Prépa. CAPES Géologie Leçon de Contre-Option 2007 Les données géologiques sur l’origine de la vie INTRODUCTION La biodiversité recensée à l’heure actuelle compte près de 2 millions d’espèces (illustrations de cette biodiversité, micro-organismes inclus). Quelle est l’origine de cette grande diversité ? Cette question touche directement l’émotivité de l’Homme et a toujours fait partie de ses préoccupations métaphysiques. De l'Antiquité jusqu’au milieu du XIXème siècle, il était généralement admis que les êtres vivants pouvaient apparaître par génération spontanée et que les différentes espèces étaient immuables. Mais Pasteur montra dans les années 1860 que les organismes ne peuvent pas apparaître spontanément. De plus, à la même époque, Darwin suggéra que tous ces êtres vivants partagent un ancêtre commun et qu’ils résultent du processus d’évolution (définir). Bien que Pasteur et Darwin aient fait considérablement avancer le débat, de nombreuses questions demeurent: Problématique : Quand, comment et dans quelles conditions sont apparus les premiers êtres vivants? En particulier, quelles sont les données géologiques, c’est-à-dire les informations issues de l’étude de la planète Terre, qui documentent l’origine de la vie? (Rmq : Dans ce type de leçon, il paraît très important de bien distinguer et de définir les termes « donnée » (observation concrète, fait) et «hypothèse ») Nous nous intéresserons ici aux données géologiques documentant l’origine de la vie. Annonce du plan I. DEFINITION ET PROPRIETES DES ETRES VIVANTS I. 1. Qu’est-ce que la vie ? Voir Lethiers (1998, Chap. 2); Brahic et al. (2006, Chap.13), Lecointre et Le Guyader (2001, Chap. 1). I. 2. Les trois domaines du Vivant et LUCA Présenter l’arbre du vivant (Lecointre et Le Guyader (2001, Chap. 1) et LUCA (Last Universal Common Ancestor) = le portrait robot de l’ancêtre commun issu des données biologiques. Cela nous donne une idée de ce que l’on peut s’attendre à trouver dans les roches. I. 3. Quelques propriétés remarquables des êtres vivants Donner les critères qui permettent d’identifier un être vivant (critères morphologiques) ou au moins son activité (critères métaboliques): fermentation, respiration et surtout photosynthèse. L’idée est d’introduire les critères qui seront utiles en géologie et le type d’organismes qu’on peut s’attendre à trouver. 1 II. LES TRACES DES PREMIERS ETRES VIVANTS DANS LES ARCHIVES GEOLOGIQUES définir la notion étendue de fossile : restes d’organismes ou traces d’activité d’un être vivant (montrer des spécimens) II. 1. Où chercher les premières formes de vie ? * Identification des plus vieilles roches sédimentaires susceptibles de contenir les fossiles (Montrer une carte géologiques mondiale avec les grands boucliers précambriens et les cratons (ex : Elmi et Babin, p.25)) II. 2. Comment dater les premières formes de vie ? Principe de la géochronologie absolue (isotopes radioactifs) la géologie est la seule à pouvoir donner les dates absolues du calendrier de la Terre et de la Vie. L’analyse des météorites, de la Lune, etc.. donne un âge de 4.6 Ga pour la formation de la Terre la Vie à une origine postérieure à cette date. Définir l’Archéen. II. 3. Les isotopes stables du Carbone, témoins de l’origine de la Vie Présentation des sites d’Akilia et d’Isua (Groenland, -3.8 Ga) (les montrer sur la carte utilisée dans la partie I et apporter éventuellement un spécimen de métaquartzite): pas de fossile reconnaissable mais molécules organiques complexes préservées (kérogènes). Sachant que les molécules issues de la photosynthèse sont enrichies en 12C par rapport aux carbonates minéraux, on comprend l’intérêt de l’analyse du rapport Carbone (13C/12C) (rappeler le principe) pour les roches d’Isua et d’Akilia signature d’origine biologique ! II. 4. Les stromatolites Définition des stromatolites (échantillons) et présentation des sites de Warawoona (Australie, -3.4 Ga) et de Fig Tree (Afrique du Sud, -3.3 Ga) : présence attestée de stromatolites et peut-être aussi de divers microfossiles, sources de nombreux débats (Lethiers (1998, Chap. 2); Brahic et al. (2006, Chap.13). Bilan soulignant les limites de ces données géologiques (métamorphismes, problèmes d’interprétation, etc...). III. LE VISAGE DE LA TERRE QUAND LA VIE APPARUT Les données géologiques permettent d’illustrer la naissance de la vie, mais aussi de préciser les conditions régnant sur Terre lorsque la vie naquit. III.1. Les premières atmosphères Atmosphère primitive disparue et seconde atmosphère mise en place par le dégazage du manteau qui était en train de se différencier. Observations : • L’atmosphère des grosses planètes du systèmes solaires est composée de H2, He, CH4, NH3 et H2O • H2O vapeur et CO2 sont très abondants dans les émissions volcaniques actuelles • Pas de carbonates ni de photosynthèse pour stocker le CO2 à l’Archéen. Notion très importante de « puits de carbone ». • Inclusions gazeuses dans des diamants du Précambrien ancien : H2O, H2, CO2, N2, et CH4 (cf. Brahic et al. 2006, p.639). Ces données donnent une bonne idée de la composition de l’atmosphère à l’Archéen : H2O vapeur et CO2, N2, CH4, H2S et NH3, III. 2. La présence d’eau liquide Indispensables à la vie, mise en place tôt. Reconnue par des zircons issus de granites, dont la formation nécessite de l’eau liquide (Voir par exemple Dossier la Recherche nov. 2006+ Brahic et al. 2006.). Les dépôts sédimentaires des sites 2 mentionnées précédemment sont marins peu profonds la Vie est apparue dans l’eau. III. 3. Rayonnement, température, et état d’oxydation • Absence de structure oxydée dans l’Archéen absence d’O2 (et donc aussi d’ozone) rayonnement UV fort. L’atmosphère était donc réductrice. Attention, on est souvent plus dans le domaine des modèles que des données ici. CONCLUSION: Bilan sur la nature (fossiles, molécules fossiles,..), l’intérêt et les limites des données géologiques: La Vie est ancienne, marine, et complexe dès son apparition. Ces documents géologiques sont exceptionnels car très âgés et illustrant les premières formes de vie sur Terre, mais ils sont souvent difficiles d’interprétation. Les données géologiques peuvent être complétées par des données biologiques dans l’investigation sur origine de la Vie. Tableau récapitulatif montrant l’importance des données géologiques : Nature de données Age minimum de l’origine de la vie Morphologie des premiers êtres vivants Métabolisme des premiers êtres vivants Type d’environnement où naquit la vie Géologie Biologie x x x x x x Cependant, les événements ayant conduit à l'émergence de la vie n'ont laissé aucune trace géologique ni biologique. Pour tenter de les reconstituer, il faut élaborer des scénarios plausibles (hypothèses) qui sont ensuite testés expérimentalement. Les données géologiques servent alors de base à ces investigations expérimentales et à ces hypothèses (ex : Miller, Oparine et Haldane, etc…). Modèles ou hypothèses utilisant des données Expérience de Miller (1953) Hypothèse de la soupe primitive (Oparine & Haldane ~1920) Hypothèse de l’origine extra-terrestre des molécules organiques Hypothèse de la synthèse des macromolécules par les argiles (CairnsSmith ~1980) Hypothèse d’un protométabolisme à la surface des cristaux de Pyrite (Wächtershauser 1989) Hypothèse des sources hydrothermales Géologie Biologie x x x (x) x x x x x x Enfin, les données géologiques permettront aussi de suivre les grandes étapes de l’évolution de cette vie (MFS, fossiles phanérozoïques, etc.) et permettent de reconstruire l’histoire de la biodiversité depuis son origine jusqu’à aujourd’hui. Cette évolution montre aussi les liens très étroits entre l’évolution de la Vie et celle de la Terre, notamment par les cycles biogéochimiques unissant ces deux grands ensembles. QUESTIONS SUR LA LEÇON : Sur quels critères les grandes divisions chronologiques du Précambrien ont-elles été établies ? et comment est définie fin du Précambrien = base du Cambrien ? Que sont les Minerais de Fer rubanés ? Que savez-vous sur leur formation ? Qu’est ce que la théorie endosymbiotique ? Que sont les tillites ? En connaît-on dans le Précambrien ? Que sont les archées ? En connaît-on à l’état fossile ? 3 Les phylogénies moléculaires peuvent-elles contribuer à l’étude des premières formes de vie ? comment ? Sélection Références de la Liste officielle : BABIN C Principes de Paléontologie, 451p Colin 1991 BRAHIC et coll. Sciences de la Terre et de l’Univers, Vuibert, 2006. ELMI S & BABIN C Histoire de la Terre, 173p Colin 1994 GARGAUD & coll. L’environnement de la Terre primitive PUF de Bordeaux 2001 LECOINTRE G & LE GUYADER H Classification Phylogénétique du vivant Belin 2001 LETHIERS F Evolution de la biosphère et événements géologiques, 321p Gordon and Breach Sc. Pub. 1998 POMEROL C & BABIN C Précambrien. Ere Paléozoïque, 429p Doin. FORTERRE, P. in : Dossier Pour La Science « L'évolution » Janvier 1997, p.88. KNOLL, A. De la Vie primitive aux êtres macroscopiques. Dossier Pour la Science « la valse des espèces » Juillet 2000 Collectif La Recherche, dossier « l’Histoire de la Terre », Novembre 2006. 4