Cet organisme, composé de 72 membres, sera définitivement mis en place à la fin décembre. Il aura pour
mission de lancer des programmes de "développement durable" dans le domaine culturel et de fournir une
aide aux petites communes. "Le conseil aura pour rôle prioritaire, souligne Jean-Marc Giaume, de sauver de
l'oubli et de la destruction des pans entiers de notre mémoire, menacés en raison d'un exode rural qui a vidé
nos campagnes."
Cette vaste tâche va de la restauration de chapelles rurales à la conservation des rites et traditions dans les
vallées de l'arrière-pays. "Si de grands efforts ont été déployés pour sauver le patrimoine monumental,
comme les églises, il reste encore beaucoup à faire en créant en particulier des petits musées de terroir qui
soient de vrais conservatoires des pratiques culturelles anciennes", ajoute le professeur d'anthropologie Jean-
Pierre Jardel, qui a participé au colloque d'avril.
Le Conseil culturel ne se cantonnera pas aux limites de son territoire. Il entend également être l'interlocuteur
d'une Europe qui met notamment en place des programmes de développement culturel dans les régions. "Le
comté de Nice, en raison de sa position géographique, possède des atouts sur les plans économique et
culturel. A condition qu'il sache s'ouvrir sur l'Italie et la Suisse, comme il l'a fait par le passé", a affirmé en
avril Daniel Thérond, chef de la division du patrimoine culturel du Conseil de l'Europe.
Bien avant 1860, date du rattachement du comté à la France, les bergers de Tende et de La Brigue, dans les
Alpes-Maritimes, avaient ouvert, à leur manière, la voie européenne : "Pour suivre leurs moutons dans les
transhumances vers la plaine du Pô, puis pour les vendre sur les ports de Nice, les bergers, qui savaient à
peine lire et écrire, parlaient quatre langues – le brigasque, le piémontais, le nissart et le français", indique
Jérôme Magail, chercheur en anthropologie à Nice.
Les "nissarts" ont obtenu en 2000 la création d'une licence en langues et cultures régionales-langues d'oc,
qui mène au concours du Capes. Ils se lancent aujourd'hui dans le combat suivant: la création d'un centre de
formation au Capes de langues d'oc à l'institut universitaire de formation des maîtres (IUFM) de Nice.
Dans un courrier du 25 juin, Jacques Chirac, sollicité par la Fédération des associations du comté de Nice,
s'est déclaré "sensible à la démarche". Quel qu'en soit le résultat, les "nissarts" auront œuvré avec obstination
pour préserver leur culture. Peut-être, tout simplement, comme l'a écrit Ralph Schor, professeur d'histoire
contemporaine à Nice, car "les Niçois sont restés eux-mêmes sans se tenir à l'écart du monde. Leur
sentiment d'appartenance n'implique nulle agressivité. L'identité ne se confond pas avec un repli exclusif et
amer"
Paul Barelli
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Eléments de bibliographie
Actes du colloque "Les destins niçois", introduction de Ralph Schor (Les Cahiers de la Méditerranée, 1997).
Du même auteur, Anthologie des écrits du Comté de Nice (Editions Serre, 1990).
Histoire de l'identité niçoise, Hervé Barelli et Roger Rocca (Ed. Serre, 1995).
Nice cent ans, 1860-1960,Jean- Paul Potron (Ed. Gilletta, 1998).
Histoire de Nice et son Comté, André Compan (Serre, 1990).
Histoire de Nice et de son Comté, Tristan Roux (Gilletta-Nice Matin 2001).
Revues : Nice historique, édité par l'Académia-Nissarda, depuis 1898 ; Lou Sourgentin,depuis 1970.