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WT/TPR/OV/12
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consommation. En cas de perte imprévue de richesse, les consommateurs ont tendance à réduire leurs
dépenses courantes en proportion (plus ou moins égale au taux d'intérêt réel) de la variation de
richesse et à maintenir leurs dépenses à ce niveau plus bas pendant une certaine période. Cet effet
tend à se produire indépendamment de la forme sous laquelle la richesse est détenue, qu'il s'agisse
d'actifs financiers ou d'actifs réels tels qu'un logement. Dans la littérature empirique, l'estimation de
la propension marginale à consommer est généralement comprise entre 1 et 10 pour cent de la
richesse. Cela veut dire qu'une réduction de la richesse de 10 000 milliards de dollars pourrait
entraîner une réduction permanente de la consommation allant jusqu'à 1 000 milliards de dollars EU
par an.
7. Cette réduction de la consommation dans les pays développés durement touchés par la crise
se traduira par une réduction des déficits courants. Cela tient à la condition de l'équilibre
macro-économique selon laquelle la différence entre l'investissement intérieur et l'épargne intérieure
doit être financée par l'épargne extérieure. L'investissement restant constant, une augmentation de
l'épargne intérieure exige moins d'épargne extérieure. Étant donné le rôle prédominant de ces
déséquilibres dans l'accroissement du commerce au cours de la dernière décennie, une telle réduction
peut très bien entraîner un ralentissement de la croissance du commerce international. Cette
perspective soulève deux questions importantes pour le commerce et pour la stratégie de
développement d'un certain nombre d'économies émergentes. Premièrement, un rééquilibrage
limitera-t-il la possibilité pour les économies de miser sur la croissance par les exportations comme
stratégie de développement? Deuxièmement, dans quelle mesure l'augmentation de la demande
intérieure dans certaines grandes économies émergentes telles que la Chine, l'Inde et le Brésil, où le
ralentissement de la croissance n'a pas été aussi marqué que dans les économies développées,
peut-elle combler le vide laissé par les économies industrielles?
8. De nombreux pays émergents d'Asie ont suivi une stratégie axée sur l'exportation qui a, pour
une large part, remarquablement réussi à stimuler leur développement économique. Cette stratégie
peut être définie comme impliquant le transfert transfrontières de biens et de services vers les marchés
développés en échange du financement des déficits courants du pays du centre. Mais, comme il est
probable que la faiblesse de la demande de produits exportés par les pays émergents d'Asie se
prolongera, la croissance future des économies émergentes devra peut-être venir de la demande
intérieure. Il se peut donc que ce rééquilibrage de la demande soit dans l'intérêt même des pays
émergents d'Asie. Cette transformation pourrait être gérée de différentes manières: en développant
ou en améliorant les filets de protection sociale de façon à réduire l'épargne de précaution des
ménages; en accélérant le développement du système financier intérieur, de façon qu'il affecte plus
efficacement l'épargne à l'investissement intérieur; en adoptant un régime de taux de change plus
flexible; et en jouant un rôle plus important dans les affaires financières internationales, de façon à
réduire l'incitation à s'assurer contre les crises financières futures par une accumulation d'importantes
réserves de change.
9. La question de savoir si l'atténuation prévue des déséquilibres des comptes courants
entraînera effectivement un ralentissement de la croissance du commerce dépend en partie de celle de
savoir si la demande intérieure dans de grandes économies émergentes telles que la Chine, l'Inde et le
Brésil comblera le vide laissé par les économies industrielles. En termes de parité de pouvoir d'achat,
le Brésil, la Russie, l'Inde et la Chine pris ensemble ont à peu près la taille de l'économie des
États-Unis. Toutefois, selon certaines estimations, cela ne sera pas suffisant pour compenser la
réduction de la demande mondiale consécutive au ralentissement de la croissance des États-Unis et de
l'UE durant les prochaines années.
10. Depuis le début des années 1980, la volatilité des taux d'inflation et de croissance du PIB a
diminué dans les pays industriels. Cette évolution a été si frappante qu'on a forgé une expression pour
la qualifier: la grande modération. La stabilité de l'environnement macro-économique mondial
permet un plus grand nombre de transactions transfrontières. Il est moins coûteux pour les entreprises