Facteurs prédictifs du maintien dans l`emploi des patients

publicité
Facteurs prédictifs du maintien dans l’emploi des patients addicts en soins
PLAN
1- Introduction
2- Contexte
2.1- Les conduites addictives et les addictions
2.1.1- Définitions
2.1.1.1- Usage
2.1.1.2- Usage nocif
2.1.1.3- Dépendance
2.1.2- Facteurs de risque des addictions
2.1.2.1- Facteurs individuels de vulnérabilité
2.1.2.2- Facteurs liés à l’environnement
2.1.2.3- Facteurs de risque liés aux produits
2.1.2.4- Facteurs liés aux modalités de consommation
2.1.3- Etat des lieux actuel en France des addictions
2.1.3.1- Etat des lieux en population générale
2.1.3.2- Etat des lieux en milieu professionnel
2.1.2.3- Etat des lieux en milieu de soins
2.1.4- Place du secteur hospitalier dans le système de soin français
2.1.4.1- Réseau de soins en addictologie
2.1.4.2- Secteur hospitalier (sanitaire, institutionnel ?)
2.1.5- Place du secteur hospitalier dans la prise en charge des addictions
2.1.5.1- Modalités de prise en charge des addictions
2.1.5.2- Recours au secteur hospitalier
2.1.6- Politiques de santé publiques actuelles
2.2- Le travail
2.2.1- Définition
2.2.2- Caractéristiques du travail
2.2.3- Conditions d’accès à l’emploi
2.2.4- Risques professionnels
2.2.4.1- Définitions
2.2.4.2- Risques psychosociaux
2.2.4.3- Risques psychosociaux et addictions
2.2.5- Bien-être psychologique au travail
2.2.5.1- Définition
2.2.5.2- Intérêt du concept de bien-être au travail
2.2.5.3- facteurs concourants au bien-être au travail
2.2.5.4- Effets du bien-être au travail
2.2.6- Relation travail et addictions
2.2.6.1- Travail favorisant les addictions
2.2.6.2- Travail sans effets sur les addictions
2.2.6.3- Travail participant au traitement des addictions
2.2.6.4- Travail signe de réussite du traitement
2.2.6.5- Influence des addictions sur le travail
2.2.7- Politiques actuelles face aux conduites addictives et milieu professionnel
2.2.8- Le médecin du travail face aux addictions
2.2.8.1- Repérage
2.2.8.2- Dépistage
2.2.8.3- Avis d’aptitude
2.2.8.4- Prévention individuelle
2.2.8.5- Prévention collective
3- Etude
3.1- Approche quantitative
3.1.1- Objectifs de l’étude
3.1.1.1- Objectif principal
3.1.1.2- Objectif secondaire
3.1.2- Méthodologies
3.1.2.1- Type d’étude
3.1.2.2- Echantillon
3.1.2.3- Questionnaire
3.1.2.4- Durée de l’étude, nombre de réponse
3.1.2.5- Instruments d’évaluations
3.1.2.6- Analyses statistiques
3.1.3- Résultats de l’étude
3.1.3.1- Description sociodémographique
3.1.3.2- Profil des sujets qui ont un emploi
3.1.3.2.1- profil socio démographique
3.1.3.2.2-profil de leur emploi
3.1.3.2.3- profil de leur addiction
3.1.3.3- Relations emploi-addiction
3.2- Approche qualitative
3.2.1- Entretien qualitatif
3.2.2- Objectifs
3.2.3- Description des entretiens
3.2.4- Analyse des entretiens
4- Discussion
4.1- Catégorisation de facteurs prédictifs de maintien dans l’emploi
4.2- Pistes pour améliorer la prise en charge
4.3- Point de vue du médecin du travail
5- Conclusion
1- Introduction
Les personnes souffrant d’addiction à une substance psychoactive sont souvent perçues
comme des délinquants, sans emploi, en marge de la société. Cette image ne reflète pas la
réalité des personnes dépendantes à une substance psychoactive, qui sont fréquemment bien
insérés socialement et qui travaillent. En effet, si dans une enquête de 2002, 91,7% des sujets
interrogés pensent que les consommateurs d’héroïne ne peuvent pas vivre normalement
(Beck), le rapport au Sénat de la commission d’enquête sur la lutte contre les drogues illicites
de 2002 indique que 60 % des toxicomanes occupent un emploi à temps plein. (rapport
Sénat).
A travers ce travail de thèse, qui a pour objet de caractériser les facteurs qui influencent le
maintien dans l’emploi des personnes en soin pour addictions à des substances psychoactives,
nous explorerons les liens complexes unissant le travail et les addictions.
Dans une première partie, nous exposerons le contexte dans lequel se déroule cette étude.
Nous ferons le point sur les addictions, leur état des lieux en France, le système de soin, les
modalités de soin, les politiques de santé publiques actuelles.
Ensuite nous explorerons le travail, ses caractéristiques, les risques auxquels il expose les
salariés et en particulier les risques psychosociaux et la notion de bien-être au travail.
Puis, nous ferons enfin le point sur les liens du travail et des addictions : addictions
représentant un danger pour le travail, ou indispensables pour supporter les contraintes du
travail, travail inducteur d’addiction ou élément essentiel du traitement des addictions.
Enfin, nous détaillerons les rôles et les actions possibles du médecin du travail face aux
addictions.
La seconde partie sera consacrée à une étude descriptive menées auprès de patients addicts en
soin suivis au CHU d’Angers, qui travaillent ou ont travaillés. A travers les résultats de cette
étude nous tenterons de caractériser ces patients et les facteurs qui concourent à leur maintien
dans l’emploi.
Les résultats de cette étude serviront de base à la discussion, dans un troisième partie , pour
élaborer des pistes en vue d’améliorer la prise en charge de ces patients, en particulier la prise
en charge au niveau professionnel, entre autre du point de vue du médecin du travail, lien
privilégié entre les mondes du travail et de la santé.
2- Contexte
2.1- Les addictions
L’addictologie est une discipline assez récente qui étudie les pratiques de consommation, les
conduites addictives dans le cadre d’une approche globale. (conduites add et travail dmt)
Elle
s’intéresse aux mécanismes d’acquisition de la dépendance, à ses déterminantes
biologiques, psychologiques et sociaux, y compris professionnels, aux traitements possibles, à
la prévention et aux conséquences sociales et économiques de la dépendance.
Les addictions, ou les pratiques addictives, regroupent l’ensemble des conduites addictives,
l’ensemble des conduites de consommation, y compris l’usage.
L’addiction n’est pas définie par le produit mais par l’usage que le sujet en fait. Il existe aussi
des addictions sans produits, par exemple l’addiction au jeu, ou au travail. (quelques éléments
pour un approche commune des addictions)
Ce travail de thèse s’intéressera uniquement aux addictions avec produits : tabac, alcool,
médicaments psychotropes et antalgiques, drogues illicites.
2.1.1- Définitions des addictions
La classification internationale des maladies (CIM-10) distingue l’usage, l’abus (ou usage
nocif) et la dépendance (physique ou psychique).
2.1.1.1- Usage
L’usage est la consommation du produit occasionnelle ou régulière. Il n’entraîne pas de
dommages mais peut comporter ou non des risques pour la santé.
2.1.1.2- Usage nocif
L’usage nocif ou abus est un mode de consommation d’une substance psychoactive
préjudiciable pour la santé. Les complications peuvent être physiques ou psychiques.
Le diagnostic repose sur des preuves manifestes que l’usage d’une ou plusieurs substances a
entraîné des troubles physiques ou psychiques. Ce mode de consommation peut donner lieu à
des dommages sociaux, familiaux ou juridiques.
2.1.1.3- Dépendance
La dépendance est l’ensemble des phénomènes comportementaux, cognitifs et physiologiques
survenant à la suite d’une consommation répétée de substance psychoactive.
Elle est typiquement associée à un désir puissant de prendre la substance, à une difficulté à
contrôler la consommation, à une poursuite de la consommation malgré des conséquences
nocives, à un désinvestissement progressif, à une tolérance accrue et parfois à un syndrome de
sevrage.
La classification internationale des maladies (CIM-10) présente la dépendance comme la
manifestation d’au moins trois des signes ci-après sur une période d’un an et ayant persisté au
moins un mois ou étant survenus de manière répétée :
1- un désir compulsif de consommer le produit.
2- Des difficultés à contrôler la consommation.
3- L’apparition d’un syndrome de sevrage en cas d’arrêt ou de diminution des doses ou
une prise du produit pour éviter un syndrome de sevrage.
4- Une tolérance aux effets (augmentation des doses pour obtenir un effet similaire).
5- Un désintérêt global pour tout ce qui ne concerne pas le produit ou sa recherche.
6- Une poursuite de la consommation malgré la conscience des problèmes qu’elle
engendre.
Le syndrome de sevrage physique est l’apparition d’un syndrome clinique spécifique par
l’arrêt brutal d’une substance psychoactive, prise de façon continue et prolongée. Dans le cas
des opiacés, il se manifeste en douze à vingt-quatre heures après la dernière prise, avec une
anxiété, une insomnie, des douleurs dorsolombaires et abdominales, des crampes nocturnes…
L’addiction à un produit est caractérisée par une évolution chronique et par des rechutes. La
prise en charge et le suivi doivent donc être adaptés à ces caractéristiques.
2.1.2- Facteurs de risque des addictions
Les addictions à une substance résultent d’une interaction entre un produit, un individu et son
environnement. (qq elets pour une approche commune) On peut classer les facteurs de risque
d’addictions en quatre catégories : les facteurs individuels de vulnérabilité, les facteurs liés à
l’environnement, facteurs liés au produit et les facteurs liés aux modalités de la prise.
(facteurs de risques et de vulnérabilité)
2.1.2.1- Facteurs individuels de vulnérabilité
Les traits de personnalité (faible estime de soi, timidité…), le tempérament (niveau élevé
de recherches de sensations, faible niveau de sociabilité….), les comorbidités
psychiatriques, les événements de vie (deuil, rupture, maltraitance…) sont des facteurs de
risques d’installation de conduites addictives.
2.1.2.2- Facteurs liés à l’environnement
La perte des repères sociaux, tels que le chômage, la précarité, est un facteur de risque
majeur d’addiction. Au niveau professionnel, des contraintes de travail difficiles, une
précarité professionnelle (travail temporaire, restructuration d’entreprise…), le manque de
soutien social peuvent être des facteurs favorisants les addictions. (cond addictives et
travail dmt)
Les relations familiales et amicales peuvent aussi jouer un rôle dans la survenue
d’addiction.
2.1.2.3- Facteurs de risque liés aux produits
Les différentes substances psychoactives ont un pouvoir addictif différent. Le tabac,
l’héroïne et la cocaïne sont les substances avec le pouvoir addictif le plus élevé.
2.1.2.4- Facteurs liés aux modalités de consommation
Certaines modalités de consommation sont associées à un risque élevé de dépendance,
comme la précocité des consommations, les polyconsommations, les consommations
autothérapeutiques, l’usage solitaire…
La prise en charge des addictions doit donc prendre en compte tous ces facteurs individuels,
environnementaux et liés au produit.
2.1.3- Etat des lieux actuel en France
Nous détaillerons tout d’abord l’état des lieux des addictions aux substances psychoactives en
population générale, puis en milieu professionnel.
2.1.3.1- Etat des lieux en population générale
L’alcool et le tabac sont les substances psychoactives les plus consommées en France.
(drogues et dépendance données essentielles), suivi des médicaments psychotropes.
Le cannabis est le produit illicite le plus fréquemment consommé.
L’observatoire français des drogues et des toxicomanies fournissent une estimation des
usagers réguliers de substances psychoactives en France métropolitaine parmi les 12-75 ans
en 2010 à 11,8 millions pour le tabac, 9,7 millions pour l’alcool, 1,2millions pour le cannabis.
(drogues, chiffres clés)
En 2008, les usagers problématiques de drogues (définis par l’OEDT comme des usagers de
drogues par voie intraveineuse ou usagers réguliers d’opiacés, cocaïne ou amphétamines
durant l’année passées pour les 15-64 ans) sont estimés à 230 000 en France.
Il existe des différences des niveaux de consommations des substances psychoactives entre les
hommes et les femmes. Les consommations d’alcool et de cannabis sont plus importantes
chez les hommes et les consommations de médicaments psychotropes chez les femmes.
(drogues et dépendance données essentielles). La consommation de drogues illicites est
globalement un comportement plus masculin.
Il existe aussi des différences selon l’âge des consommateurs, la consommation de tabac et de
cannabis est plus fréquente chez les jeunes alors que la consommation journalière d’alcool et
de médicaments psychotropes s’accroît avec l’âge. (principales données épidémio)
2.1.3.2- Etat des lieux en milieu professionnel
L’estimation des addictions en milieu professionnel est assez difficile à réaliser, et ce pour
différentes raisons : tabou, secret, déni, respect de la vie privée…
Le rapport au Sénat de la commission d’enquête sur la lutte contre les drogues en 2002
indiquait que 60% des toxicomanes occupaient un travail à temps plein.
Le baromètre Santé 2005, enquête transversale sur la santé des français, permet d’obtenir des
données sur les consommations des personnes actuellement en activité professionnelle, selon
les catégories socioprofessionnelles. (conso de drogues illicites en milieu pro) le baromètre
santé retrouve une sous-consommation de cannabis chez les agriculteurs exploitants (2,7 % de
consommateurs dans l’année), une surconsommation chez les artisans, commerçants et chefs
d’entreprise (9,4 %), et les ouvriers (8,8 %).
Entre 2000 et 2005, les usages de cannabis, cocaïne, ecstasy ont augmenté dans toutes les
catégories socioprofessionnelles.
Il existe une différence entre les sexes, avec chez les femmes une augmentation de fréquence
des consommations avec l’élévation du milieu socioéconomique.
Le baromètre santé met en évidence une association entre chômage et consommation de
substances psychoactives, surtout chez les hommes. L’entrée dans le monde du travail semble
être l’occasion d’un abandon des usages de cannabis et de cocaïne pour une majorité
d’individus. .
Il n’existe qu’un nombre limité d’études épidémiologiques sur les addictions en milieu
professionnel. (consommations de drogues illicites en milieu pro)
La majorité des données sur la consommation d’opiacés en milieu professionnel sont des
estimations à partir de résultats de tests de dépistage. (médicaments psychotropes et travail I)
Etudes locales sur des populations de salariés
Etudes sur un secteur d’activité précis
Transports routiers, sncf
2.1.3.3- Etat des lieux en milieu de soins
Profils socio démographiques dans les caarud et capsa
Enquête RECAP
2.1.4- Place du secteur hospitalier dans le système de soin français
Le dispositif de soins en addictologie a évolué récemment en France suite aux deux plans
gouvernementaux mis en place par la Mission interministérielle de lutte contre la drogue et la
toxicomanie (MILDT) de 1999 et 2004, avec la création d’un réseau de soins.
Nous insisterons surtout sur le pôle hôpital, où se déroule l’étude servant de base à cette thèse.
2.1.4.1- Réseau de soins en addictologie
Le réseau de soins doit répondre à plusieurs besoins et demandes : un repérage et une prise en
charge les plus précoces possibles, une prise en charge globale, une réponse adaptée au niveau
de gravité de l’addiction, une continuité des soins aux différentes phases de cette pathologie
chronique. (l’offre de soin en addictologie, traité addicto)
Le réseau de soins en addictologie est composé de trois pôles :
-
un pôle ville,
-
un pôle médicosocial spécialisé,
-
un pôle hospitalier.
Le pôle ville doit prendre en compte les problématiques médicales, psychologiques,
psychiatriques ou sociales et assurer uneprise en charge ambulatoire de qualité.
Le médecin généraliste occupe une place centrale dans la prise en charge des addictions dans
le pôle ville
Le pôle médico-social spécialisé comprend les dispositifs d’accueil et de prise en charge des
problèmes sanitaires et sociaux liés à l’usage de substances illicites, et des structures de lutte
contre l’alcoolisme et le tabagisme.
Le pôle médicosocial spécialisé est constitué des centres de soins de prévention et
d’accompagnement en addictologie (CSAPA), regroupant les Centres de cure ambulatoire en
alcoologie (CCAA) et les Centres spécialisés de soins en toxicomanies (CSST), et les
dispositifs de réduction des risques.
2.1.4.2- Secteur hospitalier
Le pôle hôpital comprend les équipes hospitalières de liaison et de soins en addictologie, les
unités de soins addictologiques spécialisées et hôpital de jour, les services d’addictologie
universitaire.
Les équipes hospitalières de liaison et de soins en addictologie ont pour mission entre autres
d’organiser l’accueil et le sevrage des patients dépendants, d’assurer la coordination des soins
à la sortie de l’hospitalisation avec les partenaires du réseau.
Les unités de soins addictologiques spécialisées permettent une évaluation et un bilan
addictologiques somatique et psychiatrique approfondis.
L’hôpital de jour permet un travail sur la motivation, la prévention de la rechute, un
accompagnement pendant la réinsertion sociale. Il permet aux patients de se maintenir au
maximum dans leur environnement.
Le service d’addictologie universitaire propose les mêmes prestations que les unités de soins
addictologiques spécialisées, tout en étant situé dans un C.H.U. il a de ce fait une fonction
d’enseignement et de recherche.
2.1.5- Place du secteur hospitalier dans la prise en charge des addictions
Nous développerons particulièrement les soins en secteur hospitalier puisque les participants à
l’étude y sont pris en charge.
2.1.5.1- Modalités de prise en charge des addictions
La prise en charge d’un patient addict est une prise en charge globale, comportant un axe
médical, un axe psychologique et un axe socio-éducatif (aide aux démarches sociales,
judiciaires, aide à l’insertion socioprofessionnelle).
Préparation / sevrage, substitution / accompagnement dans maintien abstinence
Le patient addict a la liberté de choix du traitement.
La prise en charge doit se prévoir sur le long terme.
2.1.5.2- Recours au secteur hospitalier
La prise en charge des patients addicts et en particulier le sevrage, peut se faire en ambulatoire
ou en secteur hospitalier.
L’orientation vers l’un ou l’autre des secteurs peut dépendre du choix du patient ou d’une
décision du médecin.
Conférences de consensus
Sevrage opiacés : plutôt en institution (dont hospitalier) surtout si antécédents de prise
massive de benzodiazépines ou d’autres psychotropes, antécédents d’alcoolisation chronique
ou compulsive, complications psychiatriques ou troubles graves de la personnalité, maladie
intercurrente telle que sida évolutif, hépatite virale ou toxique, un rythme de travail très
éprouvant, l’absence de soutien de proximité et, a fortiori, la désinsertion sociale.
Sevrage alcool : plutôt ambulatoire
Hospitalisation pour les personnes en situation de précarité
Les contre-indications au sevrage ambulatoire sont une dépendance physique sévère, des
antécédents de delirium tremens ou de crise convulsive généralisée, somatiques (maladie
grave associée), psychiatriques, socio-environnementales (isolement, précarité…).
Hospitalisation si sevrage simultané de l’alcool et de l’héroïne
Les indications de hospitalisations sont les échecs des accompagnement ambulatoire et du
sevrage simple, les patients fragiles, en situation d’échec après plusieurs tentatives
d’abstinence, présentant une dépendance majeure, les patients les plus lourds, les patients
nécessitant un bilan somatique ou des évaluations neuropsychiatriques, les patients nécessitant
une rupture avec leur milieu de vie habituel, isolés socialement, affectivement ou en situation
de précarité socio-professionnelle. (l’offre de soin en addictologie)
2.1.6- Politiques santé publiques actuelles
Les politiques publiques s’adaptent aux évolutions des pratiques de consommations, et aux
conséquences sanitaires et sociales de ces pratiques. Les politiques publiques des 20 dernières
années ont permis une meilleure prise en charge sanitaire des addictions, la mise en place
d’une politique de réduction des risques, mais n’ont pas permis de réduire l’usage des drogues
illicites et de l’alcool.
Le plan gouvernemental de lutte contre les drogues et les toxicomanies 2008-2011 est
complémentaire du plan gouvernemental de prise en charge et de prévention des addictions
2007-2011 du ministère de la Santé, dont il reprend les dispositions.
Les principaux objectifs de ce plan sont :
-
la prévention des entrées en consommation, de l’usage des drogues illicites et de
l’alcool,
-
les actions pour diminuer l’offre de drogues illicites,
-
l’intensification et la diversification de la prise en charge sanitaire et sociale des
usagers de drogues,
-
le développement de la recherche sur les addictions.
Ce plan vise à renforcer et à adapter à l’évolution des consommations et aux besoins des
usagers la prévention, la réduction des risques, l’offre de soins et l’insertion. Il prévoit entre
autres un rapprochement et une meilleure articulation entre les acteurs du champ médicosocial
et du champ social, dans le but de favoriser l’insertion.
2.2- Le travail
Le travail évolue avec la société, le monde du travail est inclus dans une société donnée, à un
moment donné.
Ces dernières années sont apparues de nouvelles contraintes, de nouvelles technologies, avec
pour conséquence entre autres une diminution des contacts humains.
Le travail occupe une place centrale, à la fois dans l’organisation de la société et dans la
construction de l’identité et de la santé de l’individu, par l’intégration sociale. (la souffrance
au travail)
Les français sont 70% à estimer que le travail est très important, ce qui les place en tête parmi
les européens. (quelle place…)
Le travail joue un rôle essentiel dans la vie d’adulte, avec des répercussions sur l’individu qui
peuvent être positives et négatives. (surenchère de la non santé ) Le travail permet d’assurer
l’autonomie financière, de définir son identité, développer un réseau sociale, mais peut aussi
être à l’origine de difficultés (maladies professionnelles, stress …).
2.2.1- Définition
Il existe plusieurs définitions du travail, selon que l’on se place du point de vue de la société,
de l’entreprise, du salarié….
Pour l’économie, le travail est un labeur humain considéré comme facteur essentiel de la
production.
Pour l’entreprise c’est une activité économique, productive.
Pour le salarié, moyen de gagner sa vie, moyen de se réaliser
Le travail permet d’accéder à un statut à une identité sociale. (double vie)
Dans ce travail, le mot travail désignera une activité rémunérée.
L’emploi est défini comme une activité de production de biens ou de services, rétribués.
Les activités bénévoles, le travail domestique ne sont pas des emplois. L’emploi peut être
salarié ou indépendant, stable ou précaire, légal ou clandestin. (violence, emploi, travail,
santé)
La définition du travail a fait l’objet de débats de la communauté scientifique qui fait
apparaître plus d’une dizaine d’acceptations scientifiques.
Le travail peut être considéré comme l’activité déployée par les hommes et les femmes en vue
d’atteindre au plus près les objectifs fixés par les prescriptions d’une hiérarchie ou par les
termes d’un contrat.
Travailler implique de repenser les objectifs à atteindre (la tâche) et le chemin qu’il faut
parcourir pour tenter de les atteindre (l’activité). Dans tout travail il faut utiliser son
intelligence. (violence, travail, emploi)
2.2.2- Caractéristiques du travail
Travail lui-même, tâche
Organisation, horaires, déplacements
Conditions de travail, environnement, hygiène des lieux de travail
2.2.3- Conditions d’accès à l’emploi
Pour accéder à un travail, il faut se conformer aux règles de la société et aux règles de
l’entreprise.
On peut définir l’employabilité comme la capacité relative que possède un individu d’obtenir
un emploi satisfaisant compte tenu de l’interaction entre ses caractéristiques personnelles et le
marché du travail. (Insertion par l’emploi des usagers de drogues…)
L’accès à l’emploi dépend de l’interaction de deux dimensions :
-Une dimension propre à chaque individu, représentation de ses compétences, de son estime
de soi, de ses ressources physiques et matérielles,
- Une dimension extérieure à chaque individu, qui vise à se conformer aux normes sociales,
aux règles du Code du travail et de l’entreprise.
Ces deux dimensions doivent interagir pour être un travailleur adapté.
Cette définition laisse entrevoir les difficultés que peuvent rencontrer les personnes addicts à
une substance psychoactive du fait de la baisse des ressources physiques, perte d’estime de
soi, difficultés à se conformer aux normes sociales, à se plier aux règles de l’entreprise.
Cette définition permet aussi de mettre en évidence des barrières à l’emploi spécifiques aux
personnes addicts, qui s’ajoutent aux barrières à l’emploi pour la population générale.
2.2.4- Risques professionnels
2.2.4.1- Définition
Tout travail expose à des risques professionnels. Ils peuvent être de différents types :
chimiques, physiques, biologiques, routiers, psychosociaux….
L’employeur doit évaluer les risques professionnels présents dans son entreprise et les
retranscrire dans le document unique, dans le but de les éliminer ou les limiter.
Le risque routier est particulièrement lié aux addictions. Les effets des substances
psychoactives augmentent le risque d’accidents routiers.
Pénibilité
Nous développerons plus particulièrement les risques ayant un lien avec les addictions : les
risques psychosociaux.
2.2.4.2- Risques psycho-sociaux
Le travail soumet le salarié à des risques professionnels, variables selon les caractéristiques du
travail. Les risques psychosociaux font partie de ces risques et ont des liens particuliers avec
les addictions.
Interaction tache-activité et leurs effets sur l’individu et l’entreprise (Démarche de prévention
du stress au travail, dmt TF150) schéma
Les risques psychosociaux recouvrent les risques professionnels perçus et vécus par les
salariés comme portant atteinte à leur santé mentale et secondairement physique. Ils résultent
d’une combinaison entre les dimensions individuelles, collectives et organisationnelles de
l’activité professionnelle.
Les risques psychosociaux regroupent les risques qui mettent en jeu à la fois l’intégrité
physique et la santé mentale des salariés et qui impactent le bon fonctionnement des
entreprises. Ils peuvent être liés au stress, au harcèlement ou aux violences au travail…
Stress (stress et risques psychosociaux : concepts et prévention).
Une des définitions la plus courante du stress : un état des stress survient lorsqu’il y a
déséquilibre entre la perception qu’une personne a des contraintes que lui impose
l’environnement et la perception qu’elle a de ses propres ressources. Les effets du stress ne
sont pas uniquement psychologiques, il peut aussi affecter la santé physique, le bien-être et la
productivité de la personne qui y est soumise.
Il existe différents modèles qui tentent d’expliquer les contraintes au travail : le modèle de
Karasek, le modèle de Siegrist et le modèle cognitivo-comportemental.
Modèle du stress de Karasek
Le modèle de Karasek, tension au travail (job strain) repose sur la notion d’équilibre entre
deux dimensions psychologiques, la demande psychologiques et la latitude décisionnelle. Il a
été élaboré dans les années 80 aux Etats-Unis. D’après ce modèle la situation devient délétère
pour la santé lors d’une exposition prolongée à la combinaison d’une forte demande
psychologique et d’une faible latitude décisionnelle. Le soutien social au travail vient moduler
cette tension au travail. (BEH)
De nombreuses études ont mis en évidence une corrélation statistique entre le job strain de
Karasek et certaines pathologies (maladies cardio-vasculaires, troubles anxio-dépressifs,
troubles musculo-squelettiques)
Une étude (Drug dependence enviromics) trouve qu’un environnement de travail caractérisé
par un haut « job strain » est associé à un risque plus élevé de développer une dépendance à
une drogue.
Modèle de Siegrist
Le modèle de Siegrist élaboré dans les années 90, repose sur le déséquilibre
effort/récompense. Il introduit aussi la notion de surinvestissement au travail.
L’état de stress chronique correspond à l’épuisement d’un organisme trop longtemps soumis à
une hyper-stimulation. Il se traduit par l’apparition de différents symptômes. Ces symptômes
peuvent avoir des répercussions sur le comportement, comme le recours à des produits
calmants, ou la prise d’excitants.
Des tentatives d’adaptation ont alors lieu, différentes selon les personnalités. On peut observer
des réponses d’ordre émotionnel, des réponses d’évitement ou la recherche de solutions.
2.2.4.3- Risques psychosociaux et addictions
La consommation de substances psychoactives peut être un des symptômes de stress
chronique, et peut donc être utilisée comme un indicateur des risques psychosociaux dans
l’entreprise.
L’organisation du travail et les conditions de travail sont souvent mentionnées comme étant
un facteur potentiel de risque de consommation abusive de substances psychotropes par
l’intermédiaire par exemple : du niveau d’exigence, du stress, des horaires décalés, du travail
isolé, des déplacements, des tâches répétitives. (psychotropes et travail)
Si la littérature insiste sur la relation entre conduites addictives et conditions de travail, les
responsables de petites entreprises situent l’origine des consommations de psychotropes dans
la sphère privée, hors de l’entreprise. Tout au plus ils reconnaissent que les conditions de
travail peuvent constituer un facteur aggravant.
2.2.5- Bien-être au travail
Depuis quelques années, différents acteurs de la prévention dans le monde ont choisi pour
prévenir les accidents du travail et les maladies professionnelles, de viser l’amélioration du
bien-être au travail, par exemple au Canada et dans l’Union Européenne, notamment en
Belgique. (Robert)
En effet, en 2002, l’Union Européenne (s’adapter…) a choisi comme stratégie communautaire
d’adopter une approche globale du bien-être au travail, en prenant en compte les changements
du monde du travail (féminisation, vieillissement de la population active) et l’émergence de
nouveaux risques, notamment psychosociaux et les risques liés aux dépendances aux
substances psychoactives.
Inrs s’interesse au sujet depuis
En France, le 8 février 2011, lors du colloque Bien-être et efficacité au travail, le Ministre du
travail, Xavier Bertrand a précisé dans son discours que son action consistait à aller plus loin
que la prévention et à travailler sur tout ce qui constitue la qualité de vie au travail, et que le
bien-être au travail était un enjeu plus large que la santé au travail et la prévention, tout
simplement parce que le travail ne peut pas être considéré uniquement sous l’angle de la
souffrance et la pénibilité. (bertrand)
Nous tenterons tout d’abord de définir le bien-être au travail, nous examinerons l’intérêt
d’utiliser ce concept, nous détaillerons les facteurs concourant au bien-être au travail et enfin
nous préciserons les conséquences du bien-être au travail.
Chiffres (baromètre)
2.2.5.1- Définition
Nous commencerons par rappeler la définition de la santé.
Selon la définition de l’OMS, la santé est un état de bien-être total physique, social et mental
de la personne, et ne consiste pas seulement en une absence de maladie ou d’infirmité. La
santé est de plus un état de bien-être dans lequel la personne peut se réaliser, surmonter les
tensions normales de la vie, accomplir un travail productif et fructueux et contribuer à la vie
de sa communauté. (santé mentale ? oms 2007
.
Le bien-être est une sensation agréable procurée par la satisfaction de besoins physiques,
l’absence de tensions psychologiques.
Le bien-être au travail se définit comme l’ensemble des facteurs concernant les conditions
dans lesquelles le travail est effectué. (rosenfeld, mnhn) (santé , sécurité, rapports sociaux,
hygiène, Promouvoir le bien-être au travail, protection contre violence, harcèlement
Distinguer le bien-être de la personne au travail (qui peut dépendre de facteurs extra-ou
intraprofessionnels, du bien-être du travailleur au travail, qui dépend surtout des facteurs qui
interviennent directement sur la réalisation de la tâche ( Robert)
Notions connexes : santé mentale au travail, bien-être subjectif, qualité de vie au travail,
2.2.5.2- Intérêt du concept de bien-être au travail
Favoriser la prévention , en utilisant une notion plus consensuelle, permettant de plus
intéresser le management de l’entreprise
Définition intégrative
e que montre le rapport Lachmann, Larose et Pénicaud en effet, c’est que le bien-être au
travail est un enjeu bien plus large que la santé au travail et la prévention, tout simplement
parce que le travail ne peut pas être considéré uniquement sous l’angle de la souffrance et de
la pénibilité. (discours bertrand)
prend en compte des notions physiques, psychiques et sociales
2.2.5.3- Facteurs concourants au bien-être au travail
Le bien-être en général se distingue du bien-être au travail, qui n’en est qu’une partie, et les
bien-être au travail peut être divisé en bien-être de la personne au travail et du bien-être du
travailleur au travail.
Plusieurs sources influencent le bien-être en général, le travail n’en représente qu’une parmi
d’autres ( famille, amis, loisirs ;..)
Les facteurs qui influencent le bien-être au travail peuvent être intra-professionnels et extraprofessionnels. (Robert)
Tableau (robert, p 10) : distinction entre bien-être de la personne et bien-être du travailleur
Personne au travail
Facteurs
Respect de l’intégrité physique et morale de
essentiels
personne
Facteurs
-
santé
-
sécurité
-
hygiène
-
absence de violence
-
absence de harcèlement
Travailleur au travail
périphériques
Bien être au travail c’est à dire bien-être de l’homme dans les conditions de travail.
Be présence de facteurs positifs, absence de négatifs, ou négatifs auxquels on s’adapte
Santé au travail (rapport bien-etre et efficacité au travail)
Les entreprises ne peuvent limiter leur action à la prévention des risques psychosociaux, elle
n’est qu’un élément d’un enjeu plus large, la valorisation du bien-être des salariés dans
l’entreprise.
Démarche à la fois sociale et économique, car la santé des salariés est une source d’éfficacité
dans le travail.
Le travail ne peut pas être seulement défini par ses conséquences négatives, tel que le stress.
Le travail peut aussi être source de bien-être, de satisfaction. (le plaisir au travail)
Sens du travail
Donner un sens au travail pour promouvoir la santé mentale et le bien-être psychologique des
employés et de prévenir la maladie mentale ou la détresse psychologique (la santé mentale au
travail : une question de gros bon sens) Un travail a un sens lorsqu’il existe une cohérence
entre la personne et le travail qu’elle accomplit, lorsqu’elle se sent en harmonie avec ce
qu’elle fait tous les jours
Caractéristiques d’un travail qui a un sens :
-
utilité du travail,
-
rectitude morale,
-
apprentissage et développement,
-
autonomie,
-
qualité des relations,
-
reconnaissance.
Sens du travail, sens au travail
Le rapport au travail joue un rôle déterminant dans la construction, tout aussi bien que la
dégradation de la santé. (violence, emploi, travail, santé) , thèse de la centralité du travail.
2.2.5.4- Effets du bien-être au travail
Dans les études scientifiques, le bien-être au travail est souvent réduit à la satisfaction au
travail ( job satisfaction)
Amélioration de la satisfaction au travail, améliore la santé (Fisher 2007)
Dégradation de la satsfaction au travail
Engagement dans le travail, facteurs qui le favorise
Dans le baromètre bien-être au travail de novembre 2010, le niveau de bien-être au travail est
perçu comme satisfaisants par 64 % des français. (baromètre) 58 % des personnes interrogées
estiment que leur niveau de bien-être au travail affecte leur niveau de performance et de
productivité au travail de manière positive.
2.2.6- Relation travail et addictions
Les relations entre le travail et addictions sont multiples et complexes. Nous développerons
les effets du travail sur les addictions et les effets des addictions sur le travail.
2.2.6.1- Travail favorisant les addictions
Addiction pathologie d’importation, d’acquisition ou d’adaptation ? (la population au travail)
Conséquence des risques psychosociaux, les contraintes du travail, entraine des conséquences
comportementales chez l’individu, qui peuvent être entre autres la consommation de
substances psychoactives, ou l’aggravation d’une addiction préexistante.
La société a connu deux grands bouleversements : la place de la performance ( salarié : sportif
de haut niveau) et la désacralisation du médicaments. (psychotropes et travail)
Substances utilisées comme dopant, pour être performant (drogues et travail, le new deal)
L’usage de drogues peut être un outil et une condition de l’adaptation sociale et
professionnelle. Une dégradation des conditions de travail, une perte de statut, un manque de
reconnaissance peuvent induire une « perte de sens au travail » qui se traduira parfois par
l’adoption de comportements perçus comme relevant de la maladie mentale. Les psychotropes
aident à tenir le coup quand les conditions se détériorent. Le choix d’une assistance chimique
est alors une alternative à la rupture.
Les psychotropes offrent aussi à des personnes en souffrance la possibilité de revêtir le
masque de la conformité, par exemple dans le cadre professionnel.
Usages de drogues et adaptation sociale (fontaine) Psychotropes – Vol. 10 n2
Lien entre contraintes professionnelles et addiction,
Les consommations d’alcool sont plus importantes dans les professions les plus pénibles
physiquement et les professions en contact avec le public (conduites add et travail)
Les substances psychoactives peuvent être utilisées pour un usage dopant, pour augmenter la
capacité de travail, lutter contre la fatigue. (double vie) D’autres effets peuvent être recherchés
dans le cadre du travail : la désinhibition, l’altération de la notion de temps (faire passer le
temps plus vite), l’amélioration la concentration.
2.2.6.2- Travail sans effet sur les addictions
L’addiction à une substance peut être totalement liée à la vie privée, coupée du monde du
travail.
Usage lié à la culture (techno, hippie dans les années 70)
Le contexte socioculturel est un déterminant des usages.
Par contre même si le travail est neutre par rapport à l’addiction, l’addiction peut quand même
avoir des conséquences sur le travail (accidents, absentéisme, problèmes au travail…)
Il existe alors un problème de respect de la vie privée en cas de dépistage.
2.2.6.3- Travail participant au traitement des addictions
Avoir un travail, meilleur résultat au traitement
Vocational rehabilitation (vocational rehabilitation of drugs abusers)
Travail élément participatif du traitement
Therapeutic workplace intervention, utilise l’emploi et le salaire pour renforcer l’abstinence,
par exemple de usagers de cocaïne, traités par méthadone pour leur addiction à l’héroïne.
En 2007, une enquête conjointe de l’OFDT et de DATIS a révélé que seulement 18 % des
centres de soins déclaraient développer des activités spécifiques d’insertion. (insertion par
l’emploi…)
Travail protecteur, cadrant
2.2.6.4- Travail signe de réussite du traitement
Le travail est souvent pris en compte dans les études comme un signe de réussite du
traitement, avec l’abstinence….
Dans les études scientifiques évaluant l’efficacité d’un traitement le travail évalué avant et
après le traitement.
Le travail peut aussi être un des objectifs du traitement des addictions. Dans le cas des
traitements de substitution des opiacés, les buts du traitement, en plus de l’amélioration de
l’état de santé du patient et de sa qualité de vie et une meilleure insertion sociale et donc
professionnelle. (conduites add et travail2005) Les TSO sont efficaces pour améliorer la
qualité de vie et l’insertion sociale des patients.
TSO et emploi (médicaments psychotropes et travail)
Lors du suivi à deux ans de patients traités par Subutex, l’étude retrouve une amélioration de
l’activité professionnelle dans 28 % des cas, avec une activité professionnelle permanente qui
passe de 40,7 % à 51,6 %. (suivi à 2 ans d’une cohorte de patients)
2.2.6.5- Influence des addictions sur le travail
L’addiction à une substance psychotrope entraîne un sous-emploi (insertion par l’emploi des
usagers de drogues)
Les personnes ayant un usage problématique de substances psycho-actives sont en situation
de sous-emploi par rapport à la population générale. (CAPSA : 74% sans emploi régulier,
CAARUD : 85% sans emploi régulier en 2008)
Ces difficultés peuvent être dues à des causes similaires par rapport à d’autres populations en
difficultés avec l’emploi ou à des causes spécifiques.
Les causes de sous-emploi des personnes addicts sont :
-le faible niveau d’étude,
- l’origine géographique, la nationalité,
- le genre,
- l’absence de logement stable,
- Les épisodes de ruptures familiales et sociales,
- les problèmes somatiques ou psychiatriques,
- les problèmes sociaux et juridiques.
L’usage des substances psychoactives peut entraîner des risques pour le travail, risques
d’accidents du travail, de problèmes au travail, absentéisme, baisse de productivité, du fait des
effets de ces substances sur la vigilance, l’attention, la précision des usagers.
Ces risques existent que la consommation de substance ait lieu sur le lieu de travail ou dans la
vie privée.
Il existe peu de chiffres précis des conséquences des addictions dans l’entreprise en termes
d’accidentologie ou d’absentéisme. Mais il existe des estimations
2.2.7- Politiques actuelles face aux conduites addictives en milieu professionnel
Le plan gouvernemental de lute contre les drogues illicites, le tabac et l’alcool 2008-2011
incite à la responsabilisation des divers acteurs du monde du travail et à l’adaptation des
actions de prévention aux conditions d’emploi et de travail des personnels.
Cet objectif s’inscrit dans le cadre du plan santé travail, dont il élargit le périmètre.
Le rapport préconise de lever le déni en ce qui concerne les conduites addictives au travail,
considérer ces conduites comme une réalité.
Il préconise aussi de promouvoir une approche intégrée qui prenne en compte les dimensions
sanitaire, sécuritaire et réglementaire des conduites addictives en milieu de travail, de
construire une politique de prévention en entreprise.
La MILDT précise dans son rapport qu’il est important de faciliter l’accès aux soins et de
favoriser le maintien dans l’emploi des travailleurs souffrant d’addiction.
L’employeur a pour obligation de préserver l’état de santé des salariés et de prendre en
compte d’éventuelles conduites addictives. Le Plan Santé Travail, en accord avec le Code du
travail, recommande que tout soit fait, et le médecin du travail doit s’en assurer pour que les
conditions de travail du salarié ne constituent pas un déterminant susceptible d’induire,
d’aggraver ou de pérenniser des conduites addictives.
Le Plan santé travail 2010-2014 met en avant différents risques professionnels dont les risques
routiers et les risques psychosociaux qui ont tous les deux des liens particuliers avec les
addictions.
2.2.8- Le médecin du travail face aux addictions
Avec les addictions en milieu professionnel, le médecin du travail se retrouve face à un
dilemme, concilier l’intérêt de l’individu et l’intérêt de l’entreprise. (conduites add en milieu
pro)
Le médecin du travail peut représenter le premier contact avec le monde médical d’une
personne souffrant d’addiction.
La loi fait aujourd’hui obligation à l’employeur d’évaluer les risques y compris
psychosociaux et de préserver la santé physique mais aussi mentale des salariés (article
L.230-2 du Code du travail)
La responsabilité du médecin du travail est engagée dans le diagnostic et la prévention des
risques professionnels et donc des risques psychosociaux.
Dans le cadre des addictions en milieu professionnel, les actions possibles du médecin du
travail peuvent être :
- le repérage des addictions
- le dépistage,
- l’avis d’aptitude
- les actions de prévention individuelles, collectives au sein même de l’entreprise
Une enquête réalisée auprès de 239 médecins du travail en services interentreprises de RhôneAlpes et PACA en 2008, permet de se faire une idée des pratiques des médecins du travail
face aux conduites addictives des salariés.
Cette enquête met en évidence qu’il existe un écart entre la part de salariés repérés comme
présentant un problème avec l’alcool et celle déclarée pour le même type de population au
niveau national. Les hypothèses pour expliquer cet écart sont : un manque de temps pour le
repérage des addictions, le salarié qui cache sa consommation au médecin du travail de peur
d’une mise en inaptitude, ou parce qu’il ne perçoit pas son addiction comme un problème
impliquant le travail.
L’enquête signale un moins bon repérage du problème d’alcoolisme chez les plus jeunes.
Les médecins du travail sont peu perçus comme une ressource à mobiliser face aux conduites
addictives en entreprise, par exemple par l’employeur. (les médecins du travail face aux
conduites addictives)
2.2.8.1- Le repérage des addictions
Le repérage est l’étape essentielle face aux addictions, conditionnant la suite de la prise en
charge.
Il doit être le plus précoce possible, pour limiter les conséquences néfastes des addictions.
Le médecin du travail a à sa disposition, en plus de l’interrogatoire de routine, des tests de
repérage des addictions, validés scientifiquement, différents selon les substances.
2.2.8.2 - Le dépistage
L’utilisation de tests de dépistage en entreprise pose des questions éthiques, en lien avec des
atteintes aux libertés individuelles. (new deal),
Le dépistage est très encadré juridiquement, le salarié sera informé du dépistage, le médecin,
tenu au secret professionnel, ne fera pas connaître le résultat de l’analyse à l’employeur sinon
en terme d’aptitude ou d’inaptitude
circulaire du 9 juillet 1990, n° 90-13
Le dépistage ne doit pas conduire à une sélection mais à une démarche de prévention
Le dépistage systématique ne peut se justifier, et ne peut concerner que les postes de sûreté et
de sécurité. Mais la notion des postes de sécurité dans le code du travail est floue. Ses postes
de sécurité sont définis par l’employeur avec l’aide du médecin du travail.
Les tests de dépistage salivaires des drogues n’ont pas la même fiabilité que l’éthylotest.
(Alcool, addictions et travail) En particulier ils ne reflètent ni une consommation récente
(risque d’atteinte à la vie privée du salarié), ni ne sont corrélés au retentissement fonctionnel
des consommations de drogues.
Les tests de dépistages peuvent être effectués sur la propre initiative du médecin ou sur la
requête de l’employeur. Mais l’employeur ne peut exiger la réalisation d’un test et ne
connaîtra pas les résultats de ce test. Il n’aura connaissance que des conclusions du médecin
sur l’aptitude du salarié.
Le dépistage doit être intégré dans une démarche globale dans l’entreprise.
2.2.8.3- L’avis d’aptitude
Cet avis d’aptitude ou d’inaptitude est délivré lors de visites d’embauche, périodique, de
reprise, à la demande de l’employeur, du salarié ou du médecin du travail.
L’avis du médecin du travail est délivré suite à un entretien et un examen clinique du salarié
et d’éventuels examens complémentaires.
Le but du médecin du travail est de favoriser le maintien dans emploi, si besoin avec
adaptation des postes.
Le médecin du travail peut recourir à une inaptitude temporaire pour des soins, dirigeant alors
le salarié vers son médecin généraliste.
2.2.8.4- Prévention individuelle
La prévention individuelle peut être réalisée au cours de la consultation médicale.
Intervention brève
2.2.8.5- Prévention collective
Les actions de prévention des addictions doivent s’intégrer dans la stratégie générale de
prévention de l’entreprise. (add et travail :)
Elle peut s’intégrer dans une démarche plus globale d’éducation pour la santé.
La démarche de prévention sera d’autant plus acceptée qu’elle aura été élaborée dans un esprit
d’accompagnement et de soutien. Elle doit concerner l’ensemble des salariés de l’entreprise.
Mettre en place des indicateurs pour évaluer l’évolution et les problèmes posés par les
addictions en milieu de travail, dans le respect de la confidentialité.
Organisation des relais de prise en charge pour les situations individuelles,
Rapprochement nécessaire entre médecine du travail et médecine de ville dans la lutte contre
les addictions
(Voir alcool, addiction travail) sur la démarche de prévention en entreprise, l’initiative de
cette démarche peut relever du service de santé au travail, de l’employeur, du CHSCT. Elles
doivent être faites en partenariat avec les organismes locaux de santé publique, pour s’inscrire
dans un réseau. Elles peuvent se présenter sous la forme de prévention globale, des
campagnes d’éducation sanitaire, des formations spécifiques, à destination de publics
spécifiques (intérimaires, jeunes…), des actions de pérennisation.
Importance des représentants du personnel comme relais
En matière de prévention sur les addictions, six médecins du travail sur dix se sentent peu ou
pas efficaces (pratiques des médecins du travail face aux addictions). Parmi les obstacles à
leur implication dans les démarches de prévention, les médecins citent la résistance des
salariés (57 %), le manque de temps (56%), le manque de formation (23%),
Une démarche de prévention sera d’autant mieux acceptée et appliquée dans l’entreprise si la
direction, les salariés, les représentants du personnel auront participé à son élaboration.
3- Etude
L’étude se compose de deux parties, une approche quantitative avec une enquête par
questionnaire, et une approche qualitative avec des entretiens qualitatifs.
3.1- Approche quantitative
L’approche quantitative de l’étude s’appuie sur un questionnaire, soumis à des patients
d’addictologie du CHU d’Angers.
3.1.1- Objectifs de l’étude
3.1.1.1- Objectif principal
Expliciter les facteurs du maintien dans l’emploi des patients souffrant d’addiction à une
substance psychoactive.
3.1.1.2- Objectif secondaire
3.1.2- Méthodologies
3.1.2.1- Type d’étude
Il s’agit d’une étude de type enquête, descriptive, réalisée auprès de patients addicts en soins
au CHU d’Angers qui travaillent ou ont travaillé.
3.1.2.2- Echantillon
Les participants sont des patients addicts en soin au CHU d’Angers, les questionnaires ont été
posés à partir de novembre 2010.
Les participants sont des usagers d’alcool et/ou de médicaments et/ou drogues.
Ils sont en soin et le questionnaire leur a été soumis lors d’une consultation d’addictologie,
d’une consultation au centre méthadone d’une hospitalisation de jour, ou d’une hospitalisation
dans le service d’addictologie (Fiessinger 1 et Fiessinger 3).
Ils ont rempli leur questionnaire seul ou avec l’aide de quelqu’un (médecin, infirmière).
Les critères d’inclusion comprennent aussi soit un an de CDI au moins sur les cinq dernières
années ou 150 jours travaillés sur les cinq dernières années.
Les critères d’exclusion sont la tutelle, la curatelle, la minorité.
Avant d’être inclus, les patients reçoivent une information orale sur les objectifs et la
méthodologie de l’étude, ainsi qu’une lettre d’information écrite. Leur consentement éclairé
est obtenu par écrit.
La confidentialité et l’anonymat des données sont assurés tout au long de l’étude. (Voir avec
valérie les modalités de l’anonymisation)
3.1.2.3- Questionnaire
Le questionnaire se compose d’un dossier patient, d’un dossier médecin et de deux échelles
d’évaluation.
Le dossier patient permet de connaître la ou les substances consommées, le lieu de soin, le
sexe du participants, son âge, sa nationalité, sa situation professionnelle (actif, chômeur…).
Les échelles d’évaluation se compose de l’échelle de coping WCC-R de Vitaliano adaptée par
Cousson et le questionnaire de Nugent et Thomas.
Le dossier médecin permet de décrire les caractéristiques de l’emploi du participant
(conditions de travail, contraintes…), une perception de sa santé et de ses habitudes de vie,
ses modes de consommation de tabac, antalgiques, anxiolytiques, somnifères, alcool, cannabis
et autres drogues et leur interaction avec le travail,
3.1.2.4- Durée de l’étude, nombre de réponse
L’étude a débuté en novembre 2010.
3.1.2.5- Instruments d’évaluations
3.1.2.6- Analyses statistiques
3.1.3- Résultats de l’étude
3.1.3.1- Description sociodémographique
3.1.3.2- Profil des sujets qui ont un emploi
3.1.3.2.1- profil socio démographique
3.1.3.2.2-profil de leur emploi
3.1.3.2.3- profil de leur addiction
3.1.3.3- Relations emploi-addiction
3.2- Approche qualitative
L’approche qualitative se compose d’entretiens qualitatifs, réalisés auprès de patients ayant
les même critères d’inclusion que pour le questionnaire et qui en plus ont eu une activité
professionnelle durant les six derniers mois.
3.2.1- Entretien qualitatif
Entretien semi directif, composé de cinq questions, identiques pour tous les entretiens.
Le premier entretien a servi de pré-test, en vue d’améliorer le déroulé de ces entretiens.
Les entretiens sont réalisés avant la passation du questionnaire. Leur analyse est couplée à
l’analyse succincte du questionnaire.
3.2.2- Objectifs
Expliciter
les facteurs professionnels qui influencent la consommation de substances
psychoactives
Expliciter les facteurs professionnels qui contribuent au maintien dans l’emploi
Préciser s’il existe une personne aidante dans l’entreprise, et les caractéristiques de cette aide
Préciser le rôle du médecin du travail dans le maintien dans l’emploi
3.2.3- Description des entretiens
3.2.4- Analyse des entretiens
4- Discussion
4.1- Catégorisation de facteurs prédictifs de maintien dans l’emploi
4.2- Pistes pour améliorer la prise en charge
4.3- Point de vue du médecin du travail
5- Conclusion
Ce travail nous a permis d’explorer les liens complexes existant entre les addictions et le
travail. Le maintien dans l’emploi peut être vu à la fois comme un des buts des traitements des
addictions et comme un des éléments participatifs du traitement
A travers l’étude, nous avons tente de caractériser au mieux les patients addicts en soin qui
travaillent, et de mettre en évidence des facteurs prédictifs de leur maintien dans l’emploi.
Cette meilleure connaissance des facteurs favorisant le maintien dans l’emploi, nous permet
d’élaborer des pistes pour améliorer leur prise en charge, particulièrement en intégrant la
notion de travail dans le traitement.
Le médecin du travail dont la fonction se situe entre les mondes du travail et de la santé, peut
donc être un acteur privilégié des actions de prévention et de prise en charge des addictions en
entreprise. Son action doit s’affirmer, ne pas se limiter au dépistage et aux sanctions de type
inaptitude, mais se concentrer sur le repérage précoce des addictions, sur les démarches
favorisant le maintien dans l’emploi et sur les actions de prévention collectives.
Téléchargement