner
des infections sous-cutanées, des ulcères et la gangrène. Il entraîne aussi des
désordres cardiovasculaires tels que l'hypertension et athérosclérose. Ces
symptômes ne peuvent pas être uniquement attribués à l'hypo- ou
l'hyperglycémie (pour plus d'information consultez les sites American
Diabetes Association ou Info Di@bète).
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Diabète Insipide
Pour mémoire, il existe également une maladie nommée Diabète Insipide qui
se caractérise également par une soif et une diurèse excessives (20 litres par
jour). L'adjectif « Insipide » lui a été attribué parce qu'au contraire du diabète
sucré l'urine n'a aucun goût. La maladie est la conséquence d'une absence de
la production, par l'hypothalamus, de vasopressine (hormone responsable de
la récupération d'eau au niveau du tube collecteur du rein) : revoir le maintien
de l'équilibre hydrique par les reins.
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