TECTONIQUE DES PLAQUES ET GEOLOGIE APPLIQUEE Excursion géologique à Sainte - Marie - aux - Mines : visite de la mine « Gabe Gottes », paysage et affleurements du col des Bagenelles et du chemin du Haycot I/ Formation d’un filon métallifère. 1. Mise en place d’un minerai. (à faire en cours) a. Les conditions à réunir pour « fabriquer » un gisement minéral. Q. Comment se réalise la concentration du minéral à l’échelle de l’affleurement ? Cf texte M. .Fluck. Faire souligner aux élèves les éléments importants : - « Potentiel-métal initial »… « dans les minéraux ». - « Véhicule (eau chaude) – concentrer – transporter ». - « Circuler dans un piège – cassure ouverte ». - « abaisser la température – précipiter – température de précipitation propre à chaque minéral ». Q. Comment se réalise la concentration du minéral à l’échelle régionale ? D’où viennent les fluides ? 3 Hypothèses concernant la mise en place des filons métallifères de Sainte-Marie-aux-Mines : - Hydrothermalisme « par le bas » : Durant l’extension le manteau plus chaud remonte ce qui réchauffe les fluides/l’eau qui circulent dans les fractures de bas en haut - Hydrothermalisme « par le haut » : Les précipitations lessivent les sédiments déposés dans les lagunes, se chargent en minéraux, s’infiltrent et se réchauffent. - Tectonique du fossé Rhénan : Le fossé Rhénan (N-S) se remplit de fluides lors de sa formation. Les failles contemporaines de la formation du fossé qui affectent aussi le socle permettent la circulation de ces fluides réchauffés en profondeur à partir du fossé. b. Comment se réalise la concentration du minéral ? Expérience : cristallisation du chlorure de sodium (NaCl): PROTOCOLE OBSERVATION INTERPRETATION - faire dissoudre dans 100 mL d’eau, 10 à 20 g de gros sel, à froid, - mettre une goutte de la solution obtenue sur une lame , - placer la lame près d’une source de chaleur (lampe du microscope, au soleil, radiateur de la salle de classe) ou utiliser un sèche cheveux…, - observer le résultat, au faible grossissement. Lorsque l’eau s’évapore, on assiste à la formation de prismes de type cubique, à base carrée. La dimension des prismes varie. La solution initiale est une solution sursaturée : il peut y avoir apparition spontanée de germes microscopiques autour desquels est précipité le chlorure de sodium. Quand l’eau (le solvant) s’évapore, NaCl, (le soluté) précipite et des cristaux de NaCl sont formés. Bilan : cristallisation du soluté NaCl est obtenue par évaporation du solvant d’une solution à froid. Autre modèle expérimental : cristallisation du sulfate de cuivre, à chaud 1. Le fossé rhénan et l’étude des filons à l’Ere Tertiaire. L’ouverture du fossé rhénan résulte d’une divergence (failles normales, effondrement). Elle a débuté au cours de l’ère Tertiaire (il y a environ 33 millions d'années), au début de l'Oligocène. Par la suite, le fossé est aussi envahi par de l’eau, dans des lagunes salées, en liaison avec l’océan alpin. Il s'y dépose en particulier des sédiments à intérêt économique : des sels de sodium et de potassium et, ailleurs, des marnes et des grès où du pétrole (gisement de Péchelbronn). Les contrecoups de la surrection des Alpes font « rejouer » les failles importantes qui « travaillent » alors en décrochement sénestre. Ces mouvements provoquent le retrait de l’eau et la surrection globale des massifs cristallins, responsable du relief actuel. Les collines sous-vosgiennes constituent un réseau de failles appelé « champ de fractures ». Le socle est également fracturé ; d’anciennes failles ont été réactivées. Toutes ces fractures sont nécessaires à la formation de filons. La couche repère permet de mettre en évidence que les sédiments sont à différentes profondeurs au niveau du fossé Rhénan. La profondeur maximale de la couche de grès (3 km) permet d’estimer le rejeu de la faille vosgienne. On remarque aussi le changement d’orientation de la faille vosgienne (normale à décrochement). La formation du fossé Rhénan est post secondaire. VISITE DE LA MINE DE « GABE GOTTES » 1. Localiser les filons métallifères. Q. Repérez les différents secteurs miniers et la mine de Gabe Gottes. Q. Orientation général de chacun des secteurs : Neuenberg : est-ouest. Les différents secteurs miniers sont situés au niveau de : Neuenberg et l’Altenberg. Altenberg : nord/est – sud/ouest Q. Rappeler les minerais extraits de chaque secteur (à l’aide du document projeté) : Mine Gabe Gottes (située à Echery) Neuenberg : Cu, Ag. Filons cupro-argentifères Altenberg : Pb, Ag. Filons plombifères. 2. Exploiter le filon riche en minerai. Q. Localisez les filons visibles sur la carte ci contre. -> en rouge. Les filons ont une orientation privilégiée qui correspond à des orientations de failles existantes. Q. Comment s‘appellent les galeries d’accès aux filons ? -> les travers bancs. Les repérer et les colorier en couleur différente. -> vert 3. Former le filon dans un contexte géologique particulier Q. En quoi cet indice valide la nécessité d’un contexte géologique particulier pour - Que suivez former vous lorsque vous marchez dans un?filon vidé de son des filons métallifères minerai (filon en négatif !) ? Mise en évidence une faille de décrochement sénestre matérialisée par la gangue quartzeuse dans laquelle se trouve un filon. Les filons sont présents dans des zones tectoniques actives. La roche encaissante (série des gneiss variés) est très dure et se fracture facilement (comportement « fragile » des roches »). Les Vosges au col des Bagenelles : une tectonique à l’Ere Primaire LE PAYSAGE DU COL DES BAGENELLES (908 m) NE Champ du Feu (granite) Ungersberg Collines d’altitudes égales Faille de Sainte Marie aux Mines VERSANT GNEISSIQUE VERSANT GRANITIQUE Vallée du Liepvrette Col des Bagenelle (900m), Granite du socle Les grès des Vosges sont des formations sédimentaires détritiques qui se sont déposées dans notre région, principalement au Trias (245 Ma), sur le socle d’âge Primaire. Q. Normalement les formations gréseuses triasiques, plus récentes, recouvrent le socle granitique. Or ici, le socle affleure et est situé plus haut que les formations triasiques. Q. Comparez la localisation topographique des formations gréseuses repérées dans le paysage, à celle du granite tel qu’on peut le rencontrer au col des Bagenelles. Q. Nous sommes en présence d’un contact anormal, qui s’explique par la présence d’une faille normale. Schéma : le jeu d’une faille normal Grès triasique Q. Réalisez un schéma pour expliquer les localisations respectives du grès et du granite. + + + + + érosion + + + + + + + + + + + + + + + + + Granite du socle, (Plus ancien) Q. Nous sommes en présence d’un mini fossé Q. Quel événement géologique régional vous permet d’expliquer la formation du paysage actuel ? d’effondrement, parallèle au fossé rhénan, bordé par un champ de fractures. Le paysage s’explique donc par la tectonique des plaques. Autre argument : les collines au premier plan ont toutes la même altitude ; ce sont des collines « reliques » entourées de terrains effondrés. Lien entre le filon de Gabe Gottes et la tectonique des plaques : le filon que l’on suit est dans une faille. Cette faille est probablement ancienne, réactivée notamment au moment de la formation du fossé rhénan. Lien entre l’affleurement du col des Bagenelles et la tectonique des plaques : le manteau lithosphérique continental affleure ainsi que la croûte inférieure. Si ces unités profondes affleurent c’est qu’elles ont remonté à la faveur d’événements tectoniques qui se sont produits déjà au Primaire. L’érosion a aussi permis de les découvrir. Lien entre le paysage du col des Bagenelles et la tectonique des plaques : on voit notamment la faille de Sainte – Marie aux Mines qui entaille la vallée et le petit fossé d’effondrement dans l’axe de la faille ; la faille de Sainte-Marie aux Mines est globalement parallèle au fossé rhénan. Elle a été réactivée au moment de la formation du fossé rhénan. TABLEAU SYNTHÉTIQUE DES AFFLEUREMENTS DU COL DES BAGENELLES ET DU CHEMIN DU HAYCOT Arrêt Pétrographie Minéralogie Granite riche en Mg Parking Roche magmatique plutonique du col des Bagenelles Grands phénocristaux de feldspath potassiques (couleur blanc porcelaine, macle de Carlsbad) Phénocristaux de biotite (couleur noire) et d’amphibole (couleur gris/verdâtre) automorphes Granite des crêtes Attention : le granite des crêtes n’est pas en place ; il provient du versant S de la vallée de la Liepvrette, mais l’observation des blocs sur le parking évite un arrêt autre « chronophage » Chemin du Haycot (haut) Granulites sombres Affleurement à débit en parallélipède massif Roche magmatique, riche en : Potassium : contamination du magma par la croûte. Mg : origine mantellique. Phlogopite (mica magnésien) caractéristique d’un contexte chaud (bassin arrière arc). Donc le magma a une origine mixte : fusion du manteau et de la croûte continentale (granulites). Magmatisme dans un contexte de subduction continentale de marge continentale, daté de 340Ma. Quartz (couleur grise) doc 1c Minéraux clairs : orthose, quartz, plagioclases, visibles uniquement en lame mince. Grenat : minéral métamorphique, qui signe un épisode métamorphique. Minéraux sombres : biotite, pyroxènes,( idem) Plusieurs interprétations ; croûte océanique formée dans un contexte de bassin d’arrière arc, croûte d’origine inconnue. Grenat visible à l’œil nu. Roche massive Couleur vert sombre Roche finement cristallisée, Grain fin Litage frustre Minéraux étirés Interprétation Faciès granulites, HT°-HP°, (900 °C, 40 à 60 km) Roches calco-alcalines. Arrêt Pétrographie Minéralogie Interprétation couleur rose -> couleur d’altération indique la présence de FK. Roche métamorphique dérivée d’un granite. Chemin du Haycot (intermédiaire) orthose, Faciès granulites, HT°-HP°900 °C, 60 km) Granulites claires et roses plagioclase, Affleurement à débit en petit parallélipède quartz, grenat CC qui est a subi des transformations en profondeur par subduction continentale ou épaississement. Roche massive Couleur claire et rose Roche finement cristallisée, Grain fin Litage frustre Minéraux étirés Olivine, En association avec granulites Chemin du Haycot (bas) Clinopyroxène, peu Péridotite serpentinisée à grenat Grenat kéliphytisé Roche mantellique ; péridotite formée à 100 km profondeur déduit de la présence du grenat pyrope, stable à cette profondeur. Délamination de la croûte continentale dans le manteau permettant l’incorporation d’écailles péridotitiques ; doc 1b Affleurement en petites massifs ou écailles La kéliphytisation des grenats témoigne de la remontée des écailles mantelliques sous continentales incorporée à la base de la CC lors de l’extrusion (prisme orogénique) ; doc 1c Couleur sombre à noire, noir verdâtre ou brun rouge Remontée de la croûte et des écailles est rapide : 4 mm par an INTERPRETATION Doc 2 : diagramme PT et Granulite L’observation de terrain permet de placer les minéraux des roches dans un diagramme P° et T° Certains minéraux contenus dans les granulites (comme le grenat) permettent de mettre en évidence que la roche était présente à 50km de profondeur. La croûte s’est donc épaissie. Ces granulites affleurent à l’actuel. Quels évènements tectoniques permettent d’expliquer cela ? Une subduction continentale (2 lithosphère continentales entrent en collision) ; une partie (croute < et manteau lithosphérique) de la plaque « saxothuringienne », septentrionale, plonge dans l’asthénosphère sous la plaque « moldanubienne », méridionale ; cet épisode est suivi de la collision intracontinentale au cours de laquelle les granulites et des écailles de manteau continental sont remontés. Doc 1 : Subduction continentale N : Unité saxothuringienne, plongeante S : Unité moldanubienne, chevauchante Croûte continentale Manteau lithosphérique Asthénosphère Granulites de la CC inf (unité saxothuringienne) Doc C : extrusion. Un morceau du panneau plongeant se détache, ce qui initie la formation de magma. Doc 3 : la mise en place des Vosges a été très rapide à l’échelle des temps géologiques. II/ Exploitation d’un filon d’argent. 1. Le travail des mineurs. Gravures datées de 1549, au XVIe siècle (témoignage rare et exceptionnel) Q. Outils qu’utilisaient les mineurs : pointerolles, lampes à suif, chien de mine. Q. Les ouvriers utilisent le bois pour le soutènement. Q. Il s’agit du bocardage. Le minérai est concassé. Ceci permet de favoriser la réaction de réduction. Q. Il s’agit de la coupellation (à droite) et de l’étape de réduction (à gauche). Cf sous partie suivante. Travers banc Puit d’aération Chien de mine filon III/ Impact de l’exploitation minière de Sainte Marie-aux-Mines sur l’Homme. 1. Utilisation des ressources minières de Sainte-Marie-au Mines. Les minerais extraits de l’exploitation des mines de Sainte-Marie-aux-Mines sont utilisés dans de nombreux domaines. 2. Démographie de Sainte-Marie-aux-Mines au cours de l’exploitation minière. L’exploitation minière a permis d’augmenter la population de Sainte Marie aux Mines passant de 400 à 12 000 habitants. Les mines ont ainsi permis l’emploi de nombreux ouvriers.