SES/Chapitre 4 : Inégalités et justice sociale Année scolaire 2012-2013
Document 2 : Ce document est un tableau statistique publié par le Ministère de l’Education nationale en 2010.
Lecture de données : en 2009, 74,4% des enfants en réseau « ambition réussite » sont des enfants d’ouvriers et d’inactifs contre
8,1% d’enfants de cadres et d’enseignants => sur-représentation des enfants de milieux populaires
Limites de cette politique :
Baisse de la part des élèves maîtrisant les compétences de base en français en 3ème de 8,3 points contre 3,6 points pour
les enfants hors éducation prioritaire
Hausse du nombre moyen d’élèves par structure pédagogique au collège (à mettre en corrélation avec le constat
précédent)
Proposition de correction
L’égalité des chances à l’école est un principe et un idéal des méritocraties, dans lesquelles les positions
(pouvoir, richesses, emplois) dépendent du mérite (dons et travail) et non de l’origine sociale et/ou d’un réseau
social. L’idéal égalitaire des démocraties passe par l’égalité des chances à l’école, qui peut être favorisée en offrant
plus de moyens pour tous (égalité) ou par des politiques ciblées en direction des plus défavorisées (politiques de
discriminations positives). Les politiques d’égalité des chances à l’école rencontrent trois types de limites.
I. Des limites économiques
En période de crise, l’obligation du Pacte de stabilité et de croissance, contraint les États signataires européens à
réduire leurs déficits publics sous le seuil des 3 % du PIB et leur endettement sous le seuil des 60 % du PIB. C’est
pourquoi, l’objectif d’égalité des chances s’appuie sur des politiques de discrimination positive, qui permettent de
donner plus aux plus défavorisés à moyen constant en introduisant des inégalités de traitement au bénéfice des plus
défavorisés (conforme au principe de justice comme équité au sens de Rawls). Ainsi, la politique des « Réseaux
ambition réussite » offre des moyens financiers et humains plus importants à des écoles élémentaires et des
collèges dont le nombre s’est réduit comparé aux ZEP, ce qui permet de réduire de 3,4 élèves le nombre d’élèves des
classes de collèges RAR (doc. 1) pour bénéficier de l’effet Piketty-Saez sur la réussite scolaire des élèves.
Mais quand les contraintes financières sont particulièrement fortes, on peut constater que cet écart au bénéfice
des plus défavorisés n’est pas suffisant si tous les élèves de collèges voient le nombre moyen d’élèves par structure
pédagogique augmenter (doc. 2), l’effet négatif sur la réussite scolaire est plus accentué chez les plus défavorisés.
On observe que le pourcentage d’élève maîtrisant les compétences en français en 3e a diminué de 9,3 points dans les
collèges RAR, contre 3,6 points dans les collèges hors éducation prioritaire.
II. Des limites sociales.
Une politique d’égalité des chances à l’école fondée sur l’égalité d’accès de tous, trouve ses limites pour P. Bourdieu
dans l’inégalité en dotation de capital culturel des familles et la culture de l’école comme culture de la classe
dominante, qui favorisent la reproduction des inégalités sociales.
Pour R. Boudon, les stratégies rationnelles des parents, qui effectuent un calcul coût-avantage, contribuent au
maintien des inégalités, qui sont d’autant plus fortes qu’il y a de points de bifurcation du système scolaire. Les
politiques scolaires de discrimination positive sont confrontées à des effets pervers : des effets de seuil, des
effets de stigmatisation des établissements, qui renforcent l’évitement par les classes moyennes des
établissements RAR qui finalement concentrent encore plus d’enfants issus de milieux défavorisés (doc. 2).
Les familles, par leurs inégales dotations et capacités à mettre en place des stratégies pour assurer la réussite
scolaire, contribuent à la reproduction des inégalités scolaires et sociales et à la ségrégation spatiale.
III. Des limites politiques.
L’objectif d’égalité des chances scolaires est certes associé à nos sociétés démocratiques, mais il peut être plus ou
moins soutenu, plus ou moins prioritaire. Au regard des choix politiques sous contrainte de budget qui ont été
fait, Pierre Merle estime que ce n’est pas une politique prioritaire.
La réduction des recettes fiscales en direction d’un électorat ciblé (réduction de la TVA sur la restauration aux
effets sur l’emploi peu efficaces selon la Cour des comptes, bouclier fiscal) contraignent davantage les politiques
d’égalité des chances scolaires, amenant à réduire le taux de scolarisation à deux ans de plus de la moitié en 9 ans
(doc. 1) ou à augmenter le nombre d’élèves par structure pédagogique au collège (doc. 2). Par ailleurs, les politiques
scolaires de discrimination positive sont moins soutenues politiquement (par les électeurs) que les politiques
égalitaires pour tous.